Les sorties de la semaine

jeudi 26 mars 2015

Still Alice



Synopsis :

Alice est un brillant professeur de linguistique. Professeur à la Columbia University, elle est au sommet de sa carrière professionnelle. Lors d'une présentation de son travail de recherche, elle a un trou de mémoire. Alice se rend compte qu'elle est de plus en plus sujette à des oublis quotidiens : mots, rendez-vous, événements. Elle finit par consulter un neurologue qui lui annonce qu'elle est atteinte d'une forme d'Alzheimer précoce et héréditaire. La vie d'Alice et de toute sa famille en est bouleversée... 

Commentaire :

Rendre le monde étranger, beaux procédés de mise en scène

Still Alice jouit d'une bonne mise scène qui permet au spectateur d'entre-apercevoir ce qu'est la maladie d'Alzheimer. Pour cela, les deux réalisateurs Richard Glatzer et Wash Westmoreland ont joué sur deux procédés cinématographiques. Premièrement, la mise au point qui permet lors des moments d'absence d'Alice, de représenter un monde qui lui est inconnu. L'environnement, c'est à dire l'arrière plan est rendu flou pour signifier qu'Alice perd ses repaires dans le monde. La deuxième technique est d'agir sur la luminosité de l'environnement, qui  peut rappeller la lumière céleste signe de la fin du voyage et également signifier un monde éblouissant et lissé sur lequel Alice n'a plus d'accroche. Ainsi, les deux réalisateurs arrivent parfaitement à transmettre l'idée et la sensation de perte de repaires, qui rend l'homme sans mémoire étranger au monde. Il est possible que Richard Glatzer, qui nous a quitté ce mois-ci, suite à la maladie de Charcot, comprenait mieux que quiconque l'isolement induit par la maladie. Il a ainsi su transmettre visuellement cette épreuve. Le film réussit ainsi parfaitement son pari de traiter de la maladie d'Azheimer. Il rend cette maladie perceptible pour le spectateur qui peut en faire une certaine expérience. 

La mémoire, fondement de la personnalité

Still Alice nous amène à nous interroger sur le fondement de sujet. Le sujet est un être pensant certes, mais il pense à partir d'un savoir, de connaissances. Un individu sans mémoire est une coquille vide ; c'est en ça que la maladie d'Azheimer est terrible. Elle enlève à l'individu ce qui fait de lui un être humain. Alice, qui est une femme intelligente, comprend que c'est son être/son "moi" qui disparaît. Elle lutte ainsi pour rester elle-même ; "Still", elle souhaite persévérer dans son être. Par les actions d'Alice dans le film, on comprend que lorsque tout souvenir a disparu, il n'est plus nécessaire de vivre. En fait, à ce moment là, le "moi" est déjà mort. L'histoire est tragique dans le fait qu'une fois arrivé dans une phase avancée de la maladie, il n'est plus possible de tenir ce raisonnement. Il n'est plus possible de choisir pour soi. Ce qui reste de l'individu est étranger au monde mais aussi étranger à son ancien et véritable être. 

Un oscar destiné

Kristen Stewart et Alec Baldwin sont excellents dans le rôle de la famille, touchée par le sort d'Alice. Il était important que l'entourage du malade soit bien interprété car pour Alzheimer, la famille est particulièrement affectée. Kristen Stewart, qui malgré un jeu qui est proche de ce qu'elle délivre habituellement, est très juste pour cette réalisation. Jullianne Moore est évidemment excellente mais la question est de savoir si cette interprétation lui valait l'oscar. Les films jouant sur le pathos en représentant des personnes handicapées sont souvent des films récompensés (Intouchables, la Famille Bélier). Dans un sens, cela prouve que l'homme a de l'empathie et éprouve de la compassion. L'oscar 2015 du meilleur acteur masculin a été attribué à Eddie Redmayne pour son interprétation de Stephen Hawking atteint de la maladie de Charcot. Jullianne Moore obtient le sien pour le rôle d'une malade d'Alzheimer. Dans ce rôle, une actrice de talent comme Jullianne Moore ne pouvait semble t-il passer à côté de l'oscar. Était-ce la meilleure des nominées ? Sans doute. Était-ce la meilleure performance de Jullianne Moore ? J'en doute.

En définitive, ce film est un bon moyen d'appréhender Alzheimer. Au-delà du sujet, cette histoire contentera d'abord les amateurs de drames. 


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