Les sorties de la semaine

mercredi 5 août 2015

Renaissances



Synopsis : 

Damian Hale, magnat de l'immobilier, a tout réussi. Malheureusement, celui-ci est atteint d'un cancer en stade terminal. Malgré sa fortune, rien ne peut le sauver de la mort. Néanmoins, certaines techniques avant-gardistes en neurologie donnent de l'espoir à Damian. Une méthode appelée "la mue" offrirait une nouvelle jeunesse à Damian en lui octroyant un nouveau corps... 


Commentaire :

Mise en scène efficace 

Tarsem Singh, doté d'une filmographie plutôt inégale (Blanche Neige, Les Immortels pour les plus connus) réalise ici un bon film de SF. La durée du film, presque 2h, permet de développer le sujet sans qu'il n'y ait d'impression de longueur. La mise en scène est efficace. Cette dernière reste fonctionnelle mais est très propre. Le montage est rigoureux et est intéressant lorsqu'il est besoin d’accélérer le propos : celui-ci devient très découpé dans un montage parallèle pendant lequel les voix des personnages se superposent à d'autres moments de la narration. Cela permet de dire beaucoup de choses en peu de temps. Les moments pendant lesquels Damian est malade son également très bien réalisés et font leur effet, avec l'arrière plan flou et une caméra lancinante. Ce film, qui est doté de moyens modérés (26 000 000), est techniquement abouti et défend bien son propos.

Deux grands acteurs

Ben Kingsley est impressionnant en première partie, jouant parfaitement le milliardaire malade qui voit son heure arrivée. Malgré son faible temps à l'écran, il arrive à passer par toutes les émotions et à transmettre les états d'âme de son personnage au spectateur. Ryan Reynolds prend ensuite la relève dans un jeu beaucoup plus dynamique mais qui emprunte toujours certains éléments à Ben Kingsley. Ainsi, le propos du film, qui est un transfère de l'âme de corps en corps, tient la route.

Les thématiques : ne pas faire du temps un marché

On pourrait croire à première vue que le propos du film est l'immortalité et notamment son accessibilité via la recherche scientifique. En fait, ce thème n'est pas abordé et d'ailleurs faussement vendu par le personnage d'Albright. La technique développée dans le film n'est pas réellement une voie vers l'immortalité. Le film présente une technique permettant de copier la personnalité d'une personne, autrement dit, de transférer de l'information d'un corps vers un autre. L'homme est donc réduit à une masse d'information et le corps n'est plus qu'un véhicule vide. Au delà de la réflexion sur l'être humain nous pensons qu'il n'est pas question ici de l'immortalité car cette dernière nécessite une continuité du corps dans le temps. Dans le cas proposé, il serait possible de copier la personnalité d'une personne plusieurs fois sans pour autant détruire le corps original. Il n'est donc pas question véritablement d'immortalité. Écartons également la question de savoir si l'immortalité est une bonne ou mauvaise chose car le film ne la pose pas clairement (dans le film, l'allongement de la vie est possible au détriment des autres, le débat est donc faussé). Il y a en revanche deux grandes thématiques abordées. La première est à la commercialisation du temps via la commercialisation des corps humains. Lorsque le temps de vie devient une donnée échangeable "du marché", les mieux lotis en bénéficient et les plus pauvres se le voient voler. Dans le film, il est question de prendre du temps aux pauvres pour que les plus riches en profitent. Il y a ainsi des "dons" de corps, ce qui est proche de la réalité et de la question du trafic d'organe. Damian comprendra vite qu'une vie ne vaut pas plus qu'une autre et protestera contre cette méthode. Le deuxième questionnement concerne le sens de la vie. Dans le film, il est demandé à Damian de profiter de sa nouvelle vie sans se poser de questions. Or un homme presque par nature se pose des questions et Damian refuse de mener une vie où il satisfait seulement ses besoins naturels. L'homme, pour vivre a besoin de créer ,mais avant d'aller sur cette voie, Damian trouve le sens de sa nouvelle vie en entreprenant de rendre ce qui ne lui appartient pas. Le message porté par le personnage de Damian est donc juste.
La seule petite déception est que le film avertit plus qu'il ne propose : l'allongement de la vie ne se fait pas au détriment des autres. En outre, son postulat de transfert d'information sur un corps ayant un vécu relève de l'impossible. Le propos est donc moins fort que s'il avait été vraiment envisageable. La méthode de "la mue" est plus à prendre comme un moyen de questionner la commercialisation des corps sous toutes ces formes qu'une éventualité.

En définitive, ce film de SF est très bien réalisé et porté par deux bons acteurs. Les réflexions abordées sont intéressantes mais convenues sur le fond. 



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