Les sorties de la semaine

mardi 29 mai 2018

Sens 5


Synopsis :

La conclusion de la série cinématographique. Les trois femmes décident de suivre leur instinct, oubliant les normes... 


Commentaire : 

Le réveil de la Force

Enfin, tout s'accélère dans l'histoire. Après quelques scènes de dialogue assez intéressantes, le film "s’emballe". Le montage va jusqu'à proposer un montage alterné avec trois actions instantanées. Passé les dialogues, les personnages bougent dans le cadre ou circulent dans l'espace, obligeant la réalisation à des travellings. Des effets de reflet dans les vitres du métro ou des mises au point utilisant la profondeur de champ du métro font vivre le film, alors que l'épisode 4 était un des plus statiques. Ils suffisaient finalement que Hamaguchi mettent les personnages en mouvement et leur fasse faire des choix pour que le film prenne enfin un rythme et une forme qui invitent à l'attention. 

Les personnages s'affirment

L'histoire s'accélère à partir du moment où les personnages font des choix. Ils arrêtent de subir les événements, ils en sont à l'origine. Plus précisément, les trois femmes : Akari, Fumi et Sakurako prennent leur vie en main et ne sont plus dans des discussions rhétoriques. De même, les personnages secondaires comme Mlle Rose ou la petite soeur d'Ukai agissent. Il y a enfin une narration avec des enjeux importants, de la vie quotidienne certes, mais le quotidien notable et universel. 

Les thèmes : des femmes qui se cherchent

Le film commence par un dialogue intéressant, traitant d'abord du rapport de l'auteur à son oeuvre. A savoir qu'une oeuvre est limitée par la pensée de son auteur (ici Mlle Rose) et que ce dernier peut parfois être incapable d'aborder des sujets qu'il n'a pas vécu. Le dialogue se poursuit sur le rapport à l'amour et comment les tiers se mêlent des histoires de couple. Kohei reconnait avoir un amour égoïste mais a la sincérité de parler uniquement pour lui et de reconnaître être incapable d'adopter un autre point de vue. Les amies de Jun présentes, Akari et Fumi, parlent elles, pour Jun qui est absente. Même si elles ont probablement raison, elles usurpent une parole et sont finalement moins humbles que Kohei ne parlant que pour lui.
Mais au-delà de ces sous-thématiques de dialogue, pour la première fois, l'histoire (et non les discussions) propose un sujet qui restait en surface. Les personnages, en faisant des choix, soulèvent la question de la place de la femme au Japon. Il semble en effet, du moins dans le film, qu'il existe un problème de communication profond entre hommes et femmes. C'est le cas pour toutes les relations hommes-femmes présentées. En réaction, les femmes, qui se sentent ignorer, finissent par craquer et se laissent aller à leurs envies ; dernier moyen pour faire réagir les hommes. Il est plus facile de comprendre maintenant le succès critique de Ryusuke Hamaguchi. L'adoption du point de vue de femmes par le réalisateur est un exercice ardu qui lui a permis une certaine reconnaissance. Il est regrettable que les épisodes précédents aient le plus souvent abordé des sujets par le biais de dialogues statiques et non par l'histoire. 


En définitive, la dernière partie de Senses finit par intéresser, que cela soit par la mise en scène, l'histoire et les thèmes. Il aura fallu attendre la cinquième et dernière partie. "Un des films les plus prenants qu'on ait vu" selon les Cahiers du cinéma : il ne faut pas exagérer. 



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samedi 26 mai 2018

Solo : A Star Wars Story


Synopsis :

Le jeune Han et sa petite amie Qi'ra sont prisonniers sur la planète Corellia. Leur rêve est de s'échapper et de profiter de la liberté à deux...  


Commentaire :

Ron Howard, l'assurance de la narration

Ron Howard est arrivé en poste en cours de tournage mais c'était l'assurance que le tournage irait à son terme. Ron Howard sait en effet raconter des histoires. Il s'agit d'une mise en scène moins magistrale que Lucas, plus réaliste, avec des plans rapprochés, parfois une caméra épaule, qui rappelle le ton de Rogue One. Il est intéressant que les spin-offs varient ainsi la mise en scène. Au-delà de cet aspect, la mise en scène est classique, au service de la narration, très fluide. Ron Howard est de ceux excellant dans la mise en scène narrative. La contre-partie est qu'elle ne sort pas du lot. Tout comme les autres films Lucas-Disney, la direction artiste est de qualité et les effets visuels de très bonne facture. A la musique John Powell réalise une très bonne performance, la tâche n'étant pas aisée étant donné l'importance de la musique dans un Star Wars (musique orchestrale, symphonique). Pour quelques thèmes, John Williams est également présent, notamment sur le thème de Solo. Une très bonne bande musicale.

Han Solo, l'acteur relève le défi

Alden Ehrenreich, dont le choix avait soulevé des inquiétudes auprès du public, réussit sa mission. Que cela soit le ton ou les mimiques, Alden Ehrenreich tient le personnage d'Han Solo. Sa prestation, au delà de la performance d'imitation, est par ailleurs bonne. Le reste du casting, composé de pointures, produit une performance tout à fait honorable. 

L'histoire que personne n'avait demandé [Spoilers]

Disney s'est mis dans la tête de produire des spin-offs sans Jedi, plus proches de la première trilogie que de la prélogie. Ainsi est né Solo, tout comme Boba Fett devrait arriver. Han Solo étant inconnu avant l'épisode 4, son histoire ne pouvait être monumentale et devait être, par exemple, beaucoup moins importante en terme d'impact que Rogue One. Le film s'attache donc à construire le personnage d'Han Solo, comme il est connu dans la première trilogie ; le personnage est alors mis en relation avec Chewabacca, son porte-bonheur, son pistolet, le Faucon Millenium, et Lando etc. Il n'y a plus aucune inconnue sur le personnage, or, la fin du film n'est pas le début de l'épisode 4. Le personnage est donc narrativement figé pendant les années qui le séparent de la première trilogie. Autre petit problème, Han Solo est déjà bon dans le film, trop bon pour être le vaurien de l'épisode 4, c'est pourquoi il était hasardeux de faire un film sur Han Solo avec lui en héros. Malgré le fait que les scénaristes soient tombés dans le piège, l'histoire reste prenante, et possède un enjeu. La mise en scène fait le reste, le film fonctionne. Course poursuite, monstre géant de l'espace, cantina, tous les éléments recyclés ne sont pas passionnants. Cela a toutefois le mérite d'être bien amené et les nouveaux éléments (recrutement et guerres des soldats de l'empire + la petite surprise) permettent au film d'être assez prenant. 

Une histoire sans réelle thématique

L'histoire est au cœur du film. Celui-ci n'a pas vraiment de propos en lui même. Toutefois, Disney a placé un droïde abolitionniste luttant pour ses droits, ce qui apporte une petite thématique au film. La limite est que ce sujet n'est pas traité sérieusement et que cette sous intrigue est plus abordée sous l'angle de l'humour que de la réflexion. Autre propos du film, cette fois concernant l'ensemble de l'intrigue : la méfiance, il ne faut faire confiance à personne ; cette affirmation n'est néanmoins pas débattue. A cela, on pourrait rajouter la présence d'un personnage féminin fort mais ce choix est devenu une banalité dans les Star Wars nouvelle mouture. 
Il est clair que le film voulait d'abord raconter une histoire plutôt que de traiter d'un sujet (ce qui n'était pas le cas des films de Lucas, qui faisait les deux). 


En définitive, Solo, le film que personne n'avait demandé est plutôt divertissant et bien réalisé. Alden Ehrenreich tient le rôle. Il n'en demeure pas moins que cette histoire était dispensable. 




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mercredi 23 mai 2018

Sens 3&4



Synopsis :

Suite de la première partie qui était constituée de l'épisode 1 et 2. Jun a disparu. Ses amies et son ancien mari cherchent à savoir où elle se trouve... 


Commentaire :

L'espoir d'une réalisation plus dynamique 

La troisième partie démarre sur des plans d'exposition et sur un travelling. Les personnages circulent. La réalisation propose enfin du mouvement. Le premier dialogue varie les points de vue bien qu'il soit statique. La réalisation s'anime à l'instant où l'histoire semble démarrer. Malheureusement, il s'agit d'un espoir de courte durée car la réalisation reprend progressivement son rythme de croisière jusqu'à l'épisode 4 qui est structuré autour d'une longue conférence, filmée en plan fixe taille pendant d’innombrables minutes... Ce n'est presque plus du cinéma, simplement une caméra posée pour enregistrer un discours. Du côté musical, le piano n'est plus le seul instrument bien que la bande musicale soit encore très rare.  

Une histoire qui démarre enfin 

La banalité de la première partie laisse place à une banalité moins familière et presque digne d'une histoire de cinéma avec la disparition de Jun, l'erreur de Daiki (le fils de Sakurako), l'exaspération d'Akari. Le film s'anime donc, il en devient parfois drôle par les situations qu'il met en place, et intéressant dans le voyage proposé au sein des uses et coutumes japonaises (scène d'excuse de Sakurako et sa mère). Toutefois, ces moments sont toujours séparés par de longues séquences, parfois inutiles (la lecture de la jeune écrivaine). 

Des thématiques plus affirmées

Si les thématiques sont dures à décelées c'est parce-qu'elles ne sont pas clairement identifiées. Il s'agit avant tout de portraits de femmes et de ce fait, les sujets abordés sont parfois juste effleurés lors des discussions. Toutefois, le patriarcat se fait un petit peu plus sentir, par exemple avec le cas de la famille de Sakurako dans laquelle le mari décide. Remarquons néanmoins que la grand-mère garde une grande influence. Plus globalement, tous les hommes essayent de séduire des femmes dans le film, hormis peut-être le mari de Fumi (à voir avec l'écrivaine). Le portrait d'individus structurés autour du sexe n'est sûrement pas si faux, encore moins pour les hommes.
Les questions d'honneur dans la société japonaise sont aussi un des sujets importants dans ces deux épisodes. Le personnage d'Akari, dans le jugement constant, est aussi surement un des portraits intéressants. A voir si tout cela aura une résonance dans la dernière partie, à savoir s'il y a vraiment des sujets mis en avant dans le film ou s'il s'agit d'un film dépeignant des portraits très réels et donc complexes et hétéroclites et peu formalisables. 

En définitive, Sens 3&4 est un peu plus prenant que la première partie, de part l'histoire, les "péripéties" et le voyage dans la société japonaise. Reste une partie 4 néanmoins très laborieuse. 
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lundi 21 mai 2018

Deadpool 2


Synopsis :

Le super-héros rouge et noir continue à massacrer les méchants. Son existence change quand sa compagne lui annonce être prête à avoir des enfants... 


Commentaire :

Une réalisation saccadée

David Leigh nous livre un film au rythme effréné, sans temps faible. L'action n'est donc entrecoupée que par des scènes comiques ou des mini-séquences humoristiques. Cet aspect se ressent dans le montage notamment des scènes d'action, très dynamiques voire trop. En effet, l'action est alors peu lisible, d'autant plus que les plans sont majoritairement des plans rapprochés, même si les séquences graphiquement violentes sont bien réalisées. Il y a donc un manque d'ampleur, nécessitant des plans d'ensemble ou de demi-ensemble pour mieux ancrer l'action et aérer la narration filmique, ou tout simplement, la réalisation pourrait adopter un montage plus lent. Concernant la musique, elle joue beaucoup sur le mickeymousing, ce qui permet ensuite assez facilement de briser le 4ème mur. Néanmoins, la bande musicale ne marque que peu, hormis lorsque des tubes sont utilisés. 

Une écriture un peu facile

Si l'humour et le brisage du 4ème mur étaient enlevés, le film serait probablement médiocre du fait de son écrire. En effet, les personnages dont le méchant sont peu complexes et leurs motivations sont très banales pour les rôles qu'ils campent. L'histoire de Deadpool et de sa compagne est prévisible dès le début. Il est amusant que le film soit conscient de sa faiblesse puisque Deadpool le mentionne à plusieurs reprises. Malheureusement, cela ne rend pas le film meilleur et ce n'est que la particularité du film, c'est à dire, briser le 4ème mur constamment, qui lui permet d'être intéressant à regarder (il faut néanmoins être connaisseur du cinéma de Super-héros pour saisir toutes les références). En outre, le fait que le film incorpore des voyages dans le temps et la possibilité de changer les actions du passé réduit très fortement l'aspect dramatique et le poids des actions. Rien n'est grave si tout peut être changé. 

Les thèmes : la confiance et la famille

Deadpool possède quelques thématiques pour la forme mais elles ont au moins le mérite d'être présentes. Il y a d'abord le thème de la famille, centrale, puisque Deadpool cherche à créer une famille pour le soutenir dans ses aventures. L'idée est que la famille, au sens élargi du terme (puisqu'il s'agit d'une famille d'adoption), doit être présente notamment pendant les moments difficiles (scène avec Colossus). Il s'agit d'individus sur lesquels il est possible de compter. La deuxième thématique est l'idée qu'il est possible de changer et qu'il n'y a pas de fatalisme (cas de l'enfant à sauver, ou même Deadpool qui ne veut pas commettre les mêmes erreurs que son père). Les thèmes sont assez classiques mais abordés correctement. 


En définitive, Deadpool reste divertissant de part sa singularité à casser régulièrement le 4ème mur. Malgré cela, l'écriture et l'intrigue sont très banales. 



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jeudi 17 mai 2018

Senses 1&2


Synopsis :

Quatre amies japonaises dans la trentaine questionnent leur vie, tant sentimentale que professionnelle.   
[Il s'agit uniquement de la première partie, l'ensemble étant composé de 5 volets. Il s'agit en fait d'un seul film découpé.]


Commentaire : 

Une réalisation aléatoire et pauvre

Ryusuke Hamaguchi veut filmer l'imperceptible. Il laisse alors le temps dévoiler ce qu'il recherche. Mais que recherche t-il ? Le réalisateur avoue lui même se demander tout au long du tournage quel était le but de son film et comment le finir. Il en ressort que son film est composé exclusivement de temps faibles. Il film le quotidien. Si le problème de nombreux films est justement l'absence de temps faibles, Senses tombe dans l’excès inverse. Une intrigue peu dynamique peut être compensée par une réalisation audacieuse, contemplative ou expérimentale, mais ce n'est pas le cas ici. Les cadres sont fixes, notamment pour les scènes d'intérieur qui sont majoritaires, elles mêmes composées de très longues scènes de dialogue. Quelques plans en regard caméra sont présents, indiquant peut-être un basculement dans l'intrigue. Le procédé du champ - contre-champ est utilisé pour ces scènes de dialogue avec parfois le plan arrêté sur le personnage écoutant pour insister sur sa réaction. Le procédé n'est pas nouveau dans le cinéma d'auteur. Le film offre majoritairement des plans en taille ou des gros plans. La diégèse est donc peu ancrée spatialement, hormis pour la partie Arami en fin de film qui, enfin, propose quelques plans (fixes évidemment) de paysage (exception pour la cascade). Il en ressort une sorte d'étouffement, peut-être à propos mais le reste du film offrira plus de réponses. Le film ne présente en tout et pour tout que deux travellings, dont un pour la belle scène d'ouverture. Pour le reste en extérieur, au mieux, la caméra pivote.

Hamaguchi se refuse à utiliser la lumière artificielle, ce qui peut être un choix intéressant, au service du réalisme mais qui du coup rend les effets de pénombre (et autres) anecdotiques car il est hasardeux d'y voir alors une intention de réalisation. C'est probablement un choix pour le mari de Jun en contre-jour mais plus le cas lorsque Jun est dans la voiture entre ses deux amies. Filmer le réel tel quel empêche de lui donner un sens par un artifice visuel. Concernant le son, le mixage sonore est aléatoire, les scènes d'extérieur étant parfois encombrées par le son d'ambiance et les voix des acteurs étant inégalement fortes au cours des scènes. Certes, cela apporte du réalisme, mais un film étant dans tous les cas une construction, pourquoi ne pas le faire avec soin ? Nul besoin d'aller au cinéma pour voir le quotidien, bien souvent ennuyant. Concernant la bande musicale, il n'y a que deux très cours passages au piano, au début et à la fin. 
La sobriété côtoie ainsi la médiocrité même si cela est effectivement voulu.

Les thématiques : la vie professionnelle et amoureuse, une réalité complexe

Si les thématiques ne sont pas mises en oeuvre par l'image ni l'histoire, le film possède bien quelques thématiques, notamment présentées lors des scènes de dialogue. Les propos sont eux intéressants. Ils concernent la vie professionnelle de ces femmes et leur vie amoureuse ou plus généralement leurs rapports aux hommes. Le propos sur la vie professionnelle est peut-être le plus intéressant avec le cas de l'infirmière qui présente la complexité de son travail notamment face au vieillissement de la population japonaise. Les histoires d'amour de ces femmes sont elles présentées avec soin. Bien que le film ait été salué pour dénoncer le patriarcat, ce dernier n'est pas si oppressant dans le film. C'est plutôt la grande normativité de la société japonaise qui est perceptible pour un œil extérieur, qui remarque les questions taboues entraînant une gêne (question intime notamment). Le film ne porte pas de jugement sur les errements amoureux, l'individu concerné ne pouvant se défaire de sa subjectivité. Cela est intéressant. Il s'agit d'écouter les personnages plutôt que de les juger. Toutefois les histoires de cœur intéresseront ceux qui voudront. 


En définitive, Senses propose un voyage au cœur de la banalité de la vie, présenté avec le plus de banalité possible. Il faudra attendre la suite du film pour proposer un avis définitif. Il n'en demeure pas moins qu'à cette étape, le fond (l'histoire) et la forme sont ennuyants bien que certaines thématiques soient intéressantes. 



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Bande annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19577719&cfilm=239526.html

mercredi 16 mai 2018

Rampage : Hors de contrôle


Synopsis : 

Une entreprise spécialisée dans l'ingénierie génétique égare des échantillons de ses expériences dans la nature. George, un gorille albinos recueilli par le primatologue Davis Okoye est infecté...


Commentaire :

Une mise en scène fonctionnelle

Le blockbuster de Brad Peyton fait le minimum au niveau de la réalisation mais le minimum est fait correctement. Le montage et la mise en scène sont strictement narratifs, cela n'étant pas toujours chose facile lorsque des animaux sont faits personnages principaux. Brad Peyton arrive notamment à donner une place au gorille George qui bénéficie des champs - contre-champs classiques utilisés pour les échanges entre humains. Il existe quelques artifices pour créer des slipscreens à l'écran Davis/George (qui communiquent souvent via la langue des signes) et le film est doté de toute la panoplie des mouvements de caméra pour traiter des changements d'échelle et des rapports de taille pour des monstres géants / structures géantes (contre-plongées, plans de demi-ensemble, travellings révélant progressivement les objets à l'écran). Rien de nouveau donc mais le divertissement est globalement de bonne facture. Dommage que les monstres (hormis George) aient un design un peu grossier voire nanardesque. Concernant la bande musicale, elle est strictement accompagnatrice et ne se signale pas particulièrement. 

Dwayne Johnson sait s'effacer

Dwayne Johnson est lui même un personnage de cinéma, qui se promène entre les différents films dans lequel il joue. Cet acteur très rentable est donc une marque et une garantie à lui seul. Si la réalisation ne manque pas de l'iconiser (son introduction dans le film), il ne vole toutefois pas la vedette aux véritables protagonistes du film : les monstres, avec George en tête de gondole. Un plan de demi-ensemble montrant le crocodile géant et Davis (scène de la poursuite sur l'immeuble se terminant par un saut à travers la vitre) témoigne bien de la volonté de mettre les montres au centre de l'histoire, les humains étant impuissants. Le personnage de Dwayne Johnson a un rôle dans la résolution de l'intrigue parce-qu'il n'utilise pas uniquement la force brute. Surprenant et bien venu. 

Rampage : de l'action mais pas que

Rampage, blockbuster testoronné comporte de manière étonnante de nombreux messages qui hisse ce film au-delà des simples superproduction d'action. D'une part son côté science-fiction, avec l'utilisation de la méthode CRISPR, permettant d'éditer la séquence génétique d'êtres vivants, pose la question éthique des modifications génétiques du vivant, à la manière de Jurassic Park. Il est question notamment des découvertes faites par des scientifiques ayant de bonnes intentions détournées par des entreprises prédatrices. Toutefois le film va plus loin que Jurassic Park en posant la question du sort des animaux modifiés (qui ne sont pas simplement des bêtes dangereuses) et qui sont innocentes de leur nature modifiée. Doivent-elles payer pour ce qui leur a été fait ? D'autre part, le film se sert de l'animal pour dresser un bilan peu flatteur de l'Homme par l'intermédiaire du héros Davis, préférant la présence des animaux. Si les animaux ne sont pas meilleurs, leurs moyens limités les font moins complexes : sans rancoeur, non mesquins et non menteurs. Davis explique préférer la présence des animaux aux humains pour ces raisons ; dommage que le film n'ait pas creusé un peu plus cette piste. Ce qui demeure intéressant ici, est que George, qui a vu sa famille être tuée par des braconniers, soit présenté comme moins dur envers les humains que Davis lui-même. 
Les scènes d'action, faisant parfois référence au jeu vidéo, ne sont alors pas forcément les scènes les plus intéressantes, cela dépendant évidemment de ce que recherche le spectateur. Rampage possède donc derrière sa façade assez rustique un propos qui le distingue des films du genre.


En définitive, Rampage : Hors de Controle se révèle être un blockbuster distrayant tout en soulevant quelques questions intéressantes sur les rapports entre l'Homme et la technologie et l'animal. Dwayne Johnson arrive à s'effacer derrière l'intrigue du film, pour laisser le premier rôle aux monstres. Une bonne surprise.



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