Les sorties de la semaine

mercredi 25 décembre 2019

Star Wars : L'Ascension de Skywalker


Synopsis :

Palpatine est de retour. Kylo Ren à la tête du Premier Ordre et Rey espoir de la Résitance tentent chacun de retrouver celui qui veut redevenir empereur de la galaxie...


Commentaire :

JJ Abrams, maître de la narration

Abrams reprend la mise en scéne dynamique de l'épisode VII avec ici un impératif majeur; conclure  la trilogie en l'espace d'un film. En effet, Rian Johnson à la manœuvre pour l'épisode VIII avait complètement rebattu les cartes en fermant presque toutes les possibilités narratives ouvertes dans l'épisode VII. C'est donc une mise scéne exclusivement narrative avec peu de temps de respiration qui est choisie ici. A la sublime photographie de l'épisode VIII suit donc l'art de la narration, appuyé par une caméra très souvent en mouvement, un montage rapide et des gros plans sur les personnages pour les dialogues. Divertissement et efficacité narrative : pas de fioriture. Quelques nouveaux designs, réussis, sont toutefois à porter aux crédits de ce film comme ceux du temple sith. Au delà de l'aspect esthétique, les plans généraux manquent quelque peu, simplement parfois pour permettre de comprendre des actions mêlant énormément de protagonistes. Toutefois, le choix de l'efficacité ne nuit pas au divertissement, d'autant plus que l'image est soutenue par l'excellente bande musicale de John Williams. Aucun nouveau thème n'est entendu, mais les différents thèmes des personnages sont subtilement arrangés pour coller à leur évolution. 

Un scénario chancelant

Si techniquement le film est irréprochable, le scénario souffre fortement de l'absence de trame scénaristique originale pour l'ensemble de cette trilogie, ainsi que, dans une moindre mesure, de la non compréhension profonde de l'univers de George Lucas. Ce dernier épisode est quasiment une suite au VII, revenant sur les choix scénaristiques du VIII qui lui même avait comme objectif d'en finir avec la nostalgie et le manque de nouveautés du VII. Plusieurs éléments flagrants témoignent de ce nouveau virage à 180° : Rey est finalement bien "une fille de" et non une inconnue, elle retrouve par ailleurs sa tenue du VII tout comme Kilo Ren retrouve son masque, Snoke est remplacé par Palpatine pour un rôle similaire, Luke Skywalker montre à nouveau du respect pour son sabre laser (ce qui ici peut être le signe d'une évolution du personnage et non simplement la marque d'une négation scénaristique), le personnage de Rose introduit dans le VIII disparaît presque complètement du récit ainsi que son histoire d'amour avec Finn, et Poe retrouve l'espérance cela allant à l'encontre de la leçon nihiliste de l'épisode VIII. Abrams essaye tant bien que mal de donner quelques justifications et de ré-ouvrir des intrigues pour conclure la trilogie, usant abusivement du petit texte d'introduction qui introduit le retour de Palpatine, puis laissant à ce dernier une scéne d'exposition pour expliquer son histoire et son plan. Au prix de ces scénes d'exposition poussées qui se poursuivent dans certains dialogues de la Résistance, le film réussit à retrouver une cohérence interne. Abrams tente également de réintrégrer des éléments de la prélogie, jusqu'alors honnie par Disney, grâce à quelques citations de personnages, voire leur retour (par le biais de voix). Malgré cet effort salutaire quelques éléments fondamentaux vont à l'encontre du monde original de George Lucas. Si Palpatine revient, alors la prophétie autour d'Anakin devant éliminer l'empereur et ainsi ramener l'équilibre dans la Force, enjeu des 6 premiers films, est caduque. Autre point important, la Force devient un artifice scénaristique, capable de miracles alors qu'elle était dans les deux premières trilogies assujeties à des règles. Certes Rey est finalement montrée en train de s'entraîner et Leia se voit transformer en Jedi pour être une Maître crédible mais la nature de la Force a changé dans cette trilogie. La Force était pour Lucas une force immanente que certains individus pouvaient appréhender suite à un fort travail sur soi. Elle devient une force transcendante pouvant être perçue par des individus non-initiés (des Stormtroopers sentent la Force les retenir face à des actions immorales) et capable de miracles (guérir intégralement, téléporter des objets). C'est le passage d'une vision orientale du monde (George a une bonne connaissance des philosophies orientales - asiatiques) à une vision judéo-chrétienne. Cette incompréhension chez les successeurs de Lucas est manifestement le pêché originel de cette nouvelle trilogie qui singe la saga de Lucas tout en la trahissant. 

Des thématiques intéressantes... mais déjà vues [Spoilers]

Ce film revient sur une bonne idée de l'épisode VIII qui prétextait que la Force pouvait se manifester chez n'importe quel être. Rey, en se trouvant finalement une illustre ascendance, clot cette thématique. Il manquait de toute façon la dimension d'effort et de travail dans l'épisode VIII mais la fin des lignées (de sang) marquait tout de même une avancée par rapport à un déterminisme unicausal et donc mal pensé . Rey est alors la petite fille de Palpatine (nous ne reviendrons pas sur cette histoire qui arrive comme un cheveux sur la soupe). Le "sang parle" pour reprendre l'expression du film. L'aspect intéressant de ce choix est que la lignée apporte des pouvoirs particuliers, mais ne présage pas de quel côté va pencher l'individu, en l'occurance Rey, ceci nuançant le déterminisme du sang. Luke le dit, il n'y a pas que le sang. Rey Palpatine choisit donc le côté lumineux pour s'émanciper en partie du déterminisme du sang. Elle choisit même de reprendre le nom de Skywalker, ce qui montre qu'il est possible de choisir sa filiation. La morale est plutôt séduisante et plus subtile que si Rey était véritablement une Skywalker comme il a longtemps été supposé. Malheureusement, rien n'est véritablement nouveau car cette morale était déjà présente dans la première trilogie avec Luke choisissant de ne pas suivre son père dans le côté obscur. L'atout de la première trilogie est qu'elle mettait trois films pour installer ce choix alors que l'épisode IX doit le faire en un épisode. La première trilogie avait surtout pour elle l'originalité. Disney nous propose "Je suis ton grand-père" après "Je suis ton père". Laissons la conclusion à George Lucas :
Il n'y a rien de nouveau. Dans chacun des films de la trilogie originale, il était important de présenter de nouveaux mondes, de nouvelles histoires, de nouveaux personnages et de nouvelles technologies. [Commentaire qu'il fait à la suite de l'épisode VII mais applicable ici].
Ce n'est pas simplement anecdoctique car pour Lucas, la nouveauté est également le cœur de Star Wars. Voici un autre incompris chez Disney.


En définitive, Star Wars : L'Ascension de Skywalker bénéficie de la mise en scène divertissante d'Abrams. Mais malgré quelques éléments d'explication forcée, la cohérence scénaristique sur l'ensemble de la saga fait défaut ainsi que les prises de risques en termes de nouveautés. Une trilogie décevante, loin d'égaler dans son écriture, celles de George Lucas.





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lundi 25 novembre 2019

La Reine des Neiges II


Synopsis :

Elsa est reine d'Arendelle et Anna vit son amour avec Kristoff. Tout semble aller pour le mieux. Toutefois, la Reine des Neiges est un jour troublée par une voix lointaine et évasnescente qui semble l'appeler...


Commentaire : 

Technique et réalisation irréprochable


Comme toujours, les films du studio Disney animation sont d'une perfection technique bluffante. Ici, c'est l'environnement et l'arrière-plan qui témoignent d'un dépassement technique. L'eau notamment mais aussi les paysages inspirés de l'Islande et du Nord de la Norvège paraissent réels, ce qui est presque étonnant étant donné que les films d'animation Disney n'ont jamais eu cet horizon comme objectif. Dans une idée avoisinante, ce film est dôté de focales : l'image fait la mise au point sur les personnages au premier plan comme si une caméra filmait le réel. Or les films d'animation (occidentaux) ont habituellement une image net en tout point. Le choix ici est réfléchi et la volonté du réalisme graphique est plausible. Toutefois, le réalisme n'étant pas un objectif du genre merveilleux, c'est peut-être un enjeu simplement technique pour renouveller cette suite. A ce titre, le choix peut-être salué. Au delà de cette innovation technique, le film reste structuré par le genre de la comédie musicale. Les différentes scènes musicales sont bien écrites et le fil conducteur (la voix lointaine) est symbolisée par quatre notes revenant constamment. C'est ici que la comédie musical prend l'ascendant sur le film classique avec pour fil conducteur le scénario, la mise en scène mais également une bande musicale dans la tradition de Broadway. On pourra regretter néanmoins des chansons moins marquantes et un orchestre symphonique plus timide. Le spectacle reste toutefois réjouissant (en version originale néanmoins, le doubleur français de Kristoff ne rend pas hommage à l'original). 

Respect des traditions ?

L'équipe du film a fait un réel effort pour traduire dans le merveilleux les paysages du nord l'Europe.  Les réalisateurs ont pour cela fait plusieurs voyages. De même, ces derniers voulaient être respectueux des cultures locales, notamment de la culture indigène Sami, présente dans le premier film via le personnage de Kristoff et pour cet épisode via le peuple des Northuldras. Notons que Kristoff perd cet attribut étant jugé physiquement trop éloigné des Samis. Ces derniers sont donc exclusivement représentés par les Northuldras avec un faciès plus oriental et notamment moins blonds que Kristoff. Disney affirme ici son souhait d'être respectueux des minorités. Ce projet de respect des minorités va toutefois étrangement jusqu'à dépendre les Norvégiens comme un peuple cosmopolite au 17-18ème siècle afin que le plus grand nombre puisse s'identifier (dans une volonté de justice mais également commerciale). C'est ainsi que le respect des minorités passe avant le respect de l'Histoire pour satisfaire un cahier des charges qui impose que le film convienne au plus grand nombre. 

Des thématiques partiellement renouvellées [Spoilers]

Les films d'animation Disney sont toujours porteurs d'un message. L'abnégation est le principal message de ce film venant toutefois de personnages n'ayant pas evolué depuis le premier film. Plus exactement, ils ont regressé depuis la fin du premier film pour retourner à l'état antérieur. Elsa ne partage pas ses craintes et ses peurs à sa soeur alors que la solidarité et la confiance entre les deux soeurs étaient sencées être totales à la fin du premier épisode. Du coup, la posture fermée d'Elsa permet à l'histoire de repartir puisque le groupe d'héros se trouve séparé, et tout l'objectif est alors d'arriver à la réunion des soeurs. La redite est plutôt décevante. Le premier film se suffisait manifestement à lui-même et la greffe scénaristique (comme les nouveaux "vrais" Samis) ne parvient pas à redonner du dynamisme à ces enjeux artificiels.  D'autant plus que les amateurs de Disney savent que les Northuldras, en tant que peuple indigène, ne sont pas les méchants de l'histoire. Il reste alors la nouvelle thématique : réparer les dégats de ses ancêtres... comme si les individus présents étaient comptables des erreurs de leurs prédécesseurs. Le message est toutefois joli, puisque les deux héroïnes font preuves d'abnégations et sont capables de se sacrifier (Elsa littéralement, Anna capable de sacrifier Arendelle) dans un objectif de Vérité (Elsa) et de Justice (Anna). On retrouve alors les deux finalités socratiques, qui sont de beaux messages pour un Disney. La fin est toutefois un peu décevante puisque c'est Anna, princesse classique qui devient Reine d'Arendelle alors qu'Elsa, reine forte et célibataire, finalement sortant des archétiques des princesses, rejoint le grand Nord et la nature. Etonnant. 


En définitive, si la Reine des Neiges II est un bijou technique et un musical enchanteur, les enjeux manquent de nouveauté pour que ce second épisode se place au niveau de son prédecesseur. 




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mardi 12 novembre 2019

Retour à Zombieland


Synopsis :

10 ans après, l'équipe de Columbus tente toujours de survivre dans un monde apocalyptique plein de zombies...


Commentaire :

Réalisation plus spectaculaire 


Ruben Fleischer veut faire plus spectaculaire pour cette suite de Bienvenue à Zombieland, l'ambition étant visible dès la scène d'introduction dans la gestion des combats (effets spéciaux appuyés). La suite du film confirme cette montée en puissance visuelle, les combats étant finement chorégraphiés. La photographie est véritablement travaillée pour parfois simplement souligner le ridicule de ce qui se passe dans le cadre. Néanmoins, au-delà de cette ajout, la mise en scène reste narrative et fonctionnelle, sans grand écart avec ce qui se fait à Hollywood. A souligner simplement la maitrise du timing pour la mise en place et le déclenchement des gags. Ces derniers fonctionnent quasiment tous avec à la clef de l'humour gras ou plus subtile. La plupart font mouche. Plus généralement, le film reste toujours guidé par la narration auditive de Columbus, ce qui marque le style de la franchise mais qui peut aussi apparaître comme une faiblesse de réalisation, ce qui est dit à l'oral n'étant pas montré. A la musique, David Sardy accompagne l'image sans se signaler.

L'histoire avant les thèmes

L'histoire prend ici le pas sur toute chose, l'objectif du film n'étant pas d'amener à réflechir. Le genre de la dystopie s'y prête pourtant assez bien. Le film est d'abord une comédie et un pastiche des films de zombie. Son objectif premier est alors de divertir. Si les références sont nombreuses et savoureuses pour les amateurs du cinéma de genre, le film ne propose pas de réflexion particulière. Le film se moque surtout de son genre ainsi que de ses contemporains. Il y a bien une thématique finale, explicitée, mais elle n'est là que par nécessité. En effet, tout film bien ficelé fait l'effort de proposer un message ou une morale. Ici, le message est que le foyer n'est pas un lieu mais les personnes qui le composent. La conclusion est un peu facile mais la morale est plutôt acceptable et bien amenée. Quoiqu'il en soit, Retour à Zombieland reste un film de divertissement et dans cette acception, ce long-métrage est réussi.


En définitive, Retour à Zombieland  est à la hauteur de Bienvenue à Zombieland, 10 ans après. Le voyage dans cette dystopie humoristique est toujours plaisant. Un pastiche avant tout destiné aux amateurs de cinéma de genre (SF - Zombie). 




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lundi 14 octobre 2019

Joker


Synopsis :

Arthur Fleck fait parti des nombreux miséreux de Gotham City. Il tente de survivre avec un petit job de clown... jusqu'au jour où toutes les structures sociales qui lui maintenaient la tête hors de l'eau disparaissent. De cette misère totale naît le Joker. 


Commentaire :

Le réalisme de Todds Phillips allié à la prestation de Joaquin Phoenix

Todds Phillips fait le choix du réalisme pour un film qui veut faire la description des conditions permettant la naissance d'un tel personnage. Exit donc les effets spéciaux si ce n'est pour les plans larges de la ville de Gotham City. Hormis les plans dédiés à présenter l'environnement décrépit d'une Amérique des années 70, terreau du Joker, le film consacre énormement de plans rapprochés à son personnage principal. En effet, il s'agit d'un drame bien plus qu'un film de super-héros et ce genre nécessite de s'approcher au plus prêt de son personnage afin de partager ses ressentis. Ici, Joaquin Phoenix fait un travail remarquable dans l'interprétation du Joker, tant du point de vue de l'apparence de ce personnage (une perte de 25 kg pour l'acteur) que dans l'interprétation, saisissante par les expressions du visage, le rire dérangeant/terrifiant et la gestuelle. Si Joaquin Phoenix est exceptionnel, il ne faudrait pas oublier le travail de photographie sur les lumières ou le montage soigné permettant des retournements de situation. Ajoutons à l'ensemble le travail abouti de la bande musicale de Hildur Guonadottir qui apporte un sentiment de malaise dès le départ grâce à ses notes dissonantes. Le résultat technique est donc irréprochable dans les objectifs fixés. 

La mutation du genre de super-héros

A l'instar de Logan prenant les traits du road movie et Les Nouveaux Mutants devenu a priori un film d'horreur (en espérant que Disney ne détruise pas le film), Joker est un film de super-héros prenant la forme du drame social. Le renouvellement du genre de film de super-héros est à ce titre particulièrement intéressant et très souvent une réussite. Le pari est réussi pour Joker avec pour caractéristique le fait que le genre du drame a pris totalement le pas sur le film de super-héros. Même si les comics DC sont beaucoup plus sombres que les Marvels, ce film s'apparente plus à un Taxi Driver qu'à n'importe quel autre film de super-héros sortis jusqu'ici.  

Les thématiques sociales [spoilers]

Les thématiques sont assez nombreuses dans Joker, bien qu'affiliées à un même champ : celui du social. En effet, l'enjeu est de montrer les conditions de la naissance d'un tel monstre. L'angle choisi est donc déterministe ; le Joker est le produit du contexte et il n'est jamais à l'initiative de quoique ce soit dans sa vie. Tout au mieux, il réagit de manière violente. Pour produire un tel personnage, le film coche toutes les problématiques sociales. Il s'agit d'un homme handicapé incompris et méprisé ou au mieux ignoré, dans une société violente inégalitaire qui lui coupe les aides sociales et médicales, licencié de son emploi suite à la malveillance d'un collègue, n'ayant pour seul refuge que sa mère dont il apprend la folie et la responsabilité dans son handicap suite à la maltraitance qu'il a subi quand il était enfant. Ses pères fictifs de substitutions Thomas Wayne et Murray Franklin sont des horribles personnages dans la réalité et sa copine n'est qu'un fantasme qu'il a imaginé. Si Thomas Wayne ne se révèle pas être le père biologique du Joker, le tour de force est qu'il s'agit pourtant bien du créateur du Joker, Thomas Wayne étant l'incarnation du système sans pitié ayant engendré cette créature. 
Toutes les structures sociales fondamentales (Etat, Travail, Famille) qui permettent la vie se délitent donc, provoquant la descente aux enfers d'un homme qui luttait jusque là pour s'en sortir (magistralement montré par Arthur montant péniblement le grand escalier). Détruit, son seul refuge est ce personnage violent capable de réagir et de lui donner une identité (personnage descendant le grand escalier en dansant). Toutefois, même son nom, le Joker ne l'a pas choisi, accentuant l'idée du déterminisme cruelle d'une société de classes pour un individu miséreux et différent. Là où Nolan créait un Joker politique et conceptuel voulant instaurer le chaos en réponse à la Justice de Batman,  Phillips crée un Joker social né du chaos sans message politique. Le film reste politique à la marge car la description d'une société produit nécessairement un message mais la description reste ici avant tout factuelle et il ne s'agit en aucun cas d'un commentaire ou de philosophie politique comme chez Nolan. Pour autant, le résultat est tout autant saisissant.

En définitive, si Nolan proposait un Joker politique, produit de l'action de Batman, Phillips fait le choix audacieux du Joker social, produit par une société inégalitaire et violente. Joaquin Pheonix est époustouflant dans le rôle. 




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samedi 21 septembre 2019

Ad Astra


Synopsis :

Roy McBride est missionné par le gouvernement américain pour un voyage vers Neptune. Sa mission : rentrer en contact avec le projet Lima, mission de recherche de vie extraterrestre qui n'a plus donnée signe de vie depuis 19 ans. Son pére était le commandant de la mission...



Commentaire :

Une mise en scène soignée et contemplative

La réalisation est le point fort de ce long-métrage de James Gray. Premier point à souligner, le rendu visuel du film est très réaliste, et pour cause, des spécialistes de la question ont été consultés pour ce qui concerne la physique et surtout la technologie et les conditions de voyage. Par ailleurs, les effets spéciaux sont limités au possible avec l'utilisation de décors réels lorsque cela est possible. Cette rigueur dans la réalisation apporte un supplément de profondeur à l'histoire et facilite la rentrée dans la narration. Le seul bémol est la scène sur la base lunaire où la gravité ne semble pas vraiment avoir été modifiée. Second point à relever qui explique surement le succès auprès de la critique : le rythme de montage. En effet, ce film à gros budget possède un rythme assez lent, parfois presque dans un style contemplatif, notamment pour les paysages extraterrestres. Ce choix a la qualité de trancher avec le cinéma américain hollywoodien à montage rapide. La bande musicale, à rythme assez lent, contribue à maintenir cette ambiance atmosphérique

Et pourtant de l'action questionnable [Spoilers]

Le genre de la science-fiction se prête autant à la reflexion qu'au divertissement et le choix a été fait ici de jouer sur les deux tableaux. Pourtant, le choix du divertissement se heurte ici au réalisme recherché. En effet, les différentes péripéties, crédibles individuellement et parfois sensées, sont peu probables dans leur accumulation. Ainsi le fait que Roy soit la cible de pirates de l'espace et surtout de singes de laboratoire, peut rappeler le spectacteur à la réalité de la fiction. Plus généralement, le nombre de fois où Roy est en difficulté dans l'histoire, malgré l'alibi régulière de la surtension est une limite au réalisme parfait de l'image. Par ailleurs, après tant de rebondissements, pourquoi le voyage de Roy était-il si important étant donné le résultat final ? Il ramnène certes les données de son père mais c'est bien pour sauver son père qu'il entreprend cette mission. Aucun commentaire n'est fait sur les résultats de la mission Lima. Pourquoi est-il tant touché par son père qui l'a abandonné, lui qui n'a pas de sentiment pour sa compagne ? Si Brad Pitt fait forte impression dans le rôle, le personnage lui même est assez flou dans ses intensions et sa psychologie.

Des questions bien terre à terre [Spoilers]

Par ailleurs, le côté réflexion est étrangement assez pauvre pour le genre de la Science-fiction. Une idée est clairement assumée : les humains sont seuls dans l'univers. Il est toujours plaisant qu'un réalisateur développe un point de vue. Toutefois, c'est une donnée apportée telle quelle et sans recul, qui affecte seulement l'auteur de la découverte et personne d'autre, ni même le spectateur, car aucune autre réaction nous est montrée. Il est certes intéressant de dénoncer la folie des convictions comme c'est le cas avec l'auteur de la découverte mais il s'agissait du seul personnage ayant des intérêts autres, concernant l'univers. Il est alors un peu dommage que le fou soit celui qui ait des questionnements qui dépassent notre condition terrestre. Néanmoins, c'est assez logique pour James Gray ; pour ce dernier, l'Homme ne peut quitter ses logiques terrestres. Ainsi, bien que peu probable en raison des coûts, il y a des combats lunaires comme il se trouve des combats sur Terre pour des territoires contestés. De même, le privé a pris pied dans l'espace et la base lunaire ressemble à un aéroport rempli de boutiques comme sur Terre. Dans la même logique, les vols spatiaux proposent des suppléments comme un vol de Ryanair. Plus encore, les Hommes n'ont guerre modifié leur philosophie profonde. Est-ce un hasard si les personnages s'en réfèrent souvent à Dieu ? Ou est-ce à montrer que même face à des questionnements plus grands l'Homme n'arrive guère à remettre en question ces dogmes ? Vision intéressante et pertinente mais seulement donnée et non prêtée à la réflexion. Bref, c'est un point de vue assez pessimiste sur l'Homme, enfermé dans ses turpitudes et dans la conclusion nihiliste du paradoxe de Fermi. 


En définitive, la mise en scène quasi-contemplative et les technologies montrées sont le principal argument du film. La réflexion typique du genre de SF est assez pauvre pour la simple raison que pour James Gray, l'Homme ne peut dépasser sa condition terrestre. Osé mais frustrant.





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samedi 24 août 2019

Once upon a time... in Hollywood


Synopsis :

En 1969, l'acteur Rick Dalton et son cascadeur Cliff Booth vivent une journée presque comme les autres... à Hollywood. 


Commentaire : 

Le cinéphile Tarantino 

Par une mise en scène moins fractionnée, des insertions de gros plans, des changements de format d'image, des cadres dans le cadre et le grain de l'image des années 60, la réalisation de Tarantino apporte une bouffée d'air frais dans le cinéma américain de gros ou moyen budget. La mise en place de l'intrigue est assez longue, d'autant plus si on ne connaît pas le contexte de l'époque et l'évènement qui a marqué les protagonistes (secondaires à l'histoire). Toutefois, la mise en scène s'inspirant des films d'horreur (visite du ranch de George) et la musique arrivent à mettre en place des moments forts en tension, alors même qu'il est connu que les histoires de Tarantino peuvent dérailler à tout moment. Le final, haut en couleur arrive nécessairement bien que le doute fut permis à un moment.

Les thèmes : une description plus qu'un message 


Le film n'est pas thématiquement très marqué bien que le rôle de Rick emmène une réflexion sur la vie d'acteur et la peur d'être dépassé, presque à la Sunset Boulevard. Ce film de cinéphile est surtout riche en interfilmicité et en références... qui laisseront sur le côté beaucoup de non-américains ainsi que les personnes d'une génération différente de celle de Tarantino. Le contexte (avec Charly Manson) demande lui même une certaine connaissance au-delà même des références cinématographies et télévisuelles. Ce côté élitiste est nécessairement excluant dans une certaine mesure, ce qui n'empêche pas d'apprécier la description d'une époque.  Le background du cinéma proposé des années 60-70 (acteur et cascadeur, voire l'acteur et son cascadeur comme cela était le cas à l'époque) donne un côté méta assez plaisant pour qui s'intéresse au cinéma.


En définitive, les deux éléments signatures de Tarantino sont présents, à savoir une connaissance fine de l'histoire du cinéma et un dénouement toujours mouvementé. Le film nécessite toutefois quelques connaissances sur le cinéma et l'époque dépeinte.




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jeudi 8 août 2019

Fast & Furious : Hobbs and Shaw


Synopsis :

Un virus mortel menaçant l'ensemble de l'humanité a disparu dans la nature. Hobbs et Shaw sont appelés à la rescousse pour sauver le monde...


Commentaire :

Une mise en scène de l'action 

David Leitch choisit une mise scène publicitaire, très léchée et soignée pour mettre en scène son film. C'est ainsi banalement beau d'un point de vue visuel. Le seul ajout notable est un travail spécifique sur Dwayne Johnson qui bénificie de contre-plongées et de ralentis. Les scènes d'action sont bien chorégraphiées notamment les scènes de combat de Jason Statham. L'ensemble a la qualité d'être fluide et d'être cuté de façon raisonnable. A la musique Tyler Bates fait ce qu'il faut sans que sa musique ne soit jamais véritablement notable, noyée par une image marquante. Le film est donc techniquement abouti, le budget aidant. Toutefois rien d'original. 

Un Fast & Furious ?

Ce spin-off ressemble d'abord à un film avec Dwayne Johnson, qui devient une parodie de lui-même. Le film est drôle en ce sens mais tout effet de sérieux est impossible avec ce personnage à l'écran. Ce n'est pas véritablement un problème puisque cela est attendu par le public mais pour ceux allant voir un Fast & Furious façon old school, la déception est possible.

Les thématiques : l'homme et la technologie

Ce Fast & Furious essaye de proposer une thématique sur le transhumanisme. L'opposition Humain - Machine est  en revanche très simpliste et peu travaillée. L'opposition argumentaire du personnage d'Edris Elba est bien trop faible pour en faire un personnage crédible. Le film propose ainsi une morale "humaniste" très consensuelle et peu appronfondie. L'inverse aurait été agréablement surprenant. De toute façon , le spectateur va d'abord voir ce film pour admirer Dwayne Johnson et Jason Statham mettre des raclées à leurs adversaires.


En définitive, Fast & Furious : Hobbs and Shaw est avant tout un film d'action avec Dwayne Johnson et Jason Statham. Le Fast & Furious est accessoire dans le titre.


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samedi 20 juillet 2019

Le Roi Lion


Synopsis :

Mustafa vient d'avoir un fils, destiné un jour à devenir Roi. Toutefois, Scar le frère du Roi compte bien un jour monter sur le trône... 


Commentaire :

Une réalisation impressionnante 

Jon Favreau réitère sa performance bluffante du Livre de la Jungle à la différence ici qu'il n'y a véritablement aucun acteur. C'est donc un film d'animation et non un film live action. Il faut saluer bien évidemment les graphismes et les effets visuels tout bonnement incroyables avec un effet réaliste extrêmement poussé. En outre, les mouvements et les postures des animaux sont bien documentés. Au-delà de la performance visuelle, la mise en scène de Favreau est particulièrement soignée, certes purement narrative mais en variant tous les choix d'angles et de valeurs de plan possibles, à chaque fois pour accentuer l'histoire racontée. Les plans en contre-plongée sur Mufasa sont, à ce titre, sublimes de majesté. Le parti-pris du réalisme limite néanmoins la poésie et le côté cartonesque du film original, mais il était plus pertinent de ne pas faire une copie conforme, au moins au niveau graphique du film de 1994. Le réalisme est donc moins expressif. Autre conséquence de ce choix, l'aspect comédie musicale est moins abouti, le réalisme et la comédie musicale faisant moins bon ménage. Impossible par exemple de reproduire la scénographie de "Soyez prêtes" du film de 1994 dans ce nouveau contexte. Toutefois, retrouver les scénes muscales à l'identique n'auraient pas été intéressant, hormis si la volonté était de flater les fans du premier film. Les compromis choisis ici, à l'image de la révélation incomplète de Scar à la fin (la révélation de 1994 paraissait trop enfantine pour le nouveau parti-pri), sont ainsi habilement trouvés. 

Les voix françaises en question

Si les chansons françaises Disney ont toujours été de qualité, les interprètes français sont ici en question. Jean Reno reste magistral, ainsi que les doubleurs traditionnels. Toutefois une tête d'affiche comme Rayane Bensetti ne réussit qu'à moitié le job. Certes, c'est loin d'être une catastrophe mais l'excellence est la marque des doublages français Disney. Un vrai chanteur, un vrai doubleur, voilà qui aurait été plus approprié pour Symba.

Les thèmes : pas de changement 

L'histoire est la même et les thèmes sont les mêmes. Il y a donc, contrairement au Livre de la jungle, un manque d'originalité. Difficile toutefois de reprocher cela au film tant le film de 1994 semble devenu sacré. C'est pour cela que le choix graphique original est un très bon point. Toutefois, il n'y a pas grand chose à redire au niveau des thèmes sur cette adaptation de Shakespear. On pourrait toutefois s'amuser du fait que Disney, champion de la bien-pensance, défende ici la monarchie et la légitimité par le sang. Il s'agit certes d'une pièce d'époque mais n'est-ce pas Disney qui voulait "moderniser" les contes ? Garder l'essence des histoires est semble t-il en vérité une bonne chose mais c'est la contradiction de Disney dans ses propos qui est intéressante. Au-delà de ce point, il est défendu l'idée d'un roi sage, gardien des équilibres, un Roi qui règlemente et qui a plus d'obligations que de privilèges. Il combat ainsi le droit du plus fort. La définition du despote éclairée est plutôt juste, il est regretable alors que sa légitimité repose ici sur le sang plutôt que sur sa sagesse en premier lieu. Par ailleurs, Mufasa est dit légitime car aussi plus fort que Scar... Et on ne parlera pas de la polygamie du Roi! 

En définitive, Le Roi Lion 2019 est un tour de force au niveau des effets visuels. Pour le reste, le film est fidèle et la nostalgie joue à plein. En contre-partie le film est peu original. A voir en Vostfr. 


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lundi 8 juillet 2019

Spider-man : Far from home


Synopsis :

Après la disparition de Tony Stark, Peter Parker souhaite laisser de côté sa vie de super-héros et consacrer du temps à Michelle Jones (MJ), camarade de classe dont il est amoureux. Un voyage scolaire en Europe est alors l'occasion pour Peter de déclarer sa flamme...


Commentaire :

Une réalisation propre

Jon Watts a une nouvelle fois eu la charge de réaliser Spider-man pour un résultat satisfaisant, notamment au niveau technique. La film a une fluidité indéniable, ce qui est un indice de qualité pour un film narratif. L'environnement pour ce film de voyage en Europe (qui est presque un genre en soi) est parfaitement mis en valeur. La réalisation se concentre bien entendu sur les géosymboles (Tour Eiffel, London Bridge, Pont de Venise, Opéra de Prague), ce qui est normal pour un film s'adressant à un public mondial. Les scènes d'action sont convaincantes, notamment celles qui sont le fruit d'illusion (le pouvoir de Mysterio). Ce sont ces scènes qui apportent réellement une plue-value au film, le reste étant avant tout fonctionnelle et académique. A la musique, se trouve l'excellent Michael Giacchino qui ne se met pas particulièrement en valeur ici mais qui intègre parfaitement d'anciens thèmes du Marvel cinematic univers (MCU), apportant une cohérence d'ensemble à l'univers.  

Une histoire parmi d'autres

Du fait des performances de Tom Holland et de Zendaya, l'histoire entre Peter Parker et MJ marche parfaitement, ce qui est une des explications de la réussite du film. Le côté comédie romantique marche donc complètement, ce qui en fait un des Marvel qui fonctionnent le mieux au niveau de l'humour. L'histoire avec Mysterio fonctionne également, bien qu'elle paraisse dérisoire par rapport à ce qu'il s'est passé dans le MCU auparavant. A ce titre, ce Spider-man n'est qu'un autre film anecdotique dans la saga et ne fait en rien avancer l'histoire du MCU. Il sera alors oublié comme la majorité des Marvel bien que ce film ci ait incontestablement des qualités.

Un antagoniste méta 

Si Mysterio n'est pas particulièrement charismatique, il a la qualité d'être singulier. Il est presque un personnage méta, l'équivalent d'un réalisateur travaillant sur ses illusions, le cinéma étant avant tout une illusion. La tenue qu'il porte pendant ses illusions est similaire à celle que des acteurs pourraient porter lors d'un tournage de film sur le plateau. Il est possible de se demander si Watts ne s'est pas vu à un moment dans la peau de Mysterio puisque le réalisateur a dû aussi produire les illusions, tel son personnage. 

Les thématiques : entre vérité et responsabilité 

L'illusion débouche sur une des thématiques du film : la vérité. Dans une époque qualifiée de "post-vérité", la question de la véracité des faits semble parfaitement à propos. Mysterio le dit clairement, les Hommes ont besoin de croire. Il faut donc leur donner ce qu'ils souhaitent entendre. C'est donc la croyance ou l'avis qui prime sur la vérité; autrement dit, la facilité sur la complexité. En ce sens, Mysterio peut être l'incarnation du mal de notre époque.
L'autre thématique encore plus centrale est la question phare du super-héros en général et notamment de Spider-man. De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités et Peter Parker doit choisir entre sa vie d'écolier et celle de super-héros. Il doit donc choisir de faire le bien plutôt que de vivre sa vie d'adolescent. Le questionnement pour Peter Parker est toujours le même depuis qu'il est arrivé au cinéma, mais la question est toujours aussi pertinente. 


En définitive, Spider-man : Far From Home est un bon film de super-héros, à l'humour bien dosé et aux effets spéciaux soignés. Par ailleurs, le film a la qualité d'avoir des thématiques bien travaillées comme la post-vérité et la responsabilité. Toutefois, l'histoire du film dans le MCU reste anecdotique.



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mardi 11 juin 2019

Godzilla II Roi des Monstres


Synopsis :

Depuis 2014, le monde a pris connaissance des Titans. La question est alors de savoir si les Hommes doivent vivre avec ces monstres ou les exterminer. Ont-ils seulement le choix ?


Commentaire :

Les monstres à l'honneur 

Michael Dougherty prend la suite de Gareth Edwards sans que la mise en scène n'en souffre particulièrement. Les choix de réalisation sont toutefois différents. Si Edwards préférait les plans en contre-plongé pour fournir le point de vue de l'humain, Dougherty choisit la plongée et les plans très larges pour laisser place aux monstres. Résultats, ces derniers sont beaucoup plus à l'écran que dans le précédent film. Le choix est plutôt satisfaisant car ce sont bien les monstres les stars de ce film, et non les humains qui subissent l'ensemble des péripéties. Il s'agit donc d'un grand film de monstres dont l'intérêt est avant tout l'action. Le scénario est presque accessoire, ce qui est acceptable pour le genre du film catastrophe. Notons toutefois que si l'histoire est en elle-même tout à fait banale, l'effort pour travailler l'arrière-plan de l'univers (les mythes autour des Titans, les différents lieux) donne toute la sève à cette production. La bande musicale est assurée par le peu connu Bear McCreary qui réalise un travail abouti avec des sonorités tribales et des chants guerriers pour rappeler l'origine presque divine des monstres. La bande musicale fait donc plus qu'accompagner l'image, elle l'amplifie.  

Les thématiques chez Godzilla 

Godzilla reprend ses thèmes favoris, notamment celui de l'Homme face à la nature. L'Homme est responsable de catastrophes écologiques et les Titans en sont la réponse. Toutefois, face aux Titans, l'Homme ne peut rien. Il ne veut d'ailleurs rien comprendre et souhaite l'extermination des Titans, ce qui amène à se poser la question centrale : qui est le monstre de l'histoire ? La jeune Madison y répondra. L'action de l'Homme pour contre-balancer son impact est donc tout aussi négative que son action première. Il n'y a surtout aucune remise en question. L'hubris et l'égocentrisme de l'humain sont ses premiers ennemis ici. Toutefois, c'est plus l'occident qui est visé dans ce film puisque la pensée orientale propose une vision plus harmonieuse dans sa relation avec la nature. Bien qu'il ne s'agisse pas de relativiser les impacts des pays asiatiques, le film a la qualité de souligner qu'il y a différents rapports possibles à la nature et propose en conséquence un décentrage pertinent. Alors que l'occident se singularise par des choix extrêmes : l'extermination des Titans ou l'extermination des humains, l'orient propose la symbiose. L'idée de fond est donc intéressante mais l'intérêt premier du film restera avant tout les visuels et les combats.


En définitive, Godzilla II Roi des Monstres est le film catastrophe de monstres par excellence. Si cet épisode n'est pas le film de l'année, il est possiblement roi dans son genre. Godzilla II, Roi des Monstres est Roi des films de monstres.



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lundi 10 juin 2019

X-Men : Dark Pheonix


Synopsis :

Les X-men vivent en symbiose avec les humains. Ils aident désormais le gouvernement afin de prouver leur bonne Foi. Toutefois, Jean Grey doute d'elle même. Son passé la travaille jusqu'au jour où un événement le met pleinement en lumière...


Commentaire : 

Un blockbuster "en dur"

Simon Kinberg fournit un travail honorable à la réalisation, lui qui a longtemps été à la production et à l'écriture des X-Men. Le point fort de ce film est un recours raisonné aux effets numériques avec le choix assumé pour les décors en dur, ce qui est rare désormais. Les scènes d'action bénéficient souvent de plusieurs angles et de ralentis et les transitions sont travaillées, ce qui prouve un réel soin. La marque de Kinberg est toutefois moins visible que Bryan Singer qui savait réaliser à chaque fois la scène mémorable. La direction d'acteur semble également plus hésitante ici. Néanmoins le matériau d'origine est respecté et fidèle à Singer, notamment dans la relation qu'entretienne les X-Men avec le monde. La fidélité est surtout prégnante au niveau des anecdotes qui permettent d'inscrire ce film dans la continuité des précédents, lui qui n'était pas tant désiré. Le personnage de Mystique en revanche respecte moins sa personnalité acquise dans la saga, elle qui reprend une forme normale (blanche) alors qu'elle avait appris à s'assumer, dès X-Men le commencement. A la musique, c'est un Hanz Zimmer effacé qui est en charge. Il ne se singularise par aucun thème marquant... une explication pour le manque d'épique et d'émotion de cette production.

De Mystique à Jean Grey

Un passage de relais assez hasardeux s'effectue entre les deux personnages et actrices alors que c'est bien la nouvelle Mystique de X-Men le commencement qui est intéressante de part son parcours entre les clans. L'histoire de Jean Grey varie peu même si l'on est dans une timeline alternative à la première trilogie. Les enjeux restent toujours les mêmes. Le personnage versatile qui navigue entre le bien et le mal est beaucoup plus intéressant avec Mystique qui pourtant cède définitivement la vedette. La jeunesse des X-Men (c'est à dire la saga servant de préquel) était intéressante au cinéma du fait de leur originalité. Quel avenir pour la franchise alors qu'elle rattrape en terme d'époque la première trilogie ? Que va devenir la Fox chez Disney ?

Des thèmes classiques  

X-Men est une franchise toujours riche en thématiques et celui-ci n'échappe pas à la règle. Les thèmes sont classiques pour deux raisons. Tout d'abord, il s'agit de thèmes récurrents d'Hollywood. La paix construite sur le mensonge n'est jamais durable comme nous le démontre l'histoire de Charles Xavier et de Jean Grey. Cette morale assez enfantine est un héritage chrétien. Elle est par ailleurs contestable car la vérité peut avoir des conséquences pires que le mensonge dans certains cas. Le film semble le reconnaître à la fin lorsque l'histoire (par flashbacks) est révélée dans son entier. Autre thématique très classique, la place des émotions : les nier, les contrôler ou les laisser s'exprimer ? Comme beaucoup de films, celui-ci propose de les laisser diriger notre vie, ce qui n'est pas tout à fait compatible avec l'usage de la raison... Peu importe, Hollywood sera toujours du côté de l'émotion.
Par ailleurs, les thèmes sont classiques car ils prennent des questions du temps présent. C'est le cas du féminisme, remettant ici en cause le patriarcat des X-Men avec le X de Xavier. Pour autant, Charles Xavier n'est pas le chef des X-Men simplement parce-qu'il est un homme blanc, il l'est du fait de sa sagesse. Et s'il est possible de lui reprocher une part d’égocentrisme, ce n'est peut-être pas par ce personnage qu'il fallait mettre en cause la place des hommes. Charles Xavier a d'ailleurs su se ressaisir dans les précédents X-Men, son introspection est en théorie terminée. L'idée d'incorporer du féminisme est toutefois judicieuse car cette thématique n'avait pas encore été abordée dans cette franchise mais la manière de le faire est pour le moins contestable.


En définitive, X-Men Dark Pheonix arrive après de très grosses productions de super-héros, le rendant en comparaison un peu insipide. Si ce divertissement au casting 5 étoiles se regarde, la franchise semble n'avoir plus grand chose d'original à proposer. 



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dimanche 19 mai 2019

The Dead Don't Die


Synopsis :

L'axe terrestre a été modifiée après une catastrophe d'origine naturelle. Cela entraîne des conséquences inattendues pour toute la vie sur Terre...


Commentaire :

Jim Jarmusch, l'anti-blockbuster

Dans la réalisation, c'est par le rythme que Jim Jarmusch s'oppose aux blockbusters. Comme à son habitude, Jarmusch part sur un rythme lent avec des zombies qui mettent beaucoup de temps à rentrer en scène si bien qu'il est possible de se demander à un moment s'ils viendront un jour. La mise en scène est ensuite tristement narrative alors qu'il n'y a rien à narrer en particulier. Le film fonctionne par des références notamment aux films d'horreur et non par l'histoire qui n'a que peu d'intérêt car les personnages sont dénués d'objectifs. La comédie, elle, fonctionne par le biais de quelques gags et des comiques de répétitions mais le film est trop peu rythmé pour que celui-ci soit pleinement comique. C'est un pastiche du film d'horreur. En cela, avec les références, le film peut-être distrayant. 

Reprendre tous les traits du genre [Spoilers]

Jarmusch va s'évertuer à reprendre tous les clichés du film d'horreur pour... ne rien en faire et ainsi désarçonner le spectateur qui pourra soit applaudir soit s'énerver. Ainsi Tilda Swinton joue la fille "badass" au katana qui découpe du zombie à la seconde mais qui manquera l'acte final. Le groupe de jeunes va simplement enfiler son rôle de victime sans qu'aucune histoire ne soit construite autour. Les policiers sont complètement amorphes, tel Jarmush peut-être devant les films de genre. Quant à l'explication scientifique, elle n'a aucun sens... comme la majorité des justifications des films du genre. Bref, c'est un film peu immersif du fait de personnages distants et de l'histoire sans enjeu. Dans ce contexte, peu étonnant que Jarmusch casse lui-même le quatrième mur et révèle, même, la fin de son film. Comme pour son dernier film sur les vampires, Jarmush expose un nihilisme latent. Si la mise en scène n'est guère au rendez-vous, il reste alors les références plus ou moins subtiles par la citation visuelle (Centerville) ou orale (Nosferatu, Romero) voire hors de propos (Frodon, Star Wars). Le film s'adresse alors à des cinéphiles. Un spectateur sans les références sera ainsi exclu du film. 

Le propos de Jarmusch 

Cette histoire est sans intérêt car pour Jarmusch la société consumériste n'a que peu d'intérêt. Sa bonne parole est délivrée par l'ermite du film, vivant logiquement en dehors de la société. Pour lui, les zombies ne sont guère différents de leur forme vivante; des êtres matérialistes et décérébrés. Il y a du vrai dans ce propos. Le procédé est toutefois hautain avec un film s'adressant à une minorité d'autant plus que le propos dénonce une majorité. En outre, Jarmusch a lui même besoin de s'inscrire dans un circuit de consommation pour produire de la culture. Même si son public n'est pas celui qui voit normalement les blockbusters, les curieux attirés par ce film ne pourront être que déçus (ou perdus) part son côté ésotérique (avec les références) et sa critique cinglante.


En définitive, avec The Dead Don't Die, Jim Jarmusch réalise un pastiche du genre s'adressant exclusivement aux cinéphiles. Il envoie une critique cinglante (et habituelle) à la société. Si le message est intéressant, la manière de procéder est assez hautaine.  



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dimanche 28 avril 2019

Avengers Endgame


Synopsis : 

Après la victoire de Thanos, les derniers Avengers hésitent entre résignation et revanche...


Commentaire :  

Les Russo pour du magistral 

Après quelques films en demi-teintes, les frères Russo arrivent au paroxysme de leur art cinématographique (sans égaler Joss Whedon). Venant de la télévision, leur réalisation souffrait depuis Captain America et le soldat de l'hiver d'un manque cruelle d'ampleur. Infinity War voyait un travail plus abouti mais là encore, la réalisation aurait pu gagner à être plus épique pour rendre hommage aux événements. Cette fois-ci, les Russo utilisent plus de plans de grand-ensemble pour donner de l'ampleur aux événements et cela dès les premières scènes qui ne sont pas des scènes d'action. On notera également un excellent plan-séquence à Tokyo! Lorsque arrive la bataille finale et ce malgré la présence de beaucoup de cuts, la mise en scène est au rendez-vous des enjeux. A cela, il faut ajouter la présence d'Alan Silvestri, le compositeur phare des Avengers qui arrive à retravailler ses thèmes (et ramener d'autres thèmes du MCU) pour les rendre encore plus entraînants. Il faut dire que les Russo ont la qualité depuis deux films de laisser la bande musicale s'exprimer en créant des plans d'exposition ou en allongeant les plans. Cela a pour conséquence de dupliquer la puissance des scènes. Du point vue technique et du divertissement, le travail est donc accompli. 

Les difficultés et facilités du scénario [Spoilers]

La suite d'Infinity War devait assumer les événements passés pour que leur ampleur et leur gravité restent inchangées. Malheureusement, comme prévu, les scénaristes ont décidé de jouer avec le voyage temporel, ce qui est souvent dangereux pour tout scénario voulant rester cohérent. Les scénaristes étaient conscients de ce problème, il n'y aura donc cette fois-ci pas de réel voyage dans le temps mais un voyage dans le multivers grâce à la physique quantique. Ainsi, il est impossible de changer le passé mais il est possible d'aller dans un univers parallèle pour aller chercher les pierres d'infinité, sachant que chaque changement dans le passé crée une nouvelle branche de réalité. Ce principe a la qualité de ne pas toucher à la chaîne des causes et des conséquences et donc de ne pas créer de paradoxe. Pourtant Marvel semble peut inquiet des conséquences de ces principes pour les autres réalités. Dans un univers, Thor vole le marteau du Thor de cet univers : Captain America lui rend-il à la fin ? Ce c'est que semble dire le film et il n'y a donc pas de conséquences ici. Toutefois, dans une autre dimension, Loki s'échappe après Avengers 1. Mieux, dans une autre, Thanos est absent après sa mort à la fin du film. Cela a peu de conséquence pour le monde des Avengers que nous connaissons puisque ces changements touchent une autre réalité mais cela montre que les scénaristes manquent de rigueur car ces personnages si soucieux de rendre les pierres d'infinité créent tout de même des problèmes dans les autres réalités. De même, comment, à la fin, Steve Rogers peut-il vivre dans ce même monde avec l'agent Carter. Il peut vivre avec l'agent Carter dans une autre dimension mais en conséquence, il ne doit pas être présent sous la forme d'un vieillard dans le monde que nous connaissons (ou alors revenir sous la forme d'un vieillard sur la plateforme). Bref, jouer avec le temps ou les dimensions peut-être problématique. Le principe choisis par les scénaristes pouvait fonctionner à condition d'être rigoureux avec les règles établies.
Autre problème pour les scénaristes : gérer des personnages puissants. Captain Marvel, bien trop puissante, est tout simplement écartée du film, elle qui était annoncée comme la messie après la catastrophe d'Infinity War. Thor bien trop puissant pour faire face à un Thanos sans pierre est dépeint comme un ivrogne. Hulk devient super Hulk mais perd énormément en puissance et apparemment en capacité de régénération car c'est la première fois que nous voyons ce dernier avec... une attelle! A contrario, Thanos sans pierre devient si puissant qu'il peut tenir tête à Captain America avec Mjolnir et son bouclier et même briser ce dernier indestructible. C'est ainsi que les scénaristes trouvent maladroitement des solutions pour présenter un scénario avec un Thanos qui tient tête à ses adversaires.
Dernier problème, celui de la "science magique". Si la physique quantique permet aux humains de changer le cours des choses, pourquoi les civilisations avancées de l'univers n'ont aucune idée de ces possibilités, alors que les humains paraissent bien primitifs face à eux. La physique quantique sert donc bien les scénaristes. De même, pourquoi les terriens d'aujourd'hui (ou les extraterrestres) sont incapables de recréer le liquide rouge de Hank Pym alors que ce dernier a réussi cette prouesse plus de 50 années auparavant (l'idée est simplement de dire que les héros n'ont pas le droit de se rater dans le passé - c'est de l'enjeu créé artificiellement). Ajoutons à cela l'incroyable nano-technologie d'Iron Man capable de créer un gant d'infinité alors que seule la forge céleste de Nidavellir était jusque là capable d'un tel artefact. C'est pourquoi Thanos avait tuer tous les nains, seuls capables de faire un objet si puissant. 
Certes, certains personnages comme Iron Man, Hawkeye ou Captain america sont bien écrits mais beaucoup de facilités scénaristiques minimisent la gravité et les enjeux d'Infinity War. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le rat qui libère Antman ou les villes désertes alors qu'il reste 50% de la population mais rentrer en profondeur sur tous les détails nécessiterait une dissertation.
Toutefois, malgré ces facilités, le recours à la nostalgie et des scènes "fun" (la grande bataille, Captain America maniant Mjolnir) arrivent à laisser une bonne impression avant réflexion.

La perte d'un grand méchant 

 Si Infinty war était un grand film c'est avant tout par son méchant, certes un peu manichéen et brutal mais avec des arguments rationnels (à défaut d'être raisonnables). Ici, plus de thématique malthusienne. Thanos veut simplement supprimer toute vie dans l'univers et avoue même prendre du plaisir à détruire la Terre. Thanos devient un super-vilain classique. Dommage car sans grand méchant, pas de grand film.


En définitive, Avengers Endgame, en ayant recours à une mise en scène de qualité, une bonne bande musicale et à la nostalgie, réussit à passer outre ses incohérences scénaristiques. Un bon divertissement en deçà d'Infinity War.



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jeudi 11 avril 2019

Shazam


Synopsis :

Billy Batson est un orphelin à la recherche de sa mère. Alors placé dans une nouvelle famille d'accueil après avoir encore fugué, il commence cette fois-ci à s'attacher aux membres de cette famille. Il prend la défense de son nouveau compagnon de chambre face à des voyous du collège...


Commentaire :

David Sandberg effacé

Le réalisateur suédois David F. Sandberg venant des films d'horreur, genre où la mise en scène est primordiale, apparaît effacé ici par la machine DC et les enjeux d'un tel blockbuster. L'horreur reste faiblement présente avec les créatures des péchés capitaux mais plus par leur design que la réalisation. La mise en scène est ici purement fonctionnelle et donc peu marquante. La seule qualité est la rythmique des blagues qui fonctionne plutôt bien. Du côté de la musique, même constat général, Benjamin Wallfisch ne prend l'ascendant que dans de rares scènes et ne marque donc pas le film. 

Un tournant chez DC ?

Le côté humoristique pris par ce film est assez logique compte tenu de l'histoire où un jeune adolescent se retrouve dans un corps d'adulte. Toutefois, la voie humoristique a été prise dès Justice League et confirmée par Aquaman. DC voudrait-il faire du Marvel ? DC a t-il vraiment un avenir ? Une saga doublon ne semble pas être très intéressante.
A noter que l'histoire en elle-même, au-delà du concept de l'origine du super-héros, avec l'affrontement avec un super-vilain est très banale. 

Les thématiques [Spoilers]

Shazam n'est pas très travaillé sur le fond mais a la qualité de traiter une thématique de manière juste à défaut de bien la développer. Il s'agit de la question de la famille envisagée au sens large. Billy est à la recherche de ses origines, de sa vraie famille. Une quête qui se révèle être une impasse et qui démontre que la recherche des origines est vaine et qu'il vaut mieux se consacrer au présent et aux individus qui comptent, c'est à dire pour Billy, les membres de sa famille d'accueil. Il est possible de choisir ses amis (ou sa famille d'accueil ici), contrairement à sa famille biologique. Il est alors important pour Billy de s'intégrer à cette famille recomposée qui lui veut du bien. L'idée est donc qu'il faut se construire un entourage avec lequel on aime évoluer et ne pas chercher les réponses dans le passé. 


En définitive, Shazam est un film de super-héros sympathique dont l'originalité ne tient qu'à l'origine du super-héros. Le scénario à proprement parler, la réalisation ou l'usage de l'humour ne révolutionnent pas le genre. 


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samedi 9 mars 2019

Captain Marvel


Synopsis : 

Verse fait des rêves étranges. Soldat chez les Krees, une civilisation extraterrestre, elle cherche à maîtriser ses immenses pouvoirs. Elle est l'atout principal pour triompher des dangereux Skrulls, des humanoïdes capables de prendre n'importe quelle forme... 


Commentaire : 

Une réalisation jolie mais sans charme


Le couple Anna Boden et Ryan Fleck est au commande de Captain Marvel. A deux, ils réalisent toutefois un travail un peu terne et assez standardisé. Si le film a la qualité d'utiliser des scènes de grand ensemble qui font respirer les scènes et qui donnent de l'ampleur à cet univers pour partie original, le film reste très fonctionnel. A aucun moment la réalisation ne se distingue ou insiste sur un élément si ce n'est dans des scènes d'actions très (trop) "cutés". En revanche les effets spéciaux, notamment pour les environnements, sont très soignés, tout comme les effets de rajeunissement sur les personnages de Nick Furry et de Coulson. Plus généralement, la réalisation terne se conjugue ici avec un personnage principal assez plat, cela étant avant tout le fruit de son écriture. Le personnage n'évolue en effet que peu psychologiquement. S'il est compréhensible que le personnage soit dénoué d'émotion au départ, du fait du scénario, la réalisation n'insiste jamais sur les ressentis de Captain Marvel qui survole littéralement l'histoire. Pourtant, il existait des scènes qui pouvaient être riches en émotion. A côté du manque d'émotion, le film met un certain temps à retrouver le ton humoristique du Marvel Cinematic Univers, ce qui donne une première partie où il est difficile de s'investir. La musique de la compositrice Pinar Toprak (une femme, c'est assez rare pour le noter) est à l'image du film : jolie mais peu mémorable. Il est vrai que c'est aussi à la réalisation de laisser des temps pour la musique. En revanche, les références musicales aux années 90 sont assez présentes bien que cela ne soit pas les tubes les plus connus. 

Les thématiques, formatage et féminisme [Spoilers]

Le film est assez riche en thématiques pour un Marvel. Avant la question du féminisme, il est fait référence aux doctrines de la civilisation Kree. Elles prônent notamment d'utiliser la raison plutôt que le cœur (les émotions) et de ne jamais douter. Il s'agit d'une contradiction puisque la raison est justement la capacité à douter. Toutefois, ce propos n'est pas incohérent avec l'histoire puisque la civilisation Kree est une civilisation présentée non pas comme idéale mais dominatrice. Elle formate les individus au service d'une volonté supérieure qui est ici une volonté de conquête. Ce sont des doctrines tout à fait appropriées pour une telle civilisation. Il y a donc une bonne écriture du scénario. Attention toutefois à ne pas prôner l'opposée de cette civilisation, à savoir une action guidée seulement par l'émotion et dans un but totalement égoïste. 
Le second thème est bien évidemment celui du féminisme qui est pour des raisons paradoxales plutôt bien traité. Hormis quelques répliques plutôt militantes, le film ne met pas en avant le genre de Captain Marvel. Elle est peu sexualisée et genrée. Elle est avant tout un super-héros désormais au-delà de ces questions. C'est parce-que Captain Marvel est traitée comme n'importe quel super-héros qu'elle est un personnage féministe aboutie et réussie. La question du genre n'est pas mise en exergue, elle est au contraire intelligemment dépassée. La femme entre dans la normalité.



En définitive, Captain Marvel est un énième film Marvel, tout à fait distrayant mais également plutôt juste dans son propos. Toutefois, sa réalisation comme son personnage principal manque d'incarnation. 




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samedi 16 février 2019

Alita : Battle Angel


Synopsis :

Le docteur Ido récupère un cyborg mal en point alors qu'il est à la recherche de pièces dans une décharge pour réparer des humains augmentés. Il récupère ce qui semble être une jeune fille, qu'il remet sur pied. La petite cyborg se réveille sans aucun souvenir... 


Commentaire :

Robert Rodriguez à la barre pour un blockbuster hollywoodien

R. Rodriguez réalise sûrement son film le plus ambitieux visuellement où le recours au numérique est présent dans presque tous les plans. Il s'agit d'un grand film de science-fiction filmé comme un blockbuster américain avec des scènes et des plans sublimes mais dont la réalisation ne laisse que peu de trace du manga (les plans du manga ou les effets des films d'animation sont discrets). La mise en scène classique et narrative est très soignée, notamment au niveau du travail sur la lumière. Les plans larges font au départ assez numériques mais passé les premières minutes d'adaptation, l'univers dystopique est accepté tel qu'il est. Le monde présenté n'est toutefois pas si révolutionnaire tant les films de science-fiction de ce genre sont légions, et la ville et certains plans de rue pourront rappeler certains filmes récents (Ready Player One, Valérian) ou bien d'autres plus anciens. Néanmoins, les personnages et les véhicules (comme la moto à une roue) n'ont en revanche pas d'équivalents et il est plaisant de découvrir un monde porteur de créativité. Concernant les effets spéciaux sur les personnages et notamment sur le personnage principal, ils fonctionnent particulièrement bien puisqu'il s'agit d'une cyborg. Il est sensé alors que son traitement visuel puisse être différent des humains lambdas. Cela permet en plus de garder une trace du support d'origine car la tête de l'héroïne avec de grands yeux est le dernier héritage visuel qui permet de lier ce film à un manga. Du côté de la bande musicale, Junkie XL fait un travail honorable, avant tout d'accompagnement de l'image. 

Une héroïne japonaise 

Les japonais mettent des héroïnes à l'honneur depuis plusieurs décennies et c'est peut-être à ce titre que l'on peut deviner l'origine de l'oeuvre, bien qu'Hollywood emboîte le pas sur ce sujet depuis quelques années. Il n'est alors peut-être pas innocent que les majors américaines acceptent des projets made in Japan avec des héroïnes aujourd'hui. Ce qui est intéressant avec le personnage d'Alita est qu'il s'agit d'une cyborg. Elle peut donc s'émanciper des contraintes biologiques du sexe et devenir ainsi la plus grande combattante sur terre, ce qui aurait été moins crédible avec des personnages de chair et de sang. Ainsi, le transhumanisme permet de se soustraire aux déterminismes biologiques et  de présenter une héroïne comme la plus grande guerrière. De son côté japonais, elle garde son parcours. Le fait de se défaire d'ennemis de plus en plus puissants et d'augmenter en puissance au fur et à mesure est un processus typique des animés japonais. Lorsqu'Alita s'empare de l'épée de Zapan et que cette dernière rentre en synergie avec elle, le plan présenté est incontestablement un plan de manga. Ce qui est encore plus japonais est le côté cyberpunk et les réflexions allant avec.

Les thématiques futuristes [Spoilers]

Comme tout film de Science-fiction, c'est un film très riche en thématiques. Les Japonais ont depuis longtemps travaillé (réfléchi à) la fusion humain-machine et restent les meilleurs pour présenter des récits questionnant ainsi l'être humain. Est-on toujours humain quand on est un cyborg ? Peut-on aimer un cyborg ? Quand perd-on son humanité ? Il semble que dans le film l'humanité ne fasse aucun doute quand le cerveau est toujours humain. Lorsque le remplacement de membres vise simplement à retrouver une motricité perdue, l'humanité n'est pas contestée. En revanche, les "méchants" du film ont transformé tellement leur corps qu'ils n'ont plus rien d'humain en apparence et au niveau de leurs capacités... il reste alors leur méchanceté bien humaine. Les questions sont posées, les réponses sont en suspend mais une chose est sûre, l'héroïne est bien humaine. Elle est humaine car elle évolue en passant de l'adolescence à l'âge adulte de manière brillamment amenée dans l'histoire. Elle est également humaine de par les choix qu'elle fait. Néanmoins, l’échappatoire pour résoudre les problèmes transhumanismes est d'opérer une distinction entre l'âme et le corps (comme Platon) ce que fait le film à un moment. Un cyborg peut alors être humain s'il a gardé la pureté de son âme. De ce point de vue, la réponse un peu facile n'est pas satisfaisante si tenté qu'il soit possible d'avoir une réponse satisfaisante sur ce sujet aujourd'hui.
Autre questionnement sous-jacent, la ségrégation de classe et même de caste puisqu'il n'y a plus de mélange entre les populations de Zalem et d'Iron City. La police est a été privatisée pour des chasseurs de prime. Il s'agit donc probablement de l'aboutissement d'un système capitaliste et néolibéral même s'il n'en est pas fait mention directement et que le propos ne soit présent dans l'histoire qu'en arrière plan. 
Dernière réflexion en lien avec le dernier questionnement et extrêmement bien traité, celui du rêve / de l'espoir. C'est une société qui fonctionne sur l'espoir (le désir) d'atteindre Zalem. L'espoir cache la misère de ce monde, misère également occultée par les grands jeux pour le peuple (le motorball). En cela, la société décrite est assez proche de la société de consommation. Les personnages qui abandonnent ce rêve sont tous de bons personnages (le docteur Ido, Chiren, ou Alita préférant vivre aux côtés d'Hugo qu'à Zalem). C'est donc le renoncement à l'espoir qui apporte la paix intérieure, message nietzschéen d'une justesse terrible.


En définitive, Alita Battle Angel est un excellent film de science-fiction à l'histoire bien ficelée et aux thématiques intéressantes. Une excellente nouvelle saga au cinéma. 


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jeudi 14 février 2019

Nicky Larson et le parfum de Cupidon


Synopsis :

Nicky Larson et son acolyte Laura repartent en mission. Ils sont cette fois-ci engagés par M.Letellier, inventeur du parfum de Cupidon, substance capable de rendre amoureux n'importe qui...


Commentaire :

Un vrai usage de l'image

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon est une histoire originale. Toutefois, le film est inspiré du manga d'origine City Hunter ainsi que de la série animée remaniée pour le public français dans le Club Dorothée Nicky Larson. Pour ces raisons, Philippe Lacheau, par fidélité pour les supports de base, peut s'autoriser énormément d'extravagances, autrement dit énormément d'effets de mise en scène que l'on retrouve notamment dans les animés. Enfin un film français utilisant un large éventail de possibilités offertes par le cinéma! Ralentis, shaky-cam, montage alterné, montage parallèle, split-screens, incrustations, scènes en vue subjective, plan-séquences, zooms, de-zooms... c'est un film très riche visuellement et ambitieux dans sa réalisation. De nombreux plans sont d'ailleurs tirés du manga ou de la série animée. Les plans larges de mise en contexte sur les villes sont particulièrement réussis et donnent de l'ampleur à une histoire qui veut être prise au sérieux. Il ne s'agit pas de lieux localisables mais de villes occidentales indéterminées. Cela nécessite donc un travail numérique pour retoucher des plans filmés dans un endroit réel. Il est également nécessaire de saluer les scènes d'action, superbement chorégraphiées à la manière de la série animée. A cela, il faut ajouter les effets musicaux avec des morceaux datés mais toujours connus, les bandes musicales originales de l'animé et le fameux générique d'ouverture. 

Une excellente adaptation franco-française

L'adaptation au cinéma est réussie et la fidélité est indéniable. Les personnages sont ressemblants, les personnalités sont respectées et l'humour, que l'on aime ou pas, est parfaitement restitué. Néanmoins, ce n'est pas simplement un manga qui est adapté. C'est une époque qui est retranscrite à l'écran, elle parlera particulièrement à la génération Dorothée. La présentatrice star est d'ailleurs présente ainsi qu'énormément de références aux séries de l'époque par le biais de citations directes ou indirectes (Olive et Tom, le personnage de Tortue Géniale, Jeanne et Serge : l'ensemble des références sont ici pour les intéressés).  La limite de ce choix est que le film parlera uniquement à une génération et perdra également beaucoup de sa superbe s'il a une vie à l'international. Quoiqu'il en soit, Philippe Lacheau est un fan qui a réalisé une véritable retranscription de sa jeunesse façonnée par la télévision. Ajoutons que le travail de réécriture, d'une oeuvre déjà transformée que constituait la série animée française, n'a pas fait perdre la sève du manga original. En effet, Tsukasa Hojo, le créateur du manga qui avait demandé un droit de regard sur le film de Philippe Lacheau a particulièrement apprécié son travail. La boucle est bouclée. 

Les non-thématiques

Nicky Larson et le parfum de Cupidon est une bonne adaptation qui joue sur la corde sensible de la nostalgie. Au-delà de ce plaisir coupable, ce film n'a pas véritablement de fond ou plus exactement de grande thématique. C'est un shônen au scénario simple (les scénarii des épisodes télés étaient très linéaires) avec de l'action et de l'humour. C'est un divertissement. On pourrait peut-être chercher une réflexion autour de l'amour mais les personnages très fonctionnels et monolithiques ne sont pas véritablement porteurs de messages. Divertissement ne rime donc pas avec réflexion ici. Peu importe, bien peu iront voir le film de Philippe Lacheau dans le but de réfléchir. Ceux qui iront seront d'abord les fans de Dorothée. A raison, ils seront sûrement satisfaits.


En définitive, Nicky Larson et le parfum de Cupidon est actuellement la meilleure adaptation de City Hunter au cinéma et même peut-être la meilleure adaptation live action d'un manga/animé. Cette production française décomplexée est fidèle à l'oeuvre d'origine et aux années Dorothée. Reste à apprécier le fameux humour graveleux de Nicky! 



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dimanche 10 février 2019

Arctic


Synopsis :

Un homme est perdu dans le grand nord après que son avion se soit écrasé. Il n'a alors plus que deux objectifs : survivre et tenter d'appeler les secours...


Commentaire :

Le film d'acteur de Joe Penna

Arctic s'inscrit dans la tradition du "survival movie", du film de survie en milieu hostile. Le plus illustre représentant de la catégorie reste The Revenant, distinguable de part sa mise en scène. Arctic est filmé plutôt classiquement et la beauté des plans revient d'abord à la photographie et aux paysages dépaysants plutôt qu'à un travail sur le plan ou au montage. Mads Mikkelsen fait beaucoup pour le film du fait de son implication physique dans le rôle et la mise en scène consiste avant tout à le filmer sous plusieurs angles. Il est filmé en plan rapproché pour les plans intérieurs (et les plans d'émotion) pour montrer l'impact du milieu sur son visage et en pied pour les scènes de marche en extérieur. Si la réalisation n'a rien de singulière, il faut saluer le pari de l'absence de montage parallèle (en flash-back) pour apporter des informations. Tout se découvre progressivement au cours du récit; le film est donc bien construit. Il est d'autant bien construit que son rythme lent n'entraîne pas particulièrement de lassitude. Pour ce dernier point, il faut mentionner le rôle de la bande musicale de Joseph Trapanese qui comble un monde Arctique profondément vide pour un humain.   

Un problème n'arrive jamais seul

Un film ancré dans le réel comme Arctic doit trouver le point d'équilibre entre réalisme et intérêt. Il ne s'agit pas de voir une histoire de tous les jours et en même temps, le film doit rester dans les clous du probable. Arctic maintient cet équilibre pendant les trois-quarts du récit avant malheureusement de tomber dans une surenchère qui peut, en tout cas pour certains, paraître risible. Individuellement, toutes les actions présentées sont possibles mais leur accumulation est trop improbable pour le spectateur qui a "signé" pour un film ancré dans le réel. 

Les thématiques : un minimum salutaire [Spoilers]

Les survival movies sont souvent dénués de thématiques "réflexives". La survie reste un réflexe instinctif et il serait d'ailleurs malvenu de forcer des thématiques autres que celles amenées par le contexte de survie. Le personnage se pose peu de questions. Tout est contraint par le temps. Il se posera une fois la question du sacrifice de la blessée alors que leur quête semble perdue. Il s'agit d'une bonne question, totalement en phase avec le contexte, le problème vient avec la réponse apportée par le film. Le choix initial du personnage est de laisser la rescapée sur place alors qu'il n'y a plus d'espoir pour elle. Toutefois, il apparaît être puni par le destin. Étrange séquence de punition divine qui entraîne des remords chez le personnage. Or, ce genre n'est pas propice à la morale. Il cherche plus à décrire l'humain pousser dans ses retranchements qu'à émettre un jugement. Le réalisateur peut et même doit donner son avis mais il est trop facile de juger un personnage dans cette situation. Ce jugement entraîne d'ailleurs une péripétie qui participe à la surenchère. Notons néanmoins que cette séquence est une partie mineure de l'ensemble du film.


En définitive, Arctic ne se distingue pas des autres survival movies mais Mads Mikkelsen porte une histoire prenante et dépaysante. 



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