Les sorties de la semaine

mardi 9 décembre 2014

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées



Synopsis :

Smaug a quitté Erebor et s'apprête à répandre sa désolation sur la ville d'Esgaroth. Bilbo et les nains, responsables de cette catastrophe, ne peuvent que regarder le spectacle impuissants. En ville, Bard est toujours emprisonné alors qu'il est le seul qui ait le courage d'affronter le dragon, pour l'honneur des hommes...


Commentaire :

L'occasion du bilan

Le dernier volet du Hobbit est l'occasion de faire le bilan de cette trilogie. De part sa nature, le Hobbit a toujours été lié et comparé au Seigneur des Anneaux. Bien que les intrigues soient liées, encore plus dans la version de Peter Jackson que dans le livre, les deux trilogies diffèrent sur de nombreux points. L'esthétique premièrement, avec le photo-réalisme (recherché ou imposé) de la première trilogie dans laquelle le numérique ne venait que combler ce que les artifices matériels ne pouvaient réaliser (immenses armées, cités, paysages sortant de l'entendement). Néanmoins, peut-être encouragé par le succès de Gollum et l'évolution des technologies, Peter Jackson est allé plus loin dans le Hobbit. De nombreux éléments sont devenus complètement numériques, en passant par les orcs mais également les décors, parfois complètement réalisés sur fonds verts. Le Hobbit a une esthétique beaucoup plus picturale, colorée  et travaillée (mais donc moins réaliste). Chacun aura son avis, pour notre part nous avons une petite préférence pour la première trilogie. Il ne s'agit que d'un goût personnel. 
Le deuxième élément est le ton des trilogies. Bien que les deux soient également épiques, le Hobbit a un ton moins grave. Il y a de nombreuses pointes d'humour y compris dans les combats, ce qui diminue la gravité ou le sérieux des évènements. Les actions sont parfois poussées à l'extrême ce qui les rend plus impressionnantes mais moins crédibles. Là encore, chacun aura son avis. 
En définitive, nous avons une trilogie du Hobbit beaucoup plus tournée vers le divertissement visuel, qui utilise la surenchère pour "faire plus et faire mieux" et se distinguer du Seigneur des anneaux. Nous préférons globalement le choix fait pour la première trilogie mais il faut savoir que ce choix a peut-être été fait, simplement, pour des raisons de moyens et de technologies à l'époque. Peut-être que si Peter Jackson en avait eu les moyens, il aurait réalisé un Seigneur des Anneaux plus proche de l'Héroic fantasy foisonnant que de la légende germano-celtique à la Wagner. Pour autant, nous pensons que pour le Hobbit, P. Jackson a eu raison d'essayer quelque chose de nouveau pour ne pas faire simplement un second Seigneur des Anneaux. Déjà reconnu et glorifié, P. Jackson a pu livrer une version plus personnelle du Hobbit dans laquelle il ne se met aucune limite. Il ne s'agit pas de la suite du Seigneur des Anneaux, ni du livre à proprement parler de Bilbo le Hobbit, il s'agit du Hobbit, selon Peter Jackson. Toute comparaison pourrait être néfaste à l'oeuvre que cela soit au niveau de la fidélité, du ton, des enjeux etc. Cette trilogie doit être jugée pour elle-même, puriste (du livre Bilbo le Hobbit et des films Le Seigneur des Anneaux) attention! Passe ton chemin pauvre fou! Le résultat obtenu mais également recherché (il faut se le mettre en tête) est un cinéma très impressionnant visuellement, moins profond et sérieux mais plus exubérant et décomplexé, dans lequel nous sentons que le réalisateur a pris réellement son pied. Oui, Peter Jackson a pris du plaisir à se renouveler. 

Film ou série

Revenons spécifiquement à La Bataille des Cinq Armées. Une fois que nous avons compris que Le Hobbit n'est pas le Seigneur des Anneaux, il est beaucoup plus aisé de l'apprécier à sa juste valeur. La Bataille des Cinq Armées est sans conteste le meilleur de la trilogie du Hobbit avec des scènes d'action très impressionnantes. Les combats sont magnifiquement orchestrés, lisibles et prenants. Il y a peu de dialogues dans ce volet, tout est dans la chorégraphie des combats. Ainsi, ce film se rapproche du cinéma primitif d'attraction qui pousse à la fascination. Au fond, peu importe vraiment les enjeux scénaristiques. Ce film est l'apothéose de la science jacksonienne du grand spectacle.
En définitive, la seule limite que nous pourrions pointer ici est un écueil qui nous relevions dans le second volet. Le cliffhanger géant qui termine La Désolation de Smaug est une fin de série. Le début de la Bataille des Cinq Armées est un début de série. Les deux films ne trouvent aucune autonomie avec cette coupure, et au vu de la longueur de l'arc Smaug dans le dernier volet, nous pensons qu'il aurait mieux valu le conclure dans le second film. La Désolation de Smaug aurait eu sa propre sous-intrigue complète et autonome. 

De ce fait, le Hobbit se conçoit plus comme une oeuvre à voir d'une traite (préparer du café et du doliprane), alors que le Seigneur des Anneaux peut - être séparé en trois chapitres. Nous conseillons néanmoins de commencer par Le Seigneur des Anneaux lors d'un marathon, le Hobbit faisant souvent des clins d'oeil à ce dernier. 


L'apothéose de fin et du commencement

Cette césure digne d'une série est en effet le seul reproche que l'on peut faire. A partir du moment où nous avons eu le temps de nous faire à l'idylle entre Tauriel et Kili avec le second volet, ce dernier film ne comporte que des points forts. Certains personnages passent à la trappe certes, mais peu importe, seul la dynamique de l'action compte ici. Peut-être que la version longue viendra apporter de l'équilibre dans le traitement des personnages, mais il ne faudrait pas qu'elle rompe le rythme. Ce film est plutôt court pour une production de Peter Jackson (2h30) mais il est hyper dense. Il parachève la montée en puissance des deux premiers films et entraine sur la trilogie du Seigneur des Anneaux en créant de nouveaux liens. Il n'est pas toujours facile de réaliser la pièce manquante, Peter Jackson l'a fait!




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lundi 8 décembre 2014

Astérix - le Domaine des Dieux



Synopsis:

Un irréductible village gaulois d'Armorique résiste toujours à l'envahisseur romain. Cette fois, César choisit un plan vicieux et insidieux en évitant la force. Il souhaite que les Gaulois choisissent d'eux-mêmes la citoyenneté romaine afin que la civilisation gauloise disparaisse de facto. Les Gaulois paraissent en effet intéressés par le mode de vie "civilisé" à la romaine...


Commentaire:

Du dessin à l'animation 3D

L'animation 3D est défendable pour ce projet bien qu'elle fut critiquée. En effet, le cinéma d'animation français propose encore de nombreux films en dessins, grande spécialité française, et de ce fait, cet Astérix ne vient pas remettre en cause, à lui seul, ce glorieux héritage. Au contraire, pour toucher un grand public, français mais pas que, l'animation 3D semble une très bonne idée pour vendre le cinéma tricolore. Astérix est un gaulois moderne.

La patte Astier

L'influence d'Alexandre Astier, co-réalisateur et scénariste, est très prégnante dans ce film. Toutefois, elle s'insert dans cet univers sans le dénaturé. On retrouvera quelques clins d'oeil à Kaamelott mais avant tout, un humour très bien dosé, issu en partie d'Astier, tout à fait à propos ici. 

Casting 5 étoiles français

De nombreuses personnalités participent à ce long-métrage. Le plus important, et c'est un réel plaisir de l'entendre une dernière fois, est Roger Carel, interprètant le petit Gaulois à 87 ans.  Les autres voix ; Alain Chabat, Alexandre Astier, Elie Semoun etc, apportent une réelle plus-value à l'ensemble. Elles expliquent en partie l'efficacité de l'humour.  

Plus que du divertissement

De nombreuses références cinématographiques parcourent le film, dans la lignée des Astérix en images réelles. Toutefois, en plus de respecter l'héritage, cet Astérix est très travaillé sur le fond : un réel message, typiquement dans le style Astier, se cache dans ce divertissement. Il y a une critique de la mondialisation (dont l'acculturation) et de l'impact des images sur les foules (les arènes romaines proposent du catch). Nous pourrions y voir également une critique des grands ensembles urbanistiques, des dérives de la consommation et de la folklorisation des cultures traditionnelles. Bref, un réel travail sur le fond!

Un film d'ampleur

Astier a de l'ambition, c'est un réel plaisir pour nous car c'est plutôt rare dans le monde du cinéma français. Ce film, pour enfants, présente une mise en scène tirée des films d'action voire d'heroïc fantasy (plongées, contre-plongées appuyées, ralenties etc). Nous sentons qu'Aster souhaite, derrière la production humoristique, installer une dimension épique au film, un peu comme dans les derniers livres (les long-métrages) de Kaamelott. D'ailleurs, cette idée est confirmée par la musique ambitieuse du long-métrage, dans un style symphonique. Le compositeur Philippe Rombi dit à ce propos :
"On souhaitait une partition plus ample et, dans les rêves de gosses de Louis et d'Alexandre, on allait pouvoir se référer à John Williams, Jerry Goldsmith ou Alan Silvestri, -- autrement dit, une musique symphonique issue de l'héritage de Ravel, Tchaïkovski, Prokofiev ou encore Stravinski. Ayant souvent eu l'occasion de composer pour de grandes formations symphoniques, cela faisait aussi partie de mon univers, de certaines couleurs de ma palette, et nous n'avons pas eu de mal à nous comprendre sur la tonalité à adopter."
Désormais, nous n'attendons qu'une chose, qu'Astier ose faire son film chevalresque / d'Heroïc fantasy sans être retrancher derrière l'humour. Cela dépendra également énormément des moyens qu'il trouvera. Ce qui est sûr, c'est qu'il a déjà beaucoup donné à la culture française et ce film en est la dernière preuve en concurrençant en qualité les meilleurs films d'animation américains.

Bref, un divertissement intelligent, qu'Uderzo considère comme la meilleure adaptation!



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jeudi 27 novembre 2014

Hunger Games : La Révolte, partie 1


Synopsis :

Après la révolte déclenchée pendant les derniers Hunger Games, Katniss est devenue la figure de proue de la rebellion.  Au sein du district 13, elle a pour mission de motiver les troupes pour mener à bien la révolution. Toutefois, Peeta est aux mains du Capitole et sa vie est menacée. Ce dernier est utilisé pour servir la propagande du régime contre l'action de Katniss...


Commentaire :

Le final en deux films

Depuis Harry Potter, il est tentant de transformer le dernier film d'une saga en deux films. A juste titre surement, puisque les derniers opus du petit sorcier sont de très bonne facture, avec un travail approfondi sur les personnages et un univers détaillé. Le résultat est aussi satisfaisant avec la saga du Hobbit, très rythmée et dense en action. Le résultat est moins réussi pour Hunger Games, qui est un peu long au démarrage, en se perdant dans les états d'âme des personnages, peu transcendés par la réalisation. Signalons que lorsque le film rentre dans des phases de tensions (montage alterné) et/ou d'action, le film est très captivant. Toutefois, cet épisode étant relativement court (2h), nous pouvons nous demander (sans avoir vu le dernier film), s'il n'aurait pas été plus judicieux d'un point de la dynamique, de finir avec un long dernier métrage. Si l'épisode final est bien équilibré et dynamique,  il nous donnera tord et c'est notre souhait.

Intrigue dans la lignée de la saga

Il n'est pas nécessaire ici de refaire un point sur les thématiques de la saga étant donné qu'il s'agit des mêmes que pour les précédents épisodes. Seulement ici, la révolte prend de l'ampleur : les tensions accumulées précédemment se déchaînent. Nous sommes toujours dans cette dystopie de l'avenir dans laquelle les moyens de communication sont un des enjeux principaux pour le contrôle des masses mais aussi pour l'insurrection. Concernant le traitement des personnages et des camps, les pacificateurs sont toujours pourvus de casques, deshumanisant leur personne alors que les rebelles sont caractérisés par des visages marqués par la peine et la douleur (oui, ça ne change pas depuis Serguei Eisenstein). De même, la classe dominante est représentée par des caucasiens alors que le peuple est plutôt mélangé. Ces représentations classiques restent plutôt efficaces.

Bons décors et effets spéciaux

Les plans d'ensemble ou de demi-ensemble en extérieur sont très réussis et nous permettent de constater le niveau technique des effets spéciaux. Souvent le prélude à des scènes d'action et de tension, ils ancrent parfaitement et crédiblement le récit dans l'univers d'Hunger Games

Très bonne bande musicale

James Newton Howard est toujours très bon dans ses oeuvres et la musique réussit à donner de l'ampleur à une réalisation avant tout fonctionnelle, bien que le réalisateur Francis Lawrence arrive quelques fois à mettre en place une mise en scène signifiante. J.N Howard est aidé par la jeune chanteuse Lorde qui réalise une belle chanson de crédit. De même, la chanson interprétée par Jennifer Lawrence est très jolie et superbement mise en musique. L'aspect musical du film est donc de très bonne facture.

Bon casting, bonne performance

Ce paragraphe est l'occasion de saluer le regretté Philip Seymour Hoffman, qui réalise à nouveau une très bonne performance. Au casting de cet épisode, se rajoute un talent de poids en la personne de Julianne Moore. Ainsi, le casting commence à devenir impressionnant étant donné que la Saga est portée par la super star Jennifer Lawrence, toujours à la hauteur.

En définitive, un épisode plutôt réussi mais qui pâtit de sa dynamique et de son rythme.



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mercredi 12 novembre 2014

Interstellar



Synopsis :

Saison après saison, la vie sur Terre devient de plus en plus difficile. Que cela soit par manque de nourriture ou par manque d'oxygène, l'homme finira par disparaître. La dernière chance pour l'humanité est de trouver refuge ailleurs dans l'univers. Cooper, ancien pilote de la NASA, est tout indiqué pour prendre part à la dernière mission spatiale, mais pour cela, il devra laisser sa famille derrière, sans réelle promesse de retour ni de succès...


Commentaire :

Un film hérité du passé

Christoper Nolan dit s'inspirer d'un "film de Science Fiction ayant bercé son enfance" pour réaliser Interstellar. En vérité, ce film reprend plusieurs constructions de films passés, mais c'est bien entendu de 2001 L'Odyssée de l'Espace dont il est question ici, ne serait-ce que par le sujet traité, et la force avec laquelle il est traité. Le vide / silence spatial rappelle l'oeuvre de Kubrick, tout comme les robots intelligents. Néanmoins, Interstellar porte d'autres aspects remarquables. Nous pouvons par exemple le souligner dans la première partie, avec les grands paysages de champs de maïs, qui rappellent l'Amérique rurale comme elle est filmée dans les années 70. Ce film est tout autant un voyage dans le proche passé que dans l'avenir lointain.

Nécessairement de la Hard SF

Christopher Nolan s'efforçant constamment de réaliser des films réalistes et crédibles, son film de science-fiction s'apparente à de la hard science-fiction, dans le sens où toutes les théories énoncées sont fondées. Le travail de recherche scientifique autour du film est donc très pregnant quitte à faire travailler de temps en temps les méninges du spectateur. En ce sens, Interstellar a un petit côté ésotérique . Pour ce qui est des décors et de l'environnement, le recours à la matière (robots, vaisseaux) au lieu du digital quand cela est possible, contribue à assurer le réalisme voulu par Nolan. Autre exemple, la combinaison spatiale des comédiens pèse vraiment son poids pour accentuer l'effet de réalisme. Le travail de Nolan sur ce point est toujours aussi admirable.

Les hypothèses de SF

Les réflexions que pose le film sur la condition humaine sont intéressantes, notamment lorsqu'il propose ses idées sur la vie en dehors de la Terre. L'idée émise dans le film n'est pas si souvent mise en avant. Concernant les robots, il y a la crainte un moment qu'il soit fait la même réflexion que pour 2001 L'Odyssée de l'Espace, mais le film évite habillement cet écueil, et finit même très habillement par en proposer une contraire. Il n'y a pas 1001 façons de penser les grandes questions liées à l'avenir de l'homme, mais le traitement est tout à fait pertinent et étudié ici.

L'audace par l'imaginaire

Lorsque la science n'a pas les réponses, seul l'imaginaire / la créativité peut combler le désir de connaissance à l'écran. Le dénouement du film présente des éléments dont l'humanité n'a pas connaissance. Souvent, les films s'arrêtent avant cet horizon, mais Nolan ose montrer son interprétation de l'inconnu via le pouvoir du cinéma. Voici toute la puissance de la créativité au septième art!

En définitive, un film intelligent, documenté, qui fait voyager et réfléchir. Cela fait du bien de temps en temps!




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dimanche 31 août 2014

Catacombes


Synopsis:

Scarlett, spécialiste en langues anciennes et en archéologie, est à la recherche de la pierre philosophale, quête que lui a légué son défunt père. Ses recherches la mènent finalement à Paris, ville où repose le célèbre alchimiste Nicolas Flamel. Pour trouver cette relique du passé, Scarlett doit affronter les catacombes et leurs mystères...


Commentaire:

Le found footage classique

Si le found footage est habituellement désagréable, il colle parfaitement aux films du genre épouvante et plus spécifiquement à ceux se déroulant en lieu clos. Ce choix artistique permet en effet de renforcer le côté immersif tout en gardant ici de nombreux angles de vue puisque plusieurs protagonistes sont dotés de caméras. Il s'agit bien sûr de déjà vu, mais la mise en scène, le montage et les plans ont bien été réfléchis ici et font leurs effets. 

Le cahier des charges intelligemment rempli

Ce film d'horreur remplit son objectif tout en ne jouant pas seulement sur les jump scares. Ils sont présents mais le film les utilise a bon escient sans en abuser. De plus, il réussit à installer une ambiance angoissante (bonne utilisation du mixage sonore entre autres), ce qui est le plus compliquer dans un film d'épouvante. Le film est également intelligent parce-que le scénario fantastique se tient. Souvent, les attitudes des personnages dans ce type de cinéma, qui plus est à petit budget, sont incompréhensibles, à tel point qu'elles deviennent clichés. Ce film respecte les codes, mais le réalisateur et le scénariste ont bien travaillé leurs personnages pour que l'histoire soit crédible et cohérente. A noter une fin peu habituelle, qui rompt (et c'est tant mieux pour une fois) avec les habitudes de ce sous-genre (le film d'épouvante found footage). 

Décors réels

Le point fort de ce film, et toute personne étant descendu pourra le confirmer, est qu'il présente les vraies catacombes fermées aux publiques. L'équipe du film a eu l'occasion de filmer le réseau souterrain parisien, cela rajoutant en crédibilité. Peut-être qu'une personne n'ayant jamais vu les catacombes n'y portera pas attention, mais ce film a le mérite de respecter ces spectateurs. Les cataphiles du films sont également plutôt proches de la réalité. Effort louable pour ce film à petit budget (moins de 4 000 000 de $),  qui ne paie pas de mine à première vue.




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mercredi 13 août 2014

Les Gardiens de la Galaxie


Synopsis:

Alors que le jeune Peter vient de perdre sa mère, il est enlevé par une troupe de brigands extraterrestres, les Ravageurs. Devenant l'un de leurs sous le nom de Star-Lord, il cherche à dérober une orbe qui contiendrait une pierre d'infinité. Cette quête lui vaut de nombreux ennemis mais aussi quelques amis; les Gardiens de la Galaxie...


Commentaire:

Le Space Opera Marvel

Il suffit de voir l'affiche inspirée de Star Wars pour comprendre que Marvel tente avec Les Gardiens de la Galaxie de réaliser le Space Opera de sa franchise. Avec Avengers et les épisodes de Thor, Marvel n'était pas loin de l'épopée galactique mais c'est définitivement avec Les Gardiens de la Galaxie que Marvel atteint dans sa phase 2 (commencé avec Iron 3 et Captain America le Soldat de l'Hiver) le stade d'un Space Opera du niveau de Star Wars ou Star Trek. Pour ce volet, le peu connu James Gunn livre un film au scénario riche en rebondissements, très équilibré et dynamique avec très logiquement une mise en scène fonctionnelle pour ce type de production, mais efficace. 

Le Casting de Super-Héros 5 étoiles

Si Chris Pratt (Star-Lord) est pour l'instant moyennement connu, nul doute qu'il sera élevé au rang de véritable star après ce volet, lui que l'on retrouvera en plus dans Jurassic World. Zoe Saldana, habituée des expériences galactiques (Avatar, Star Trek) délivre une bonne performance, comme la star de la WWE, le catcheur, "l'animal" BATISTA (Dave Bautista)!!! (Cf le commentateur Christophe Agius). Toutefois, les personnages les plus intéressants et touchants sont paradoxalement ceux qui ne sont pas physiquement à l'écran, c'est à dire Rocket Raccoon doublé par Bradley Cooper et Groot doublé par Vin Diesel, ce dernier faisant aussi le doublage français (difficile à croire sans avoir vu le film!). Quoiqu'il en soit, lorsque les Gardiens de la galaxie croiseront les Avengers... cela fera du beau monde!

Beaucoup d'humour et d'action

La caractéristique des productions Marvel est l'humour de la franchise, inspiré des comic books. Les productions Marvel ont donc un côté décalé, mais cet épisode est pensé comme étant encore plus décalé que les autres volets. C'est pour cet aspect particulier que James Gunn a été appelé, lui qui a auparavant tourné des films parodiques de super-héros. Le résultat est particulièrement réussi pour cet épisode d'autant plus que le public a bien été averti du ton choisi pour ce volet. L'humour, bien dosé et inséré, ne nuit en rien à l'action et aux drames du film. Plus spécifiquement, cet impressionnant apport humoristique passe très bien du fait que le film ne se prenne pas au sérieux et ne cherche pas à être forcément réaliste (cf la scène où les héros se lèvent en cercle pour rejoindre Star-Lord dans sa quête). James Gunn connait les codes des films héroïques et joue avec. 

Bande Musicale Marvel

Ce volet est très marqué par la bande musicale qui reprend de nombreux tubes des années 70 et 80, ce qui apporte ici une ambiance singulière, dynamique et festive. Néanmoins, lorsque les tubes sont absents, c'est une très bonne musique orchestrale de Tyler Bates qui prend le relais. Elle est superbement composée et correspond parfaitement aux thèmes Marvel des autres volets, pouvant rappeler dans une certaine mesure les partitions de Patrick Doyle pour Thor 1. 




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vendredi 8 août 2014

Lucy



Synopsis :

Lucy est une jeune femme, étudiante à Taiwan. Après que son ami Richard l'ait obligée à remettre une mallette à un certain M. Jang, Lucy est contrainte de faire la mule pour cet homme. M. Jang vient de mettre au point une nouvelle drogue aux effets inconnus qu'il souhaite vendre en Europe. Malheureusement, le sachet caché dans le ventre de Lucy se perce, entrainant des effets stupéfiants sur le métabolisme de son corps...

Commentaire :

Le blockbuster français

Après La Belle et la Bête de Christophe Gans, voici le deuxième blockbuster français cette année. Néanmoins, de par le style de la réalisation (rythme, montage, thèmes, enjeux universels) et de par sa langue et ses acteurs, cette production Europacorp a un style plus américain que la production Gaumont. La contre-partie de ce choix est le grand succès de Lucy sur le sol américain. La méthode Luc Besson porte donc enfin ses fruits, le studio français est désormais capable de rivaliser financièrement avec les américains. 

Dynamique

Le film, au style très travaillé (certains diraient "clipeux") possède un montage rapide qui donne énormément de rythme à l'histoire. Le montage parallèle, notamment en début de film est très bien géré et les aller-retours dans le passé préhistorique illustrent bien les propos du film. Le film est bien structuré et réalisé et à cela, il faut rajouter les très bons effets spéciaux et sonores.

Bonne histoire malgré un postulat un peu bancal

La seule chose que l'on peut regretter ici est le postulat scientifique faux (les 10% d'utilisation du cerveau) sur lequel se base le film pour faire de la science-fiction. Les films de SF les mieux réussis partent de la science moderne et extrapolent pour attirer notre attention sur une question qui pourrait se poser un jour. Ce film n'a donc pas la force de frappe de ces films mais il faut noter qu'un effort est fait pour que l'histoire se tienne et soit cohérente, une fois ce postulat accepté. Et puis, puisque c'est Morgan Freeman qui nous le dit, ça doit être vrai! L'autre petite imprécision scientifique est Lucy, l'australopithèque qui, on le sait maintenant, n'est pas une des ancêtres de l'humanité mais se trouve sur une autre lignée du genre homo. Néanmoins, si on passe sur cette donnée, le lien qui est fait entre l'ancienne Lucy et la Lucy du film est bien trouvé; symbole très bien utilisé pour souligner des étapes cruciales de l'évolution de l'homme.

Très bonne bande-sonore

Si le film a parfois un côté stylisé (se rapprochant du clip), c'est aussi parce-qu'il y a toujours l'incontournable compositeur de Luc Besson, l'excellent Eric Serra. Il délivre ici une musique qui colle parfaitement au côté urbain du film et qui met parfaitement en valeur les scènes intenses. 




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(Nouveau système de notation avec étoiles)

dimanche 3 août 2014

La Planète des Singes: L'Affrontement


Synopsis:

Plusieurs années après la révolte des singes évolués, l'humanité a presque totalement disparu à cause du virus simiesque. César est à la tête de la tribu de singes et pense qu'il ne reste plus aucun humain sur Terre. Néanmoins, un groupe de survivants atteint leur refuge et blesse un jeune chimpanzé. César va alors à la rencontre des humains...

Commentaire:

Effets visuels remarquables

Le premier plan de César est un gros plan de ses yeux. Impossible de savoir s'il s'agit des vrais yeux d'Andy Serkis ou de yeux retouchés numériquement. Le visage de César est d'un réalisme jamais égalé. Si le premier opus était déjà un exploit technique en 2011, le deuxième opus est un exploit technique en 2014. Tous les singes ont une gestuelle, un dynamisme et une texture très finement travaillés. La limite entre réel et effet spéciaux n'a jamais été aussi ténue. A noter que le film a majoritairement été tourné en extérieur, ce qui rajoute du réalisme à la perfection des effets spéciaux.

Un film qui ose

Voici un blockbuster qui prend son temps. Il y a certes de l'action, notamment dans la seconde partie, mais le film s'autorise une très progressive montée en tension, à l'opposé d'un Transformers 4, l'autre blockbuster d'été. A cela, il faut ajouter que ce long-métrage est, pendant une grande partie, très calme (certains diront reposant) au niveau sonore du fait du langage des signes utilisé par les singes. Le film est donc sous-titré une bonne partie, une belle audace au profit du réalisme de l'histoire. Les singes utilisent quelques mots d'anglais pour la cohérence avec les anciens films, d'écrivant l'avenir de la planète des singes. En définitif, il s'agit d'un film bien construit, pensé et équilibré. 

Des personnages intéressants 

Les personnages principaux sont particulièrement intéressants, que cela soit les hommes où les singes. Chacun a ses raisons, chacun a ses projets et derrière ce conflit inter-racial, on reconnait bien entendu la métaphore des conflits entre êtres humains. En plus d'être intéressants, César le et le héros Malcom sont également touchants, parce que se battant dans pour une cause perdue; la paix. Ils combattent pour leur race mais éprouvent de la compassion pour l'autre. A l'opposé, le petit regret concerne le personnage de Koba qui d'un personnage nuancé, parfaitement amené en début du film, devient une caricature du méchant (scène d'assaut de San Francisco) comme si les impératifs du blockbuster rattrapaient la production en cours de route... Il en faut pour tout le monde.

Musique superbement travaillée

Parce-que la bonne musique de film est de plus en plus rare, il faut saluer le travail de Michael Giacchino, qui réussit à composer une musique marquante et diversifiée selon les circonstances. Symphonique, dissonante, tribale; elle accompagne parfaitement ce deuxième opus en gardant l'héritage de la composition du premier.

Le message

Les films de science-fiction délivrent un message et permettent bien souvent de soulever les questions de l'avenir proche. Conformément aux films d'origine, La Planète des Singes, L'Affrontement émet une critique sur la société humaine actuelle. Nous comprenons parfaitement le message, si dans un groupe une minorité veut la guerre, elle trouvera un moyen d'arriver à ses fins. SPOILER : il est un peu dommage que César transgresse finalement la règle "Apes don't kill apes" car en définitive, en tant que bon personnage, il légitime moralement la peine de mort pour un personnage ayant commis trop de crimes.  FIN SPOILER. Maintenant, en tant que grand amateur de SF, nous aurions aimé que le film soit l'occasion d'aller au-delà de la critique de la société humaine (c'est à dire qu'il aille au delà de la volonté des premiers films) et soulève des questions éthiques, comme pour le premier (la recherche scientifique). Ce film aurait pu être l'être l'occasion de soulever la question de l'intelligence ? Est-ce que la notion de mal et (de bien) vient avec l'intelligence ? Dans un sens, le film ne répond pas à la question car les singes ne correspondent pas à un questionnement sur le développement de l'intelligence mais sont simplement une métaphore de l'homme. D'ailleurs, le film se passant aux USA, les singes chevauchant des montures et les hommes habitants des forts pourraient très bien être une métaphore des Indiens et des Cowboys. Quoiqu'il en soit, ce film est un excellent divertissement.





19/20


dimanche 20 juillet 2014

Transformers, L'Age de l'extinction


Synopsis :

4 ans après l'attaque de Chicago, les autobots et decepticons sont chassés par les humains afin d'éviter les conflits extraterrestres. Néanmoins, un nouveau protagoniste alien, ni autobot ni decepticon, entre dans le jeu et se met à la recherche d'Optimus Prime avec l'aide des services secrets américains. Optimus Prime, autrefois plus grand allié de l'humanité, est aujourd'hui un clandestin, caché dans la grange du texan Cade Yeager...


Commentaire :

Presqu'un film d'auteur

Il est peut-être choquant de commencer par une telle affirmation, mais "l'image" de Michael Bay est tellement reconnaissable qu'il est possible de parler d'auteur. Ses plans ont une esthétique particulière, lissée et soignée presqu'à l'image des clips musicaux et publicitaires. Il n'est pas question de reprocher à M. Bay de jolis plans mais plutôt de se demander s'il est nécessaire de sublimer tous les plans. En effet, des passages du film ressemblent à des pubs d'agences touristiques. A cela, il suffit de rajouter les voitures, les jolies filles et les explosions, pour être sûr à 150% qu'il s'agit bien d'un film de Michael Bay. Malheureusement, le souci sur ce film est que M. Bay ne semble pas avoir de limite, si bien qu'il y a encore deux fois plus d'explosions et d'humour (gras) que d'habitude. En revanche, il est amusant que Michael Bay soit parfaitement au courant des critiques que suscite sa saga, d'où l'auto-dérision disséminée tout au long du film. Peut-être en remet-il une couche, tout simplement pour montrer qu'il n'a que faire de ces remontrances. 

Un cahier des charges visible

Non seulement le cahier des charges est visible mais en plus il est énorme! Les jouets Hasbro, le public chinois désormais important, une dizaine de placement de produits, la surenchère d'effets voulue vis à vis de Transformers 3 etc etc. Cela produit un film de plus de 2h46 sans réelle cohérence où seul compte l'action. Mark Wahlberg n'arrive pas à s'imposer dans ce déluge d'explosions et il est presque ridicule avec les armes d'Hasbro. D'ailleurs, il n'y a pas que les armes transformers qui ressemblent à des jouets; tous les transformers y ressemblent! Il sera plutôt facile pour Hasbro d'exploiter le filon. Tous ces impératifs font que le film est assez brouillon, avec en plus, plusieurs intrigues qui se déroulent simultanément. Au niveau de sa structure, le film est assez étrange puisqu'il n'y a pas un mais au moins trois climax, la conclusion semblant tout le temps être repoussée. 
En définitive, deux phénomènes viennent abimer ici ce long-métrage; d'une part, Michael Bay ne se restreint pas au niveau de la mise en scène, d'une autre part, il doit composer avec un cahier des charges démesuré. 

Le seul survivant; Optimus Prime

Il est finalement le seul personnage intéressant. De part sa voix (toujours l'excellent Peter Cullen), son design et ses combats, Optimus Prime est le véritable et dernier atout de la saga Transformers. Plus largement, les combats entre robots étant l'attrait premier de la saga, cet opus est sauvé par de beaux combats aux effets spéciaux très réussis. Après tout, on vient pour ça et on n'aura que ça, rien de plus.

12/20




mercredi 2 juillet 2014

Under the Skin


Synopsis :

Une jeune femme parcourt les rues d'Ecosse à bord de sa camionnette. Régulièrement, elle s'arrête pour demander son chemin à des hommes. Derrière une plastique parfaite, cette inconnue n'est rien de ce qu'elle paraît être...


Commentaire :

Ambiance réussie

Autant être franc, ce film de science-fiction / horreur ne nous a pas beaucoup plu. Pourtant, tout n'est pas à jeter. Commençons par le gros point fort du film; son ambiance. C'est particulièrement le mixage sonore aux cordes dissonantes qui est à saluer ici. La bande sonore met déjà mal à l'aise au premier abord, mais lorsque celle-ci est associée à une image choquante, rejouer par la suite, la même mélodie est encore plus efficace. C'est malheureusement la seule astuce du film, car de scènes choquantes, il n'y en a qu'une. Très crue et dérangeante, elle fait véritablement effet, aidée il est vrai par un jump scare. Elle fait partie de ces quelques scènes métaphoriques ou / et expressionnistes, on ne sait pas trop, pendant lesquelles l'environnement disparait et où seuls les corps (de Scarlett Johansson notamment) comptent. Dans un autre registre mais tout aussi intéressant, la scène d'introduction réussie parfaitement à présenter la singularité du film et du personnage principal, et à mettre sur la voie de l'origine extraterrestre des évènements du film (scènes travaillant les formes et dont une en particulier peut représenter une comète ou vaisseau spatial arrivant sur Terre). 

1h47 et c'est déjà bien long

Malheureusement, le caractère trop mystérieux du personnage de Scarlett Johansson et le rythme extrêmement lent du film, finissent par avoir raison de l'attention du spectateur (de nous pour le moins). En effet, l'étrangeté du film et le mystère de l'intrigue n'ont pas suffit à maintenir notre curiosité. En dehors des scènes d'angoisse, l'histoire n'avance pas : elle se répète pour terminer avec une fin sans réponse. Ce film est tout au plus une excursion sensorielle, mais nous n'avons pas compris son message et son intérêt, en dehors de l'exercice plastique/formel. Surement que le cinéaste Jonathan Glazer voulait nous montrer une autre manière de voir le monde et la société humaine. L'Ecosse est certes bien jolie, mais le scénario et la vision du réalisateur nous ont paru trop opaques. Il est néanmoins possible que certains aient les clefs pour comprendre le film et apprécier pleinement son esthétisme. 

8/20
   




mardi 1 juillet 2014

Transcendance


Synopsis :

Dans un avenir proche, l'homme est sur le point d'atteindre la singularité technologique, évènement qui verra la naissance de l'intelligence artificielle (I.A), qui résoudra les problèmes de la civilisation humaine et répondra aux grandes questions de l'univers. Will et Evelyn Caster sont les chercheurs les plus en pointe dans ce domaine. Malheureusement, ces recherches suscitent la crainte et Will est mortellement blessé par un attentat terroriste. La seule solution pour Evelyn de sauver Will est de sauvegarder sa mémoire dans un ordinateur quantique. Néanmoins, cette I.A sera t-elle Will ou tout autre chose ?


Commentaire :

Une réalisation peu transcendante

Wally Pfister réalise son premier long-métrage après avoir longtemps collaboré avec Christopher Nolan en tant que directeur de la photographie. Dans ce rôle, il a même reçu l'Oscar pour Inception. Les plans sont donc évidemment beaux, ce qui n'empêche pas la mise en scène d'être très fonctionnelle et peu audacieuse. Assez dommage pour un sujet qui porte une réflexion, elle, audacieuse. Néanmoins, il est possible d'expliquer, en partie, cette mise en scène minimale par le choix de ne pas donner un avis tranché sur la technologie, nous y reviendrons. Concernant le montage et la structure du film, ils sont parfaitement faits; le film ne contient pas de longueurs et des plans (ou séquences) innocents finissent pas répondre à d'autres au fil de l'histoire.

Un film de réflexion et non d'action

Blockbuster surement, ne serait-ce que par le casting (mention spécial à Morgan Freeman, toujours excellent) et les effets spéciaux, tout ça pour un budget de plus de 100 000 000 d'euros. Il y a de l'action et de l'inédit visuel notamment dans la façon de représenter la nanotechnologie, mais cela n'est pas le coeur de film. L'action est secondaire vis à vis de la réflexion posée sur la technologie. Cela est un peu déroutant, mais un film pensé / réflexif fait parfois aussi plaisir. Nous pourrions néanmoins reprocher au film d'être parfois un peu brouillon, les concepts soulevés étant complexes, il aurait parfois été nécessaire d'être plus clair (notamment à la fin), sur la raison des actions des personnages.

La technologie enfin mise en question

La technologie est le coeur du film de science-fiction. Pour beaucoup de films, la technologie n'est qu'un élément contextuel qui permet aux histoires de prendre vie (Star Wars). Pour d'autres films, la technologie est le coeur du sujet mais avec une réponse déjà toute faite sur son bien-fondé ou non (I Robot). En vérité, ils sont très peu nombreux les films qui posent la question du bien-fait ou non de la technologie sans délivrer une réponse toute faite (citons ici l'excellent Her). Transcendance fait parti de ces films et nous pose la question en nous montrant l'infinité de possibilités que pourrait permettre la singularité technologique. A travers plusieurs groupes aux différents points de vue, le film expose les craintes et les espérances de chacun. On croit bien souvent connaître le "méchant" avant que le point de vue ne soit retourné. Le film nous montre les possibilités effrayantes que permettraient les nouvelles technologies; effrayantes car ces possibilités amènent une omnipotence qui rappelle le totalitarisme. Néanmoins, si aucun dogme extrémiste ne se trouve derrière cette omnipotence, l'I.A peut-elle être une bonne chose pour l'humanité ? La question se pose également puisque face aux possibilités effrayantes se juxtaposent les possibilités presque miraculeuses de la singularité technologique, qui résoudraient bons nombres de problèmes causés par l'homme. Le film finit par esquisser un début de réponse avec le dénouement final mais chacun aura eu le temps d'évaluer les risques et les bénéfices de cet avenir technologique. Cette fin qui ne tranche pas pourra décevoir mais le vrai totalitarisme aurait été choisir pour le spectateur. 

15/20



jeudi 26 juin 2014

Le Conte de la Princesse Kaguya


Synopsis :

Un jour, un grand-père coupeur de bambou trouve une minuscule princesse sortie d'une tige de bambou. Comprenant qu'il s'agit d'un cadeau du ciel, il décide de l'élever et d'en prendre grand soin avec sa femme. La petite princesse grandit rapidement et devient vite amie avec les enfants de la montagne. Néanmoins, ses parents adoptifs envisagent un tout autre destin pour celle qui doit devenir une grande princesse...

Commentaire :

Une oeuvre d'art

Isao Takahata marque son grand retour au grand écran alors que son collègue co-fondateur des studios Ghibli, Hayao Miyazaki prend sa retraite. Après presque 15 ans d'absence, son style graphique tranche très fortement avec les productions de style Miyazaki (qu'elles soient de Miyazaki père ou d'autres). Le choix esthétique de l'aquarelle rappelant les estampes japonaises voire le style hikime kagihana (un trait pour les yeux et un crochet pour le nez) est tout à fait admirable ici. Les scènes de mouvement où les dessins sont quasiment abstraits avec leurs contours flous sont encore plus sublimes. Le dessin préfère alors la représentation du mouvement en lui-même plutôt que de représenter l'objet en mouvement.
Pour raconter le plus ancien des contes japonais, le recours à un style graphique rappelant la tradition esthétique du Japon est tout à fait bien trouvé. En outre, cette esthétique correspond parfaitement au genre du conte, en ancrant l'histoire dans un monde merveilleux, imaginaire, poétique et lyrique. Ce choix artistique n'est pas surprenant de la part d'Isao Takahata, celui-ci étant un très fin connaisseur de l'histoire culturelle du Japon, amateur des peintures des époques classiques et médiévales. Néanmoins, l'image ne suffit pas à faire d'un film une oeuvre d'art; la bande sonore est un élément tout aussi important. Toutefois, à partir du moment où l'on sait que ce n'est autre que Joe Hisaishi derrière le pupitre, tout est dit.

Un voyage au coeur du folklore japonais

A bien chercher, les origines de ce conte dans son iconographie ne sont pas Shintô. Quoique, lorsqu'il est question de la Lune comme dans ce conte, il serait tentant de faire référence à la Déesse Tsukuyomi. Néanmoins, le lien entre la Princesse et cette déesse de la mythologie japonaise ne semble pas établi. En revanche, l'iconographique bouddhique est très visible, et cela dès la première apparition de la Princesse, dans une pose de méditation. L'iconographie bouddhique réapparait encore plus clairement à la fin du film, avec quelques traits rappelant même l'hindouisme. Ce choix iconographique doit surement être mis en relation avec la possible origine tibétaine du conte. Bien que l'histoire n'ait aucun rapport avec le bouddhisme hormis une référence à une des périodes de vie de Bouddha, ce parti-pris en terme de représentation contribue à ancrer le conte dans le folklore japonais et asiatique. 

Un conte de temps faibles et de temps forts

La caractéristique de ce film d'animation est sa durée. Avec 2h17, il s'agit du plus long film d'animation du studio Ghibli. Le film prend son temps en étant parsemé de quelques temps faibles, qui ne provoquent pas pour autant l'ennui puisque l'oeil est occupé à admirer la beauté du trait et l'oreille à apprécier la beauté de la musique. Ces moments de poésie ou d'humour finement dosés contribuent à orner ce voyage artistique. Il faut néanmoins être en condition pour prendre part à cette aventure, sans quoi l'admiration fera place à l'impatience. Dites vous bien qu'une oeuvre d'art ne se parcourt pas en un clin d'oeil et que si le cinéma est lent, c'est parce-qu'il est contemplatif (ici pour le moins).

La morale du conte [Spoiler]

La morale du conte n'est pas si évidente parce-que le destin de la princesse est conditionné par un déterminisme divin et elle est peu mise dans des situations décisionnelles. Plusieurs réflexions parcourent le film (les conventions de la noblesse, les apparences) mais si l'on devait désigner la grande morale du conte; cela pourrait être que la richesse ne fait pas le bonheur, car la richesse vient avec de nombreux impératifs. La difficulté d'extraire la morale de ce conte est que contrairement à nos habituels contes Disney / Perrault, la morale bien que comprise ne peut aller à l'encontre du déterminisme. Pas de réel Happy End donc. 


17/20





mercredi 4 juin 2014

Edge of Tomorrow



Synopsis :

Dans un avenir proche, la Terre fait face à une violente invasion extraterrestre. L'Europe est presque totalement perdue mais un espoir demeure après l'exploit à Verdun du soldat Rita Vrataski. Le Major Bill Cage est lui sommé de prendre part au débarquement de Normandie qui est censé renverser définitivement le rapport de force en faveur des humains. Malgré son refus, Bill Cage doit débarquer dans la boucherie de Normandie et meurt après quelques minutes de combats. Il se réveille alors la veille du débarquement...


Commentaire :

Un film du genre "Tom Cruise"

La présence de Tom Cruise au générique d'un film signifie deux choses : le film sera de bonne qualité (une réalisation classique mais soignée) mais le déroulement de l'histoire et le rôle du personnage est plutôt prévisible. Tom Cruise, symbole d'une nation à vocation universelle, à la tâche de sauver le monde. Ce type de personnage correspond parfaitement à l'ambition du cinéma américain qui produit des histoires aux enjeux globaux. Sans se renouveler, Tom Cruise est évidemment excellent, mais soulignons que la personnalité lâche de son personnage en début de film est assez amusante. Elle tranche avec le personnage habituel bien que l'on sache que Bill Cage est amené à évoluer. Un plan particulièrement signifiant, pendant le débarquement, montre Bill Cage avec le casque qui lui tombe sur le nez, ce qui est assez cocasse sur Tom Cruise. Par son charisme, ce dernier a la fâcheuse habitude d'étouffer tous les autres protagonistes (dont le rôle est bien souvent atrophié) mais ici, la ravissante Emily Blunt apporte un réel vent de fraîcheur. Son personnage, héroïne au caractère froid, propose un pendant féminin à Tom Cruise, ce qui permet de centrer l'histoire sur un couple de personnages plutôt que sur un seul. Bien que Tom Cruise reste et soit la véritable star, Emily Blunt fait plaisir à voir dans un rôle "badass" qu'elle interprète superbement.

L'année des 70 ans du débarquement

Cette histoire, située dans un avenir proche, rappelle très fortement l'Histoire du XXème siècle. C'est peut-être pour cela que la sortie française se fait après bien d'autres, afin de se rapprocher de l'anniversaire du 6 Juin. La menace du film, quant à elle, rappelle fortement l'Allemagne Nazi, du fait que son épicentre soit le coeur de l'Europe et se propage vers l'Ouest. Alors que la France est presque totalement envahie, les dernières forces libres se sont réfugiées en Angleterre. Cette dernière est alors sous une menace directe d'invasion depuis le continent. A l'Est, les Russes et les Chinois tiennent difficilement leur front. Le débarquement en Normandie doit donc soulager le front Est et mener à la victoire. Le parallèle, déjà évident, est rappelé par une scène dans laquelle des personnages âgés se remémorent les années 40. Quant à la référence de Verdun, si elle rappelle la guerre 14-18, son utilisation contribue à ancrer l'histoire du film dans le passé, qui dans tous les cas renvoie à une menace venant de l'Europe orientale. Dans l'imaginaire collectif mondial, il n'est d'ailleurs pas dit que Verdun soit explicitement une référence de la Première guerre. En définitive, les parallèles sont voyants mais selon nous, ne servent pas un propos particulier. Nous ne savons pas pourquoi de tels parallèles ont été choisis. Concernant les reconstitutions des plages de Normandie, elles sont véritablement réussies, le spectateur est plongé dans un débarquement moderne. Le Paris apocalyptique est quant à lui un peu cliché pour un parisien (La Tour Eiffel tombée impeccablement sur le côté) mais la reconstitution  semble être "à point" pour un public mondial. 

Science-fiction

En plus d'être un film de guerre, ce long-métrage est bien évidemment un film de science-fiction. A l'origine, l'histoire est tirée du roman d'Hiroshi Sakurazaka. Pas étonnant lorsque l'on connait l'habilité des japonais à manier les sujets futuristes. L'exo-squelette est la trace la plus signifiante de l'origine japonaise, d'autant plus que l'exo-squelette de Bill Cage se bloque dans une interface en langue japonaise. Le fait que l'héroïne se batte avec une grande épée est également un indice allant en ce sens pour qui a déjà lu un manga. Soulignons ici que la science rejoint bientôt la fiction puisque les américains et les français ont développé des exo-squelettes pour leurs soldats, pour le moment moins perfectionnés que ceux dans le film. Quoi qu'il en soit, le design des exo-squelettes donnent un côté crédible au film, annonciateur des technologies à venir. Toutefois, le genre science-fiction est réellement confirmé avec deux éléments ; la boucle temporelle et les extraterrestres. Si les extraterrestres sont bien conçus au niveau du design, leur histoire est elle peu développée. Origine, intentions, rien n'est dit. Ils sont simplement les ennemis et à vrai dire, ils paraissent être plus un prétexte à la guerre et au voyage dans le temps qu'un élément de première importance. Néanmoins, cela n'est pas forcément un défaut car l'intérêt du film est ailleurs. L'intérêt se trouve donc principalement dans le voyage dans le temps qui, de par sa nature de boucle temporelle à court terme, ne pose pas de problème de cohérence. La seule question de crédibilité pourrait se situer autour de la capacité du cerveau à emmagasiner sans réel repos tant d'informations. 

Un film rythmé

Le principe de la boucle temporel est difficile à mettre en scène, le spectateur pouvant se lasser. Toutefois, le montage est bien pensé et grâce à l'incorporation de nombreuses ellipses et des indices laissant comprendre le recommencement interminable (sans que tout soit montré), le film reste rythmé et intéressant. Ainsi il s'agit d'un film où le montage est tout aussi important que le scénario et c'est à ce titre que le réalisateur Doug Ligman se distingue plutôt que dans une mise en scène uniquement fonctionnelle. Le petit bémol provient des batailles, qui nécessairement se succèdent à certaines périodes, à cause d'un mixage sonore écrasant/dérangeant constitué de rafales de tirs et de pilonnement. Heureusement, plus le film progresse plus il devient prenant. L'évènement final, classique, est très bien réalisé. 


16/20



mercredi 28 mai 2014

Maléfique



Synopsis :

Maléfique est une jeune fée du pays des Landes, terres magiques où vivent des êtres fantastiques. Un jour, elle fait la rencontre d'un jeune garçon Stefan, s'étant aventuré dans ces terres. Ils deviennent vite très proches et finissent par tomber amoureux. Néanmoins, les années passant, Stefan délaisse peu à peu Maléfique. Lorsqu'une guerre éclate entre les hommes et les êtres magiques, Stefan décide se battre aux côtés des hommes, quitte à trahir Maléfique...


Commentaire :

De Perrault à Maléfique

Entre le conte français et cette dernière version de La Belle au Bois Dormant, beaucoup de chemin a été fait. Cette relecture du conte se fait à partir de la version Disney de 1959 qui elle même reprenait la première partie du conte de Charles Perrault (ou des Frères Grimm). En effet, beaucoup ont oublié que le réveil de la Belle n'est pas la fin de l'histoire mais intervient en plein milieu selon la version originale. A ce titre, il est intéressant de noter que la version Disney des contes s'impose progressivement dans l'imaginaire, comme la version la plus connue, voire la version officielle des contes. Cette nouvelle version Disney est encore plus éloignée du conte original mais, comme la version de 1959, elle est très bien réalisée et écrite. Cette nouvelle version reprend les grandes structures du conte de 1959 et les principaux personnages. Néanmoins, l'histoire est ré-écrite, l'importance des personnages est modifiée et de nouveaux apparaissent. En définitive, ce Disney s'inscrit parfaitement dans la relecture moderne des contes effectués par Disney, depuis Raiponce en 2010 en passant par la Reine des Neiges. A vrai dire, cette approche moderne n'est plus surprenante pour qui a vu les derniers Disney et l'on s'attend à que certains moments clefs soit remplacés par d'autres (un dénouement à La Reine des Neiges). Néanmoins, ce travail de ré-écriture du conte qui se fait à l'intérieur des règles est très intéressant et le résultat est plutôt réussi.

La star Angelina Jolie

La modification principale vis à vis de l'oeuvre originale et du premier Disney est l'importance de Maléfique (La Fée Carabosse nous devrions dire - mais c'est moins classe). Angelina Jolie, productrice du film, est la véritable star de cette production. Le film et le personnage ont été crées spécialement pour elle. Ainsi, le personnage n'a rien de manichéen, il est beaucoup plus complexe que dans la première version Disney, ce qui le rend intéressant et attachant. Certains plans, ainsi que l'histoire de Maléfique, rappellent le mythe luciférien, personnage également pluriel et complexe. Angelina Jolie réalise incontestablement une grande performance dans ce film, elle est très juste et profonde. Notons toutefois qu'elle n'a pas véritablement de concurrents ici, les autres figures étant beaucoup moins connues : Sharlto Copley (District 9), Elle Fanning (Super 8), Sam Riley (Sur la Route), le visage le plus reconnaissable étant peut-être Imelda Staunton, la Ombrage d'Harry Potter. Nous soulignerons néanmoins la performance d'Ella Purnell dans le rôle de la petite Maléfique enfant.

Un univers sublime

La mode des contes en images réelles est lancée chez Disney depuis le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton. Maléfique a néanmoins une esthétique beaucoup plus proche de son conte que ne l'avait le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton. Maléfique reprend en effet, les images d'Epinal du conte de 1959. Un gros travail a été fait sur ce point. De plus, les images numériques et les effets spéciaux sont magnifiques. Il s'agit incontestablement de la grande réussite de ce film. L'univers du conte est ici complètement fantasmé et imaginaire. Il existe deux choix possibles lorsque l'on réalise un conte; soit on l'inscrit dans un monde imaginaire au-delà de l'espace et du temps, soit on l'inscrit dans une période et un espace réel qui va entrer en collision avec le merveilleux (c'est le cas pour la Belle et la Bête de Disney et celui de Christophe Gans; le conte est inscrit dans une France fantasmée). Ici, il aurait également été possible d'inscrire l'histoire dans une France fantasmée au vu des origines du conte mais le choix a été fait pour le monde imaginaire. Le choix est plutôt convainquant car le résultat esthétique est superbe et ce monde reste crédible. A vrai dire, avec ce film, on comprend aisément pourquoi le numérique permet de réaliser des contes en images réelles. Ce nouvel outils permet de créer des univers que seul avant pouvait réaliser le film d'animation.  Maléfique est certes un film "en images réelles" mais avant tout un film du numérique.

La réalisation 

Robert Stromberg réalise ici son premier long-métrage. Il s'agit du premier film le plus cher de l'histoire avec un budget de 200 000 000 d'euros. Autant dire qu'Angelina Jolie est considérée comme très "bankable". Robert Stromberg aidé des plans numériques réalise de très jolies images. Il y a quelques très belles scènes de poésie, la photographie est très travaillée. Elles ne sont pas forcément utiles à l'intrigue mais contribuent à l'univers de l'histoire. A certains moments, le cinéma est simplement contemplatif. Certains plans sont très graphiques et sont associés à la très belle et très présente musique du talentueux James Newton Howard. Cet ensemble inscrit ce long-métrage dans la catégorie prestigieuse des films relevant du "spectacle total" (Wagner, Reinhardt). 

La Morale du conte

La morale dans un conte est primordiale, un conte n'étant raconté que dans un intérêt didactique. Si le conte original renvoie aux différentes étapes de la vie d'une femme, les thèmes ici sont un peu différents. Il reste bien sûr l'idée du conte original mais on peut également y voir une morale écologique et le fait que les hommes (les deux types : les Hommes et les hommes) sont des être égoïstes et irrespectueux. Heureusement, le véritable amour existe, mais pas forcément là où l'on s'y attend.

16/20



samedi 24 mai 2014

X-Men, Days Of the Future Past


Synopsis :

Dans un avenir proche, les sentinelles, véritables armes de destruction, ont presque totalement anéanti humains et mutants. Au départ construites pour combattre uniquement les mutants, les sentinelles ont progressivement élargi les êtres à éliminer. L'avenir est compromis, le présent n'est plus vivable. La seule solution consiste alors à changer le passé. Wolverine est chargé de cette mission par le professeur Xavier et Magnéto... 


Commentaire :

Bryan Singer réimpose son style

Après X-Men 2, Bryan Singer avait délaissé la franchise, du moins au niveau de la réalisation pour le meilleur, X-Men Le Commencement, et le moins bon (pas le pire), X-Men L'Affrontement Final. Quant aux spin-offs sur Wolverine, ils étaient d'une qualité variable. Beaucoup s'étaient attristés que Matthew Vaughn, qui avait réalisé l'excellent X-Men Le Commencement, se retire de la réalisation. Pourtant Bryan Singer réalise un X-Men de toute aussi bonne facture mais dans son propre style. Ainsi, le générique d'ouverture raccroche directement cet opus à l'ancienne trilogie. En fait, bien que les personnages principaux à l'écran proviennent majoritairement d'X-Men le Commencement, par le caractère de ces personnages, la réalisation et la structure du film, cet opus se rattache incontestablement à la première trilogie. Plus que faire le lien entre les deux trilogies, il remet X-Men sur la voie ouverte par Bryan Singer au début des années 2000. Quoi qu'il en soit, Bryan Singer contribue à faire de cette nouvelle trilogie un petit joyaux parmi les films et sagas de super-héros. On notera particulièrement le retour de l'humour ultra-milimétré de Bryan Singer. En effet, contrairement aux autres franchises où l'humour est prégnant, conformément à l'humour de comics qui dédramatise les évènements, l'humour de Singer n'atteint pas le sérieux de l'action. Choix peu fidèle à l'univers des comics mais qui donne une réelle profondeur à cette saga. Il faut noter également, les moments de poésie que s'autorise le réalisateur, comme par exemple la majestueuse scène au ralenti impliquant Quicksilver. Enfin, comment ne pas mentionner le magnifique casting 6 étoiles, trilogie 1 + trilogie 2 dont hérite Bryan Singer pour nous délivrer une oeuvre aboutie. 

La différence avec X-Men Le Commencement

La grande réussite d'X-Men Le Commencement est d'avoir réussi à humaniser les X-Men. Chose peut-être simple, mais voir un dialogue entre Charles Xavier et Mystique pendant que cette dernière se lave les dents et interroge Xavier sur le fait de savoir s'il la trouve jolie ou non permet de faire des X-Men des êtres humains comme les autres. Ce premier opus de la nouvelle trilogie avait, en fait, tout l'attrait des films présentant le parcours initiatique des héros. Dans X-Men Days of The Future Past, on est au-delà de la découverte des personnages, ils sont pleinement X-Men comme dans la première trilogie. Chose peut-être regrettable car la découverte de soi-même est toujours intéressante, mais le traitement des personnages n'est pas pour autant délaissé. Sans être intime, le déroulement de cet opus est d'abord le résultat des relations entre les personnages. Autre point fondamentalement différent entre les deux opus; l'impact des X-Men dans l'histoire. Le côté jouissif d'X-Men Le Commencement est sa volonté d'inscrire les X-Men dans l'Histoire, notamment lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Leur action est réelle mais classée top-secrète, et ne modifie pas la trame de l'Histoire. Cela leur donne un côté crédible voir mystique (théorie du complot). Le premier script de Matthew Vaughn en tant que réalisateur pour X-Men Days of the Future Past continuait en ce sens.

" Un Days of Future Past parallèle,
 Secret de tournage sur X Men: Days of Future Past

La version initiale de X-Men : Days of Future Past, qui devait être dirigée par Matthew Vaughn, orientait différemment la trame du film. Le réalisateur avait notamment prévu de faire du film une suite directe à X-Men le Commencement, se déroulant dans les années 1970. Une des premières idées proposait même de mettre en scène l'assassinat de Kennedy orchestré par Magneto, ainsi que des rencontres entre mutants lors de la guerre du Vietnam et du mouvement pour les Droits Civils.   

Lorsque Bryan Singer reprit le projet, il fit des idées de Vaughn le centre d'une campagne marketing viral, construite autour de cette version parallèle du film. Dans cette histoire alternative, Magneto est arrêté et emprisonné pour le meurtre de Kennedy, bien qu'il ne cesse de clamer son innocence. Plusieurs théories du complot se sont par la suite construites autour des mutants, faisant parfois de Mystique un double de Kennedy et d'Emma Forst la véritable instigatrice de l'assassinat. Un site viral fut même construit dans cette optique, thebentbullet.com." Allociné

Néanmoins le X-Men Days of the Future Past de Bryan Singer fait un choix différent et ne se contente pas de s'inscrire dans l'histoire: il en fabrique une nouvelle. Ainsi, les évènements qui font suite aux accords de Paris de 1973, ne sont pas et ne peuvent pas être classés top-secrets. Ce changement d'approche limite, selon nous, la portée du film et nous préférions l'approche de Matthew Vaughn. Néanmoins, le film n'en est pas moins moins bon, car Bryan Singer réalise très bien ce qu'il a voulu faire. 

Intrigue à l'échelle d'une saga

X-Men Days of The Future Past est un grand film comme son prédecesseur, mais sa portée va au-delà. L'intrigue de ce film est génial dans le sens où il arrive parfaitement à lier les deux trilogies. C'est donc à l'échelle de toute une saga qu'il faut envisager ce film et il est nécessaire d'avoir en tête la première trilogie pour regarder ce X-Men. Chose tout à fait incroyable à souligner, X-Men Days of The Future Past arrive à enlever (résoudre) toutes les incohérences qui pouvaient se trouver entre les différents films. Il en reste en vérité une, comment Wolverine récupère t-il ses griffes après Wolverine Le Combat de l'Immortel ? Toutefois, ce n'était pas la question fondamentale de cet opus et Singer nous a montré présentement qu'il savait laissé trainer des questionnements pour mieux y répondre par la suite (le fait que Charles Xavier puisse marcher en 1973 par exemple). Par ailleurs, la place des nombreux personnages, qu'il soit du passé ou de l'avenir, est parfaitement proportionnée alors qu'on aurait pu craindre qu'un personnage comme Wolverine écraserait ses petites camarades. En définitive, cet équilibre entre nouveau et ancien fait de cet opus, à notre avis, un coup de maître. 

Le seul petit bémol : ou est la musique d'Henry Jackman ?

Le compositeur d'X-Men Le Commencement Henry Jackman laisse sa place à John Ottman. Choix regrettable, car la nouvelle composition n'arrive à la cheville de la précédente. Ainsi, lorsque Magneto arrive à émerger un sous-marin avec Henry Jackman, la scène est tout simplement sublime, car la musique retransmet tout l'effort que peut représenter cet exploit. Ici, lorsque Magneto arrive à décrocher un stade de ses fondations puis le transporter, la musique ne rend pas autant grâce au monumentalisme de l'exploit. La musique est bonne mais apporte moins aux actions du film. 

Petites astuces :
- Des scènes se déroulant en France, il est préférable de le voir en VO. Et puis ça nous donne l'occasion d'entendre Jennifer Lawrence parler réellement français! 
- Comme tout Marvel, il y a un extrait en plus à la fin, mais contrairement aux productions Marvel Disney (Avengers), il faut attendre la toute fin du générique pour y avoir droit. 

18/20





jeudi 15 mai 2014

Godzilla


Synopsis : 

En 1999, des traces de créatures géantes sont trouvées aux Philippines. La même année, une centrale nucléaire au Japon est touchée par un séisme qui entraine sa destruction. Joe Brody perd sa femme dans cet accident. 10 ans plus tard, Joe Brody est toujours à la recherche de l'origine de la destruction de la centrale dont il réfute la thèse officielle postulant un simple accident d'origine sismique. Son fils, Ford, a lui commencé une nouvelle vie à San Francisco et ne souhaite plus entendre parler du passé. Néanmoins, il rejoint son père au Japon après que ce dernier ait tenté de rentrer sur les lieux de la catastrophe nucléaire...


Commentaire :

Un design respectueux du passé

Si ce nouveau Godzilla fait jaser, c'est sûrement pour son design particulier. Gareth Edwards opère un retour aux origines, notamment au niveau de la face de la bête qui retrouve les traits de 1954. Son museau est plus que reconnaissable et son allure se trouve en rupture avec l'aspect plus longiligne et dinosauresque du Godzilla de Roland Emmerich ("Le Godzilla avec Jean Reno"). Certains diront que ce nouveau Godzilla est trop massif, mais physiologiquement, il est plus crédible compte tenu de la musculature nécessaire pour mouvoir un corps géant, qui plus est, un corps de combattant. Il se retrouve ainsi avec des pattes arrières tout bonnement énormes. Voici donc un Godzilla musculeux mais fidèle à son modèle de 1954. D'ailleurs, sa posture très redressée, différente de la posture de tyrannosaure d'Emmerich, est un beau clin d'oeil au passé, dans lequel on prêtait une posture très redressée, sans réelle connaissance anatomique, à tous les dinosaures. 

Des choix narratifs contestables

Si le design audacieux de Godzilla est selon nous plutôt une réussite, le film en lui même est une petite déception, tellement les bandes annonces étaient prometteuses et tellement Gareth Edwards avait su convaincre et surprendre les cinéphiles avec Monsters (film de monstres fait avec 500 000$). Néanmoins Gareth Edwards s'est lui même mis des bâtons dans les roues du fait de deux partis pris narratifs. D'une part, il choisi de faire de Godzilla la star de son film (en témoigne son apparition retardée et progressive, la star se fait attendre et soigne son entrée). D'une autre part, pour insister sur le monumentalisme du monstre, Gareth Edwards choisit de nous montrer, la majorité du temps, seulement des parties du monstre, même la caméra n'arrivant pas à saisir l'ampleur de la bête. Néanmoins, qui reste t-il alors pour animer le film? Les deux héros du film, interprétés par Aaron Taylor-Johnson (Ford) et Elizabeth Olsen (Elle) n'ont aucune présence. En fait, leur inutilité narrative est justifiée puisque Godzilla doit être le véritable héros de ce film, les humains sensés être complètement dépassés. Cette idée est confirmée par la scène presque risible où le héros pointe son pistolet sur un monstre en fin de film. Leurs actions sont inutiles (sauf une) et les personnages subissent (ils sont passifs). De plus, ces deux héros sont d'un cliché presque absolu pour le film catastrophe : le soldat et l'infirmière. Décevant venant d'un réalisateur prometteur et de ses scénaristes renommés (ou est l'inventivité ? même à l'intérieur des normes ?). Ce qui est triste est que le film avait les arguments pour donner une place importante aux humains grâce aux excellents acteurs que sont Bryan Cranston, Ken Watanabe, et Juliette Binoche. Ces trois acteurs passent très vite au second plan (après avoir réussi à attirer toute l'attention à eux) alors qu'ils auraient dû rester les héros de l'histoire. Pire, ces personnages étant peu utilisés, on ne comprend plus la structure du film qui fait alors trainé ce long-métrage en première partie.

Une mise en scène redondante avec quelques bonnes idées

Aux faiblesses scénaristiques, s'ajoute une mise en scène redondante. La mise en scène passe bien une, voire deux fois, mais lorsque les mêmes effets reviennent plusieurs fois dans le film, on peut suggérer un manque de créativité. Nous notons, par exemple, la technique de cacher un personnage derrière un autre et de faire ensuite bouger la caméra pour faire apparaître le personnage caché. Nous notons également les effets de suspens à la fin duquel on sait que Godzilla va intervenir (et oui qui d'autre sinon ?). Néanmoins, vu la masse et la taille de la bête, on n'a parfois du mal à croire que Godzilla surgisse aussi facilement qu'une souris à l'écran. Il y a d'autres petites bizarreries du genre qui paraissent peu crédibles du fait de la taille des monstres et des technologies disponibles aujourd'hui et qui rajoutent du suspens au détriment de la crédibilité (nous pensons à une scène où un monstre s'échappe incognito d'un entrepôt de déchets nucléaires). Néanmoins, tout n'est pas à jeter dans ce film, loin de là. Compte tenu de son impératif de montrer la grandeur des monstres, Gareth Edwards réussit très bien les effets d'échelle, en nous montrant des plans animaux tels un caméléon ou un chien. Et puis, nous pouvons avoir une certaine interprétation de ces relations de taille, face à ces animaux, le monstre gigantesque est l'homme. D'autres idées habilement mises en scènes sont les contrastes entre les scènes d'apocalypse et les scènes de calme (qui parfois d'ailleurs commencent avec les plans d'animaux) comme pour nous montrer que l'homme est insouciant jusqu'à la dernière minute. Pour terminer, notons la bonne idée du générique d'ouverture qui a pour but d'ancrer le mythe de Godzilla dans l'histoire, en revenant sur des évènements historiques et en passant progressivement du dessins, aux images de caméra en noir et blanc puis aux images haute-définition. Le départ était donc excellant et recherché.

Quelques plans magnifiques

Après Monsters, Gareth Edwards a eu le droit a un budget godzillesque 215 000 000$. Il en a visiblement profité dans quelques scènes très réussies. Nous notons la fameuse scène de parachute, montrée dans la bande annonce qui nous laissait espérer un film entier d'une égale beauté. A ce moment, le film est plus graphique, voire picturale aux références bibliques que réaliste. Ce choix artistique bien qu'audacieux aurait peut-être été une idée à appliquer à l'ensemble du film afin de lui donner un cachet tout à fait original. Nous notons également les très belles mais trop rares scènes de combat de Godzilla car dès qu'il est l'écran, le film prend de l'ampleur. Par contre, le budget ne se ressent pas du tout dans la 3D qui peut être ignorée si possible.

La morale

Une petit section doit être réservée à la morale puisqu'à l'origine Godzilla est la métaphore de la bombe atomique d'Hiroshima. Le film y fait d'ailleurs un petit clin d'oeil. Les monstres se déchainant sur le monde paraissent être la métaphore des catastrophes amenées par les centrales nucléaires. Ce n'est pas un hasard si un monstre fait son nid dans une centrale et que les bestioles se nourrissent de missiles nucléaires. D'ailleurs, les monstres du film ne peuvent pas apparaître sans les actions et les activités des hommes. Et puis, les militaires enchaînent les bêtises et sont presque aussi dangereux que les monstres eux-mêmes (la bombe H du film et la scène du Golden Bridge). Godzilla est un film profondément écologique et anti-nucléaire. N'oublions pas que Ken Watanabe nous dit tout du long du film que la nature rééquilibre d'elle même la balance si on la pousse dans ses extrémités.  

14/20