Les sorties de la semaine

lundi 31 décembre 2018

Bumblebee


Synopsis :

Les Autobots défaits, fuient leur planète natale Cybertron. Bumblebee est envoyé sur la Terre pour construire une base qui rassemblera les Autobots dispersés dans la galaxie. Mais rien ne se passe comme prévu car les Decepticons ont suivi Bumblebee...


Commentaire : 

Mise en scène fonctionnelle 

Travis Knight offre le service minimum pour ce spin-off de la saga des Transformers. Certaines transitions sont travaillées, le grain de l'image rappelle les Eighties et certains séquences avec les combats de transformers en arrière-plan rendent bien. Malgré cela, l'ensemble reste peu original. La mise en scène est jolie mais avant tout fonctionnelle et conformément à la saga très "cuté" ce qui tranche avec le côté eighties recherché. Malgré les cuts, le film se trouve avoir quelques longueurs à côté des scènes d'action du fait que l'histoire se concentre sur le personnage de Charlie et sa famille, lui donnant au passage un petit côté spielbergien (les enfants dans une histoire de SF). Autre point, si les effets spéciaux sont très convaincants, les costumes des militaires font assez cheaps, pour ne pas dire issus d'une série B, ce qui est étonnant au vu du budget. Cet effet est accentué par le caractère très monolithique de l'armée et du personnage de John Cena. Il faut dire qu'il était difficile de trouver quelqu'un qui sache filmer aussi bien l'armée que Michael Bay. Quoiqu'il en soit, ce spin-off parait être un parent pauvre de la saga Transformers qui n'a d'intérêt (pour les derniers épisodes) que ses scènes d'action survitaminées. Ici les scènes d'action sont moins amples et l'histoire centrale sur Charlie peu prenante. 
A la musique, Dario Marianelli fournit un très bon travail, notamment pour les scènes d'action, rappelant la bande musicale des films des années 80. Il ne suffit pas toutefois à rendre le film plus intéressant hors des scènes d'action. 

Une histoire banale qui s'intègre difficilement à la saga

Si le film semble parfois long, c'est parce que l'histoire principale n'a que peu d'intérêt comparée à la grande guerre qui fait rage entre Decepticons et Autobots. Cela peut être intéressant d'insister sur les personnages humains, et cela avait été bien fait dans les deux premiers Transformers. Ici, l'histoire de Charlie n'est pas captivante. La jeune fille finit par surmonter la mort de son père, renoue des liens avec sa famille, retrouve la joie de vivre. Un scénario avant tout sur l'adolescence dont le dénouement était évident. Le personnage intéressant était bien celui de Bumblebee, surprenamment touchant car expressif. La relation Chartlie-Bumblebee est certes bien travaillée mais ce qu'il y a autour (famille, armée) manque profondément d'écriture. 
Au-delà de l'intrigue centrale, l'histoire des Autobots est malheureusement mal arrimée au reste de la saga. Les Autobots et Decepticons ont déjà leur forme motorisée terrestre (voiture, avion) sur Cybertron, ce qui n'a pas de sens. Le premier Transformers montre que c'est une fois sur Terre que les robots s'inspirent de leur environnement pour leur transformation. Par ailleurs, Bumblebee est censé arriver sur Terre dans les années 2000 avec les autres Autobots bien que dans le passé, d'autres Autobots ou Decepticons aient déjà visité la Terre. Peut-être que lui et Optimus ont quitté la planète bleue dans les années 80 pour y revenir plus tard, mais cela a peu de sens. Quoiqu'il en soit, il semble y avoir des problèmes de cohérence.  

Pas de thématique phare 

Hormis le premier Transformers, la saga n'est pas particulièrement riche en thématiques. Ici, une adolescente doit surmonter son passé mais la réflexion sur ce sujet n'est pas poussée. Le thème de la famille, important, n'est pas non plus l'objet d'une réflexion. Cette absence de travail sur le scénario rend le tout très superficiel. Le film n'a donc pour objectif que de divertir. Dommage alors que le spectacle soit quelconque.


Bumblebee offre le service minimum en terme de divertissement. L'histoire n'est que moyennement intéressante alors qu'elle s’emboîte mal avec le reste de la saga. Reste quelques scènes à la mise en scène sympatique.  



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samedi 29 décembre 2018

Aquaman


Synopsis :

Arthur, aussi appelé Aquaman, est né d'une union entre un humain et la Reine des Atlantes. Cet enfant interdit ne pourra rester longtemps dans l'anonymat car il est l'héritier du trône d'Atlantis... 


Commentaire :

Une réalisation virtuose 

James Wan aime utiliser toutes les possibilités laissées par le cinéma et il ne s'en prive pas. Aucune transition ne sera simple, aucune caméra ne sera fixe, tout cela au service d'un spectacle grandiose. Grandiose, car le réalisateur phare des Conjuring sait donner de l'ampleur à son film par l'insertion de nombreux plans de grand ou demi-ensemble qui font respirer un visuel très riche jusqu'à la limite de la saturation. Les scènes d'action bénéficient d'un soin particulier, souvent grâce à des plans séquences époustouflants avec une caméra qui file entre les différents points d'action de la scène. Il est impossible d'en citer une en particulier car toutes les scènes d'action sont originales et sophistiquées. La première scène d'action avec Nicole Kidman implique peu de personnages mais est déjà très travaillée. Le film se termine par une bataille gigantesque qui permet à Wan de montrer toute sa créativité. Au-delà des scènes de combat, tout un background en terme d'histoire et d'environnement (très riche) est amené. Cela donne de la profondeur à ce monde qui possède sa propre histoire et sa complexité en terme de peuples. Cela fait beaucoup pour la crédibilité de ce monde sous-marin. Toute cette profusion visuelle et d'information était-elle vraiment nécessaire ? Probablement. C'est un film dont l'atout principal est d'être généreux en tout point, pour peu que cela serve le divertissement. C'est un blanc-seing donné au réalisateur qui utilise toute la potentialité du cinéma en terme de palette de couleur (adaptée au milieu aquatique) et une caméra complètement libre. Côté bande-son, cela suit la réalisation. La bande musicale est partagée entre des musiques "clubs" pour ajouter un côté fun et badass (qui colle bien au personnage) et une bande musicale plus classique orchestrale menée avec brio par Rupert-Gregson-Williams. Ce dernier n'hésite pas à faire du mickeymousing en insistant sur des moments particuliers, notamment les poses d'Aquaman, toujours pour son côté badass. 
D'un point de vue technique et réalisation, le contrat est donc plus que remplit.

Un ton assumé

James Wan ne se donne aucune limite. Les effets sont parfois très appuyés (les ralentis) et les plans sont clichés (sortie de l'eau avec une musique de Pitbull). On est à la limite du risible... mais cela passe. Depuis quelques temps, les réalisations étaient plus sages et n'osaient plus assumer le côté grandiose et héroïque de peur de faire ridicule par rapport au classique du genre... ce qui est parfois le cas. Aquaman est un film qui se prend au sérieux certes mais sans-arrière pensé et de manière totalement décomplexé. C'est déconcertant et risible au début et puis l'on comprend que le film assume complètement le côté Super-héros. On ne s'étonnera même plus de voir des vélociraptors à l'écran. Le film est généreux, divertissant. 

Des thèmes simples pour un DC 

Si Aquaman est le DC post-Nolan le plus divertissant, il perd en complexité scénaristique et thématique. Certes, cette légende moderne blockbusteurisé du Roi Arthur est intéressante en terme de réécriture contemporaine d'un classique de la littérature. Toutefois, l'histoire est alors d'un classicisme absolu. Concernant les thèmes à proprement parler, il y en a quelques uns mais très conventionnels et peu appuyés. Le premier est bien évidemment le métissage d'Arthur, le sang mêlé capable de réunir les deux peuples. Joli sur la papier, peu pertinent sur le fond car pourquoi faudrait-il des attributs génétiques particuliers pour être un faiseur de paix et être digne d'être roi ?  Autre thème très rapidement abordé : la pollution des océans.  Thème très intéressant mais qui n'est pas assez appuyé par le méchant pour justifier sa guerre totale. L'argument est bon mais le personnage est trop mauvais de nature pour rendre son action intéressante, or rien n'est plus pertinent qu'un méchant avec de bonnes intentions. En revanche le thème bien abordé est celui du pouvoir. La légitimité d'Aquaman ne tient pas totalement à son ascendance mais à sa vision du pouvoir. C'est parce-qu'il n'est pas intéressé et se sent par ailleurs totalement illégitime pour gouverner qu'il est le plus désigné pour obtenir le pouvoir. Sur ce point, le film frappe juste. Néanmoins, on reste à des années lumières des réflexions d'un Zack Snyder dans Batman Vs Superman (version longue).

En définitive, Aquaman est un film généreux, qui assume complètement son côté héroïque et grandiose quitte à tomber volontairement dans les clichés et à en jouer. Le visuel est à couper le souffle, le ton est plus léger que dans les autres DC. 

  
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mardi 18 décembre 2018

Une affaire de famille


Synopsis :

Un père et son fils rentrent dans un magasin. Ils se coordonnent tous les deux pour que l'enfant mettent le plus de choses dans son sac. De simples voleurs ? Sur le retour pour chez eux, les deux protagonistes croisent une petite fille maltraitée et montrent alors leur grand cœur... 


Commentaire :

Une mise en scène au service du corps familiale 

Ce film de Kore-Eda est un drame à la réalisation dynamique. Exit les plans fixes et longs et sans ambition de certains drames. Le réalisateur japonais donne un véritable rythme à son film par la mise en scène (travellings et autres mouvements, et des plans variés) cela entrant en synergie avec la légère tension constante amenée par l'intrigue. Il s'agit en effet d'une famille qui est au bord du précipice et dont le spectateur redoute qu'elle n'y tombe. Pourtant, il s'agit d'une famille unie. Tous les personnages bénéficient de gros plans ou de plans en taille, chacun avec son histoire propre symbolisant un problème de la société. Seuls le "père" et sa "femme" sont présentés par la mise en scène en duo. S'ils ne sont pas ensembles, ils sont avec un enfant. Dans un sens, ils sont le nœud de la famille. La mise en scène ne sera jamais aussi belle que lorsqu'elle réussit à réunir tous les membres de la famille dans le cadre, que cela soit pour la scène du feu d'artifice ou lors de la sortie à la plage. La réalisation nous le dit : cette famille est liée, cette famille fonctionne alors bien même qu'il n'y a pas de lien de sang. La photographie est sombre à l'image de la situation décrite mais la musique de Haruomi Hosono est douce pour décrire une famille heureuse. La situation est paradoxale : la famille fonctionne mais se trouve sur le fil du rasoir. 
En définitive, la mise scène est fonctionnelle et pleine de sens. Elle justifie du point de vue technique sa Palme d'or.

La thématique : qu'est-ce qu'une famille ?

Le propos de Kore-Eda ne change pas et rejoint celui de son très beau film déjà primé à Cannes : Tel Père, tel Fils. Qu'est-ce qu'une vraie famille ? La famille présentée est peut-être liée par la misère, le crime et l'argent, il n'en reste pas moins que ce sont des liens affectifs qui la structurent réellement. Ce sont des personnages attentionnés entre eux, autrement dit, des personnages avec un bon fond. Cela peut même se faire au détriment de la loi comme lorsqu'ils prennent une petite fille battue. Légalement il s'agit d'un enlèvement mais eux ne se préoccupent pas de la loi, ils se limitent au rapport humain. D'un point des normes sociales cette famille est tout sauf une famille, c'est d'ailleurs ce que la société et la loi vont finir par lui rappeler. La tradition dit que le lien du sang l'emporte, tout comme la loi, reflet de la pensée dominante. Pourtant les personnages essayent de se défendre : "Est-ce qu'accoucher suffit pour devenir mère ?" dit Nabuyo, la femme qui a enlevée la petite fille battue. Non, pour Kore-Eda, la famille va au-delà. Peut-être dit-il même que le lien du sang n'a rien à voir la dedans. Ce qui compte est la solidarité et l'affection entre les individus. C'est cela pour lui une vraie famille même si elle est dysfonctionnelle du point de vue de la société. Une pensée progressive, très bien amenée.


En définitive, Kore-Eda réalise encore un chef d'oeuvre sur le thème de la famille. Au-delà de la mise en scène pleine de sens, le réalisateur japonais répond contre la société japonaise (et plus généralement contre les sociétés traditionnelles) à la question : qu'est-ce qu'une véritable famille ? La réponse est sublime. 


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samedi 15 décembre 2018

Astérix : Le Secret de la potion magique


Synopsis : 

Panoramix se fait vieux. Lui-même craint de ne plus être à la hauteur de sa mission. Il cherche donc un successeur à qui il pourrait confier le secret de la potion magique...


Commentaire :

Une réalisation soignée 

La France n'a pas à rougir de ses films d'animation mais les Astérix sont peut-être les plus aboutis dans la catégorie animation en image de synthèse. Cela était déjà notable avec Astérix et le domaine des Dieux. L'animation est belle et fluide avec un petit côté cartoon-dessin décelable au niveau de l'animation des yeux des personnages pour rester fidèle au support d'origine. Au-delà de l'aspect technique, la réalisation est très soignée et surtout très bien rythmée, cela étant nécessaire pour les gags. La bande musicale, orchestrale, est également bien travaillée et s'agrémente d'airs celtiques bien venus pour certaines scènes, notamment celles de voyage à travers la Gaule (ce qui est rare pour un Astérix). Il y a également quelques extraits de morceaux plus récents pour donner un côté dynamique à l'ensemble. Pour conclure sur le côté réalisation : il est des BD que l'on peut qualifier de bels objets, il en va de même pour ce film qui se trouve être un joli film d'animation.   

Un humour à la Astier-ix

Les Astérix sont toujours des œuvres comiques. Il en va de même pour celui-ci. Toutefois, comme le dernier Astérix d'Astier, la présence de l'interprète du roi Arthur derrière la caméra est décelable dans les dialogues et les situations. Il s'agit souvent d'un langage plus familier s'adressant à un ou des personnages incompétents (les druides, les hommes du village, les apprentis-candidats), rappelant quelques protagonistes de Kaamelott au passage. Il s'agit toutefois d'un humour plus mature qu'il n'y paraît et il n'est pas certain qu'il soit accessible à tous les enfants. 

Moins politique mais plus érudit


Astérix et le domaine des Dieux avait un côté critique et politique certain. Cet Astérix est thématiquement moins ambitieux. Il est question de la responsabilité du pouvoir (que confère la potion magique) et de son utilisation défensive ou offensive, mais cette question est beaucoup plus simple dans la manière dont elle est abordée ("mais que se passerait-il si la potion tombait entre de mauvaises mains"). Les arguments du méchant druide (Sulfurix) sont un peu vite balayés. Autre thème, bien amené mais classique : le rôle des femmes. Que cela soit les femmes du village ou la petite Pectine, les personnages féminins prennent à juste titre de l'importance dans l'histoire sans que cela soit fait de manière forcée. 
Toutefois cet Astérix est valorisé sur un autre aspect : l'érudition sur le sujet. Les BD et les films sur le petit gaulois ont toujours été construits autour des clichés datant pour la plupart de la IIIème République. Or, de nouveaux éléments ont été ajoutés pour ce film. Les sangliers, grandes victimes d'Obélix retrouvent un rôle divin, animal sacré de la mythologie celtique. Le rôle des druides en tant que savants mais aussi philosophes est aussi mentionné, tout comme leur aversion pour l'écrit. Certains éléments mythologiques comme Avalon et les pommiers sont amenés (sûrement issus des connaissances d'Astier sur la légende arthurienne d'origine celtique). La compromission de certains gaulois avec Rome (ou plus généralement la romanisation des élites) est également mentionnée. Bref, ce film d'animation apporte à sa manière un certain savoir sur la civilisation gauloise (celtique). 

En définitive, Astérix et le secret de la potion magique est à nouveau un très bon film d'Alexandre Astier et de Louis Clichy. Le film est drôle, rythmé et intelligent. 





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vendredi 23 novembre 2018

Les animaux fantastiques : les crimes de Grindelwald


Synopsis :

Grindelwald s'est échappé lors d'un transfert vers l'Europe. Il est ainsi recherché par les Aurores américains et britanniques. Norbert Dragonneau, par l'intermédiaire d'un certain Dumbledore se retrouve à nouveau mêlé dans cette affaire... 


Commentaire : 

David Yates de retour

Après avoir œuvré sur les derniers Harry Potter et les Animaux Fantastiques 1, David Yates est de retour pour une mise en scène toujours aussi généreuse visuellement, que cela soit dans l'action ou pour le simple cadre. La mise en scène est narrative et fluide, donc classique mais efficace. Notons que certains plans, notamment en champ contre-champ sont assez travaillés, comme le premier entre Norbert et Leta où la mise en scène dépasse le simple fonctionnaliste. A noter que la 3D, dans cet univers visuel toujours très vivant et riche, fonctionne particulièrement bien. A la musique, John Newton Howard nous offre une partition travaillée, symphonique dans le respect des précédentes partitions de la saga et reprenant à propos certains thème du précédent épisode.

J.K Rowling, au scénario...

L'implication de J.K Rowling se voit à deux niveaux. La premier élément est la cohérence de l'ensemble de l'univers et notamment l'imbrication parfaite de ce second film dans l'ensemble de la saga. A ce titre, des liens sont parfois même trop flagrants pour faire réalistes. C'est notamment le cas pour Nagini. Le réel est complexe et des liens trop linéaires paraissent du coup artificiels. Le cadre doit être cohérent mais l'histoire n'a pas forcément à s'inscrire dans la causalité directe d'Harry Potter. Toutefois, hormis ce point, rien à redire. La présence de l'auteur phare permet d'avoir une cohérence certaine et une bonne écriture de scénario avec des rebondissements.

... et aux thématiques

La célèbre écrivaine est aussi décelable dans les thématiques avec un propos presque moralisateur. Ne pas rechercher le pouvoir, considérer les animaux, promouvoir le rôle des femmes et de la diversité. Il y a d'ailleurs beaucoup de minorités visibles pour l'époque de l'entre deux guerres en Europe, même s'il existe des justifications scénaristiques. La promotion de la tolérance est donc au centre de cet épisode. On saluera que le Némésis du film, Gindelwald, ne soit pas tant une caricature du méchant. Néanmoins, le propos derrière ce choix est à comprendre dans le fait que le mal peut prendre une apparence attrayante. Grindelwald aurait gagné à être encore plus ambigu, quitte à jeter le trouble chez le spectateur. Dumbledord reste en retrait vis à vis de Grindelwald mais pas pour une raison d'attirance dans le propos de son ami. Un peu dommage. Toutefois, la position très consensuelle de J.K Rowling vis à vis de ces thématiques reste juste.


En définitive, Les animaux fantastique : les crimes de Grindelwald est un bon film. Cela tient à la présence de Yates et de J.K Rowling à la manœuvre. Le scénario est bien ficelé, le propos lisse mais juste. Un très bon divertissement.



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mercredi 26 septembre 2018

La Nonne


Synonyme :

En 1952, une abbaye roumaine est l'objet d'étranges phénomènes qui mènent une nonne au décès. Le Vatican est averti et envoie le Père Burke et Sœur Irène pour mener l'enquête...


Commentaire : 

Une mise en scène héritière de James Wan et du Seigneur des anneaux...

La Nonne s'inscrit dans la grande saga The Conjuring dont Annabelle 1 et 2 étaient les premiers spin-offs. Lorsque James Wan n'est pas derrière la camera, la mise en scène s'en ressent mais les différents réalisateurs tentent de s'inscrire dans sa veine. Ici, le travail sur la menace dans le champ en arrière plan ou dans le flou est repris, ainsi que les plans séquences circulaires qui finissent sur un jump scare. D'ailleurs, si les Jump scares sont assez fréquents, ils sont utilisés habillement, sans abus et bien préparés. Le seul reproche que l'on pourrait faire est l'utilisation trop faible du hors champ, dans le sens où la créature est vite montrée. Toutefois, le film fonctionne sur le plan de l'horreur.
Une autre particularité étrange de ce film est une inspiration à la Peter Jackson avec de nombreux plans généraux, notamment pour l'exposition de la Roumanie et pour le déplacement des protagonistes sur le lieu des péripéties. Il faut dire que des plans ont été tournés sur les lieux (en Roumanie) et que les effets numériques ont été limités, avec pour effet une photographie réussie et réaliste. La bande musicale, avec la technique du mickeymousing, a également un petit côté quête, autant qu'un côté horreur. Cet aspect hybride rend le film plutôt intéressant, parce que dépaysant voire inattendu de par son côté quête et aventure.

L'histoire prequel d'Irene

Il n'était pas évidemment pour qui ne s'était pas intéressé au projet que le prequel serait sur Irene. Toutefois, la ressemblance des actrices est tellement frappante que l'évidence arrive d'elle même. Et pour cause, Taissa Farmiga est la soeur de Vera Farmiga qui est la Irène originelle des Conjuring. Le choix est logique et bien trouvé étant donné le nombre de films dont les acteurs jouant un même personnage ne se ressemblent que vaguement. Il y a donc ici une cohérence visuelle, au-delà de la mise scène, par le choix pertinent d'une actrice. 

Des thématiques secondaires

Ce film engage beaucoup plus le ressenti que la réflexion. C'est ce qui était attendu. Il s'agit d'un univers merveilleux où le paranormal est "normal". C'est tout l'intérêt du film mais aussi sa limite. Autrement dit, il est proposé de l'horreur, rien de plus. 


En définitive, La Nonne est probablement le meilleur spin-off de la saga The Conjuring, de part sa réalisation mêlant le film d'horreur au film d'aventure. Le film est prenant. Le seul regret est l'absence d'un début de réflexion sur le sujet. 



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mercredi 29 août 2018

En Eaux Troubles (The Meg)


Synopsis : 

L'humanité a une bien faible connaissance des abysses. Toutefois, sa curiosité va l'amener à réveiller des monstres sensés avoir disparus il y a plus de 2 millions d'années... 


Commentaire :

Une réalisation basique mais efficace

En eaux troubles bénéfice d'une caméra généreuse, qui varie les angles, qui change les points de vue, qui n'hésite à se déplacer, à insérer des plans d'ensemble et de demi-ensemble... bref l'argent a bien été utilisé. A noter que les effets spéciaux sont très réussis et rien de grotesque n'est proposé en visuel, ce qui pouvait être à craindre. Il ne s'agit pas d'une série B mais bien d'un blockbuster avec Jason Statham en tête d'affiche. Alors certes, rien de nouveau n'est proposé ou tenté et la réalisation est purement narrative. Toutefois, le côté thriller/horreur oblige à utiliser certains artifices de l'épouvante, comme jouer sur le hors-champ et à créer de la tension. Le job est fait. A la musique, nous avons Harry Gregson-Williams qui comme à son habitude, trouve de beaux thèmes qui accompagnent le film. Le côté technique du film est donc très honorable et est amplement suffisant pour en faire un bon divertissement.

L'histoire ; pas si nanare que ça

En eaux troubles n'est pas Sharknado, un nanar assumé. C'est un Les Dents de la mer sous testostérone. En effet, l'histoire est crédible du point de vue des explications. Si certains ressorts ou actions des personnages paraissent folles, il y a toujours une explication apportée, rien n'est gratuit. Par exemple, la présence de baleines juste derrière la vitre sous-marine de la station est suspecte au départ. Il est alors possible de penser que le film les montre juste pour le côté impressionnant. Toutefois, il est très vite justifier le pourquoi de la présence de ces baleines à cet endroit précis. A l'instar de cet exemple, chaque action du film a une explication. Toutes les explications ne sont pas faramineuses mais elles ont le mérite de tenir la route (a un moment Jason Statham doit aller dans l'eau et s'approcher du requin, une explication est donnée). Si notamment par la forme, la deuxième partie du film se colore d'une petite touche nanar de manière volontaire, le film reste appréciable jusqu'à la fin.  

Les thèmes : laisser mère nature tranquille

Concernant les thématiques, rien d'extraordinaire pour un blockbuster d'été de ce type. Le but est de divertir et non de faire réfléchir. Les thèmes sont présents simplement pour que l'histoire se tienne. La figure du héros est interrogée ; il y a plusieurs héros dans le film, qui se signalent par leur choix dans des situations difficiles et qui peuvent avoir fait des erreurs dans le passé. Il est toujours possible de se rattraper. L'autre grande thématique est celle de l'action humaine sur la planète. L'Homme est responsable de la catastrophe du film. Il a lui même réveillé Mère nature, qui se venge dans un premier temps contre les braconniers d'ailerons de requin, ce qui est bien trouvé. Par la suite, les individus impliqués plus spécifiquement dans l'apparition du Megalodon doivent résoudre eux-mêmes le problème. Il y a donc un principe de responsabilité évoquée mais compliqué à assumer, d'autant plus que la limite de l'Homme face à la nature est soulignée. Ce thème est certes très classique et consensuel mais tient la route. 


En définitive, En Eaux Troubles est un bon divertissement mais se limite à cela. La proposition n'est pas désagréable et le film n'appartient pas à la catégorie des nanars, simplement à celle des blockbusters de divertissement. 



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vendredi 3 août 2018

Mission Impossible : Fall out


Synopsis :

Solomon Lane est désormais derrière les barreaux mais ses apôtres sont toujours dans la nature, prêts à lancer une attaque nucléaire sur le monde pour renverser l'ordre mondial. Si Ethan Hunt l'accepte, voici sa nouvelle mission!


Commentaire : 

Mise en scène très généreuse

Christopher McQuarrie est le premier réalisateur a réalisé deux Mission Impossible, après Rogue Nation qui était le précédent. Une nouvelle fois sa mise en scène est très généreuse, que cela soit en plan-séquences, angles improbables de caméra pour les scènes d'action, en diversité paysages ou monuments somptueux filmés comme jamais. La chose la plus incroyable reste le rendu visuel du film, obtenu grâce à l'utilisation de cascades et de paysages réels, le fond vert étant volontairement limité. Ce qui est vu à l'écran est si incroyable que l'on a parfois du mal à croire que Tom Cruise ait pu réaliser certaines scènes par lui même où que la caméra ait pu filmer avec ces angles les paysage. Pourtant Tom Cruise a bien conduit une moto a presque 300 km/h, sauté entre des immeubles, piloté un hélicoptère, été pendu à une falaise... La mise en scène fait la part belle à Tom Cruise qui bénéficie de nombreux plans rapprochés. Le cinéma est clairement narratif mais les plans sur les personnages, notamment dans les scènes d'action sont entrecoupés de plans généraux ou de semi-ensembles (toujours sublimes) qui ancrent parfaitement l'histoire. L'histoire est une invitation à un voyage à travers plusieurs régions (Paris, Londres et certains espaces géographiques comme le Cachemire, bien que tous les plans pour ce cas ne soient pas réellement de la région mais de la Nouvelle-Zélande et de la Norvège). 
Concernant la bande sonore, elle est particulièrement travaillée. Cela est assez manifeste dans la scène de la foudre mais plus généralement tout au long du film avec des sons ambiants distincts, qui passent parfois à la trappe dans les autres films. Par exemple, lors de la course poursuite sous les arcades et piliers de Bercy en moto, le son saccadé dû à ses piliers passés à grande vitesse est parfaitement rendu. Enfin, concernant la musique de Lorne Balfe qui reprend la musique de la saga, elle est très présente et non simplement en accompagnement. La musique orchestrale utilisant parfois la technique du Mickeymousing (leitmotiv et la moindre petites actions traduites à la musique) participe en elle-même à l'action.
Ce sixième épisode est d'un point de vue de la réalisation un spectacle total au sens de Reinhardt. 

Un scénario riche en rebondissements 

Mission Impossible Fall Out ne se contente pas cette fois-ci d'un Macguffin mais présente de réels enjeux à surmonter. Le scénario est très riche en rebondissements, comme lors de la scène dans "l’hôpital" qui est une belle mise en abîme du cinéma. Parfois, c'est le montage lui même, en insérant des scènes imaginées qui trompent le spectateur. Parfois le héros a un temps d'avance sur le spectateur, parfois il est pris au dépourvu mais à chaque fois le spectateur est lui surpris. C'est donc un film passionnant en ce sens, bien que parfois il devienne difficile de suivre les objectifs de chacun, tant de nombreux protagonistes interviennent (MIF, CIA, MIA6, les apôtres, Lark, les intermédiaires de la Veuve Blanche) et manipulent. 

Les thématiques, peu importantes mais présentes 

A ce stade les thématiques et les réflexions ne sont plus si importantes puisqu'il s'agit avant tout d'un divertissement. Le film propose principalement deux angles de réflexion plus ou moins basiques. Le moins intéressant porte sur les motivations des méchants... qui sont réellement de grands méchants puisque leur propos ne tiennent pas la route. Leur but est de tuer énormément de personnes et de créer beaucoup de souffrance pour créer la paix... alors que cette dernière, la paix, s'installe au contraire via une certaine prospérité économique. Bref, les méchants sont trop caricaturaux pour créer de l’ambiguïté et être donc intéressants. Le deuxième axe de réflexion concerne Ethan Hunt qui se pose toujours les questions des conséquences de ses actions sur les gens qu'il aime. L'intérêt du personnage est qu'il est moralement droit et que pour lui toute vie est inestimable, ce qui est juste. Toutefois, que faire alors si une vie est mise en balance avec plusieurs ? Ethan Hunt, de part sa stature morale, refuse de faire le calcule. S'il est intéressant de reconnaître que la fin ne justifie pas tout le temps les moyens et qu'il n'est pas possible de sacrifier à tour de bras sans réflexion, il n'est pas possible non plus de faire de ce principe une règle. Or Ethan est droit dans ses bottes (il essaye de sauver son ami autant que des millions de personnes). Le scénario lui donne raison mais une approche plus réaliste aurait pu amener une réflexion plus profonde. Finalement, héros et méchants sont un peu trop lisses dans leur rôle. 

En définitive, Mission Impossible Fall Out propose un film d'action de très grand spectacle. Scénario, cascades, paysages variées. Tout y est et Tom Cruise est au rendez-vous. Seule petite limite, des personnages un peu trop lisses. 




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samedi 21 juillet 2018

Ant-man and the Wasp


Synopsis :

Scott est assigné à résidence après Civil War. Toutefois, Hank et sa fille Hope ont besoin de lui pour aller chercher la mère de Hope, perdue dans le monde quantique plusieurs décennies auparavant... 


Commentaire :

Une mise en scène classique avec quelques nouveautés

Peyton Reed est de retour pour le deuxième volet d'Antman. L'intérêt du premier film au niveau de la réalisation était les changements d'échelle induits par les changements de taille du personnage et notamment les scènes où le personnage était miniaturisé. Ici, ce n'est pas tant la réalisation dans un monde micro qui est intéressante mais le changement de taille des personnages (et grandes nouveautés, d'autres objets) dans un cadre fixe, cela dans les scènes d'action. Les scènes d'action entre Antman et la Guêpe (changeant de taille à souhait) versus le Fantôme (qui est lui insaisissable) sont superbes, tout comme la course de voitures avec la voiture des héros changeant de taille. C'est effectivement du jamais vu. La mise en scène reste elle toutefois purement classique, narrative et est peu intéressante en elle même, tout comme le monde quantique est assez décevant. La musique de Christophe Beck est peu remarquable mais a la qualité de reprendre les thèmes du film précédent et donc d'instaurer une continuité (ce qui n'est pas le cas de tous les Marvels).

De l'Histoire à la l'histoire

L'histoire de ce Antman a un sens et elle est plus au moins reliée aux précédents films (l'histoire se déroule après Civil War). Toutefois, après Infinty War l'enjeu semble bien faible. L'histoire, si elle est bien liée au reste de l'univers, n'a aucun impact sur celui-ci. Il faut la scène mid-générique pour qu'il soit rappelé que l'univers a bien un impact sur ce film et non l'inverse. Si l'enjeu tient la route pour le film, il fait bien pâle figure dans l'univers Marvel. Il s'agit donc d'un épisode filler (de remplissage) sympathique mais dispensable. Le film reste agréable car il est intéressant du point de vue du ton. En effet, il s'apparente tout autant à une comédie mélangée à un film policier qu'à un film de super-héros. Le changement de genre fait du bien dans le MCU (univers Marvel), mais un épisode ne peut être pertinent seulement de par son genre cinématographique.

Des thèmes à exploiter non exploités

Il n'y a pas de thématiques philosophiques/ de réflexions développées dans cet épisode Marvel. Il y a quelques thèmes présents parce-que nécessaires au scénario comme celui de la famille mais simplement pour créer un enjeu émotif. La place de la science et notamment du monde quantique aurait pu amener une réflexion intéressante mais, tant la représentation que le charabia peu rigoureux autour de ce sujet ne questionnent en rien notre réalité. Le film est un divertissement. On pourra reconnaître l'introduction d'un super-méchant ambigu, aux intentions compréhensibles mais là encore il n'y a aucun véritable enjeu. En effet, les héros et le Fantôme auraient pu tout aussi bien collaborer. C'est uniquement le scénario qui les met en opposition car les intentions ne sont pas opposées : en conséquence il n'y a pas fondamentalement de problème posé. 

En définitive, Antman et la Guêpe divertit. Le film reste néanmoins anecdotique dans le MCU et n'a pas de réel intérêt au-delà de la mise en scène d'action jouant sur les changements de taille.





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jeudi 5 juillet 2018

Tully


Synopsis :

Marlo attend son troisième enfant. Heureuse évidemment, elle est néanmoins épuisée et trouve la vie de plus en plus lassante et répétitive. Son frère qui craint qu'elle fasse un baby-blues, lui propose de prendre une nourrice pour la soulager vis à vis de son nouvel enfant... 


Commentaire : 

Une réalisation narrative au plus près des acteurs

La réalisation de Jason Reitman est purement narrative et ne se distingue pas par sa mise en scène. Le choix est simplement de mettre les personnages, notamment Marlo puis Tully au centre l'intrigue. Elles bénéficient de plans rapprochés pour l'identification des corps. Il s'agit de voir des visages, des parties du corps ou plus généralement une allure pour montrer la différence entre un corps jeune et un corps enceinte ou venant de donner naissance. C'est donc une mise en scène qui raconte le travail d'un corps de femme. Les autres personnages, notamment masculins, sont filmés en taille très simplement et de ce fait semblent peu impliqués dans l'épreuve de la parentalité et peu concernés par la souffrance de Marlo. Il s'agit d'une mise en scène à propos, thématique mais aussi ancrée dans la banalité, car c'est bien la banalité de la grossesse et des mois qui suivent qui est exposée, notamment à ceux, femmes ou hommes, qui n'en ont pas eu l'expérience. Les effets sont donc très sobres, les plans sont parfois longs pour que le regard observe ce que Jason Reitman veut nous montrer. Il y a également quelques séquences de rêve, sous l'eau, que l'on peut qualifier peut-être d'impressionnistes dans le sens où elles racontent la sensation de noyade qu'éprouve Marlo, engloutie par la fatigue. Concernant la bande musicale de Rob Simonsen, elle est particulièrement discrète et sert simplement d'accompagnement : la narration l'emporte. 

Deux performances d'actrice à saluer

Charlize Theron et Mackenzie Davis ont les deux rôles centraux et les interprètent avec brio. Charlize Theron qui porte le poids de la maternité est particulièrement juste de part ses expressions mais également par sa transformation physique incroyable pour ce rôle (18 kilos en plus). Mackenzie Davis elle, joue le rôle d'une sorte de Marry Poppins pétillante. 

Les multiples thèmes : la grossesse, l'aide, l'acceptation 

La scénariste Diablo Cody sait de quoi elle parle quand elle écrit un scénario sur la grossesse. La période de la grossesse et des mois qui suivent est le centre du propos. Le film montre cette période de la vie d'une femme avec une approche réaliste, pas idéalisée, en se concentrant sur l'impact physique et psychologique d'un tel événement. Il n'y avait qu'une personne ayant vécu un accouchement qui était capable d'en parler aussi bien. Il ne s'agit pas de l'accouchement montré comme un événement social (élément positif) mais de l'accouchement comme expérience de vie, chose que beaucoup ne peuvent connaître. 
Autre idée qui découle de la première épreuve, le fait d'accepter d'être aidé, que cela soit par des proches ou par une nourrice dans ce cas. Il y a un petit côté donneur de leçon bourgeoise ici puisque la nounou est une idée du frère de Marlo (qui a complètement réussi dans la vie et est parfaitement épanoui contrairement à Marlo), idée qui se révèle incroyable. - La fin du film change cette perspective mais il s'agit tout de même d'une idée déployée -. 
Une autre idée est développée vers la fin du film, celle de l'acceptation au sens large. C'est à dire d'accepter sa vie, son âge et la tranquillité sans chercher l'aventure. La situation de famille en couple avec enfants présentée est stable, peut-être ennuyante et répétitive mais nécessaire aux enfants. Avec l'âge vient des responsabilités notamment celles de s'occuper des enfants (pour les femmes comme les hommes). Il y a donc sorte de prise de conscience "stoïciste", spinozienne, bref une acceptation de la réalité qui l'a rend moins insupportable. 

En définitive, Tully est une bonne comédie dramatique qui doit être repensée en fin de séance. Charlize Theron est superbe pour véhiculer le ressenti physique et psychologique de la grossesse et des mois qui suivent.



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mardi 3 juillet 2018

Sans un bruit


Synopsis :

Une famille américaine survie tant bien que mal dans un monde apocalyptique. La règle, ne pas faire un seul bruit, au risque d'attirer les bêtes ayant anéanti l'humanité.


Commentaire :

Thriller plus qu'épouvante, après la déception de bonnes idées [Spoilers]

John Krasinski choisit étrangement une mise en scène de thriller pour développer son film, qui était pourtant vendu comme un film d'épouvante. En effet, les bêtes, source de la peur des protagonistes, sont montrées dès le début : il y a donc peu de travail sur le hors-champ comme dans tout film d'horreur. A noter que le design des monstres est plutôt intéressant et original. De même, il n'y a pas la montée en tension progressive comme il est habituellement coutume dans ce type de film: la tension arrive par à-coup. Des artifices de films d'horreur, il reste les jump scares, utilisés assez facilement. Le film est donc simplement narratif d'un point de vue visuel, ce qui est assez décevant malgré une belle photographie. En revanche, le film de Krasinski à d'autres atouts. Plusieurs idées de mise en scène sont intéressantes, articulées autour du concept central : tout bruit peut attirer le danger. Or toute chose peut être l'origine de bruit, ce qui produit une tension permanente. Les différentes stratégies trouvées pour vivre avec le moins de bruit possible sont intéressantes. Dans ce contexte, certaines idées de mise en tension sont joliment trouvées. Le fait qu'Evelyn, la mère de famille, doive accoucher est une superbe idée de mise en scène puisque aussi bien elle que le bébé peuvent être à l'origine de bruit. Autre idée, le fait que la petite fille soit sourde. Cela est particulièrement intéressant dans ce contexte, elle même ne pouvant savoir ce qui fait du bruit et donc être dangereux. Dans le film, les plans la concernant sont silencieux ce qui donne un indice au spectateur avant la révélation. En contre-partie, elle est complètement intégrée à un monde qui ne parle plus que la langue des signes. Cet enjeu autour du son a pour conséquence un mixage sonore particulièrement bien travaillé. Pour que cela se ressente, le film est toutefois pauvre du côté de sa bande-musicale, ce qui produit une sensation parfois de lenteur ou de vide lorsqu'il n'y a pas de tension. Quitte à mettre peu de musique, peut-être qu'il aurait fallu prendre le pari de l'absence total de musique, hormis pour ce qui est de l'intradiégétique. 

Les thèmes, du survival au handicap [Spoilers]

Le film se rattachant au genre du thriller et fondant son intérêt sur la tension, il ne possède pas de grande thématique, si ce n'est la très banale du survival : des parents devant protéger leurs enfants. Il n'y a, dans tous les cas, pas de dimension réflexive. On peut néanmoins noter que la solution surgit indirectement du handicap de l'enfant, ce qui est valorisant pour cette cause. Mais là non plus, il n'y a pas de réflexion sur le handicap. 


En définitive, Sans un bruit est un thriller par sa réalisation avant d'être un film d'horreur. Passé cette déception, il s'y trouve de bonnes idées de mise en tension.



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dimanche 10 juin 2018

Jurassic World : Fallen Kingdom


Synopsis :

3 ans après la catastrophe du parc Jurassic World, la vie a repris ses droits sur l'île. Malheureusement pour les dinosaures survivants, une éruption volcanique les menace de l'extinction. L'Humanité doit-elle secourir ces dinosaures ?


Commentaire :

La superbe mise en scène de Bayona 

Si le Jurassic World de Trevorrow ne se signalait pas particulièrement par sa réalisation, Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona est doté d'une réalisation pensée et fignolée. En effet, Bayona prend certains artifices du film d'horreur comme par exemple la révélation d'une partie du danger (synecdoque visuelle : une patte souvent) ou alors joue sur les ombres dans un esprit expressionniste pour mettre en scène ses dinosaures. En outre, la caméra n'hésite pas à circuler très librement comme dans la scène avec l'Indoraptor à la fenêtre de Maisie. Le cadre est parfois également débullé dans l'esprit horrifique. A une mise en scène particulièrement travaillée, il faut rajouter les scènes d'action impressionnantes (le money shot de la fuite de l'île avec tous les dinosaures), dotées de très bons effets spéciaux. A noter que les dinosaures, pour les plans rapprochés dans lesquels il y a interaction avec les humains, sont des animatroniques, qui manquaient tant au dernier épisode. Le film présente par ailleurs de nombreux spécimens tout au long de l'histoire, ce dont manquait également le film de Trevorrow. Au delà des intentions de réalisation les plus visibles, il est intéressant de noter que chaque scène est réalisée avec une idée de mise en scène/visuelle : par exemple, la séquence d'introduction de Clair dans l'ascenseur rappelle Jurassic Park 2 mais également le Mosasaure venant de quitter son bassin quelques plans plus tôt. A la musique, nous retrouvons à nouveau l'excellent Michael Giacchino qui reprend les thèmes de Williams dans les scènes porteuses de sens et faisant écho au passé. Par ailleurs, le mixage sonore est excellent (son d'ambiance). En conclusion, du côté technique, le film est irréprochable. 

L'histoire : un hommage crédible ?

Jurassic World était une redite peu intéressante de Jurassic Park. Si Fallen Kingdom renvoie à Jurassic Park 2 avec un seconde partie sur le continent, l'histoire est différente tout en restant dans l'hommage subtile. Les hommages sont rendus par le biais de plans assez courts et en vérité peu décelables sans connaissance des films de Spielberg. C'est à dire que les scènes s'apprécient sans les références. Un des défauts du film réside autour de certains éléments de scénario (la transfusion d'un T-Rex à un Vélociraptor semble peu plausible), éléments qui n'entravent toutefois pas l'histoire si on accepte les justifications données. La surenchère en terme d'action peut également constituer une limite du film, bien que cela soit bien exécuté à défaut d'être réaliste. Une des bonnes trouvailles de cet épisode est le fait de redonner un rôle important à un enfant sans que l'histoire n'ait déjà été vue (les enfants de Jurassic World était presque identiques à ceux de Jurassic Park). C'est donc un hommage originale. Il y a en plus quelques références narratives bienvenues comme le docteur Wu, Ian Malcom, et John Hammond abondamment mentionné.

Un film riche en thématiques [spoilers]

En tant que remake-séquel, Jurassic World n'apportait rien de nouveau. Or un film de science-fiction se doit de questionner des sujets éthiques et/ou technologiques, par ailleurs originaux s'il s'agit d'une suite. Fallen Kingdom le fait d'entrer de jeu, en questionnant la place des dinosaures aujourd'hui. Mettons que les animaux aujourd'hui aient véritablement des droits, les dinosaures ramenés à la vie devraient-ils en bénéficier ? Si Iam Malcom a raison d'insister sur le fait que l'humain est à l'origine de projets qui le dépassent et que la technologie ne connaît pas de limite une fois découverte, faut-il pour autant tuer ce dont l'humain est responsable ? Dans la diégèse du film, où les dinosaures sont particulièrement dangereux et non contrôlables, la position de Malcom et d'Owen se comprend, et c'est d'ailleurs la leçon qui devrait être tirée de l'ensemble des films Jurassic Park et Jurassic World. Il y a donc une tension dans le film entre sécurité et respect du vivant non humain, d'autant plus que le film fait tout pour créer de l'attachement envers certains dinosaures. Les protagonistes tirent les leçons du passé et choisissent finalement de laisser mourir les dinosaures, ce qui est cohérent avec l'ensemble de l'histoire. Toutefois, le film choisit judicieusement de sauver le vivant par l'entremise de Maisie, elle-même clone humain, à qui on ne peut reprocher de se projeter (d'autant plus qu'elle est une enfant) dans les espèces clonées. Mais du coup, le film n'évite il pas de répondre à son questionnement par cet artifice scénaristique ?
La grande morale qui traverse les différents films reste toutefois la même et est réaffirmée ; chaque découverte pouvant rapporter de l'argent est de manière systématique, presque mécanique, investie par des gens de bien peu de scrupules, bien que l'inventeur originel (comme le docteur Wu) ou l'investisseur originel (John Hammond ou Lockwood) ne soient pas de mauvaises personnes, tout juste sont-ils enfermés et aveuglés par leur passion.


En définitive, Jurassic World Fallen Kingdom évite le fan-service et le film-remake du premier Jurassic World, tout en faisant des clins d'oeil subtiles à Jurassic Park, notamment au deuxième. Si le film pousse beaucoup le côté extraordinaire au détriment parfois de la crédibilité, ce dernier est doté d'une des plus belles mises en scène pour blockbusters des dernières années et de thématiques pertinentes et originales dans la saga.



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mardi 29 mai 2018

Sens 5


Synopsis :

La conclusion de la série cinématographique. Les trois femmes décident de suivre leur instinct, oubliant les normes... 


Commentaire : 

Le réveil de la Force

Enfin, tout s'accélère dans l'histoire. Après quelques scènes de dialogue assez intéressantes, le film "s’emballe". Le montage va jusqu'à proposer un montage alterné avec trois actions instantanées. Passé les dialogues, les personnages bougent dans le cadre ou circulent dans l'espace, obligeant la réalisation à des travellings. Des effets de reflet dans les vitres du métro ou des mises au point utilisant la profondeur de champ du métro font vivre le film, alors que l'épisode 4 était un des plus statiques. Ils suffisaient finalement que Hamaguchi mettent les personnages en mouvement et leur fasse faire des choix pour que le film prenne enfin un rythme et une forme qui invitent à l'attention. 

Les personnages s'affirment

L'histoire s'accélère à partir du moment où les personnages font des choix. Ils arrêtent de subir les événements, ils en sont à l'origine. Plus précisément, les trois femmes : Akari, Fumi et Sakurako prennent leur vie en main et ne sont plus dans des discussions rhétoriques. De même, les personnages secondaires comme Mlle Rose ou la petite soeur d'Ukai agissent. Il y a enfin une narration avec des enjeux importants, de la vie quotidienne certes, mais le quotidien notable et universel. 

Les thèmes : des femmes qui se cherchent

Le film commence par un dialogue intéressant, traitant d'abord du rapport de l'auteur à son oeuvre. A savoir qu'une oeuvre est limitée par la pensée de son auteur (ici Mlle Rose) et que ce dernier peut parfois être incapable d'aborder des sujets qu'il n'a pas vécu. Le dialogue se poursuit sur le rapport à l'amour et comment les tiers se mêlent des histoires de couple. Kohei reconnait avoir un amour égoïste mais a la sincérité de parler uniquement pour lui et de reconnaître être incapable d'adopter un autre point de vue. Les amies de Jun présentes, Akari et Fumi, parlent elles, pour Jun qui est absente. Même si elles ont probablement raison, elles usurpent une parole et sont finalement moins humbles que Kohei ne parlant que pour lui.
Mais au-delà de ces sous-thématiques de dialogue, pour la première fois, l'histoire (et non les discussions) propose un sujet qui restait en surface. Les personnages, en faisant des choix, soulèvent la question de la place de la femme au Japon. Il semble en effet, du moins dans le film, qu'il existe un problème de communication profond entre hommes et femmes. C'est le cas pour toutes les relations hommes-femmes présentées. En réaction, les femmes, qui se sentent ignorer, finissent par craquer et se laissent aller à leurs envies ; dernier moyen pour faire réagir les hommes. Il est plus facile de comprendre maintenant le succès critique de Ryusuke Hamaguchi. L'adoption du point de vue de femmes par le réalisateur est un exercice ardu qui lui a permis une certaine reconnaissance. Il est regrettable que les épisodes précédents aient le plus souvent abordé des sujets par le biais de dialogues statiques et non par l'histoire. 


En définitive, la dernière partie de Senses finit par intéresser, que cela soit par la mise en scène, l'histoire et les thèmes. Il aura fallu attendre la cinquième et dernière partie. "Un des films les plus prenants qu'on ait vu" selon les Cahiers du cinéma : il ne faut pas exagérer. 



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samedi 26 mai 2018

Solo : A Star Wars Story


Synopsis :

Le jeune Han et sa petite amie Qi'ra sont prisonniers sur la planète Corellia. Leur rêve est de s'échapper et de profiter de la liberté à deux...  


Commentaire :

Ron Howard, l'assurance de la narration

Ron Howard est arrivé en poste en cours de tournage mais c'était l'assurance que le tournage irait à son terme. Ron Howard sait en effet raconter des histoires. Il s'agit d'une mise en scène moins magistrale que Lucas, plus réaliste, avec des plans rapprochés, parfois une caméra épaule, qui rappelle le ton de Rogue One. Il est intéressant que les spin-offs varient ainsi la mise en scène. Au-delà de cet aspect, la mise en scène est classique, au service de la narration, très fluide. Ron Howard est de ceux excellant dans la mise en scène narrative. La contre-partie est qu'elle ne sort pas du lot. Tout comme les autres films Lucas-Disney, la direction artiste est de qualité et les effets visuels de très bonne facture. A la musique John Powell réalise une très bonne performance, la tâche n'étant pas aisée étant donné l'importance de la musique dans un Star Wars (musique orchestrale, symphonique). Pour quelques thèmes, John Williams est également présent, notamment sur le thème de Solo. Une très bonne bande musicale.

Han Solo, l'acteur relève le défi

Alden Ehrenreich, dont le choix avait soulevé des inquiétudes auprès du public, réussit sa mission. Que cela soit le ton ou les mimiques, Alden Ehrenreich tient le personnage d'Han Solo. Sa prestation, au delà de la performance d'imitation, est par ailleurs bonne. Le reste du casting, composé de pointures, produit une performance tout à fait honorable. 

L'histoire que personne n'avait demandé [Spoilers]

Disney s'est mis dans la tête de produire des spin-offs sans Jedi, plus proches de la première trilogie que de la prélogie. Ainsi est né Solo, tout comme Boba Fett devrait arriver. Han Solo étant inconnu avant l'épisode 4, son histoire ne pouvait être monumentale et devait être, par exemple, beaucoup moins importante en terme d'impact que Rogue One. Le film s'attache donc à construire le personnage d'Han Solo, comme il est connu dans la première trilogie ; le personnage est alors mis en relation avec Chewabacca, son porte-bonheur, son pistolet, le Faucon Millenium, et Lando etc. Il n'y a plus aucune inconnue sur le personnage, or, la fin du film n'est pas le début de l'épisode 4. Le personnage est donc narrativement figé pendant les années qui le séparent de la première trilogie. Autre petit problème, Han Solo est déjà bon dans le film, trop bon pour être le vaurien de l'épisode 4, c'est pourquoi il était hasardeux de faire un film sur Han Solo avec lui en héros. Malgré le fait que les scénaristes soient tombés dans le piège, l'histoire reste prenante, et possède un enjeu. La mise en scène fait le reste, le film fonctionne. Course poursuite, monstre géant de l'espace, cantina, tous les éléments recyclés ne sont pas passionnants. Cela a toutefois le mérite d'être bien amené et les nouveaux éléments (recrutement et guerres des soldats de l'empire + la petite surprise) permettent au film d'être assez prenant. 

Une histoire sans réelle thématique

L'histoire est au cœur du film. Celui-ci n'a pas vraiment de propos en lui même. Toutefois, Disney a placé un droïde abolitionniste luttant pour ses droits, ce qui apporte une petite thématique au film. La limite est que ce sujet n'est pas traité sérieusement et que cette sous intrigue est plus abordée sous l'angle de l'humour que de la réflexion. Autre propos du film, cette fois concernant l'ensemble de l'intrigue : la méfiance, il ne faut faire confiance à personne ; cette affirmation n'est néanmoins pas débattue. A cela, on pourrait rajouter la présence d'un personnage féminin fort mais ce choix est devenu une banalité dans les Star Wars nouvelle mouture. 
Il est clair que le film voulait d'abord raconter une histoire plutôt que de traiter d'un sujet (ce qui n'était pas le cas des films de Lucas, qui faisait les deux). 


En définitive, Solo, le film que personne n'avait demandé est plutôt divertissant et bien réalisé. Alden Ehrenreich tient le rôle. Il n'en demeure pas moins que cette histoire était dispensable. 




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mercredi 23 mai 2018

Sens 3&4



Synopsis :

Suite de la première partie qui était constituée de l'épisode 1 et 2. Jun a disparu. Ses amies et son ancien mari cherchent à savoir où elle se trouve... 


Commentaire :

L'espoir d'une réalisation plus dynamique 

La troisième partie démarre sur des plans d'exposition et sur un travelling. Les personnages circulent. La réalisation propose enfin du mouvement. Le premier dialogue varie les points de vue bien qu'il soit statique. La réalisation s'anime à l'instant où l'histoire semble démarrer. Malheureusement, il s'agit d'un espoir de courte durée car la réalisation reprend progressivement son rythme de croisière jusqu'à l'épisode 4 qui est structuré autour d'une longue conférence, filmée en plan fixe taille pendant d’innombrables minutes... Ce n'est presque plus du cinéma, simplement une caméra posée pour enregistrer un discours. Du côté musical, le piano n'est plus le seul instrument bien que la bande musicale soit encore très rare.  

Une histoire qui démarre enfin 

La banalité de la première partie laisse place à une banalité moins familière et presque digne d'une histoire de cinéma avec la disparition de Jun, l'erreur de Daiki (le fils de Sakurako), l'exaspération d'Akari. Le film s'anime donc, il en devient parfois drôle par les situations qu'il met en place, et intéressant dans le voyage proposé au sein des uses et coutumes japonaises (scène d'excuse de Sakurako et sa mère). Toutefois, ces moments sont toujours séparés par de longues séquences, parfois inutiles (la lecture de la jeune écrivaine). 

Des thématiques plus affirmées

Si les thématiques sont dures à décelées c'est parce-qu'elles ne sont pas clairement identifiées. Il s'agit avant tout de portraits de femmes et de ce fait, les sujets abordés sont parfois juste effleurés lors des discussions. Toutefois, le patriarcat se fait un petit peu plus sentir, par exemple avec le cas de la famille de Sakurako dans laquelle le mari décide. Remarquons néanmoins que la grand-mère garde une grande influence. Plus globalement, tous les hommes essayent de séduire des femmes dans le film, hormis peut-être le mari de Fumi (à voir avec l'écrivaine). Le portrait d'individus structurés autour du sexe n'est sûrement pas si faux, encore moins pour les hommes.
Les questions d'honneur dans la société japonaise sont aussi un des sujets importants dans ces deux épisodes. Le personnage d'Akari, dans le jugement constant, est aussi surement un des portraits intéressants. A voir si tout cela aura une résonance dans la dernière partie, à savoir s'il y a vraiment des sujets mis en avant dans le film ou s'il s'agit d'un film dépeignant des portraits très réels et donc complexes et hétéroclites et peu formalisables. 

En définitive, Sens 3&4 est un peu plus prenant que la première partie, de part l'histoire, les "péripéties" et le voyage dans la société japonaise. Reste une partie 4 néanmoins très laborieuse. 
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lundi 21 mai 2018

Deadpool 2


Synopsis :

Le super-héros rouge et noir continue à massacrer les méchants. Son existence change quand sa compagne lui annonce être prête à avoir des enfants... 


Commentaire :

Une réalisation saccadée

David Leigh nous livre un film au rythme effréné, sans temps faible. L'action n'est donc entrecoupée que par des scènes comiques ou des mini-séquences humoristiques. Cet aspect se ressent dans le montage notamment des scènes d'action, très dynamiques voire trop. En effet, l'action est alors peu lisible, d'autant plus que les plans sont majoritairement des plans rapprochés, même si les séquences graphiquement violentes sont bien réalisées. Il y a donc un manque d'ampleur, nécessitant des plans d'ensemble ou de demi-ensemble pour mieux ancrer l'action et aérer la narration filmique, ou tout simplement, la réalisation pourrait adopter un montage plus lent. Concernant la musique, elle joue beaucoup sur le mickeymousing, ce qui permet ensuite assez facilement de briser le 4ème mur. Néanmoins, la bande musicale ne marque que peu, hormis lorsque des tubes sont utilisés. 

Une écriture un peu facile

Si l'humour et le brisage du 4ème mur étaient enlevés, le film serait probablement médiocre du fait de son écrire. En effet, les personnages dont le méchant sont peu complexes et leurs motivations sont très banales pour les rôles qu'ils campent. L'histoire de Deadpool et de sa compagne est prévisible dès le début. Il est amusant que le film soit conscient de sa faiblesse puisque Deadpool le mentionne à plusieurs reprises. Malheureusement, cela ne rend pas le film meilleur et ce n'est que la particularité du film, c'est à dire, briser le 4ème mur constamment, qui lui permet d'être intéressant à regarder (il faut néanmoins être connaisseur du cinéma de Super-héros pour saisir toutes les références). En outre, le fait que le film incorpore des voyages dans le temps et la possibilité de changer les actions du passé réduit très fortement l'aspect dramatique et le poids des actions. Rien n'est grave si tout peut être changé. 

Les thèmes : la confiance et la famille

Deadpool possède quelques thématiques pour la forme mais elles ont au moins le mérite d'être présentes. Il y a d'abord le thème de la famille, centrale, puisque Deadpool cherche à créer une famille pour le soutenir dans ses aventures. L'idée est que la famille, au sens élargi du terme (puisqu'il s'agit d'une famille d'adoption), doit être présente notamment pendant les moments difficiles (scène avec Colossus). Il s'agit d'individus sur lesquels il est possible de compter. La deuxième thématique est l'idée qu'il est possible de changer et qu'il n'y a pas de fatalisme (cas de l'enfant à sauver, ou même Deadpool qui ne veut pas commettre les mêmes erreurs que son père). Les thèmes sont assez classiques mais abordés correctement. 


En définitive, Deadpool reste divertissant de part sa singularité à casser régulièrement le 4ème mur. Malgré cela, l'écriture et l'intrigue sont très banales. 



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jeudi 17 mai 2018

Senses 1&2


Synopsis :

Quatre amies japonaises dans la trentaine questionnent leur vie, tant sentimentale que professionnelle.   
[Il s'agit uniquement de la première partie, l'ensemble étant composé de 5 volets. Il s'agit en fait d'un seul film découpé.]


Commentaire : 

Une réalisation aléatoire et pauvre

Ryusuke Hamaguchi veut filmer l'imperceptible. Il laisse alors le temps dévoiler ce qu'il recherche. Mais que recherche t-il ? Le réalisateur avoue lui même se demander tout au long du tournage quel était le but de son film et comment le finir. Il en ressort que son film est composé exclusivement de temps faibles. Il film le quotidien. Si le problème de nombreux films est justement l'absence de temps faibles, Senses tombe dans l’excès inverse. Une intrigue peu dynamique peut être compensée par une réalisation audacieuse, contemplative ou expérimentale, mais ce n'est pas le cas ici. Les cadres sont fixes, notamment pour les scènes d'intérieur qui sont majoritaires, elles mêmes composées de très longues scènes de dialogue. Quelques plans en regard caméra sont présents, indiquant peut-être un basculement dans l'intrigue. Le procédé du champ - contre-champ est utilisé pour ces scènes de dialogue avec parfois le plan arrêté sur le personnage écoutant pour insister sur sa réaction. Le procédé n'est pas nouveau dans le cinéma d'auteur. Le film offre majoritairement des plans en taille ou des gros plans. La diégèse est donc peu ancrée spatialement, hormis pour la partie Arami en fin de film qui, enfin, propose quelques plans (fixes évidemment) de paysage (exception pour la cascade). Il en ressort une sorte d'étouffement, peut-être à propos mais le reste du film offrira plus de réponses. Le film ne présente en tout et pour tout que deux travellings, dont un pour la belle scène d'ouverture. Pour le reste en extérieur, au mieux, la caméra pivote.

Hamaguchi se refuse à utiliser la lumière artificielle, ce qui peut être un choix intéressant, au service du réalisme mais qui du coup rend les effets de pénombre (et autres) anecdotiques car il est hasardeux d'y voir alors une intention de réalisation. C'est probablement un choix pour le mari de Jun en contre-jour mais plus le cas lorsque Jun est dans la voiture entre ses deux amies. Filmer le réel tel quel empêche de lui donner un sens par un artifice visuel. Concernant le son, le mixage sonore est aléatoire, les scènes d'extérieur étant parfois encombrées par le son d'ambiance et les voix des acteurs étant inégalement fortes au cours des scènes. Certes, cela apporte du réalisme, mais un film étant dans tous les cas une construction, pourquoi ne pas le faire avec soin ? Nul besoin d'aller au cinéma pour voir le quotidien, bien souvent ennuyant. Concernant la bande musicale, il n'y a que deux très cours passages au piano, au début et à la fin. 
La sobriété côtoie ainsi la médiocrité même si cela est effectivement voulu.

Les thématiques : la vie professionnelle et amoureuse, une réalité complexe

Si les thématiques ne sont pas mises en oeuvre par l'image ni l'histoire, le film possède bien quelques thématiques, notamment présentées lors des scènes de dialogue. Les propos sont eux intéressants. Ils concernent la vie professionnelle de ces femmes et leur vie amoureuse ou plus généralement leurs rapports aux hommes. Le propos sur la vie professionnelle est peut-être le plus intéressant avec le cas de l'infirmière qui présente la complexité de son travail notamment face au vieillissement de la population japonaise. Les histoires d'amour de ces femmes sont elles présentées avec soin. Bien que le film ait été salué pour dénoncer le patriarcat, ce dernier n'est pas si oppressant dans le film. C'est plutôt la grande normativité de la société japonaise qui est perceptible pour un œil extérieur, qui remarque les questions taboues entraînant une gêne (question intime notamment). Le film ne porte pas de jugement sur les errements amoureux, l'individu concerné ne pouvant se défaire de sa subjectivité. Cela est intéressant. Il s'agit d'écouter les personnages plutôt que de les juger. Toutefois les histoires de cœur intéresseront ceux qui voudront. 


En définitive, Senses propose un voyage au cœur de la banalité de la vie, présenté avec le plus de banalité possible. Il faudra attendre la suite du film pour proposer un avis définitif. Il n'en demeure pas moins qu'à cette étape, le fond (l'histoire) et la forme sont ennuyants bien que certaines thématiques soient intéressantes. 



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Bande annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19577719&cfilm=239526.html

mercredi 16 mai 2018

Rampage : Hors de contrôle


Synopsis : 

Une entreprise spécialisée dans l'ingénierie génétique égare des échantillons de ses expériences dans la nature. George, un gorille albinos recueilli par le primatologue Davis Okoye est infecté...


Commentaire :

Une mise en scène fonctionnelle

Le blockbuster de Brad Peyton fait le minimum au niveau de la réalisation mais le minimum est fait correctement. Le montage et la mise en scène sont strictement narratifs, cela n'étant pas toujours chose facile lorsque des animaux sont faits personnages principaux. Brad Peyton arrive notamment à donner une place au gorille George qui bénéficie des champs - contre-champs classiques utilisés pour les échanges entre humains. Il existe quelques artifices pour créer des slipscreens à l'écran Davis/George (qui communiquent souvent via la langue des signes) et le film est doté de toute la panoplie des mouvements de caméra pour traiter des changements d'échelle et des rapports de taille pour des monstres géants / structures géantes (contre-plongées, plans de demi-ensemble, travellings révélant progressivement les objets à l'écran). Rien de nouveau donc mais le divertissement est globalement de bonne facture. Dommage que les monstres (hormis George) aient un design un peu grossier voire nanardesque. Concernant la bande musicale, elle est strictement accompagnatrice et ne se signale pas particulièrement. 

Dwayne Johnson sait s'effacer

Dwayne Johnson est lui même un personnage de cinéma, qui se promène entre les différents films dans lequel il joue. Cet acteur très rentable est donc une marque et une garantie à lui seul. Si la réalisation ne manque pas de l'iconiser (son introduction dans le film), il ne vole toutefois pas la vedette aux véritables protagonistes du film : les monstres, avec George en tête de gondole. Un plan de demi-ensemble montrant le crocodile géant et Davis (scène de la poursuite sur l'immeuble se terminant par un saut à travers la vitre) témoigne bien de la volonté de mettre les montres au centre de l'histoire, les humains étant impuissants. Le personnage de Dwayne Johnson a un rôle dans la résolution de l'intrigue parce-qu'il n'utilise pas uniquement la force brute. Surprenant et bien venu. 

Rampage : de l'action mais pas que

Rampage, blockbuster testoronné comporte de manière étonnante de nombreux messages qui hisse ce film au-delà des simples superproduction d'action. D'une part son côté science-fiction, avec l'utilisation de la méthode CRISPR, permettant d'éditer la séquence génétique d'êtres vivants, pose la question éthique des modifications génétiques du vivant, à la manière de Jurassic Park. Il est question notamment des découvertes faites par des scientifiques ayant de bonnes intentions détournées par des entreprises prédatrices. Toutefois le film va plus loin que Jurassic Park en posant la question du sort des animaux modifiés (qui ne sont pas simplement des bêtes dangereuses) et qui sont innocentes de leur nature modifiée. Doivent-elles payer pour ce qui leur a été fait ? D'autre part, le film se sert de l'animal pour dresser un bilan peu flatteur de l'Homme par l'intermédiaire du héros Davis, préférant la présence des animaux. Si les animaux ne sont pas meilleurs, leurs moyens limités les font moins complexes : sans rancoeur, non mesquins et non menteurs. Davis explique préférer la présence des animaux aux humains pour ces raisons ; dommage que le film n'ait pas creusé un peu plus cette piste. Ce qui demeure intéressant ici, est que George, qui a vu sa famille être tuée par des braconniers, soit présenté comme moins dur envers les humains que Davis lui-même. 
Les scènes d'action, faisant parfois référence au jeu vidéo, ne sont alors pas forcément les scènes les plus intéressantes, cela dépendant évidemment de ce que recherche le spectateur. Rampage possède donc derrière sa façade assez rustique un propos qui le distingue des films du genre.


En définitive, Rampage : Hors de Controle se révèle être un blockbuster distrayant tout en soulevant quelques questions intéressantes sur les rapports entre l'Homme et la technologie et l'animal. Dwayne Johnson arrive à s'effacer derrière l'intrigue du film, pour laisser le premier rôle aux monstres. Une bonne surprise.



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