Les sorties de la semaine

vendredi 25 décembre 2015

Au Coeur de l'Océan


Synopsis :

L'Essex, baleinier du XIXème siècle, part à la recherche d'huile de baleine. George Pollard est le capitaine du navire mais c'est le commandant en second, Owen Chase qui prend en main toute la navigation. Pendant quelques mois, la chasse est peu fructueuse mais l'aventure va s'animer lorsque le chasseur devient la proie... 


Commentaire :

Ron Howard toujours solide à la réalisation

Ron Howard réalise ici un film très prenant. La réalisation est rythmée tout en limitant les scènes de pure action. En effet, le but est de mettre sur écran "l'histoire vraie" et non le roman de Moby Dick. Ron Howard propose des scènes d'action comme dans tout film de divertissement mais ménage des pauses, cela renforçant l'effet de réalisme. L'histoire est racontée a posteriori par un personnage ; il y a donc également des retours entre les deux époques. De plus, au sein de l'histoire principale, Ron Howard s'attarde énormément sur le contexte et les relations entres les personnages. Le rythme est dynamique mais l'élément qui peut laisser un goût étrange à la sortie du film est le fait qu'il n'y ait pas vraiment de climax. Néanmoins, on expliquera cet élément ultérieurement par le fait que l'aventure de la chasse à la baleine n'est en fait pas le cœur de l'histoire. Les décors sont eux magnifiques, la ville mais surtout le baleinier d'époque. Les baleines dont le cachalot blanc sont d'un réalisme stupéfiant. Tout en étant fonctionnel, l'esthétisme des plans est très travaillé et l'étalonnage des couleurs renvoie constamment au bleu de la mer. Les plans de dérive dans l'Océan Pacifique ne vont pas sans rappeler de temps en temps Le Radeau de la Méduse, d'ailleurs il s'agit de deux tragédies de la même époque. Notons également que de nombreux plans ont une réelle profondeur de champ rendant la 3D très immersive. La musique de Roque Banos est mise à l'honneur par la mise en scène de Ron Howard, celle-ci laissant la bande musicale s'exprimée lors de séquences descriptives.

Le travail des personnages (Spoils)

Les personnages sont travaillés et notamment les relations entre eux. Les acteurs sont excellents, portés par le charismatique Chris Hemsworth (Chase). Certains pourront faire le reproche de la relégation de Moby Dick au second plan, car il est vrai que le cachalot, tout cristallisant l'attente des personnages et des spectateurs, n'est pas tant le sujet du film. Néanmoins, il faut rappeler qu'il ne s'agit justement pas de Moby Dick mais du cachalot blanc ayant inspiré la légende et qui malgré tout est déjà bien singulier pour un cachalot. Les personnages centraux de l'intrigue sont donc le capitaine (Pollard) et son second (Chase) dont Ron Howard s'attache à décrire leur état d'esprit et à filmer leur physique meurtri dans la deuxième partie du film. 

Thématiques intéressantes (Spoils)

Il y a, tout au long du film, le sentiment que Ron Howard veut aborder énormément de sujets traitant à la société, d'où la "pale" figure du cachalot. Le premier élément à noter est que malgré l'enthousiasme des personnages, le sujet central du film, c'est à dire la chasse à la baleine, est montré comme une activité brutale et sanguinaire . Ron Howard nous montre des cachalot se faire harponner et il insiste plus sur leurs tentatives de débat et de fuite que sur l'effort des marins. Le film insiste également lors d'une scène sur le fait que c'est une mère protégeant son petit qui est prise pour cible. Lorsqu'un cachalot agonisant est achevé, le personnage de Chris Hemsworth (Chase) et le narrateur personnage semblent tristes. Le découpage de la bête est également filmé de manière à répugner. D'ailleurs le film montrera en conclusion le personnage de Chase changeant d'activité ; peut-être la morale de l'histoire. Le cachalot blanc est lui traité à la manière d'un Godzilla venant rétablir les équilibres naturels, bousculés par l'avidité et la perte de raison de l'homme (le film le dit explicitement). Alors que les personnages se pensent les créations supérieures de Dieu, le cachalot vient les remettre à leur place. Il ferra même preuve de compassion. C'est le seul "personnage" qui montrera une attitude positive que l'on attribut habituellement à l'homme. Ironiquement, cette compassion est absente chez les hommes : une scène montre un vaisseau croisant les naufragés et ne leur portant pas secours du fait que ces derniers ait dû tomber dans le cannibalisme.
Les armateurs de chasse à la baleine sont eux traités comme des figures du capitalisme. Ils ne se soucient ni des hommes ni de l'honneur. Il est d'ailleurs fait un lien intéressant entre l'huile de baleine et le pétrole qui va lui succéder. 
L'autre thème particulièrement important, si ce n'est le plus important, est la question de classe. Le capitaine Pollard est de sang "noble" et cherchera toujours à imposer sa vision à Chase qui est lui d'origine sociale modeste et fils de criminel. Ron Howard ne laisse pas de doute quant au traitement du sujet : Pollard prend constamment les mauvaises décisions alors que Chase est iconisé. Pollard finira par reconnaître au fil de l'aventure que Chase, malgré son sang, est plus compétent que lui : et là est bien la seule chose qui compte dans l'adversité. 

En définitive, Ron Howard se sert de l'histoire ayant inspiré Moby Dick pour traiter de grandes thématiques sociales, le sujet étant un peu déplacé en conséquence par rapport à l'attente. Néanmoins le fond et la forme y sont et le tout est divertissant. Un bon film! 



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samedi 19 décembre 2015

Star Wars, Le Réveil de la Force


Synopsis :

30 ans après la chute de l'Empire, une organisation à l'idéologie semblable prend progressivement le contrôle de la galaxie. La République et la Résistance sont débordées et Luke Skywalker est introuvable... 


Commentaire :

Divertissant : Dynamique et Nostalgique

Abrams sait y faire en mise en scène narrative et en effets spéciaux. La mise en scène est globalement plus dynamique en terme de plans et d'action que les anciennes trilogies. Hormis la première demi-heure qui iconise le grand méchant Kylo Ren et prend le temps de présenter la nouvelle héroïne Rey et son environnement (la planète Jakku), le film est un flot continue d'action. Les scènes s'enchaînent à une vitesse folle ce qui rend l'ensemble très dynamique et fluide. Il n'y a pas de fulgurance dans la mise en scène, cela rendant par contraste le dernier plan encore plus marquant avec le mouvement circulaire typique de la prise de vue en hélicoptère. La mise en scène, assez fonctionnelle, n'est pas formellement marquée par Abrams si ce n'est le flash back dans la scène de la cave et le cliffhanger, des procédés plutôt sérials. Cette nouvelle touche est certes originale pour la saga mais plutôt simpliste comme procédé de mise en tension. On note par ailleurs quelques transitions héritées de Lucas ainsi que certains plans hommages comme pour les X-Wings. Concernant l'envergure du film ; autant les lieux que les personnages délaissent le monumentalisme shakespearien pour un environnement moins foisonnant (à l'image de la première trilogie et en opposition à la prélogie et son monumentalisme antique) et des personnages au traitement plus naturaliste, c'est à dire moins théâtraux. Finn a un côté pragmatique le rattachant plus à un Han Solo, franc avec une touche d'humour qu'à un personnage sérieux de la prélogie (si on omet Jar Jar). Le monumental disparaît dans la bande musicale, Williams s'adaptant au style d'Abrams : résultat, moins de thèmes marquants mais un travail sur la finesse de la mélodie. Concernant les effets spéciaux, le bon point est le retour aux animatroniques pour un résultat plus réaliste et plus organique. En terme de design, BB-8 et Maz sont de très bonnes trouvailles. Le design de Kylo Ren, grand nemesis, est également un succès. Ainsi, le film fonctionne très bien en tant que divertissement autant du point de vue de la mise en scène narrative, très dynamique que d'un point de vue esthétique.

Copier et tuer le père

L'amour déclamé pour la première trilogie est telle qu'il est tout de même problématique. La nostalgie fonctionne plutôt bien avec le retour des personnages stars (Han Solo, Leia & Chewbacca) mais beaucoup moins avec l'hommage scénaristique. L'épisode se trouve être un condensé des épisodes IV, V, VI, (Jakku - Tatooine, Nouvelle étoile noire, Luke - Rey, Han Solo - Finn, Maz - Yoda, BB-8 - R2D2, Résistance - Rébellion, Empire - Premier Ordre) ce qui explique en partie son dynamisme mais qui provoque une négation des accomplissements scénaristiques précédents. Luke et Leia ont échoué à éliminer le côté obscur, l'accomplissement politique de la rébellion est fortement amoindri. L'accomplissement de la prophétie autour d'Anakin est nié : bien qu'il s'égare pendant un certain temps de sa voie, il finit tout de même par éliminer l'Empereur et à ramener l'équilibre dans la Force. Or on apprend ici qu'il n'en est rien. On est si loin de ce but que l'épisode s'appelle le Réveil de la Force, ce qui montre parfaitement qu'il n'y avait nul équilibre. La volonté d'Abrams et des scénaristes de refaire la trilogie entraîne aussi des contradictions dans le système politique présenté. La Rébellion (Résistance) et la République ne peuvent pas coexister, la République est le prolongement politique de la Résistance; ce ne sont pas deux systèmes parallèles. Néanmoins l'hommage d'Abrams obligeait le retour de la Résistance : c'est cette situation de lutte contre un pouvoir fort qui l'intéresse. Il a vite fait de rayer de la carte la République grâce à sa grosse étoile de la mort, histoire de pouvoir faire son reboot. Pourtant, le groupe anti-système dans l'épisode VII n'est pas la Résistance mais bien le Premier ordre, qui aurait pu être qualifié d'ailleurs de "Groupe terroriste" (pour montrer que la qualification de résistants ne dépend pas seulement de sa place par rapport au système mais de l'objectif idéologique de la lutte). A ce titre, notons que Kylo Ren rassemble plus à un jeune radicalisé en rupture avec ses parents se réfugiant dans une idéologie violente et totalitaire (une fois le masque tombé) qu'à un grand méchant de Lucas.

Les messages entre modernisme et redites

Un des majeurs problèmes de l'épisode VII est qu'il n'apporte pas de nouveaux questionnements étant une redite de la première trilogie. C'est d'ailleurs pourquoi de nombreux fans ont conspué la prélogie car elle apportait des questionnements nouveaux et donc différents. La prélogie est un questionnement sur l'homme délaissant la raison pour les émotions et la pulsion. En toile de fond, il y a un questionnement sur la philosophie politique (le passage d'une république à un empire, traduit par les arguments de Platon ou Kant -Anakin- contre Aristote -Padmé). La première trilogie est un questionnement sur l'homme et sa filiation et la place du choix (Luke décide ne pas suivre son père). Le questionnement politique est plutôt absent de la première trilogie. L'épisode VII reprend le thème de la filiation père fils avec Kylo Ren et Han Solo dans un jeu de miroir inversé. Néanmoins, il n'y a rien à redire fondamentalement sur ce thème : Kylo Ren fait simplement le mauvais choix. Cela en devient donc juste un élément narratif. Cependant, il reste deux épisodes, peut-être que des questionnements nouveaux vont se poser. 
En revanche, il y a potentiellement un contre-sens fait à Lucas concernant la Force. Pour ce dernier, l'effort et l'éducation sont des clefs pour cultiver son être. La notion de maître et donc de savoir est fondamentale. Malheureusement, l'aptitude Jedi est presque autodidacte dans l'épisode VII chez Rey (voire Finn), celle-ci réussissant à tenir tête à un adepte entraîné du côté obscur. La Force n'est plus le fruit d'un travail. Cela entraîne un relativisme plutôt déplacé. Néanmoins, le message pourrait encore empirer si Rey se revèle être "une fille de", fille de Luke ou Leia par exemple. Cela voudrait dire que les hommes n'ont un destin exceptionnel que s'ils sont par nature exceptionnels, autrement dit de sang bleu. Les hommes ne sont donc pas tous égaux : comme message il y a mieux. Certes pour Lucas, il y a des petites différences de naissance mais il précise bien qu'Anakin ne fera jamais quelque chose d'exceptionnel s'il reste avec sa mère, c'est pour ça qu'il est pris en tant qu'étudiant. Si la saga s'engouffre dans cette voix, elle prônera une philosophie profondément fausse : les hommes ne sont pas égaux par nature mais l'éducation est relative. 
Ce qui est intéressant en revanche dans la nouvelle trilogie est le choix d'une femme et d'un héros principal de couleur. Cela est concrètement un choix moderne. Néanmoins, cela reste factuel car ces éléments ne sont pas pour l'instant un moteur de l'intrigue. Bref, concernant le travail sur les messages, ce film est peu pertinent à l'image d'un Jurassic World au regard de son original. 

En définitive, Lucas a tout compris lorsqu'il dit que "ce film devrait plaire aux fans" lorsqu'on connait son rapport avec ces derniers. Pour les autres, c'est un bon divertissement tenant beaucoup plus du fan-film que d'une réappropriation de la saga. Abrams est plus à l'image de son méchant, un fétichiste de la première trilogie qu'un nouveau maître... I have a bad feeling about this. 



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mercredi 25 novembre 2015

Hunger Games : La Révolte Partie 2


Synopsis :

Alors que la Rébellion a réussi à récupérer Peeta, ce dernier garde toujours des traces du formatage que lui a fait subir le Capitole. Katniss, aussi affectée physiquement que psychologiquement, doit continuer à soutenir la Rébellion pour mettre à bas la dictature...


Commentaire :

Réalisation propre

Francis Lawrence termine la saga avec un film très bien ficelé. La réalisation reste classique mais fait parfaitement son travail. Beaucoup de gros plans sont présents afin d'insister sur le ressenti des personnages, le travail sur la psychologie des protagonistes étant particulièrement important dans cet épisode. Ce que l'on pouvait reprocher au précédent volet au niveau du rythme est absent ici. En effet, le film est dense avec beaucoup d'action et de tension, notamment dans ses premiers trois quart. Un passage rappelle même des scènes de films tels que The Descent ou Alien, tant le film monte en tension. La dernière partie est plus calme du fait du travail sur les messages du film que l'on décrira en dernière partie. Même si la fin est un peu longue, il ne faut perdre de vue que le Hunger Games, La Révolte Partie 2 doit conclure les quatre films. La musique de James Newton Howard est excellente et pallie les scènes qui pourraient paraître trop longues (la dernière scène du film en est un exemple). Nous pouvons également dire quelques mots des décors, très photos réalistes et réussis. Ivry sur Seine, Noisy-le-Grand et le Château de Voisins sont des éléments du décor qui rendent très bien à l'écran pour représenter Le Capitole. En définitive, ce dernier épisode est très bien réalisé et fait aboutir de manière très clair toutes les intrigues. 

Acteurs excellents 

L'ensemble des acteurs est excellent. Julianne Moore et Donald Sutherland sont très bons dans leur second rôle, ainsi que le regretté Philip Seymour Hoffman dans son dernier rôle au cinéma. Jennifer Lawrence est toujours aussi sublime et d'une justesse impressionnante. Elle porte toute seule la franchise depuis le début. Par ailleurs, son personnage est tourmenté dans ce dernier film, parfois dépité, triste, en pleine réflexion ou déterminé et Jennifer Lawrence est toujours parfaite dans son interprétation.

Les messages : conclusion du questionnement politique

La conclusion des différentes intrigues permet de constater la réelle profondeur de la saga.
Il y a tout d'abord la question politique qui est le thème principal d'Hunger Games. Cette dystopie est l'histoire de la révolte contre un pouvoir tyrannique. La question de la propagande est au centre de l'intrigue puisque Katniss Everdeen est constamment instrumentalisée par les deux partis. Katniss n'est pas différente des autres, elle n'est pas un super-soldat, mais elle est un symbole construit capable de soulever les foules. D'ailleurs, elle comprends elle même la situation ; sa seule destinée possible se trouve malheureusement pour elle dans les clips de propagande de la rébellion, alors qu'elle critique de plus en plus les moyens utilisés pour atteindre la victoire. La réalisation insiste constamment sur les écrans dans l'écran afin de montrer la bataille de propagande entre les deux camps. La grande force de ce dernier épisode est qu'il montre que la Rébellion n'est pas si parfaite que cela. Autrement dit, Katniss et le spectateur font la critique du camp présenté comme gentil depuis le début.  Le renversement du pouvoir tyrannique devra amener un changement du système politique sinon les batailles menées auront été inutiles. Le problème n'était pas tant une question de personne (Snow) que de système politique. 
Le deuxième élément particulièrement mis en valeur dans cet épisode est la trace de la guerre sur les hommes. En cela, Katniss, très affectée, montre qu'elle n'est qu'une simple humaine. La guerre n'est pas seulement une tragédie de l'instant mais un désastre à long terme pour les esprits. Montrer la guerre et les conséquences de la guerre est un choix très intéressant. 
Enfin, le dernier message se trouve dans la conclusion de l'intrigue du trio amoureux, qui était auparavant un élément du scénario assez ennuyant du fait qu'il ralentissait l'intrigue principale. Néanmoins, cet épisode réussit à donner un sens à cet enjeu qui ne se trouve pas être juste un élément pour adolescents. Elle délivre une véritable conception de l'amour. Katniss remettra constamment en doute son choix au regard des actions de Peeta et de Gale pour choisir celui qui possède l'éthique de vie la plus juste.

En définitive, ce dernier Hunger Games se trouve être le meilleur épisode de la saga. L'action et la tension sont constantes et la psychologie des personnages est très travaillée. Ce dernier épisode délivre un véritable message sur la politique et les moyens de la guerre en concluant l'intrigue qui courait sur les quatre films.



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mercredi 18 novembre 2015

James Bond : Spectre



Synopsis :

Bond, James Bond est en mission à Mexico lors de la fête des morts. Il est à la recherche d'un individu, Lucia Sciarra, qu'il doit éliminer. Néanmoins, l'agent 007 agit isolément, si bien que même ses supérieurs hiérarchiques actuels ne sont pas au courant de sa mission. Personne n'est digne de confiance...


Commentaire :

Réalisation et hommages impeccables 

En tant que plus gros budget de la saga James Bond, Spectre est effectivement impressionnant visuellement. Tous les plans sont pensés en terme d'esthétisme. La scène d'introduction ressemble (est?) à un plan séquence superbement chorégraphié. Cela est suivi par le magnifique générique de début, sur la sublime chanson de Sam Smith. Notons dans le registre musical que la partition de Thomas Newman respecte parfaitement le style des anciennes musiques de James Bond et ancre Spectre dans le mythe. Au-delà de la musique, énormément d'hommages en terme d'accessoires, de lieux et des effets de réalisations (parfois avec un résultat comique recherché) font référence aux premiers James Bond. Néanmoins, il faudra être un réel amateur de la saga pour tous les noter. Il sera également nécessaire d'avoir en tête les anciens James Bond version Daniel Craig pour se situer dans l'intrigue. Dans les très bons points, notons également les effets spéciaux qui ont privilégiés cascades, vraies explosions et décors en dur plutôt que d'avoir recours massivement aux effets numériques. Avec la pellicule 35 millimètres, cela contribue aussi à retrouver la patte des anciens James Bond. L'effet de crédibilité visuelle est là. Ainsi, en terme de réalisation pure, Sam Mendes a fourni un travail de qualité.

Scénario mécanique 

Le problème de Spectre réside dans le scénario. Peut-être que cela est dû au piratage dont a été victime Sony qui a obligé l'équipe à réécrire le scénario. Quoiqu'il en soit, la trame de l'histoire se déroule sans que l'on ne comprenne toujours pourquoi. Le film donne l'impression d'une succession de scènes, du fait que celui-ci n'ait pas assez appuyé les enjeux et les motivations des personnages. Cela n'empêche pas les scènes d'être bonnes isolément. Les explications sont donc un peu trop faibles pour justifier une progression logique de l'intrigue. Certaines scènes paraissent par ailleurs assez étranges d'un point de vue de la narration (dans une scène, James Bond subit "une expérience" qui aurait dû lui laisser des séquelles mais il semble en définitive n'avoir rien...). En outre, certains personnages sont anecdotiques ou sous exploités, comme Dave Bautista, Monica Bellucci et même Christopher Waltz, pourtant grand méchant de l'histoire et même de la saga selon le film. C'est assez dommage lorsqu'on connait le talent de ces acteurs. En conséquence, le scénario présente des faiblesses narratives qui tranchent avec la crédibilité visuelle. 

Des thématiques déjà vues et peu développées 

Le complot gouvernemental dans son ambition à contrôler tous les citoyens a déjà été abordé au cinéma, récemment particulièrement. Citons Captain America et le Soldat de l'hivers ou Mission Impossible: Rogue Nation. Spectre ne pousse pas plus le questionnement si bien que sa contribution sur le sujet est nul. Pourtant il y a des choses à dire sur la transparence ou le conflit entre despote éclairé/démocratie. La démocratie est posée comme un absolu indépassable alors les défenseurs du contrôle gouvernemental sont des méchants mégalomanes peu convaincants. En outre, on ne sait pas trop pourquoi la collaboration antiterroriste internationale est montrée comme une menace... bref, sur le fond, le film est plutôt faible.

En définitive, James Bond est un film de grand spectacle qui atteint la qualité visuelle attendue. Le scénario et les thèmes sont en revanche plutôt décevants, cela n'empêchant pas le moment de divertissement. 



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mardi 27 octobre 2015

Seul Sur Mars



Synopsis :

Mark Watney et ses coéquipiers sont en mission sur Mars dans un avenir proche. Alors qu'ils mènent des expériences, une énorme tempête est détectée. Le commandant décide d'avorter la mission et de quitter la planète. Malheureusement, Mark Watney n'atteindra jamais la fusée, emporté par les vents martiens...


Commentaire :

Une réalisation très propre

Ridley Scott réalise très soigneusement Seul Sur Mars. Comme à son habitude, les plans sont très travaillés, magnifiques lorsqu'ils montrent des paysages, avec un véritable sens (narratif ou explicatif) pour les personnages ou les éléments de décors comme les navettes et modules. On notera une introduction où on se prépare à voir la Terre alors que c'est la planète rouge qui apparaît, élargissant de fait l'horizon de l'humanité. On remarque également dès le début dans la mise en scène que Mark Watney est séparé des ses coéquipiers, que cela soit par les plans ou le costume. Ridley Scott confirme ainsi qu'il est un des meilleurs artisans dans son domaine. Toutefois, la réalisation reste classique, c'est à dire très narrative, si ce n'est les plongées totales pour faire écho aux images satellites. Que cela se passe dans l'espace ou non influe peu sur la grammaire filmique au contraire d'un Gravity. Soigné mais conformiste. 

Matt Damon au top

Malgré un casting extraordinaire (Jessica Chastain, Kristen Wiig, Sean Bean, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor etc), Matt Damon porte le film, notamment en première partie. Sa performance est très juste et sa présence suffit à maintenir l'attention. En effet, le personnage se retrouvant dans une situation de survie où rien n'est prévisible, la tension est constante. Les autres acteurs sont malheureusement plus anodins d'autant plus qu'ils sont nombreux. Leur jeu est juste mais ne marque pas.

Une ode à la science sans réelle philosophie (spoilers)

Le message principal du film est une ode à la combativité et à la technicité. En effet, sur Mars, il ne suffit pas d'être débrouillard, il faut avoir une immense culture générale scientifique et en plus, être pointu dans les différentes disciplines en question. Cette vision de l'astronaute renouvelle l'image de l'aventurier spatial. Un astronaute est avant un scientifique. Le personnage de Mark Watney est admirable car son goût à la vie le pousse à révéler son génie et à forcer son imagination. Pas de créativité sans contrainte... Mark Watney rivalise d'ingéniosité. Sur le fond, le film est très recherché scientifiquement, cela venant du matériau de base, le livre, très fouillé et de la collaboration de la Nasa. Rien que ça. Un spectateur néophyte qui n'est pas spécialiste dans les différentes disciplines scientifiques se perdra malheureusement de temps en temps. Certes, les tempêtes ne sont pas si violentes sur Mars, certes, la gravité martienne n'est pas fidèlement représentée mais pour le reste, tout est juste. Tout ce que fait Mark Watney est également conforme à l'état des connaissances scientifiques. 
Toutefois, le propos ne va pas beaucoup plus loin qu'une ode au progrès. En effet, ce film est plus un film de survival où l'espace relève avant tout du contexte (on ne sait pas réellement pourquoi une équipe est sur Mars) qu'un film de Science-fiction posant un questionnement philosophique sur l'humanité ou l'origine du tout. Ainsi Seul Sur Mars est plus proche d'un Gravity qu'un Interstellar ou un 2001 L'Odyssée de l'Espace. Néanmoins, Gravity était doté d'une réalisation particulière qui le distingue de beaucoup et bien qu'il s'agisse d'un survival spatial, il était rempli de symboles et posait en définitive une question sur l'humanité. Pour Seul Sur Mars, la question est plus "comment" que "pourquoi". De ce fait, comme il a été dit, les personnages sont attachants sans plus, l'émotion est faible. Lorsque Mark perd ses coéquipiers et les retrouve, le film reste très sobre. La solitude n'aura pas été l'occasion de l'introspection. Ainsi, si Ridley Scott est un très bon artisan, il n'est pas un véritable auteur. La technique et la science ne se justifient pas par elles-mêmes.

En définitive, Seul Sur Mars est un très bon film de survival, doté d'une réalisation soignée. La science est montrée sous son meilleur jour. Dommage que l'espace soit paradoxalement plus contextuel que fondamental, limitant de fait les questionnements profonds allant de pair avec les grands films de science-fiction. 




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Bonus teasing
(Introduction à l'histoire du film - se passe avant le début du film)












(Pendant l'intrigue du film)



Pour les anglophones, est-ce que Seul sur Mars est scientifiquement correct ?


jeudi 22 octobre 2015

Paranormal Activity 5 Ghost Dimension


Synopsis :

La famille Fleeges emménage dans une superbe maison. Tout se passe à merveille mais ils remarquent que leur petite fille Leila parle seule de temps en temps. Son père Ryan trouve une caméra et des cassettes dans la maison, qu'il regarde avec son frère Mike. On peut y voir deux petites filles, Kristi et Katie parler d'un certain Toby, comme le fait Leila...


Commentaire :

La 3D, la fausse bonne idée

Après quatre films (plus un cinquième sous forme de spin-off), Paranormal Activity 5 continue la trame principale des quatre premiers films canoniques (Tokyo Night reste toujours à part). Le scénario est correct et le cinquième épisode s'insère assez bien dans la saga, bien que l'histoire commence à paraître longue. Néanmoins, il y a une vraie cohérence globale et une fois l'intrigue développée, Paranormal Activity 5 semble bien poursuivre (ou conclure ?) l'histoire de la saga. Notons toutefois que celle-ci est simple et linéaire. Il y avait matière à inclure des rebondissements mais le film se contente de reproduire le déroulement habituel des Paranormal Activty, avec un petit côté Poltergeist. Cependant, il y a là une ambiguïté parce-que Poltergeist n'hésite pas à montrer le mal alors que la saga Paranormal Activity joue sur le hors-champ et des effets minimalistes. Le problème s'accentue avec l'idée de la 3D. En effet, seuls les phénomènes paranormaux sont en 3D, il faut donc nécessairement montrer. Si cet effet pouvait être pensé comme la nouveauté de la saga, il en résulte dans les faits une trahison du concept de base. Néanmoins, la direction arrive à bien gérer ce choix en limitant le paranormal, la 3D devenant paradoxalement accessoire (seule une caméra de l'intrigue voit les phénomènes paranormaux).  

Une mise en scène très moyenne et non renouvelée 

Paranormal Activity retombe finalement sur ses pieds avec la mise en place de l'ambiance traditionnelle jouant sur le son et les moments de tension. Les instants de sursaut sont habillement distillés, arrivant lorsqu'ils sont attendus ou à contre-temps, ce qui est toujours efficace. Il y a presque pour ce point une science à la James Wan. Malheureusement, il n'y a rien de nouveau dans la mise en scène. Les procédés restent les mêmes alors qu'il y avait une progression au cours des derniers épisodes (caméras panoramiques, nouvelles technologies). L'utilisation de la 3D entraîne une limitation dans la recherche de la mise scène. Le film ne devient plus qu'une succession de jump scares. Lorsque les choses sont visibles à l'écran, la tension est beaucoup moins forte. La peur se provoque donc par le jump scare. Le film en abuse, la réalisation s'étant surement rendu compte que le nouveau concept est moins efficace. Nous ne sommes pas loin du cinéma d'attraction. Saluons tout de même le fait que la saga reste toujours à l'écart du gore pour produire l'épouvante fantastique, ceci étant une très bonne chose.

En définitive, le recours à la 3D dans une saga n'est jamais bon signe, étant souvent le signe d'un manque d'imagination. Le choix est particulièrement contre-nature pour Paranormal Activity mais le film arrive à ne pas trahir complètement la saga. Le scénario progresse et les pièces du puzzle de l'ensemble des films font sens mais la réalisation régresse, se cachant derrière ses jump scares. A voir pour les amateurs de la saga.



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mardi 22 septembre 2015

NWA - Straight outta Compton


Synopsis :

Biopic du plus connu des groupes de rap NWA. Fin des années 80, E-Eazy, Ice Cube et Dr Dre décident de se lancer dans un hip-hop cru, décrivant la réalité de leur vie. Juger trop violent dans ses propos, le groupe NWA va tout de même exploser et conquérir l'Amérique...


Commentaire :

Biopic rythmé 

Ce biopic de plus de 2h30 présente un rythme soutenu, abordant la période d'E-Eazy petit dealer au début, à sa dernière bataille contre le sida. Le contexte américain autour des gangs fait que la tension reste constante au cours du film, d'autant plus si on ne connait pas l'histoire des membres de NWA. Ainsi, la soundtrack tout comme le récit font que le spectateur est complètement pris dans l'histoire, peu importe son intérêt pour le rap. Concernant la mise en scène, elle est tout à fait classique et fait parfaitement son travail de narration. 

Acteurs au top

Pour ceux connaissant un peu les membres de NWA, la ressemblance avec les acteurs au casting est flagrante. Ce soin esthétique est particulièrement poussé. Notons que l'interprète d'Ice Cube, n'est autre que le fils d'Ice Cube, cela aidant beaucoup à faire correspondre les physiques. Néanmoins, au delà des acteurs au demeurant très bons, la géographie et les lieux sont parfaitement fidèles, la partie se déroulant à Compton par exemple ayant été tournée à Compton même. 

Peindre un homme dans toute la vérité de sa nature

Le film a le grand avantage d'intégrer l'apparition du gangsta rap aux crises de la société américaine. Le côté militant des membres de NWA est parfaitement appuyé et peut même raisonner avec l'actualité des bavures policières aux Etats-Unis. Au-delà de retranscrire la réalité d'une époque (non-achevée), sachons quand même garder une certaine distance avec le film puisque celui-ci est produit par Dr Dre et Ice Cube. Sans remettre en cause la véracité de leurs personnages dans le film, il est nécessaire de prendre en compte cette information car l'objectivité sur soi-même est une tache compliquée, qui même lorsqu'elle est recherchée peut être discutable y compris lorsqu'on s'appelle Rousseau...Nul doute que ça l'est aussi pour nos rappeurs.

En définitive, ce film plaira aussi bien aux fans de rap qu'aux autres. Néanmoins, bien garder en tête qu'il ne peut être totalement impartial au vu des producteurs.


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mercredi 19 août 2015

Mission Impossible : Rogue Nation



Synopsis :

Ethan Hunt continue à contenir les menaces les plus sérieuses pouvant mettre en péril la paix dans le monde. Néanmoins le IMF (Impossible Mission Force) est dissout suite à de nombreuses bavures et son caractère opaque. C'est à ce moment que commence à agir une puissante organisation terroriste nommée le Syndicat... 


Commentaire :

Du très grand spectacle 

Mission Impossible - Rogue Nation propose du très grand spectacle d'action. Le ton est donné avec la scène d'ouverture, très impressionnante et dont les cascades sont non seulement réellement effectuées mais par Tom Cruise lui-même. La mise en scène de Christoper McQuarrie est elle très soignée, donnant les plus belles images possibles dans les différents lieux visités. La direction artistique est impeccable. Notons la magnifique scène de l'opéra, longue, intense et millimétrée. Les scènes d'action sont elles extrêmement découpées ce qui donnent un rythme effréné. Souvent, la musique complète magnifiquement l'image pour donner un véritable spectacle total, avec parfois le thème caractéristique de Mission Impossible.

Tom Cruise toujours excellent 

Le film est porté bien évidemment par Tom Cruise, qui est toujours aussi impressionnant. Son jeu est comme à chaque fois juste dans le rôle du héros. Physiquement, l'acteur reste encore et toujours aussi affûté pour nous offrir des cascades incroyables. L'acteur se consacre corps et âme à cette franchise et cela se ressent. Côté casting, mentionnons l'excellente Rebecca Ferguson qui tient avec brio le pendant féminin de Tom Cruise. 

Les thématiques : rien de nouveau

Mission Impossible - Rogue Nation reste un blockbuster d'espionnage et d'action. Il est question de l'action des Etats et de la poursuite de leurs intérêts, c'est à dire en deux mots de la politique selon Machiavel. La thématique du soupçon est présente pour ce qui concerne les Etats (les actions secrètes et leurs conséquences) mais aussi à propos des personnages (IIsa Faust est un personnage incertain). Tous ces sujets sont intéressants et donnent de la profondeur à l'intrigue en la rendant crédible et complexe. Toutefois, s'il est fait usage de ces thématiques, elles ne sont pas sur le fond questionnées. Mission Impossible reste un film de divertissement. 

En définitive, Mission Impossible - Rogue Nation est un film d'action de très grande qualité!


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lundi 10 août 2015

Les 4 Fantastiques


Synopsis :

Reed Richards est un génie depuis tout petit. Hormis son meilleur ami Ben, personne ne croît dans son rêve de créer un téléporteur. Néanmoins, il est repéré un jour par le Docteur Franklin Storm qui lui propose de venir travailler dans son centre de recherche. Il fait alors la connaissance de Sue, Johnny et Victor avec qui il entreprend de créer un téléporteur permettant de voyager dans un univers parallèle...


Commentaire :

Un Marvel Fox un peu en dessous

Josh Trank, réalisateur très prometteur après Chronicle, a été très limité pour mettre en place sa vision du film par le studio Century Fox lui même. Le film en demeure divertissant mais souffre de quelques défauts. Notons tout d'abord que la mise en scène est classique. Elle est propre et fonctionnelle mais ne se distingue pas des autres blockbusters. Le grand point positif de ce film est sa musique orchestrale qui apporte un souffle là où l'image est terne. Les effets spéciaux sont eux plutôt moyens sur certains plans, ces derniers ayant parfois en plus un cadrage étrange (nous pensons à un plan symétrique sur les modules du téléporteur dans le nouveau monde, qui accentue la sensation que l'arrière-plan n'est qu'un modeste fond vert). Soulignons tout de même la grande réussite de ce reboot; Ben (La Chose / The Thing) est particulièrement bien réalisé en numérique. Le montage et la structure du film sont assez eux discutables. La relative courte durée du métrage laisse penser que toutes les scènes de Trank n'ont pas été tournées ou insérées. Certains reprochent une genèse des super-héros trop longue. Nous pensons que c'est le final qui est en fait trop vite expédié. En vérité, le travail sur la jeunesse des super-héros, qui est manifestement issue de Josh Trank, est très bien réussi. L'histoire autour d'un enfant rêveur et plein de convictions est clairement un hommage aux films de Spielberg. La phase adolescente est également très bien gérée avec un bon travail sur la personnalité des personnages et les rapprochements ou les conflits qui pourraient apparaître entre eux. C'est finalement la dernière partie, qui correspond à la période des super-héros, qui est trop vite conclue. L'intrigue autour de Doom, ce personnage pessimiste, est intéressante mais trop peu détaillée. Notons qu'il ne s'agit pas nécessairement des super-héros les plus faciles à traiter, chaque Fantastique étant un peu caricatural. A ce titre, ce casting qui posait beaucoup de questions s'en sort bien. C'est néanmoins Reg E. Cathey (Franklin) qui tire son épingle du jeu. 
En définitive, le film semble déséquilibré. Il s'agit bien d'un problème de montage plutôt que de scénario, certaines parties de ce dernier étant plus étayées que d'autres à l'écran. Le scénario est lui correct et son seul problème de prévisibilité tient au fait que les anciens films des 4 Fantastiques sont récents et qu'ils permettent (notamment celui de 2005) de connaître le déroulement de l'histoire dans les grandes lignes.

Les thématiques

Commençons par une thématique subsidiaire qui est celle de la famille moderne. L'idée de Josh Trank autour de Sue, Johnny et Franklin est de présenter une possible forme de la famille moderne, celle-ci étant pour lui métisse et composée puisque Sue est adoptée. Ce parti pris, qui peut choquer les fans puisqu'il inclut un changement d'ethnie de personnages connus, dénote tout de même une véritable vision et intention de modernité. 
Le second sujet du film est le libre arbitre, présenté comme un rempart à la tentation du défaitisme ou du fatalisme (le nom original du grand méchant est Dr Fatalis / Doom). Reed voulait "pouvoir faire la différence" lorsqu'il était jeune, tout l'enjeu du film est qu'il garde cette motivation une fois entré dans un âge de raison. C'est une thématique somme toute récurrente des films américains mais juste et intéressante.
Enfin, la dernière thématique présentée est celle du multivers (une des théories de la physique). C'est ici qu'on voit la spécificité de Josh Trank dans les films Marvel. Celui-ci a peut-être d'abord voulu faire un film de SF avant de faire un film de super-héros, ce qui expliquerait (en plus des conflits avec la Fox) la dimension super-héros plutôt loupée. La première bande-annonce appuyait sur la veine Interstellar et promettait véritablement un film de SF. Le thème de la découverte scientifique et de l'aventure spatiale est au centre des motivations des personnages à l'âge adulte. Cette intention de réalisation explique peut-être aussi la faible dose d'humour puisque le but était de faire un film de SF sérieux, pour ainsi dire, éloigné des Marvel-Disney. Malheureusement, l'oeuvre étant bancale, le film ne défend véritablement ses sujets que pendant certaines scènes.

En définitive, ce film ne mérite pas le bashing dont il est victime bien qu'il soit en dessous des récents films de super-héros. Il reste divertissant mais trop schématique et prévisible.



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mercredi 5 août 2015

Renaissances



Synopsis : 

Damian Hale, magnat de l'immobilier, a tout réussi. Malheureusement, celui-ci est atteint d'un cancer en stade terminal. Malgré sa fortune, rien ne peut le sauver de la mort. Néanmoins, certaines techniques avant-gardistes en neurologie donnent de l'espoir à Damian. Une méthode appelée "la mue" offrirait une nouvelle jeunesse à Damian en lui octroyant un nouveau corps... 


Commentaire :

Mise en scène efficace 

Tarsem Singh, doté d'une filmographie plutôt inégale (Blanche Neige, Les Immortels pour les plus connus) réalise ici un bon film de SF. La durée du film, presque 2h, permet de développer le sujet sans qu'il n'y ait d'impression de longueur. La mise en scène est efficace. Cette dernière reste fonctionnelle mais est très propre. Le montage est rigoureux et est intéressant lorsqu'il est besoin d’accélérer le propos : celui-ci devient très découpé dans un montage parallèle pendant lequel les voix des personnages se superposent à d'autres moments de la narration. Cela permet de dire beaucoup de choses en peu de temps. Les moments pendant lesquels Damian est malade son également très bien réalisés et font leur effet, avec l'arrière plan flou et une caméra lancinante. Ce film, qui est doté de moyens modérés (26 000 000), est techniquement abouti et défend bien son propos.

Deux grands acteurs

Ben Kingsley est impressionnant en première partie, jouant parfaitement le milliardaire malade qui voit son heure arrivée. Malgré son faible temps à l'écran, il arrive à passer par toutes les émotions et à transmettre les états d'âme de son personnage au spectateur. Ryan Reynolds prend ensuite la relève dans un jeu beaucoup plus dynamique mais qui emprunte toujours certains éléments à Ben Kingsley. Ainsi, le propos du film, qui est un transfère de l'âme de corps en corps, tient la route.

Les thématiques : ne pas faire du temps un marché

On pourrait croire à première vue que le propos du film est l'immortalité et notamment son accessibilité via la recherche scientifique. En fait, ce thème n'est pas abordé et d'ailleurs faussement vendu par le personnage d'Albright. La technique développée dans le film n'est pas réellement une voie vers l'immortalité. Le film présente une technique permettant de copier la personnalité d'une personne, autrement dit, de transférer de l'information d'un corps vers un autre. L'homme est donc réduit à une masse d'information et le corps n'est plus qu'un véhicule vide. Au delà de la réflexion sur l'être humain nous pensons qu'il n'est pas question ici de l'immortalité car cette dernière nécessite une continuité du corps dans le temps. Dans le cas proposé, il serait possible de copier la personnalité d'une personne plusieurs fois sans pour autant détruire le corps original. Il n'est donc pas question véritablement d'immortalité. Écartons également la question de savoir si l'immortalité est une bonne ou mauvaise chose car le film ne la pose pas clairement (dans le film, l'allongement de la vie est possible au détriment des autres, le débat est donc faussé). Il y a en revanche deux grandes thématiques abordées. La première est à la commercialisation du temps via la commercialisation des corps humains. Lorsque le temps de vie devient une donnée échangeable "du marché", les mieux lotis en bénéficient et les plus pauvres se le voient voler. Dans le film, il est question de prendre du temps aux pauvres pour que les plus riches en profitent. Il y a ainsi des "dons" de corps, ce qui est proche de la réalité et de la question du trafic d'organe. Damian comprendra vite qu'une vie ne vaut pas plus qu'une autre et protestera contre cette méthode. Le deuxième questionnement concerne le sens de la vie. Dans le film, il est demandé à Damian de profiter de sa nouvelle vie sans se poser de questions. Or un homme presque par nature se pose des questions et Damian refuse de mener une vie où il satisfait seulement ses besoins naturels. L'homme, pour vivre a besoin de créer ,mais avant d'aller sur cette voie, Damian trouve le sens de sa nouvelle vie en entreprenant de rendre ce qui ne lui appartient pas. Le message porté par le personnage de Damian est donc juste.
La seule petite déception est que le film avertit plus qu'il ne propose : l'allongement de la vie ne se fait pas au détriment des autres. En outre, son postulat de transfert d'information sur un corps ayant un vécu relève de l'impossible. Le propos est donc moins fort que s'il avait été vraiment envisageable. La méthode de "la mue" est plus à prendre comme un moyen de questionner la commercialisation des corps sous toutes ces formes qu'une éventualité.

En définitive, ce film de SF est très bien réalisé et porté par deux bons acteurs. Les réflexions abordées sont intéressantes mais convenues sur le fond. 



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mercredi 29 juillet 2015

Ant-Man



Synopsis :

Tout juste sorti de prison, Scott souhaite revoir sa petite fille de 7 ans. Néanmoins, sans travail et avec un passif de cambrioleur, il est loin d'être le père idéal. Un ancien patron d'entreprise, Hank Ping, lui propose alors une mission en tant que seconde chance...


Commentaire :

Le retour à l'échelle humaine

Après une dizaine de films présentant des menaces de plus en plus grandes, le paroxysme étant atteint avec les Gardiens de la Galaxie qui mettaient en jeu le destin de notre galaxie, Ant-man apporte un peu de fraîcheur. Certes le danger est potentiellement d'ampleur planétaire mais il reste dans le film seulement potentiel. Cela ramène momentanément le danger à une échelle humaine et même moins puisque les combats les plus impressionnants se passent au niveau d'action d'Ant-man. Ainsi, le terrain de combat sera pendant une scène la chambre d'une petite fille. Le côté plus humain du super-héros se retrouve également dans le traitement du personnage, intégré certes au monde des Avengers mais ayant également une vie ordinaire. Il s'agit du premier héros ayant un passé normal qui plus est non idéal. Ainsi, on pourrait un temps se croire dans une comédie dramatique, cela donnant du corps au personnage. L'aspect comique est aussi poussé et réussi que dans les Gardiens de la Galaxie. Les acteurs Paul Rudd et Michael Douglas, tout comme le réalisateur Peyton Reed ne sont pas habitués au cinéma merveilleux ou de super-héros et du coup, apportent une touche réaliste intéressante. Au niveau de la mise en scène, la fraîcheur vient de la nécessité de filmer le tout petit. Il s'agit d'un tout nouvel environnement pour la franchise Marvel, ce qui la re-dynamise. Le jeu d'échelles est très bien gérer et le format particulier du 1:85:1 est intéressant dans cette optique. Notons que la courte scène au niveau subatomique apporte un côté ésotérique au film, seule la créativité pouvant aujourd'hui retranscrire le monde quantique.

Un peu trop simple

Bien que le film soit très réussi, il est possible d'en critiquer négative quelques aspects. Tout d'abord, dans la franchise Marvel, cette nouvelle péripétie donne un sentiment d'accumulation. Il arrive énormément de problèmes, sans lien entre eux, à l'humanité. Au bout d'un moment, cela devient embêtant puisque le schéma Héros vs Némésis se répète. D'autant plus que le méchant ici n'est pas très subtile,  il est très caricaturale. Un autre défaut est la simplicité du dénouement d'un problème auquel est confronté Scott, à la toute fin. La résolution paraît quand même très facile alors que la tâche avait été présentée, à juste titre, comme impossible. Il existe également quelques petites incohérences scientifiques ou manques d'explication, mais cela restera à l'appréciation de chacun. 

Les thématiques du film

Au delà de la question technologique consistant à souligner que l'impact de la technologie dépend de l'homme qui l'utilise, d'autres questionnements sont bien posés. Le premier que l'on peut évoquer concerne l'expérimentation animale. Dans le film, la cruauté du méchant se confirme (elle avait déjà été malheureusement évoquée) par son insensibilité vis à vis des bêtes. Au contraire, un personnage soulignera qu'il est du bon côté par son début d'empathie pour les animaux. Néanmoins, le méchant mettra justement en évidence l'incohérence de ce personnage, qui a plus d'empathie pour une brebis que pour une souris. En effet, un animal ne valant pas plus qu'un autre, le méchant souligne que le "bon" personnage fait preuve de spécisme. Cette idée n'est évoquée que pendant une courte scène mais reste très juste. Autre thématique plus longuement présentée, il s'agit de celle de la seconde chance. Scott a droit à une nouvelle chance, soulignant ainsi que l'humain est faillible et qu'il peut donc être pardonné. Néanmoins, ce dernier n'a jamais été profondément méchant, cela induisant qu'une deuxième chance ne peut être offerte à celui qui a trop fait de mal. Il s'agit d'une morale du film. 

En définitive, Ant-Man est un petit vent de fraîcheur chez Marvel, qui redonne aux super-héros un côté humain. Le film est néanmoins un peu facile sur certains aspects. 



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dimanche 19 juillet 2015

Les Minions


Synopsis :

Depuis la nuit des temps, les Minions recherchent un grand méchant qu'ils pourraient servir. Après plusieurs désillusions, ils semblent avoir trouvé leur maître en la personne de Scarlet Overkill...


Commentaire :

Toujours très inventif

Après les deux films Moi, Moche et Méchant, les Minions arrivent avec leur propre film. Déjà au centre des gags dans les autres réalisations, ils sont ici de véritables héros comiques. Les trois minions principaux sont dotés chacun d'une personnalité particulière et ne sont plus traités en tant que masse. L'humour repose autour de deux principes. Il y a tout d'abord un humour visuel et gestuel qui renvoie au cinéma des premiers temps. Le fait qu'il s'agisse d'un film d'animation renforce le potentiel comique des personnages car il n'y a aucune limite physique. Les minions n'inventent rien, le cartoon jouait déjà sur les libertés offertes par le dessin dans le passé. Il faut dire que ces créatures ont une forme particulièrement propice aux gags et qu'ils soient cuisinés à toutes les sauces est particulièrement amusant. Toutefois, le second procédé comique, encore plus puissant dans ce film, est leur parlé. Mélange de français, d'anglais et d'espagnol principalement, leurs répliques font mouche. En outre, hormis le mot "Banana", les autres mots dans leur langue respective sont totalement hors contexte. Lorsque Scarlet demande le nom d'une personne dessinée sur une peinture (représentant la Reine d'Angleterre), Kevin répond "La cucaracha ?", le cafard en espagnol! Même si on ne connaît pas le mot, la sonorité est amusante. D'ailleurs, il est assez drôle que les minions se fassent comprendre malgré leur langage. Ainsi, tout l'enjeu du film a été de fonder son humour sur autre chose que de (vrais) dialogues. Le seul défaut du film est que les gags sont répétitifs à la longue, d'autant plus que l'histoire est très simple. Néanmoins, cela reste un bon moment garanti. 

La passion de la méchanceté

La méchanceté est, comme dans les films précédents, plus une passion qu'autre chose. Pour les minions, la méchanceté est amusante. Ainsi ils se rendent à la Villain Con comme des amateurs de comics se rendent à la Comic Con ou les otakus à la Japan Expo. On remarque qu'il y a du côté des scénaristes et des réalisateurs une grande connaissance de ce type de conventions. La méchanceté est donc ici plutôt la métaphore d'une passion en général et les minions sont prêt à tout pour atteindre leur rêve. Dans le premier film Gru rêvait de capturer la Lune car enfant, il voulait y aller. Dans cette franchise il n'y a en vérité rien de moche ni méchant. Cette saga est touchante, amusante et mignonne à l'image des personnages des minions. 

En définitive, Les Minions est un très bon film d'animation reposant sur un humour simple. Avoir garder son âme d'enfant peut aider à avaler la pilule jaune.


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mercredi 15 juillet 2015

Insidious 3



Synopsis :

Quinn, jeune adolescente, vient de perdre sa mère. Sa tristesse la pousse désespérément à tenter de rentrer en contact avec elle dans l'autre monde. Elle fait ainsi appel à Elise, une medium. Cette dernière a arrêté de pratiquer mais décide d'aider Quinn. En effet, la jeune femme, en voulant appeler sa mère, a réveillé un esprit malveillant... 


Commentaire :

Dans la lignée de James Wan

Insidious 3 s'inscrit dans la lignée des précédents films de la saga bien que Leigh Whannell arrive derrière la caméra. Ce dernier n'est toutefois pas un inconnu de la franchise puisqu'il avait scénarisé les précédents. Il interprète également le personnage de Specs. La mise en scène ressemble à celle de James Wan avec notamment une ambiance horrifique installée dès le début et des longs moments de tension. Dès l'apparition du titre, le spectateur est prévenu. On retrouve certains angles caractéristiques comme des contre-plongées appuyées et des plans assez longs. Notons par exemple la très angoissante scène pendant laquelle Elise appelle le démon chez elle. Insidious reste donc une des meilleures sagas dans le genre de l'épouvante. Leigh Whannell se distingue néanmoins du maître de l'horreur en proposant des mouvements de caméra moins prononcés. La mise en scène est un peu moins joueuse du fait qu'il y ait moins de pièges tendus aux spectateurs. Ainsi, chez Leigh Whannell, lorsque la musique s'arrête et la tension s'installe, on est presque sûr que cela va se terminer par un jump scare. Toutefois, comme chez James Wan, ce procédé peut arriver à contre-temps pour un effet dévastateur sur les cœurs... On pourrait reprocher à Leigh Whannell d'avoir recours aux jump scares un peu trop souvent mais la réalisation reste très bonne. 

Construction d'un univers

Concernant l'univers, il est assez agréable de voir que le fond de l'histoire est plutôt travaillé. En effet, les films horrifiques sont souvent pourvus d'un univers basique et d'un scénario très stéréotypé. Les 3 épisodes ont une réelle cohérence : le spectateur continue la découverte du monde "du lointain" et en apprend plus sur les personnages majeurs de la saga. 

Le message

Le message qui se profile derrière le film est transmis via le personnage d'Elise, cela prouvant que cette dernière est véritablement l'héroïne du film. Elle est présente dans les films précédents et serait présente dans les suites si la saga continue. Les victimes des esprits ne sont donc que des personnages secondaires à l'échelle de la saga, à l'instar de Quinn ou de la famille Lambert auparavant. Le problème se posant ici pour Elise est l'utilisation de son don. Elle le considère comme partie intégrante de son être et pour elle, le refuser serait se renier. Elise décide un temps d'arrêter la profession de medium à cause d'un esprit la poursuivant. Elle fait donc ce choix en fonction d'un "autre". Tout l'enjeu du film est qu'Elise s'accepte telle quelle, peu importe les pressions extérieures. Le message est donc en fait universel. Elise ne peut réussir que lorsqu'elle accepte sa nature propre, celle qui lui permet de s'épanouir et d'avancer. En quelques mots, le message est le suivant : faîtes vos choix en fonction de vous, pas des autres.

En définitive, Insidious reste une excellente saga. La mise en scène de Leigh Whannell est un peu moins variée que celle de James Wan mais tout autant efficace. Les trois Insidious commencent à dessiner un véritable univers cohérent.




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dimanche 12 juillet 2015

Terminatori Genisys



Synopsis :

Alors que John Connor est en train de remporter la guerre contre les machines, Skynet, le cerveau des machines, envoie dans le passé un Terminator tuer Sarah Connor, la mère du leader de la rébellion. John Connor décide alors d'envoyer Kyle Reese pour protéger sa mère et assurer ainsi l'avenir à l'humanité... 

Commentaire :

Film à grand spectacle 

Ce dernier épisode de la saga réalisé par Alan Taylor (Thor 2  : Le Monde des ténèbres) est un film de science-fiction à grand spectacle. Il est très bien rythmé bien que peut-être un peu long. L'introduction nous plonge directement dans la guerre entre les hommes et les machines, dans un environnement apocalyptique total. Ce monde est très convaincant et les effets spéciaux bons. Globalement la mise en scène est purement fonctionnelle mais super efficace. Chaque époque contient sa dose d'action et de références, toujours accompagné d'une musique épique bien prégnante. Des anciens thèmes bien venus sont également utilisés, rajoutant à la dimension épique. Les personnages sont cohérents et leurs intentions sont claires, le scénario est, bien que prévisible, bien ficelé. Il existe des incohérences temporelles qui toutefois ne nuisent pas au spectacle. Ainsi, Terminator Genisys est un très bon divertissement, qui rappelle sans que cela ne soit vraiment étonnant au vu du réalisateur, les grandes productions Marvel. D'ailleurs, coïncidence ou non, cet épisode est doté d'une scène post-générique... Une chose que l'on pourrait négativement critiquer néanmoins, est la présence de scènes d'action parfois trop appuyées, sachant que cela est sûrement une référence aux films survitaminés des années 80 - 90. 

Schwarzy au top

Bien que le T-800 ne soit pas le personnage principal, Schwarzenegger crève l'écran. Le seul fait de le voir à plusieurs époques et donc à plusieurs âges est intriguant. Tout le côté humoristique du film provient de lui et il est aussi au centre de toutes les scènes de combats. Malgré le jeu robotique obligé, il arrive à être le personnage le plus attachant de l'histoire dans son rôle de vieux mentor. Il faut dire que Schwarzy bénéficie pleinement de la mise en scène : contre-plongée, ralentis, répliques cultes etc. Il est impossible d'imaginer un Terminator sans Schwarzenegger, sans quoi il s'agirait d'un simple film d'action sans personnage auquel se rattacher. En revanche, hormis le personnage de John Connor, les autres sont plus transparents. 

Thématiques toujours intéressantes

En tant que film de SF, les thématiques de Terminator Genisys sont toujours aussi pertinentes. Notez que pour ceux débutants avec cet épisode, le traitement du sujet est intéressant. Pour ceux ayant vu toute la saga, le propos de fond n'avance que peu. Ainsi, Skynet est un système intelligent mais froid duquel il faut se méfier. Il est arrivé à un tel niveau de puissance grâce à son hyper-connectivité et la dépendance qu'il a provoqué chez les humains. Cette thématique n'est pas nouvelle mais il n'était pas question non plus de rebooter la saga à zéro. Néanmoins, peut-être que le thème se renouvelle grâce au T-800 de Schwarzenegger, car le personnage, en évoluant, semble développer son côté humain et donc une conscience artificielle. L'autre grand thème du film, parfaitement approprié pour une saga parlant de voyage temporel, est la défense du libre-arbitre (Sarah Connor) face au fatalisme (Skynet qui doit advenir peu importe ce qui se passe). Ainsi, le fond de cet épisode est juste et pertinent bien que redondant.

En définitive, ce Terminator est un film à grand spectacle porté par Schwarzenegger. L'histoire est intéressante et rythmée. 



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jeudi 9 juillet 2015

Poltergeist



Synopsis :

Les Bowen déménagent dans une banlieue de l'Illinois suite à la perte d'emploi du père de famille, Sam. Griffin et Maddison, les plus petits de la famille, sentent rapidement que cette maison est étrange. Des phénomènes paranormaux se produisent et finissent par effrayer toute la famille...


Commentaire :

Une mise en scène et une contextualisation réussies

Poltergeist, remake du premier film du nom, est dotée d'une bonne mise en scène. Celle-ci permet d'installer directement une atmosphère angoissante. Par exemple au début, l'ensemble des plans (arrières et premiers plans) dans la maison sont flous, ce qui est assez déstabilisant. La maison est lumineuse, mais la teinte n'est pas naturelle, ce qui entraîne également un sentiment de mal-être. Les scènes d'angoisse sont souvent montées avec des plans assez longs, permettant à une caméra mouvante de se déplacer n'importe ou mais lentement. Ce procédé produit une tension qui bien souvent se termine par un jump scare assez efficace. A ce titre, la scène des clowns avec Griffin est particulièrement bien ficelée. Soulignons qu'il s'agit d'un film d'épouvante dépourvu de gore. Rien que pour cela, il est plutôt réussi, car la peur provient uniquement de la mise en scène. Dans les bons points, notons également le contexte de l'histoire dans une Amérique en crise, qui rajoute en profondeur. La banlieue américaine et le pavillon individuel ne font plus rêver. Beaucoup de maisons sont à vendre et le travail est difficile à trouver. Ces préoccupations de la vie quotidienne font que les esprits sont, au départ, le dernier des soucis des parents. Les enfants sont donc seuls face au phénomène du Poltergeist, ce qui accroît la tension. 

Une deuxième partie plus étrange et moins effrayante

Lorsque la source du paranormal est identifiée, le film change assez fortement. L'atmosphère pesante reste mais la source du paranormal n'est plus en hors-champ. Par exemple, nous verrons une scène assez étrange d'une lumière guidant Maddison ou nous apercevrons directement ce qui se passe dans l'autre monde. Le film ne fait plus peur. C'est néanmoins ce que l'on recherche avec ce genre de films. Quelques petites scènes jouent encore sur l'épouvante mais la réalisation se rapproche alors du film d'action / aventure. Ainsi, la fin n'est plus une apothéose de la tension mais une conclusion plus conventionnelle. Le film perd en efficacité. Il n'est pas pour autant mauvais en nous proposant autre chose mais il peut en frustrer certains.

En définitive, Poltergeist n'est pas le film d'horreur de l'année mais se laisse regarder. La mise en scène au service de l'horreur est particulièrement efficace en première partie. 



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mercredi 8 juillet 2015

Un moment d'égarement


Synopsis :

Antoine et Laurent, deux meilleurs amis approchant la cinquantaine, partent en vacances en Corse avec leur fille. Marie et Louna ont à peine dix huit ans et ne pensent qu'à faire la fête en boîte avec les garçons. Rien d'original donc, jusqu'à ce que Louna commence à être attirée par le père de Marie. Situations comiques et absurdes vont alors s'enchaîner...


Commentaire :

Mise en scène efficace

Jean-François Richet n'est pas un habitué de la comédie et pourtant il réalise certainement une des meilleures comédies du cinéma français ces dernières années. Un Moment D'Egarement, remake du film de Claude Berry, ressemble aux comédies américaines. Le mixage sonore est excellent avec de bonnes références musicales et une très bonne bande musicale. La réalisation est soignée. Le paysage corse est magnifique et les acteurs sont bons et séduisants. Ainsi, le montage alterne entre des plans de demi-ensembles et des plans tailles, jouant ainsi sur la beauté des paysages et la beauté de corps. Concernant le rythme, élément primordial pour les gags, il est parfaitement maîtrisé. Tous les gags fonctionnent. Le montage, par la succession de scènes, produit souvent des effets comiques. La dissimulation, en partie, du secret permet à toutes scènes d'avoir un potentiel comique et de jouer sur un malentendu. 

Un duo d'acteurs excellent 

La présence de comiques n'est donc pas nécessaire pour faire une bonne comédie, qu'ils soient devant ou derrière la caméra. De grands acteurs font très bien le travail. Vincent Cassel et François Cluzet sont excellents. Le premier est dans un rôle à contre-emploi, plutôt habitué aux personnages forts et souvent méchants, il est parfait dans le rôle d'un père séduisant et manipulable. François Cluzet fait ce qu'il sait faire de mieux dans un rôle bougon, mais c'est spécifiquement ce qui lui est demandé ici. Ainsi, plus il en fait, plus le film est amusant. Son personnage toujours dans l’excès est génial. Les deux jeunes actrices sont bonnes malgré des rôles un peu stéréotypés. Comme le dit Laurent "vous allez arrêter d'être de putains de caricatures de votre génération". Néanmoins, la comédie nécessite des personnages forçant un peu le trait. Alice Isaaz confirme qu'elle est une grande actrice en devenir. Lola Le Lann se révèle ici. 

De la comédie au drame, une morale avortée

Le seul petit bémol est le changement de ton du film vers la fin. Celui-ci bascule doucement dans le drame alors qu'on se complaisait finalement bien dans cette comédie. Ainsi, on attend une sorte de conclusion, pour ainsi dire de message. On comprend certes le message insidieux : plus on maintient un mensonge, plus celui-ci en entraîne d'autres et devient intenable. De tels secrets peuvent mettre à mal une amitié de longue date. Néanmoins, il n'y a pas réellement de réponse sur le sujet de l'amour, notamment abordé par le personnage de Louna. Cette relation est - elle profondément mauvaise ? Est-elle si grave malgré qu'il s'agisse seulement d'un moment d'égarement ? Le dernier plan brouille les pistes. Peut-être que c'est au spectateur de trancher...

En définitive, une excellente comédie française qui a tout pour plaire! Mise en scène rythmée, gags parfaitement dosés.   



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