Les sorties de la semaine

mercredi 25 mars 2015

The Voices


Synopsis :

Jerry est un employé d'usine, considéré comme très simple et gentil. Il vit seul avec son chat et son chien. Tout à fait normal en apparence, Jerry souffre toutefois de problèmes psychiatriques depuis son enfance. Lorsqu'il omet volontairement ou involontairement de prendre ses médicaments, il entend des voix. Son chien et son chat se mettent alors à prendre la parole et tels un ange et un diablotin, essayent de pousser Jerry à faire le bien ou le mal...


Commentaire :

Une mise en scène très réussie

La réussite d'une mise en scène tient à l'adéquation avec le propos traité par le film. Ici, il est question de la schizophrénie. En jouant sur la colorimétrie de l'image et sur la représentation à l'écran de l'imaginaire de Jerry, le film arrive parfaitement à nous montrer tour à tour un monde angélique vu selon Jerry et un monde objectif et macabre. Ce procédé de mise en scène permet de nous mettre face à des choses que l'on sait horribles mais tolérables à l'image car représentées à travers le filtre perceptif de Jerry. Il en résulte un humour noir jouant sur un comique de situation puisque derrière cette vision idyllique se trouve la réalité macabre, susceptible d'être découverte par les autres personnages et par nous spectateur. Une réelle tension s'installe car nous ne souhaitons pas voir cette réalité qui serait insupportable. Le génie de la réalisatrice Marjane Satrapi est de reprendre des images bien connues à son compte en faisant, par exemple, discuter à travers le prisme de Jerry, le chat maléfique et le chien raisonnable (la conscience prise entre l'ange et le diable). Simple prétexte pour faire discuter des animaux, le résultat est assurément très amusant. Ajoutons également que Ryan Reynolds, dans le rôle de Jerry, interprète parfaitement son personnage simplet et schizophrène, le comique de caractère se superposant au comique de situation. 

Tu n'es plus mettre dans ta propre maison

Derrière le malade souffrant de troubles psychiatriques, il est très clairement question du sujet dont l'ego est profondément blessé par l'affirmation de Freud "le moi n'est pas maître dans sa propre maison". Le fondateur de la psychanalyse remet précisément en cause l'unité du sujet. Il vrai ici que le cas est un peu particulier car il ne s'agit pas d'une dualité conscience - inconscience mais d'un individu à deux consciences voir plus en fonction des voix qu'il entend. C'est un cas extrême de sujet qui n'ayant pas d'unité a énormément de problèmes à appréhender le monde extérieur. De manière assez corollaire, on attendrait que la question de la responsabilité surgisse et que le film vienne peut-être interroger ce que le droit propose lorsqu'il faut juger ces individus. Toutefois, il n'en est rien. Le film présente de manière horrifico-comique l'histoire d'un malade psychiatrique mais ne dit mot sur le fond. Venant de la réalisatrice de Persépolis c'est tout de même assez étrange, mais la fin du film semble quand même aller dans ce sens. 

En définitive, un film construit sur de superbes idées de mise en scène avec un humour qui fait mouche. Dommage néanmoins que le film se contente de la comédie en évitant de réfléchir profondément sur son "sujet".



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