Les sorties de la semaine

lundi 18 avril 2016

Le Livre de la Jungle


Synopsis :

Mowgli, le petit homme de la jungle, est élevé dans la meute des loups. Néanmoins, le tigre Shere Khan affirme qu'aucun homme ne doit vivre dans la jungle. Mowgli deviendra une menace une fois adulte selon ses dires. Shere Khan décide alors de s'occuper du petit homme lui même...


Commentaire : 

Une perfection technique


La première chose à dire concernant ce film est le défi technique relevé avec brio. Tant l'environnement que les animaux sont d'une beauté bluffante. On pourrait parler de réalisme certes, dans la texture et le mouvement des animaux mais il faut rajouter à cela une petite dose d'expressivité humaine sur le faciès des animaux. Cela donne un résultat époustouflant. Tout en étant magnifiques et crédibles, les animaux sont des personnages sur lesquels on peut se projeter facilement, à l'instar du chef d'oeuvre animé d'origine. 

Un film d'action dans le respect du Disney de 1967

Jon Favreau apporte ici sa science de l'action en donnant à ce remake en live action le rythme et la puissance des blockbusters contemporains. Ce dernier avait prouvé sa qualité d'exécutant avec notamment les deux premiers Iron Man, il confirme ici son talent à la réalisation. Il n'est certes pas véritablement auteur mais dans sa construction, le film est prenant, touchant et impressionnant tout en restant très fluide. Il s'agit jusqu'ici du meilleur blockbuster de 2016. Ce film confirme également que Disney est toujours assez à l'aise pour les remakes en live action de ses classiques. Avec Maléfique, Le Livre de la Jungle est certainement un des plus réussis. Cette adaptation est assez proche du film de 1967 tout en étant plus sombre, donc rejoignant l'oeuvre littéraire de Kipling. Le film sauvegarde deux chansons iconiques - une troisième en générique -  et intègre le thème "The Bare Necessities" à la bande musicale de John Debney. On retrouve également des plans et des phrases du film original ainsi que le personnage du Roi Louie inventé à l'occasion. Pour les nouveautés; les personnages, en étant plus humains que dans le film d'animation, présentent des personnalités plus tranchées et plus sombres. Certaines scènes sont donc plus impressionnantes, parfois choquantes par rapport au film d'animation. La bonne idée du film de 2016 est d'avoir transformer le Roi Louie qui était originellement un Orang-Utan, en un de ses lointains cousins préhistoriques ; le Gigantopithèque. Par sa taille et sa puissance, le primate est encore plus impressionnant ; petite innovation tout en collant au film de 1967.
Ainsi ce film réussit un parfait numéro d'équilibriste, capable de satisfaire les amateurs du dessins animés et les amateurs des grandes productions rythmées plus adultes.

Des thèmes bien amenés [spoiler]

En tant que fable initiatique, le film est une ode à la liberté, à l'accomplissement de soi-même. Le Livre de la Jungle de 2016 traite comme celui de 1967 du passage progressif à l'âge adulte et des choix qui vont avec. La grande différence de la dernière version et son grand point fort est le dénouement de l'histoire. Mowgli reste dans la jungle car il souhaite y rester, peu importe sa nature d'homme. C'est à dire qu'il n'existe pas d'obligation fonder sur la nature de l'être, contrairement à ce que croit Shere Khan. Mowgli peut donc s'accomplir en tant qu'homme dans la jungle. Il s'agit bien entendu d'une fable qui n'est pas à prendre au sens littéral ; c'est le message d'épanouissement personnel par ses propres choix qui est important. 
Au-delà du message principal, la profondeur du film réside dans le fait qu'il présente des protagonistes avec des positions fortes, chacun ayant des arguments pour défendre sa posture. Shere Khan souhaite faire appliquer strictement la loi (loi qu'appliquent les animaux de la jungle dans le film) et utilise la force si cela est nécessaire. On se rend compte au cours du film que s'il peut avoir des arguments solides (l'homme est un danger pour la nature - une généralisation semblable au racisme au demeurant), Shere Khan est avant tout un tueur se servant de la loi seulement pour légitimer sa violence. Il s'agit peut-être du personnage le plus caricatural, et donc un peu moins intéressant, car presque méchant par essence. Bagheera est lui la véritable incarnation du respect de la loi. Se tenant scrupuleusement à celle-ci, il pense qu'il s'agit de la meilleure chose pour le bien de tous. Ainsi, il surveille que Mowgli ne construise pas des objets car formellement interdit. Il se charge également de raccompagner Mowgli chez lui car malgré sa tentative première, Mowgli n'est pas un loup ; il prône donc une éthique de responsabilité. Les Loups sont assez proches de cette posture. Néanmoins, Bagheera est intéressant et attachant car il a aussi intimement une éthique de conviction, c'est pour cela qu'il a sauvé Mowgli étant petit. Progressivement, il va comprendre ce qui est le mieux pour le petit homme, indépendamment des règles mais dans le respect de tous. Enfin, le personnage de Baloo représente le dernier type d'attitude vis à vis de la loi. Cet épicurien au sens antique ("il en faut peu pour être heureux") prône un respect de la loi mais modulable selon les situations. Tant que le bonheur est la fin de l'action, la loi peut être ignorée. Elle se résume plus à un guide de vivre ensemble qu'à un corpus à appliquer rigoureusement. Ainsi, la profondeur des personnages donne véritablement un sens à l'oeuvre qui délivre un message certes classique mais positif. 

En définitive, Le Livre de la Jungle est une véritable réussite. Si la technique d'animation, concernant notamment les animaux, est époustouflante, le film propose également un scénario intéressant, plus sombre que celui du film original, avec des personnages forts et un message pertinent.




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