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mercredi 2 août 2017

La Planète des Singes : Suprématie


Synopsis :

15 ans après le début de l'épidémie de la grippe simienne, les derniers humains cherchent à éliminer les singes. César, toujours à la tête de ces derniers, essaye d'assurer leur survie...


Commentaire [Spoilers] :

Réalisation efficace

La trilogie de La Planète des Singes aura été choyée. Matt Reeves réitère une bonne performance pour le dernier épisode. La mise en scène est fonctionnelle, au service de la narration, agrémentée de temps à autre de jolis plans de semi-ensemble (avec le paysage en arrière plan) ou plus rapprochés. Sans révolutionner la réalisation, Matt Reeves réussit parfaitement à raconter et dérouler l'intrigue. La tâche n'est pas si aisée puisque les singes ne parlent oralement que peu entre eux, sinon par la langue des signes. Pourtant l'histoire est limpide, avec, il est vrai, l'aide d'un dialogue important entre César et le Colonel. Les singes, parce-qu'ils représentent le meilleur de l'humain, bénéficient régulièrement de gros plans montrant toute la profondeur et complexité de leur être. Cela fonctionne d'autant plus qu'il faut saluer encore une fois l'incroyable qualité des effets visuels de la Weta qui apporte toute sa crédibilité aux personnages (singes) ainsi que les acteurs de la motion - performance capture. Le seul petit reproche sur la mise en scène ou l'histoire est parfois la surprenante façon qu'ont les singes de ne pas se faire remarquer par les humains, et cela pendant plusieurs scènes au cours du film. La manière dont les singes prisonniers récupèrent la clef est également un peu facile... Voilà les seuls bémols car le film fonctionne. Il fonctionne également du fait de l'excellente bande musicale et de son orchestre symphonique. Il n'est pas étonnant de retrouver Michael Giacchino, sûrement un des meilleurs compositeurs à Hollywood, dans la lignée de John Williams. La Planète des Singes Suprématie est un film d'action et d'émotion, et la puissance de la bande musicale n'est pas étrangère à cela. 

Un film riche en symboles et messages

Le film est fort car il peut dénoncer deux situations à la fois. On peut prendre le film au premier dégrée et y voir une dénonciation du traitement des animaux, singes en particulier mais également animaux de zoo, par les Hommes. Toutefois, on peut également voir dans les singes une allégorie de l'Autre en général. La manière dont les singes sont traités rappelle sous certains aspects la manière dont les esclaves étaient traités, avec parfois des contremaîtres noirs pendant la traite négrière. Les singes représenteraient ainsi une partie de l'humanité maltraitée par une autre partie en situation de domination, ce que le travail forcé des singes suggère. Cette vision serait cohérente avec le fait que les représentants de ce qu'il y a de meilleur chez l'humain (pardon, respect, valeur, sensibilité, sagesse, finesse d'esprit) sont bien les singes dans le film. Les humains sont au contraire tous méchants à l'exception d'une petite fille touchée par la mutation du virus. Toutefois, cette petite fille a plus pour rôle de montrer que les singes peuvent être bons envers les humains que de témoigner d'une part de bonté dans l'humanité. L'humanité, en tant qu'espèce, est représentée par le personnage du colonel qui est d'une rationalité froide (il ne pense qu'en termes militaires). Bien qu'effrayant, le personnage est travaillé et son background (en plus de la performance de Woody Harrelson) donne une réelle crédibilité à son action. Toutefois, le message du film est clair, l'humanité ne mérite pas dominer le monde. C'est d'ailleurs l'affrontement entre humains et non l'affrontement entre singes et humains qui met un terme à l'humanité. L'humanité est responsable du virus mais également de sa disparition définitive. César lui, n'est pas un chef de guerre mais le guide d'un peuple : il est Moïse, guide du peuple juif face aux Égyptiens comme décrit dans la Bible. La mise en relation de ces figures est plus qu'une simple supposition : les Égyptiens finissent par être emportés par la mer comme ici les Hommes par l’avalanche (l'élément naturel eau à chaque fois, comme châtiment). Et puis surtout, Moïse embrasse la terre promise de ses yeux mais n'y met jamais le pied : la mort de César n'a pas de sens si un lien n'est pas fait avec Moïse. Le paysage final et les couleurs laissent d'ailleurs suggérer qu'il s'agit bien de la terre promise.

En définitive, La Planète des Singes Suprématie conclue avec brio la trilogie inspirée de l'oeuvre de Pierre Boulle. L'histoire est prenante, la mise en scène est efficace et la morale est pertinente.




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