Les sorties de la semaine

mardi 3 avril 2018

Ready Player One


Synopsis :

Dans les années 2040, l'humanité s'est réfugiée dans un monde virtuel nommé Oasis, pour fuir une dure réalité aux écosystèmes bouleversés et où les inégalités ont explosé. Wade est un jeune garçon, gamer plutôt doué. Il participe au concours organisé dans le monde virtuel avec pour prix l'ensemble des actions boursières d'Oasis, de plusieurs milliards de dollars... 


Commentaire :

Spielberg, maître de la narration

Le plus grand conteur du cinéma reste Steven Spielberg. Son cinéma est narratif et met toujours ses personnages au centre de l'intrigue, cela accolé à quelques scènes marquantes. Pour ce film de SF, se déroulant en partie dans un monde virtuel, Spielberg nous offre de nombreuses scènes très impressionnantes, dont la course automobile, d'une rare intensité et tellement pétrie de détails qu'une bonne partie nous échappe. Il en va de même pour la grande bataille de fin qui contrairement à la course, en devient parfois peu lisible. En effet, les plans sont tellement riches qu'un montage plus posé aurait pu être judicieux, à moins que cela soit l'effet recherché pour marquer le monde virtuel. La scène la plus originale dans le monde d'Oasis est surement celle du club disco avec les danseurs en apesanteur, scène intéressante car au montage plus lent, notamment dans sa première partie. Concernant le monde réel, le quartier des piles où habite Wade est particulièrement réussi et symbolise la dystopie. Quoiqu'il en soit, la réalisation est aboutie mais il ne faudrait pas oublier le département des effets spéciaux qui a été également à la hauteur. Pour le côté musical, hormis la reprise de tubes des années 80, c'est Alan Silvestri qui est à la manœuvre avec une partition williamesque. Là encore, le travail est fait.

Une histoire banale

Si le film est bien réalisé, l'histoire est elle le point faible du film du fait de son classicisme. L'histoire n'est pas mauvaise mais banale et très manichéenne. Le film, sur ce point, est plutôt adressé à un jeune public même si les références s'adressent aux quadragénaires ou aux passionnés de la pop-culture. Si le film est un succès, c'est plus en jouant sur un univers culturel partagé (et la très bonne réalisation) qu'en proposant une histoire intéressante. Les personnages sont par ailleurs peu charismatiques. 

Les thématiques classiques 

Une histoire classique se traduit par des thématiques classiques. Là encore elles ne sont pas mal venues mais présentées de manière très simples. Le film enfonce des portes ouvertes. Le principal questionnement porte sur la création qui ne peut être réduit, selon le film, à un sujet financier, d'où la lutte entre le joueur passionné et le patron de multinational pour le contrôle d'Oasis. Le second thème qui arrive en seconde partie porte sur l'amitié qui est la chose la plus importante selon l'histoire. Tout cela est juste mais un peu faible pour un film de science fiction. 

Les références, une interfilmicité utile ?

Le film a la grande qualité de prendre le jeu vidéo, en général, au sérieux indépendamment des références finalement anecdotiques pour le scénario. Il s'agit d'une légitimation de ce pan culturel par le cinéma et c'est en cela que le film est réussi. Les références aux jeux vidéos sont, elles, pléthores et bien trop nombreuses pour être toutes notées. Par ailleurs, elles ne sont guère mises à profit et servent plutôt d'arrière-plan général. C'est un peu dommage et frustrant. Dommage, car la référence à une oeuvre devrait être amenée de manière à avoir un sens dans l'intrigue, or toutes les références pourraient être remplacées, frustrant, car le spectateur s'attend à ce que des personnages dont il est fan passent à l'action. C'est seulement le cas pour King Kong, un robot de Gundam et le Géant de fer, mais là encore ces personnages manquent de singularité. A noter que pour une histoire se passant dans les années 2040, les références semblent un peu anciennes et plus convenir à la population contemporaine. Chose amusante, la référence la mieux exploitée n'est pas une référence de jeu vidéo mais une référence à un film : celle à Shining. Autant dans la mise en scène que pour son importance dans l'histoire, il est certain que c'était dans cet univers que Spielberg était le plus à l'aise. 


En définitive, Ready Player One est bon film de Steven Spielberg se déroulant dans un univers de pop-culture apprécié. Rien de transcendant au niveau des thématiques, mais les références et surtout la réalisation peuvent faire leurs effets. 




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