Les sorties de la semaine

jeudi 15 mai 2014

Godzilla


Synopsis : 

En 1999, des traces de créatures géantes sont trouvées aux Philippines. La même année, une centrale nucléaire au Japon est touchée par un séisme qui entraine sa destruction. Joe Brody perd sa femme dans cet accident. 10 ans plus tard, Joe Brody est toujours à la recherche de l'origine de la destruction de la centrale dont il réfute la thèse officielle postulant un simple accident d'origine sismique. Son fils, Ford, a lui commencé une nouvelle vie à San Francisco et ne souhaite plus entendre parler du passé. Néanmoins, il rejoint son père au Japon après que ce dernier ait tenté de rentrer sur les lieux de la catastrophe nucléaire...


Commentaire :

Un design respectueux du passé

Si ce nouveau Godzilla fait jaser, c'est sûrement pour son design particulier. Gareth Edwards opère un retour aux origines, notamment au niveau de la face de la bête qui retrouve les traits de 1954. Son museau est plus que reconnaissable et son allure se trouve en rupture avec l'aspect plus longiligne et dinosauresque du Godzilla de Roland Emmerich ("Le Godzilla avec Jean Reno"). Certains diront que ce nouveau Godzilla est trop massif, mais physiologiquement, il est plus crédible compte tenu de la musculature nécessaire pour mouvoir un corps géant, qui plus est, un corps de combattant. Il se retrouve ainsi avec des pattes arrières tout bonnement énormes. Voici donc un Godzilla musculeux mais fidèle à son modèle de 1954. D'ailleurs, sa posture très redressée, différente de la posture de tyrannosaure d'Emmerich, est un beau clin d'oeil au passé, dans lequel on prêtait une posture très redressée, sans réelle connaissance anatomique, à tous les dinosaures. 

Des choix narratifs contestables

Si le design audacieux de Godzilla est selon nous plutôt une réussite, le film en lui même est une petite déception, tellement les bandes annonces étaient prometteuses et tellement Gareth Edwards avait su convaincre et surprendre les cinéphiles avec Monsters (film de monstres fait avec 500 000$). Néanmoins Gareth Edwards s'est lui même mis des bâtons dans les roues du fait de deux partis pris narratifs. D'une part, il choisi de faire de Godzilla la star de son film (en témoigne son apparition retardée et progressive, la star se fait attendre et soigne son entrée). D'une autre part, pour insister sur le monumentalisme du monstre, Gareth Edwards choisit de nous montrer, la majorité du temps, seulement des parties du monstre, même la caméra n'arrivant pas à saisir l'ampleur de la bête. Néanmoins, qui reste t-il alors pour animer le film? Les deux héros du film, interprétés par Aaron Taylor-Johnson (Ford) et Elizabeth Olsen (Elle) n'ont aucune présence. En fait, leur inutilité narrative est justifiée puisque Godzilla doit être le véritable héros de ce film, les humains sensés être complètement dépassés. Cette idée est confirmée par la scène presque risible où le héros pointe son pistolet sur un monstre en fin de film. Leurs actions sont inutiles (sauf une) et les personnages subissent (ils sont passifs). De plus, ces deux héros sont d'un cliché presque absolu pour le film catastrophe : le soldat et l'infirmière. Décevant venant d'un réalisateur prometteur et de ses scénaristes renommés (ou est l'inventivité ? même à l'intérieur des normes ?). Ce qui est triste est que le film avait les arguments pour donner une place importante aux humains grâce aux excellents acteurs que sont Bryan Cranston, Ken Watanabe, et Juliette Binoche. Ces trois acteurs passent très vite au second plan (après avoir réussi à attirer toute l'attention à eux) alors qu'ils auraient dû rester les héros de l'histoire. Pire, ces personnages étant peu utilisés, on ne comprend plus la structure du film qui fait alors trainé ce long-métrage en première partie.

Une mise en scène redondante avec quelques bonnes idées

Aux faiblesses scénaristiques, s'ajoute une mise en scène redondante. La mise en scène passe bien une, voire deux fois, mais lorsque les mêmes effets reviennent plusieurs fois dans le film, on peut suggérer un manque de créativité. Nous notons, par exemple, la technique de cacher un personnage derrière un autre et de faire ensuite bouger la caméra pour faire apparaître le personnage caché. Nous notons également les effets de suspens à la fin duquel on sait que Godzilla va intervenir (et oui qui d'autre sinon ?). Néanmoins, vu la masse et la taille de la bête, on n'a parfois du mal à croire que Godzilla surgisse aussi facilement qu'une souris à l'écran. Il y a d'autres petites bizarreries du genre qui paraissent peu crédibles du fait de la taille des monstres et des technologies disponibles aujourd'hui et qui rajoutent du suspens au détriment de la crédibilité (nous pensons à une scène où un monstre s'échappe incognito d'un entrepôt de déchets nucléaires). Néanmoins, tout n'est pas à jeter dans ce film, loin de là. Compte tenu de son impératif de montrer la grandeur des monstres, Gareth Edwards réussit très bien les effets d'échelle, en nous montrant des plans animaux tels un caméléon ou un chien. Et puis, nous pouvons avoir une certaine interprétation de ces relations de taille, face à ces animaux, le monstre gigantesque est l'homme. D'autres idées habilement mises en scènes sont les contrastes entre les scènes d'apocalypse et les scènes de calme (qui parfois d'ailleurs commencent avec les plans d'animaux) comme pour nous montrer que l'homme est insouciant jusqu'à la dernière minute. Pour terminer, notons la bonne idée du générique d'ouverture qui a pour but d'ancrer le mythe de Godzilla dans l'histoire, en revenant sur des évènements historiques et en passant progressivement du dessins, aux images de caméra en noir et blanc puis aux images haute-définition. Le départ était donc excellant et recherché.

Quelques plans magnifiques

Après Monsters, Gareth Edwards a eu le droit a un budget godzillesque 215 000 000$. Il en a visiblement profité dans quelques scènes très réussies. Nous notons la fameuse scène de parachute, montrée dans la bande annonce qui nous laissait espérer un film entier d'une égale beauté. A ce moment, le film est plus graphique, voire picturale aux références bibliques que réaliste. Ce choix artistique bien qu'audacieux aurait peut-être été une idée à appliquer à l'ensemble du film afin de lui donner un cachet tout à fait original. Nous notons également les très belles mais trop rares scènes de combat de Godzilla car dès qu'il est l'écran, le film prend de l'ampleur. Par contre, le budget ne se ressent pas du tout dans la 3D qui peut être ignorée si possible.

La morale

Une petit section doit être réservée à la morale puisqu'à l'origine Godzilla est la métaphore de la bombe atomique d'Hiroshima. Le film y fait d'ailleurs un petit clin d'oeil. Les monstres se déchainant sur le monde paraissent être la métaphore des catastrophes amenées par les centrales nucléaires. Ce n'est pas un hasard si un monstre fait son nid dans une centrale et que les bestioles se nourrissent de missiles nucléaires. D'ailleurs, les monstres du film ne peuvent pas apparaître sans les actions et les activités des hommes. Et puis, les militaires enchaînent les bêtises et sont presque aussi dangereux que les monstres eux-mêmes (la bombe H du film et la scène du Golden Bridge). Godzilla est un film profondément écologique et anti-nucléaire. N'oublions pas que Ken Watanabe nous dit tout du long du film que la nature rééquilibre d'elle même la balance si on la pousse dans ses extrémités.  

14/20




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