Les sorties de la semaine

lundi 23 mars 2015

Big Eyes


Synopsis :

Margaret est une mère divorcée élevant seule sa fille. Elle est peintre ayant pour particularité de représenter des enfants, souvent sa fille, avec des yeux immenses. Toutefois, son art ne rencontre pas le succès avant qu'elle ne rencontre Walter. Peintre également, il essaye à tout prix de faire connaître les tableaux de celle qui deviendra sa femme. Pour mieux vendre les peintures de Margaret, il s'en attribue la création...


Commentaire :

Un surprenant Tim Burton

La pâte de Tim Burton n'est pas aussi manifeste que d'habitude dans ce biopic artistique. Le simple fait que le film soit un biopic réduit grandement la possibilité du développement de cette atmosphère gothique si singulière à Burton. Toutefois, les yeux disproportionnés des tableaux rappellent très vite les films d'animation de Burton. Ce dernier concède d'ailleurs adorer les tableaux de l'artiste peintre. La caméra subjective de Margaret permet également à Burton de faire surgir l'imaginaire dans la réalité. Néanmoins, de manière générale, la mise en scène est plutôt sage et fonctionnelle tout en restant élaborée. Le film ne tente pas de dénaturer ce qu'a pu être la vie de Margaret Keane, il paraît plutôt être réalisé de manière consciencieuse afin de restituer au plus près l'histoire de cette femme. Amy Adams est excellente dans le rôle de Margareth Keane, et Christopher Waltz est comme à son habitude admirable. Le film arrive donc bien à retracer la vie de cette artiste et à expliquer les enjeux autour de l'art.

La société patriarcale

Les messages présentés dans ce biopic sont clairs. Il y a d'abord la thématique centrale concernant la place de la femme dans la société américaine - périodes 50 - 60 - 70 et de la difficulté d'être une femme artiste. Le film présente une société où le patriarcat est encore central, la femme pouvant tout au plus être l'assistante du maître peintre, avec la scène édifiante où Margaret est réduite à faire le service lors de l'exposition de ses tableaux. Il est donc refusé à la femme tout rôle moteur dans la famille et dans la société. Cette donnée sociale est renforcée par les enseignements de l'Eglise qui pousse Margaret à se laisser dominer par Walter, elle qui a déjà peu de caractère. La critique envers la religion n'est toutefois pas si poussée car, c'est un fait l'histoire de Margaret, ce sont les Témoins de Jéhovah qui finissent par donner à celle-ci la force de s'opposer à son mari. On note toutefois de manière générale que la société civile et religieuse sont encore réticentes à accorder à la femme toute sa place.  

Art ou Marchandise

Il y a également toute une série de réflexions sur l'art: notamment la question de l'art et de la reproductibilité, de l'art et du phénomène de mode, de l'art et de la société de consommation. En définitive, il y a un questionnement sur l'art de notre temps et sur la forme de l'art contemporain. On constate que la notion d'art est facilement manipulée dans cette société mais le film, qui a avant tout pour but de raconter la vie de Margaret Keane, ne donne pas son avis sur ces questions. D'ailleurs dans le domaine de l'art, y a t-il une vérité universelle ? Il semble que non puisque l'art est avant tout personnel, d'où la souffrance de Margaret dans le film. 

Bonus : Un message caché de Tim Burton ?

Cela serait sûrement de la sur-interprétation de faire un rapprochement entre la vie privée de Tim Burton et l'enjeu du film mais risquons nous à émettre une idée en ce sens. Tim Burton s'étant séparé d'Héléna Bonham Carter récemment, cette dernière n'étant pas pour une fois dans le film de son compagnon, y'aurait-il un écho du film au-delà de son histoire en présentant un homme qui est moindre sans sa femme ?  Il s'agit après tout du plus faible démarrage d'un film de Tim Burton sur le territoire américain...  

En définitive, ce dernier Burton, plutôt sage, arrive parfaitement à retracer la vie de Margaret Keane.



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