dimanche 13 octobre 2024
Joker : Folie à deux
samedi 5 octobre 2024
Synopsis :
César est un inventeur et urbaniste de génie de la nouvelle Rome. Utopiste, il pense être capable de guérir la ville par l'urbanisme...
Commentaire :
L'Histoire de la réalisation
Oeuvre testamentaire de Francis Ford Coppola, Megalopolis y concentre sa science de la réalisation. L'ensemble des artifices du cinéma y est présent. Du traveling compensé, à l'incrustation, en passant par les split-screens et les œillets, peu de films présentent autant d'effets pré-CGI. Le film présente à certains moments des influences expressionnistes comme les scènes où les ombres sont projetées sur les murs. Les plans sont constamment très riches du fait d'un décor foisonnant et des effets spéciaux. Si le réalisme de l'environnement n'est pas toujours convaincant, nous garderons en tête qu'il s'agit d'une fable de science-fiction et qu'à ce titre, la réalisation possède nécessairement une dimension onirique et poétique. Toutefois, la mise en scène s'apparente plus à un hommage érudit de l'Hollywood passé qu'à une proposition nouvelle pour le cinéma de science-fiction. Un cachet presque daté. Le montage est lui particulier, parfois décousu, dans des scènes qui le justifient mais cela ne rend pas nécessairement le film toujours facile à suivre, d'autant que l'intrigue semble arriver aussi parfois par fragments. La musique, confiée à Golijov et VanderWaal, évoque parfois les péplums des années 60 mais sait également se fondre dans les scènes moins théâtrales. Ainsi le film est techniquement riche et intéressant, il s'agit incontestablement d'une vraie proposition de cinéma bien que la narration n'aide pas à l'immersion.
De nombreuses thématiques peu creusées ou peu lisibles
Si la narration n'aide pas à la compréhension générale, l'univers de la nouvelle Rome demande en plus de bonnes connaissances sur l'antiquité romaine dans sa période impériale afin de pouvoir s'accrocher au contexte. Il reste toutefois la possibilité de comprendre le fonctionnement de cette ville décadente avec d'autres références comme la ville de New York des années 80, voire même Gotham en tant que mégapole dystopique. Une fois cela dit, la grande thématique est celle de la ville "empire" au bord du précipice qui voit difficilement cohabiter la masse et les élites. L'élite est richissime, plurielle et en rivalité et se compose des banquiers, politiciens ou bien intellectuels, toutes ces différentes catégories étant plus ou moins liées. Vivant dans leur monde et proposant des jeux au bas peuple, cette élite pose la question de l'équilibre de cette civilisation car la chute de Rome guette. Elite critiquée certes, mais sans pour autant que la fable ne la condamne totalement. En effet, Cicéron n'est que partiellement ambigu, il est un père aimant tout au plus conservateur. Toutefois, le héros et celui venant apporter une solution aux méfaits du capitalisme et à la décadence est César, lui même issu de l'élite. Il est certes un génie et un philosophe utopiste, il semble tout de même assez éloigné des préoccupations réelles du peuple bien que moins hypocrite que Cicéron qui est dans l'optique "du pain et des jeux". Pourtant, c'est lui qui trouvera une solution miracle pour la Cité, faisant de ce film une œuvre profondément technophile. Adepte du progrès, Coppola est finalement un homme de son temps. Le seul se préoccupant en revanche du peuple pour ses propres intérêts est Claudio, sorte de Donald Trump, démagogue et agitant les plus bas instincts des foules, proche par ailleurs des milieux d'extrême droite. Il est le vrai représentant de l'élite critiquée et punie dans la fable. La fable étant un genre à morale, Coppola adopte une position plus aristocratique que pro-démocratique. César trouve une solution grâce à son génie et non en s'appuyant sur la réalité des masses, quand Claudio se réjouit lui, de réunir les masses incultes.
Au-delà du message technophile et aristocratique (au sens noble du terme comme pourrait le définir Aristote), plusieurs thématiques sont rapidement abordées par César. Elles sont toutefois sans réel lien avec l'intrigue, sortes d'interludes dispatchées dans l'œuvre. Il est fait mention de Dieu ou des dieux, inventions humaines, permettant le contrôle des foules par certains. Toutefois, ces inventeurs ont besoin de cet intermédiaire imaginaire pour manipuler les foules. Le pouvoir vient des Dieux, eux mêmes issus des humains, mais les humains ne peuvent exercer directement le pouvoir. César s'interroge aussi sur l'art et sa nature profonde et sa relation au temps. L'art n'est finalement qu'un instant figé du temps. D'autres thématiques sont également disséminées de manière plus ou moins convaincantes.
En définitive, cette vraie proposition de cinéma signée Coppola n'accrochera pas tout le monde, tant la dimension ésotérique de cette fable et sa dimension onirique au détriment de la fluidité de la narration rendent l'immersion difficile.
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samedi 28 septembre 2024
Les Barbares
samedi 21 septembre 2024
Beetlejuice Beetlejuice
Synopsis :
Lydia est une médium à succès, star d'une émission télévisuelle. Sa fille, Astrid, très cartésienne n'a que peu de considération pour le travail de sa mère. Toutefois, mère et fille vont devoir se rapprocher alors que le démon farceur Beetlejuice tente de reprendre contact avec Lydia...
Commentaire :
Tim Burton, et le retour du style classique
Burton est un des réalisateurs produisant les films les plus identifiables. Celui-ci, suite du premier 36 ans plus tard est définitivement empreint de la patte de Burton. Il possède un cachet que beaucoup de films n'ont plus avec ses influences expressionnistes, ses décors réels, ses maquettes et marionnettes. Il s'agit d'une véritable proposition de cinéma dans un style des années 90 avec l'ensemble des artifices pré-numériques. A cela, il faut rajouter évidemment la thématique du morbide, du rapport à la mort et aux monstrueux en passant par l'importance de la fête d'Halloween. Que cela soit la richesse du plan ou la finesse des transitions, le film est constamment dans l'offre d'idées visuelles, notamment à partir du moment où l'intrigue se déplace dans le monde des morts. Il s'agit d'un film dense et généreux, encore plus appréciable si l'on est réceptif à l'univers de Burton. A noter également la direction d'acteurs et la performance des acteurs, avec des protagonistes habités (si ce n'est hantés) par leur rôle. Les différents arcs narratifs sont intéressants bien que certains semblent toutefois se conclure un peu facilement (celui de Monica Bellucci et de Jenna Ortega en particulier). A la musique, c'est l'excellent Danny Elfman qui est de retour, avec sa musique orchestrale toujours si reconnaissable et réussie, donnant une réalité à ce monde horrifique à dimension comique. Il est pleinement auteur de l'univers de Tim Burton dans sa dimension auditive.
Les thématiques, habituelles
Chez Tim Burton, les histoires se ressemblent tant visuellement que dans les thématiques, ce sont parfois les intrigues qui se distinguent. Les héros sont à leur habitude les originaux ou marginaux alors que ceux vivant dans la norme, pliés par le capitalisme et l'administration sont les vrais personnages monstrueux. En effet, les monstres ne sont jamais véritablement les monstres, et il faut se méfier des personnes belles et propres. Ici, il faut bien évidemment se méfier de l'amant ambitieux ou... des amants en général bien sous tout rapport. La solution vient alors de l'autre monde et en particulier de Beetlejuice qui bien que répugnant, ne l'est peut-être pas plus que d'autres aux visages agréables. Il n'est pas inintéressant de faire le rapprochement avec le premier film Beetlejuice dans lequel le personnage de Beetlejuice voulait absolument se marier avec Lydia. Ici, Lydia fait de nouveau face à un mariage, mais venant d'un vivant qui semble plein de bonnes intentions. Pour autant, cette proposition est-elle moins dangereuse ? Sans surprise, Tim Burton demande à voir au-delà des apparences et des normes et à se soucier avant tout des personnes qui ont le cœur pur.
En définitive, Beetlejuice Beetlejuice est un retour dans le cinéma pré-numérique dans l'univers de Tim Burton. Une proposition en rupture avec ce qui est actuellement proposé et qui comme à son habitude, interroge la monstruosité.
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dimanche 18 août 2024
Alien : Romulus
Synopsis :
Plusieurs jours après la destruction du Nostromo, la Weyland-Yutani Corporation récupère l'alien considéré comme une ressource rare. La station effectue alors des recherches sur l'alien mais bientôt, plus aucune nouvelle ne parvient de celle-ci. Elle dérive alors vers une colonie minière et est repérée par un groupe de jeunes travailleurs...
Commentaire :
Un retour aux sources d'Alien avec Alvarez
Fede Alvarez, le spécialiste des films d'horreur s'est vu confié la tâche de relancer la saga. Spécialiste du genre, il est toutefois habituellement coutumier d'un genre plus gore que ne l'est la saga Alien. Néanmoins, le cinéaste uruguayen tout autant fan d'Alien le huitième passager que du jeu Alien Isolation réussit son pari. Le film est techniquement irréprochable. En effet, Alvarez prend le temps de développer son intrigue et de poser l'ambiance caractéristique du suspense horrifique quitte à limiter l'action uniquement à la deuxième partie du film. Le film s'appuie sur une photographie léchée notamment pour les plans dans l'espace, réelle plus-value par rapport aux premiers films qui ne pouvaient bénéficier de la technologie d'aujourd'hui pour filmer le gigantisme de l'espace. La scène en 0 gravité, autre nouveauté, permet également d'ajouter des visuels inédits. Toutefois, les créatures restent en animatroniques pour partie, notamment pour les gros plans, ce qui permet de préserver l'aspect organique des premiers films. Fede Alvarez réussit une belle réactualisation de la saga malgré, il est vrai, quelques citations un peu forcées. En tant que réalisateur de film d'horreur, il sait jouer avec le hors-champ pour installer son ambiance mais également avec le champ, en dissimulant parfois la créature dans les tonalités de gris. La caméra est libre et dynamique permettant également de rendre les scènes d'action efficaces. Le film possède, conformément aux films de la saga, son fameux quatrième acte, qui propose une innovation dans le lore, qui pourra autant satisfaire que susciter des contestations. A la composition, Benjamin Wallfisch contribue à réinstaller l'ambiance de la saga en reprenant et en réinterprétant les thèmes originels. Notons que le mixage sonore en général est de très grande qualité et à la hauteur d'un film se voulant être un hommage et une continuité au premier film de la saga.
Les thématiques : capitalisme et technique
Les thématiques qui parcourent la saga Alien reviennent ici, sans grande différence ni innovation mais avec toujours autant de pertinence. La première thématique est bien évidemment celle du capitalisme avec la compagnie Weyland-Yutani, exploitant jusqu'à l'os ses travailleurs pour augmenter ses profits et voulant absolument préserver l'Alien pour les potentielles retombées financières et scientifiques découlant de son éventuelle exploitation. Le deuxième grand questionnement se situe autour de la technique comme le souligne la référence à la mythologie de Prométhée. La technique est ce qui distingue et élève l'humain mais ce dernier, piégé par son hubris et sa volonté de profits, commet bien souvent des erreurs. Le rêve d'immortalité est un chemin qui n'a d'autre destination que la mort, car l'immortalité passe par le contrôle de l'Alien. L'humain est d'ailleurs dans l'hubris à partir du moment où il quitte sa planète, lui, n'étant adapté qu'à ce milieu. L'exploitation génétique de l'Alien permettrait à l'humain de ne plus être l'étranger (en anglais alien) dans les milieux non terrestres. Objectifs irréalistes tant l'humain est le produit de la Terre. Les synthétiques seraient-ils alors une solution ? Solution partielle à l'exploration spatiale, ils ne permettent pas néanmoins de changer la condition humaine. Miroir de l'humanité et produit de la technique, les synthétiques ne sont ni bons ni mauvais mais simplement le reflet des intentions des humains (mention spéciale au retour en image de synthèse de Ian Holm et à l'excellent David Jonsson en Andy). Plus rationnels que les humains, possédant plus de connaissances ainsi que plus robustes que ces derniers, ils sont néanmoins tout aussi faillibles... car produits par les humains. Le synthétique de Ian Holm travaille à l'amélioration de l'humain mais commet des erreurs (tout comme David dans les volets précédents). Leur incapacité à se décider par eux-mêmes et leur nécessité d'obéir à des directives (du moins dans ce film) en font par ailleurs plus des intelligences artificielles que des consciences artificielles. C'est finalement la relation avec Rain qui humanise Andy plutôt que le personnage d'Andy pris isolément. Le couple humain-synthétique est donc une belle histoire mais n'est pas à la hauteur de la quête d'immortalité. L'Alien, symbole de la nature proliférante (symboles phalliques et vaginaux), de la vie et de la mort est là pour rappeler les limites de l'humanité malgré toute sa technique et pour pousser les héros (héroïnes en l'occurrence) dans leurs derniers retranchements.
En définitive, Alien Romulus relance la saga Alien en ayant capté la justesse et la maîtrise du premier film, autant dans son ambiance que dans ses thématiques.
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mardi 30 juillet 2024
Deadpool et Wolverine
Synopsis :
Commentaire :
Réalisation simple et narrative
La réalisation reste le parent pauvre de cette saga mais elle n'a jamais été un argument de vente contrairement à la classification R, aux interprétations de Ryan Reynolds et au "brisage de quatrième mur". Shawn Levy continue la tradition avec une mise en scène efficace et narrative mais sans originalité. La photographie est quelconque voire peu travaillée, l'esthétisme n'étant pas un enjeu de réalisation. Les effets de surprise et les ralentis sont en revanche maîtrisés, ainsi que les chorégraphies de combat toujours soignées. Les décors (exceptés ceux de la côte Est) sont eux sans grand intérêt car plutôt vides et pauvres... La musique orchestrale de Rob Simonsen est quant à elle réussie avec ses thèmes de tension ou héroïques, et participe à la réussite narrative de l'ensemble.
Les atouts affichés et cachés
Tout l'intérêt du personnage de Deadpool réside dans la dimension méta du personnage qui s'adresse sans cesse aux spectateurs et plus précisément aux fans. Une connaissance minutieuse de l'univers cinématographique Marvel (Fox et Disney) est nécessaire. De plus, il est préférable de connaître les questions de droits entre studios (ce qui va de soi pour un fan). L'atout premier et annoncé est évidemment le retour de Hugh Jackman en Wolverine et son interaction avec le personnage de Ryan Reynolds. Hugh Jackman crève l'écran par son physique et sa présence mais le scénario et les dialogues ne permettent pas de mettre en avant les qualités d'acteur de l'acteur australien. Ryan Reynolds a en revanche des répliques plus intéressantes (avant tout parce qu'elles sont métas) mais des connaissances sur l'acteur lui-même sont également nécessaires pour comprendre l'intégralité des références. Ces deux personnages centraux sont le plat principal mais c'est un véritable buffet surprise et nostalgique qui est servi tout au long de l'intrigue avec un hommage appuyé à l'univers Marvel de la Fox, désormais racheté par Disney. Le film sert à expliquer en quoi l'univers de la Fox doit prendre fin (qui correspond au monde Deadpool), Disney ayant ici ironiquement le rôle du méchant avec M. Paradoxe. Ryan Reynolds ressort alors une dernière fois des figurines d'une caisse de jouets oubliée pour rappeler leur existence et leur offrir un dernier tour de piste dans le multivers du MCU.
Des thématiques, malgré tout
Si le film a avant tout l'idée, confirmée par le générique de fin, de rendre hommage à la période Fox avant d'offrir ces personnages à Disney, le film propose tout de même une thématique propre au personnage de Deadpool. Deadpool, anti-héros singulier, cherche sa place dans l'univers des super-héros et souhaite en devenir un. Néanmoins, comme le lui rappelle le personnage de Jon Favreau, un super-héros ne souhaite pas son statut. Deadpool a besoin de devenir un Avenger pour des raisons personnelles, mais un Avenger n'a jamais souhaité le devenir. C'est le monde qui a eu besoin des Avengers. Pour que Deadpool devienne un vrai super-héros, il devra comprendre la notion de sacrifice.
En définitive, Deadpool & Wolverine est une sucrerie pour les amateurs forcenés de films de Super-héros. Fortement méta, il n'a d'autre intérêt que ses références, effectivement de niche, et sa petite dose de nostalgie.
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jeudi 4 juillet 2024
Le Comte de Monte-Cristo
Synopsis :
Edmond Dantès va enfin pouvoir se marier avec Mercédès alors qu'il va être nommé capitaine. En effet, Edmond devait devenir officier afin d'avoir l'autorisation de se lier à une des plus grandes familles du Sud de la France. Toutefois, cette future promotion sociale, qui se fait au détriment d'autres intéressés, lui attire rapidement de très gros ennuis...
Commentaire :
Une mise en scène narrative linéaire mais efficace
Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière se mettent derrière la caméra après avoir pu travailler sur le diptyque Pathé des Trois Mousquetaires qui laissait, notamment à cause de la deuxième partie, un goût amer. Ici le scénario est bien équilibré et bien adapté depuis le roman de Dumas pour le format cinéma. S'il est vrai qu'il y avait matière à faire deux parties, le film a été pensé pour se tenir d'un seul tenant avec la montée progressive de la tension. En effet, il s'agit d'un drame dont l'intrigue se tend progressivement et dont la résolution aurait été probablement moins satisfaisante si elle n'était arrivée que dans un second temps. Dans la période actuelle où la saga est reine, il est à saluer le choix de produire un film structuré qui se suffit à lui-même. Concernant la réalisation, la colorimétrie est recherchée dans un ton terne, accordé au drame mais également à la dissimulation (intentions, identités). La mise en scène est en elle-même classique et narrative, sans fulgurance mais soignée avec une photographie travaillée. Cette dernière est aidée par des décors et des paysages particulièrement réussis car en très grande partie construits en dur, ce qui apporte un cachet que la plupart des films américains n'ont plus. Ainsi, l'ouverture du film pourrait s'apparenter au premier Pirates des Caraïbes. La direction d'acteur, contrairement aux Trois Mousquetaires, est ici irréprochable avec de grands acteurs de la comédie française tels que Niney ou Lafitte. La seule réserve du film est peut-être un dernier acte un peu rapide, ou du moins qui n'apporte pas pleine satisfaction au regard de la longue construction de la tension. La mise en scène très linéaire maintient la tension du fait d'un bon scénario mais l'absence de montage alterné, parallèle ou flashback ne permet pas de rappel des enjeux. Le film étant déjà long, c'est certainement la plus sage des solutions qui a été retenue mais le dernier combat manque tout de même un peu de tension ou panache. Il est, pour le coup, moins bien filmé que les combats des Mousquetaires. A la musique, Jérôme Rebotier réalise une bande musicale digne d'un blockbuster avec des thèmes reconnaissables et travaillés de musique orchestrale. La mise en scène laisse s'exprimer la bande musicale mais celle-ci s'impose aussi parfois face aux images du fait de l'efficacité des thèmes.
Les thématiques de Dumas : Justice ou Vengeance ? [Spoiler]
Les thématiques sont sans surprise celles du roman. La grande question est celle de l'opposition entre la Justice au sens philosophique et la vengeance. La question n'est pas simple pour Edmond Dantès car la justice étatique a failli. Il va donc devoir définir ce qu'est la vraie Justice. Dès le début, l'Abbé Faria l'avertit de ne pas confondre sa quête avec celle de la vengeance, car la vengeance, en plus d'être injuste n'apporte pas satisfaction à celui qui l'exécute. Comme l'histoire le laissait présager, Edmond Dantès, devenu le comte de Monte-Cristo, finit par être aveuglé par sa quête et a pour projet de tuer un innocent, le fils d'un homme lui ayant porté préjudice. Par ailleurs, les complices qu'il implique dans cette quête destructrice se voient eux aussi ronger par la haine. Le Comte de Monte-Cristo se rendra finalement compte des risques de la vengeance quand son protégé ira plus loin que ce qui était prévu. C'est donc un équilibre difficile à atteindre qui porte en lui-même une certaine frustration. Le Comte ne trouvera cet équilibre que parce-que son premier amour, en allant chercher l'homme qui l'était avant, et en jouant donc sur la fibre émotive, viendra lui montrer l'injustice de la vengeance et donc sa propre trahison par rapport à son projet de Justice. Sa Justice ne doit pas être la Justice Divine qui, elle, est cruelle et impitoyable. Elle est par ailleurs incontestable par essence et le Comte ne peut prétendre manier l'épée divine. Edmond Dantès doit se contenter d'une justice humaine et raisonnable sans pour autant qu'il ne lui soit demandé d'aller jusqu'au pardon.
En définitive, Le Comte de Monte-Cristo est une adaptation réussie, portée par une mise en scène efficace, des acteurs convaincants et des décors et costumes à la hauteur de ce blockbuster à la française.
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samedi 1 juin 2024
Furiosa: une saga Mad Max
Synopsis :
La petite Furiosa est capturée par la horde de Dementus et arrachée à sa terre natale. Désormais, la jeune fille va évoluer dans un monde d'hommes où la survie ne tient qu'au droit du plus fort...
Commentaire :
Une maîtrise du genre, cette fois-ci un peu plus numérique
George Miller revient avec une nouvelle proposition dans le même univers. Une nouvelle proposition car cet épisode a une dimension moins organique du fait de l'utilisation généralisée des CGI au détriment des cascades, cela étant toutefois justifié par un univers également plus mythique. La narration est également différente, par chapitre avec un montage plus lent sauf pour ce qui est des scènes d'action. Ce film délaisse l'aspect road movie et souhaite plutôt développer son univers ainsi qu'installer son personnage principal (à dimension prophétique). La caméra propose aussi des mouvements plus numériques et moins réalistes, toujours dans l'idée que ce film propose un mythe plutôt qu'une dystopie palpable. Car s'il s'agit bien d'une dystopie futuriste, cet épisode est en revanche un préquel et peut ainsi se prévaloir d'une dimension mythique. La photographie reste en revanche toujours aussi travaillée avec plusieurs plans iconiques, appropriés pour la tonalité de cet épisode. Il est tout de même possible de regretter le recours massif aux CGI dans la mesure où Fury Road avait convaincu par ses artifices organiques tout en cascade, le différenciant de tous les autres blockbusters. Il semble néanmoins ici que le propos le justifie. Un effet qui devrait toutefois faire l'unanimité est le visage d'Anya Taylor-Joy calqué sur son double enfant, bluffant de réalisme, même si l'on sait qu'il s'agit d'un artifice. Concernant la musique de Junkie XL, elle est évidemment de très bonne facture et sait maintenir la tension même si les leitmotivs sont beaucoup moins présents ici. Les motifs réapparaissent à la fin alors que le personnage de Furiosa devient la Furiosa de Fury Road. La bande musicale prend ici plus la forme d'une ambiance sonore à la Zimmer, avec un rappel de l'univers dans les sonorités utilisées.
La permanence et la redondance des thématiques dans une dimension mythique
Les thématiques de la saga dystopique changent peu bien qu'elles soient abordées sous un nouvel angle dans cet épisode. Le monde dystopique est un monde d'hommes, où les valeurs de ces derniers ont complètement gagné avec une utilisation généralisée de la force. C'est ce que montre le conflit naissant entre Dementus et Immortan Joe, deux chefs de guerre se battant pour des ressources devenues une condition de survie et de leur pouvoir. Il ne reste dans ce monde que le conflit, le commerce et la valorisation du monde de la mécanique, valeur liée à la masculinité. Le monde des hommes est un monde guerre et de prédation, et l'a toujours été. Les femmes sont complètement soumises dans ce monde, devenues une denrée nourricière ou génétique (thématique de Fury Road). L'apport de ce film est de nous montrer le monde alternatif proposé par les femmes avec la vallée secrète d'où est issue Furiosa. Ce monde matriarcal est préservé de la perversion, que cela soit la chair des humains ou la nature. Hormis le prétorien Jack, aucun homme n'est une figure positive. Immortan Joe est homme de pouvoir sanguinaire. Quant à Dementus, c'est un petit chef grandiloquent ayant obtenu du pouvoir et se croyant supérieur aux autres. Il met en scène son pouvoir et se veut être un messie (voir sa tenue quand il apparaît pour la première fois). Toutefois, le vrai personnage prophétique est Furiosa. Il s'agit de la nouvelle dimension du film ; présenter le mythe de cet univers. Cela commence quand Furiosa est expulsée du jardin d'Eden après avoir goûté le fruit défendu. Sa mère est ensuite crucifiée pour sauver Furiosa. C'est le sacrifice christique. Bien qu'il s'agisse d'un film de vengeance, Furiosa se construit tout au long du film une figure prophétique comme le démontre le découpage du récit en chapitre (similaire à la Bible) ainsi que la narration de l'historien au cours du récit. Dans Fury Road, elle est celle qui fera échapper les esclaves femmes, dans la lignée de Moïse. Ici, elle lutte contre un Dementus sur char (comme les pharaons) avec sa troupe parcourant le désert. Il est évoqué une guerre de 40 jours, alors que les 40 jours sont une durée rappelée à plusieurs reprises dans la Bible. Il ne peut y avoir de doute, George Miller a souhaité ici créer la mythologie ou pour le loin, l'Odyssée de son monde.
En définitive, dans un style renouvelé, George Miller donne une mythologie à son univers avec une cohérence des thématiques, en dénonçant une nouvelle fois la corruption et la décrépitude du monde au masculin.
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samedi 11 mai 2024
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume
Synopsis :
Plusieurs générations après César, ce dernier est devenu une légende. Mais comme toute légende, l'histoire est transformée et appropriée de façon différente selon les clans de singes et, le message de paix de César n'est pas forcément préservé...
Commentaire :
Entre le réel et le CGI, l'aspect technique toujours aussi impressionnant
Le nouveau réalisateur Wes Ball s'inscrit dans la lignée de la dernière trilogie avec une mise en scène efficace et narrative. L'enjeu est de produire un film à grand spectacle mais aussi de grande qualité comme l'est la saga depuis son retour au cinéma. Peu de plans sont particulièrement marquants, en revanche, l'ensemble est fluide et arrive parfaitement à articuler les temps forts et les temps faibles qui sont la marque de fabrique de la saga, qui propose toujours des temps de réflexion. La mise en scène arrive également à gérer les dialogues de manière dynamique alors qu'une partie se fait une nouvelle fois en langage des signes. L'aspect technique revient également sur le devant de la scène, avec un tour de force renouvelé. S'il est évident que les singes sont en CGI, leur intégration dans des décors naturels se fait sans aucune difficulté, ainsi que leurs interactions avec de vrais acteurs (les singes sont également joués par des acteurs, cela rendant plus simple l'interaction). L'univers est crédible, ce qui permet une projection du spectateur dans l'histoire. Seul bémol subjectif ; peut-être manque t-il une scène de forte émotion, le film se concentrant plus sur son intrigue que sur ses personnages. A musique, John Paesano reprend quelques anciens thèmes et effectue un excellent travail, la mise en tension et l'émotion reposant également sur une partition travaillée. Il n'y a pas nécessairement de grands thèmes marquants, mais plusieurs leitmotivs récurants. C'est le cas de celui des humains qui donne le sentiment d'exotisme (vis-à-vis des singes) mais aussi de soupçon... La musique est donc également narrative.
Une histoire prenante avec de la profondeur [spoilers]
L'intrigue convainc car elle présente une profondeur, palpable ne serait-ce que par le décor. Les anciennes traces urbanistiques de l'humanité servent d'arrière-plan au film. Les singes de leur côté, suivent leur propre évolution en reprenant les grandes étapes de l'évolution de l'humanité. Tout l'enjeu pour les singes est de ne pas suivre exactement la même voie pour ne pas disparaître comme les humains et leur hubris. La légende autour de César, plus au moins triturée et la mémoire des singes de leur passé, finissent de convaincre de la profondeur de l'œuvre et donc de la crédibilité de l'univers. Ce passé est d'ailleurs le fil conducteur et est un des enjeux du film. Les références à la Bible et au mythe de Noé rajoutent de la pesanteur à l'histoire. Les références sont utilisées mais aussi bien exploitées dans le contexte du film. Ainsi, une partie du récit se passe dans un navire (qui d'ailleurs accueille ce qui semble à un moment les deux derniers représentants intelligents de l'espèce humaine) et l'eau finira par engloutir les "mauvais" singes, ceux utilisant la force et donnant la mort. Noah lui conduit son clan "juste" dans une structure où ils sont sauvés. Le film est assez bien fait pour que les références ne soient pas nécessaires mais les comprendre rajoute un cachet à l'œuvre.
Les thématiques d'un récit biblique [Spoilers]
La Planète des Singes : Suprématie était une réécriture du mythe de Moïse. L'évocation du prénom du héros Noah (Noé) dans les premières minutes donne l'orientation de ce nouvel épisode. Cela montre également que cet épisode s'inscrit directement dans la lignée du précédent (tout en étant détaché du point de vue de l'intrigue, puisque se passant 300 ans après). Les thématiques seront donc celles de la Genèse mais également de l'interprétation de la religion. Dans ce monde, César est devenu le nouvel Adam. Il s'agit de l'ancêtre de tous les singes, le fondateur originel dont tous les singes se revendiquent, quand ils ne l'ont pas oublié... Toutefois, même le clan de Noah qui ignore qui est César, suit les règles établies par ce dernier. Les singes du clan de Noah ignorent l'origine des lois, mais ils les suivent comme leur a inculqué les anciens. Toutefois, Noah suit les règles car il sait aussi qu'elles sont justes, c'est ce qui le rapproche du personnage biblique de Noé. Le Noé biblique incarne l'idéal de justice et de bonté, il est celui qui montre de la compassion en sauvant les animaux et souhaite préserver la nature en accueillant des couples d'animaux pour assurer l'avenir. Noah montre sa douceur envers les animaux (les aigles), dans le respect de l'équilibre de la nature (il ne prend pas tous les œufs du nid) et même envers les curieux humains pourtant méprisés par les singes. Par ailleurs, il ne tue personne pendant l'ensemble de l'intrigue alors qu'il lutte face à des ennemis qui ne se privent pas de donner la mort. Noah propose donc le chemin de la réconciliation dans un monde où s'opposent Hommes et Singes. Il est la voie juste mais d'autres personnages présentent des visions du monde différentes. Raka l'orang-outan présente la sagesse, une version proche de celle de César et donc de Noah mais plus théorique et érudite avec toutefois une altération de l'Histoire puisque pour Raka, les singes ont toujours dominé les humains. Les vestiges du monde sont des vestiges de Singes. Il faut donc protéger les humains mais comme les humains aujourd'hui peuvent avoir de compassion pour le reste du monde animal. Il représente la voie juste mais un peu trop humaine ou naïve à certains égards. Il aide toutefois Noah à trouver et à savoir ce qui est juste. Face à lui, se trouve Proximus César, l'usurpateur, qui représente le fanatisme. Dans la figure de César, il ne retient que ce qui lui permet d'assurer sa domination. Il tord ainsi la figure prophétique à son profit. Dans la Genèse, il s'apparente aux descendants de Caïn qui sont des êtres violents. Paradoxalement, il est le singe le moins naïf de l'histoire car il connaît le véritable passé du monde contrairement à Raka. Il sait que l'humain en position de force exerce toujours un rapport de domination sur l'ensemble des autres êtres. Alors à l'âge de la Révolution agricole, Proximus César voit dans les connaissances humaines et leur armement, la manière de ne jamais se retrouver de nouveau sous la coupe humaine. Toutefois, en choisissant cette voie, Proximus César prend la voie de la violence... en "s'humanisant" trop fortement, il ne vaut alors pas mieux que les humains. Noah représente à côté la possibilité pour les singes de conquérir leur "humanité" (au sens cette fois-ci noble du terme, en renonçant au droit du plus fort). Il n'est pas prêt à suivre la loi de Proximus qui est une loi injuste et dévoyée. Il est celui qui peut trancher et réfléchir. Pourtant, le film nous dit habilement que Proximus est peut-être la seule voie réaliste face aux humains car l'humaine Nova, n'a de cesse de mentir sur ses intentions... Le dernier plan avec Nova et le pistolet dans le dos est à ce titre révélateur. Elle est une alliée de circonstance pour Noah contre l'oppression de Proximus, mais elle représente également le risque d'une future oppression humaine. Le suite de la Trilogie complètera le propos mais la complexité amenée ici est déjà satisfaisante. Ainsi, le film nous propose une relecture de Genèse (pour peu qu'on ait les références) tout en présentant une critique du fanatisme (accessible à tout le monde).
Le message du film semble alors être que pour que les Singes aient un avenir, ils doivent trouver leur propre voie en évitant celle prise par les humains, qui est certes simple mais aussi vouée à l'échec. Le fanatisme humain est tout sauf un modèle!
En définitive, dans le prolongement de la dernière Trilogie, ce nouvel épisode est fidèle à la saga en qualité visuelle et scénaristique. L'intrigue reprend habilement un nouvel épisode biblique tout en offrant une critique du fanatisme.
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mercredi 24 avril 2024
Civil War
Synopsis :
Dans un futur proche, les Etats-Unis sont en guerre civile. L'Etat fédéral est en difficulté face à deux Etats sécessionnistes, la Californie et le Texas. Dans ce chaos, la photographe de guerre Lee tente de documenter le conflit…
Commentaire :
Magnifier l'horrible
La réalisation d'Alex Garland est teintée de froideur comme le sujet qu'il tente de dépeindre. En effet, pour sa dystopie, Alex Garland a choisi une image documentaire, la plus réaliste possible car si son film est bien une fiction, il a l'ambition de décrire avec réalisme la nature humaine et sa face la plus sombre. Ainsi, le film n'épargnera aucune vision au spectateur ; les morts et les blessés sont légions dans le film mais présentés sans aucun sensationnalisme ou effusion de sang superflue. Le son de la guerre, de balles et d'obus sont parfaitement retranscrits. Les plans les plus beaux et les plus marquants, autant au niveau du contexte que de la photographie sont réservés aux sujets tragiques voire sordides. A ce titre, un plan est consacré à une forêt en feu, détruite par la guerre. Le plan est sublime de part la cendre incandescente virevoltante autour de la voiture. Le deuxième plan d'une beauté assumée et en même temps d'un tragique terrible est la jeune Jessie filmée en plongée dans un charnier où les corps ont été probablement recouverts de chaux. La vision est morbide et pourtant la photographie par le cadrage et les couleurs est belle. L'humanité dans ce qu'elle a de plus répugnante est sublimée par la photographie. C'est également le message du film. Côté musique, le film reste minimaliste la plupart du temps, l'image devant rester la plus "pure" possible. La bande musicale reprend de l'ampleur à certains moments et redonne un côté cinématographique à certaines scènes Néanmoins, c'est bien le son ambiant de la guerre qui rythme le film.
Film politique sur les conséquences de l'absence de politique [spoilers]
Les Etats-Unis sont en lutte face à leurs pires démons mais qui pour face aux Etats-Unis si ce n'est les Etats-Unis eux-mêmes. Il est vrai que la géopolitique actuelle n'offre pas de protagonistes vraiment à la hauteur dans un rapport de force (35% des dépenses militaires du monde).
lundi 4 mars 2024
Dune : Deuxième Partie
Synopsis :
Paul Atréides et sa mère Jessica ont survécu à l'élimination de leur maison par les Harkonnens. Ils sont réfugiés chez les Fremens, le peuple du désert. La vengeance de Paul s'inscrit désormais dans la lutte des Fremens qui luttent contre le colonialisme des Harkonnens. La question qui se pose à Paul est alors de savoir s'il se bat en tant qu'Atréide ou en tant que Fremen...
Commentaire :
Denis Villeneuve récidive brillamment
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samedi 3 février 2024
Argylle
Synopsis :
Commentaire :
Matthew Vaughn, la maîtrise de l'action
Matthew Vaughn réemploit la recette qui a fait sa force au Box Office: à savoir la réalisation d'un film d'espionnage et d'action comique agrémenté de scènes de combat réglées au millimètre. Argylle peut être vu comme une réminiscence de Kingsman avec un ton encore plus léger. Toutefois, le montage du film et les multiples rebondissements en font un film toujours très dynamique, dont le rythme n'est pas altéré par l'humour. La mise en scène est généreuse par la photographie, le dynamisme de la caméra et l'éclairage et le soin des transitions. La caméra numérique se voit quelque peu mais n'est pas si dérangeante dans un univers loufoque, parfois presque parodique du genre d'espionnage. La surenchère visuelle et stylistique est manifestement pensée et voulue. Le point fort du film, comme la plupart des films de Vaughn, est la mise en scène des combats, qui en plus d'une chorégraphie toujours léchée, fait l'objet d'un soin tout particulier que cela soit en termes de rythme ou du mouvement de la caméra. Plus l'intrigue se déploie, plus les plus scènes de combat sont impressionnantes. Elles sont le principal atout du film. A la musique, Matthew Vaughn n'est pas accompagné d'Henry Jackman cette fois-ci mais de Lorne Bafle. Toutefois ce dernier s'en sort aussi bien, du fait d'une composition travaillée mais aussi d'une mise en scène très visuelle de Vaughn qui laisse toujours une place pour la composition. Pas de leitmotiv particulièrement mémorable toutefois.
Là où le scénario éclipse la thématique
Contrairement aux films Kingsman, il semble que le film n'ait pas véritablement de thématique cette fois-ci, même en toile de fond. A ce titre, le grand méchant n'a pas de motivation hormis celui de la recherche du pouvoir et d'être le méchant. Cela diffère des méchants certes caricaturaux de Kingsman mais dont la motivation pouvait prêter à réflexion. Ici, Matthew Vaughn est plutôt intéressé par le déroulement de son scénario et de l'enchainement des retournements de situation, pastiches du genre mais aussi parodiques jusqu'à la dernière intervention d'Henry Cavill qui vient définitivement montrer la volonté du réalisateur. Vaughn adore le genre tout en le moquant. Ce commentaire méta est peut être complété par l'autre commentaire méta sur la création ; l'aspiration du romancier, bien que cela soit finalement assez en retrait dans le film. Au delà de l'effet de style et de l'argument pour faire de la mise en scène (transition entre fiction et réalité): il n'y a pas nécessairement de profondeur sur la thématique de la création. La création n'est qu'une simple transformation de l'expérience vécue (c'est en tout cas le cas pour Elly Conway). C'est dommage que Matthew Vaughn ne creuse pas un peu plus son sujet.
En définitive, Argylle est la nouvelle réalisation de Matthew Vaughn, toujours très généreuse visuellement dans un pastiche presque parodique du genre d'espionnage. Film avant tout good vibes au casting XXL, les thématiques restent très anecdotiques.
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