dimanche 13 octobre 2024
Joker : Folie à deux
samedi 5 octobre 2024
Synopsis :
César est un inventeur et urbaniste de génie de la nouvelle Rome. Utopiste, il pense être capable de guérir la ville par l'urbanisme...
Commentaire :
L'Histoire de la réalisation
Oeuvre testamentaire de Francis Ford Coppola, Megalopolis y concentre sa science de la réalisation. L'ensemble des artifices du cinéma y est présent. Du traveling compensé, à l'incrustation, en passant par les split-screens et les œillets, peu de films présentent autant d'effets pré-CGI. Le film présente à certains moments des influences expressionnistes comme les scènes où les ombres sont projetées sur les murs. Les plans sont constamment très riches du fait d'un décor foisonnant et des effets spéciaux. Si le réalisme de l'environnement n'est pas toujours convaincant, nous garderons en tête qu'il s'agit d'une fable de science-fiction et qu'à ce titre, la réalisation possède nécessairement une dimension onirique et poétique. Toutefois, la mise en scène s'apparente plus à un hommage érudit de l'Hollywood passé qu'à une proposition nouvelle pour le cinéma de science-fiction. Un cachet presque daté. Le montage est lui particulier, parfois décousu, dans des scènes qui le justifient mais cela ne rend pas nécessairement le film toujours facile à suivre, d'autant que l'intrigue semble arriver aussi parfois par fragments. La musique, confiée à Golijov et VanderWaal, évoque parfois les péplums des années 60 mais sait également se fondre dans les scènes moins théâtrales. Ainsi le film est techniquement riche et intéressant, il s'agit incontestablement d'une vraie proposition de cinéma bien que la narration n'aide pas à l'immersion.
De nombreuses thématiques peu creusées ou peu lisibles
Si la narration n'aide pas à la compréhension générale, l'univers de la nouvelle Rome demande en plus de bonnes connaissances sur l'antiquité romaine dans sa période impériale afin de pouvoir s'accrocher au contexte. Il reste toutefois la possibilité de comprendre le fonctionnement de cette ville décadente avec d'autres références comme la ville de New York des années 80, voire même Gotham en tant que mégapole dystopique. Une fois cela dit, la grande thématique est celle de la ville "empire" au bord du précipice qui voit difficilement cohabiter la masse et les élites. L'élite est richissime, plurielle et en rivalité et se compose des banquiers, politiciens ou bien intellectuels, toutes ces différentes catégories étant plus ou moins liées. Vivant dans leur monde et proposant des jeux au bas peuple, cette élite pose la question de l'équilibre de cette civilisation car la chute de Rome guette. Elite critiquée certes, mais sans pour autant que la fable ne la condamne totalement. En effet, Cicéron n'est que partiellement ambigu, il est un père aimant tout au plus conservateur. Toutefois, le héros et celui venant apporter une solution aux méfaits du capitalisme et à la décadence est César, lui même issu de l'élite. Il est certes un génie et un philosophe utopiste, il semble tout de même assez éloigné des préoccupations réelles du peuple bien que moins hypocrite que Cicéron qui est dans l'optique "du pain et des jeux". Pourtant, c'est lui qui trouvera une solution miracle pour la Cité, faisant de ce film une œuvre profondément technophile. Adepte du progrès, Coppola est finalement un homme de son temps. Le seul se préoccupant en revanche du peuple pour ses propres intérêts est Claudio, sorte de Donald Trump, démagogue et agitant les plus bas instincts des foules, proche par ailleurs des milieux d'extrême droite. Il est le vrai représentant de l'élite critiquée et punie dans la fable. La fable étant un genre à morale, Coppola adopte une position plus aristocratique que pro-démocratique. César trouve une solution grâce à son génie et non en s'appuyant sur la réalité des masses, quand Claudio se réjouit lui, de réunir les masses incultes.
Au-delà du message technophile et aristocratique (au sens noble du terme comme pourrait le définir Aristote), plusieurs thématiques sont rapidement abordées par César. Elles sont toutefois sans réel lien avec l'intrigue, sortes d'interludes dispatchées dans l'œuvre. Il est fait mention de Dieu ou des dieux, inventions humaines, permettant le contrôle des foules par certains. Toutefois, ces inventeurs ont besoin de cet intermédiaire imaginaire pour manipuler les foules. Le pouvoir vient des Dieux, eux mêmes issus des humains, mais les humains ne peuvent exercer directement le pouvoir. César s'interroge aussi sur l'art et sa nature profonde et sa relation au temps. L'art n'est finalement qu'un instant figé du temps. D'autres thématiques sont également disséminées de manière plus ou moins convaincantes.
En définitive, cette vraie proposition de cinéma signée Coppola n'accrochera pas tout le monde, tant la dimension ésotérique de cette fable et sa dimension onirique au détriment de la fluidité de la narration rendent l'immersion difficile.
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samedi 28 septembre 2024
Les Barbares
samedi 21 septembre 2024
Beetlejuice Beetlejuice
Synopsis :
Lydia est une médium à succès, star d'une émission télévisuelle. Sa fille, Astrid, très cartésienne n'a que peu de considération pour le travail de sa mère. Toutefois, mère et fille vont devoir se rapprocher alors que le démon farceur Beetlejuice tente de reprendre contact avec Lydia...
Commentaire :
Tim Burton, et le retour du style classique
Burton est un des réalisateurs produisant les films les plus identifiables. Celui-ci, suite du premier 36 ans plus tard est définitivement empreint de la patte de Burton. Il possède un cachet que beaucoup de films n'ont plus avec ses influences expressionnistes, ses décors réels, ses maquettes et marionnettes. Il s'agit d'une véritable proposition de cinéma dans un style des années 90 avec l'ensemble des artifices pré-numériques. A cela, il faut rajouter évidemment la thématique du morbide, du rapport à la mort et aux monstrueux en passant par l'importance de la fête d'Halloween. Que cela soit la richesse du plan ou la finesse des transitions, le film est constamment dans l'offre d'idées visuelles, notamment à partir du moment où l'intrigue se déplace dans le monde des morts. Il s'agit d'un film dense et généreux, encore plus appréciable si l'on est réceptif à l'univers de Burton. A noter également la direction d'acteurs et la performance des acteurs, avec des protagonistes habités (si ce n'est hantés) par leur rôle. Les différents arcs narratifs sont intéressants bien que certains semblent toutefois se conclure un peu facilement (celui de Monica Bellucci et de Jenna Ortega en particulier). A la musique, c'est l'excellent Danny Elfman qui est de retour, avec sa musique orchestrale toujours si reconnaissable et réussie, donnant une réalité à ce monde horrifique à dimension comique. Il est pleinement auteur de l'univers de Tim Burton dans sa dimension auditive.
Les thématiques, habituelles
Chez Tim Burton, les histoires se ressemblent tant visuellement que dans les thématiques, ce sont parfois les intrigues qui se distinguent. Les héros sont à leur habitude les originaux ou marginaux alors que ceux vivant dans la norme, pliés par le capitalisme et l'administration sont les vrais personnages monstrueux. En effet, les monstres ne sont jamais véritablement les monstres, et il faut se méfier des personnes belles et propres. Ici, il faut bien évidemment se méfier de l'amant ambitieux ou... des amants en général bien sous tout rapport. La solution vient alors de l'autre monde et en particulier de Beetlejuice qui bien que répugnant, ne l'est peut-être pas plus que d'autres aux visages agréables. Il n'est pas inintéressant de faire le rapprochement avec le premier film Beetlejuice dans lequel le personnage de Beetlejuice voulait absolument se marier avec Lydia. Ici, Lydia fait de nouveau face à un mariage, mais venant d'un vivant qui semble plein de bonnes intentions. Pour autant, cette proposition est-elle moins dangereuse ? Sans surprise, Tim Burton demande à voir au-delà des apparences et des normes et à se soucier avant tout des personnes qui ont le cœur pur.
En définitive, Beetlejuice Beetlejuice est un retour dans le cinéma pré-numérique dans l'univers de Tim Burton. Une proposition en rupture avec ce qui est actuellement proposé et qui comme à son habitude, interroge la monstruosité.
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dimanche 18 août 2024
Alien : Romulus
Synopsis :
Plusieurs jours après la destruction du Nostromo, la Weyland-Yutani Corporation récupère l'alien considéré comme une ressource rare. La station effectue alors des recherches sur l'alien mais bientôt, plus aucune nouvelle ne parvient de celle-ci. Elle dérive alors vers une colonie minière et est repérée par un groupe de jeunes travailleurs...
Commentaire :
Un retour aux sources d'Alien avec Alvarez
Fede Alvarez, le spécialiste des films d'horreur s'est vu confié la tâche de relancer la saga. Spécialiste du genre, il est toutefois habituellement coutumier d'un genre plus gore que ne l'est la saga Alien. Néanmoins, le cinéaste uruguayen tout autant fan d'Alien le huitième passager que du jeu Alien Isolation réussit son pari. Le film est techniquement irréprochable. En effet, Alvarez prend le temps de développer son intrigue et de poser l'ambiance caractéristique du suspense horrifique quitte à limiter l'action uniquement à la deuxième partie du film. Le film s'appuie sur une photographie léchée notamment pour les plans dans l'espace, réelle plus-value par rapport aux premiers films qui ne pouvaient bénéficier de la technologie d'aujourd'hui pour filmer le gigantisme de l'espace. La scène en 0 gravité, autre nouveauté, permet également d'ajouter des visuels inédits. Toutefois, les créatures restent en animatroniques pour partie, notamment pour les gros plans, ce qui permet de préserver l'aspect organique des premiers films. Fede Alvarez réussit une belle réactualisation de la saga malgré, il est vrai, quelques citations un peu forcées. En tant que réalisateur de film d'horreur, il sait jouer avec le hors-champ pour installer son ambiance mais également avec le champ, en dissimulant parfois la créature dans les tonalités de gris. La caméra est libre et dynamique permettant également de rendre les scènes d'action efficaces. Le film possède, conformément aux films de la saga, son fameux quatrième acte, qui propose une innovation dans le lore, qui pourra autant satisfaire que susciter des contestations. A la composition, Benjamin Wallfisch contribue à réinstaller l'ambiance de la saga en reprenant et en réinterprétant les thèmes originels. Notons que le mixage sonore en général est de très grande qualité et à la hauteur d'un film se voulant être un hommage et une continuité au premier film de la saga.
Les thématiques : capitalisme et technique
Les thématiques qui parcourent la saga Alien reviennent ici, sans grande différence ni innovation mais avec toujours autant de pertinence. La première thématique est bien évidemment celle du capitalisme avec la compagnie Weyland-Yutani, exploitant jusqu'à l'os ses travailleurs pour augmenter ses profits et voulant absolument préserver l'Alien pour les potentielles retombées financières et scientifiques découlant de son éventuelle exploitation. Le deuxième grand questionnement se situe autour de la technique comme le souligne la référence à la mythologie de Prométhée. La technique est ce qui distingue et élève l'humain mais ce dernier, piégé par son hubris et sa volonté de profits, commet bien souvent des erreurs. Le rêve d'immortalité est un chemin qui n'a d'autre destination que la mort, car l'immortalité passe par le contrôle de l'Alien. L'humain est d'ailleurs dans l'hubris à partir du moment où il quitte sa planète, lui, n'étant adapté qu'à ce milieu. L'exploitation génétique de l'Alien permettrait à l'humain de ne plus être l'étranger (en anglais alien) dans les milieux non terrestres. Objectifs irréalistes tant l'humain est le produit de la Terre. Les synthétiques seraient-ils alors une solution ? Solution partielle à l'exploration spatiale, ils ne permettent pas néanmoins de changer la condition humaine. Miroir de l'humanité et produit de la technique, les synthétiques ne sont ni bons ni mauvais mais simplement le reflet des intentions des humains (mention spéciale au retour en image de synthèse de Ian Holm et à l'excellent David Jonsson en Andy). Plus rationnels que les humains, possédant plus de connaissances ainsi que plus robustes que ces derniers, ils sont néanmoins tout aussi faillibles... car produits par les humains. Le synthétique de Ian Holm travaille à l'amélioration de l'humain mais commet des erreurs (tout comme David dans les volets précédents). Leur incapacité à se décider par eux-mêmes et leur nécessité d'obéir à des directives (du moins dans ce film) en font par ailleurs plus des intelligences artificielles que des consciences artificielles. C'est finalement la relation avec Rain qui humanise Andy plutôt que le personnage d'Andy pris isolément. Le couple humain-synthétique est donc une belle histoire mais n'est pas à la hauteur de la quête d'immortalité. L'Alien, symbole de la nature proliférante (symboles phalliques et vaginaux), de la vie et de la mort est là pour rappeler les limites de l'humanité malgré toute sa technique et pour pousser les héros (héroïnes en l'occurrence) dans leurs derniers retranchements.
En définitive, Alien Romulus relance la saga Alien en ayant capté la justesse et la maîtrise du premier film, autant dans son ambiance que dans ses thématiques.
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mardi 30 juillet 2024
Deadpool et Wolverine
Synopsis :
Commentaire :
Réalisation simple et narrative
La réalisation reste le parent pauvre de cette saga mais elle n'a jamais été un argument de vente contrairement à la classification R, aux interprétations de Ryan Reynolds et au "brisage de quatrième mur". Shawn Levy continue la tradition avec une mise en scène efficace et narrative mais sans originalité. La photographie est quelconque voire peu travaillée, l'esthétisme n'étant pas un enjeu de réalisation. Les effets de surprise et les ralentis sont en revanche maîtrisés, ainsi que les chorégraphies de combat toujours soignées. Les décors (exceptés ceux de la côte Est) sont eux sans grand intérêt car plutôt vides et pauvres... La musique orchestrale de Rob Simonsen est quant à elle réussie avec ses thèmes de tension ou héroïques, et participe à la réussite narrative de l'ensemble.
Les atouts affichés et cachés
Tout l'intérêt du personnage de Deadpool réside dans la dimension méta du personnage qui s'adresse sans cesse aux spectateurs et plus précisément aux fans. Une connaissance minutieuse de l'univers cinématographique Marvel (Fox et Disney) est nécessaire. De plus, il est préférable de connaître les questions de droits entre studios (ce qui va de soi pour un fan). L'atout premier et annoncé est évidemment le retour de Hugh Jackman en Wolverine et son interaction avec le personnage de Ryan Reynolds. Hugh Jackman crève l'écran par son physique et sa présence mais le scénario et les dialogues ne permettent pas de mettre en avant les qualités d'acteur de l'acteur australien. Ryan Reynolds a en revanche des répliques plus intéressantes (avant tout parce qu'elles sont métas) mais des connaissances sur l'acteur lui-même sont également nécessaires pour comprendre l'intégralité des références. Ces deux personnages centraux sont le plat principal mais c'est un véritable buffet surprise et nostalgique qui est servi tout au long de l'intrigue avec un hommage appuyé à l'univers Marvel de la Fox, désormais racheté par Disney. Le film sert à expliquer en quoi l'univers de la Fox doit prendre fin (qui correspond au monde Deadpool), Disney ayant ici ironiquement le rôle du méchant avec M. Paradoxe. Ryan Reynolds ressort alors une dernière fois des figurines d'une caisse de jouets oubliée pour rappeler leur existence et leur offrir un dernier tour de piste dans le multivers du MCU.
Des thématiques, malgré tout
Si le film a avant tout l'idée, confirmée par le générique de fin, de rendre hommage à la période Fox avant d'offrir ces personnages à Disney, le film propose tout de même une thématique propre au personnage de Deadpool. Deadpool, anti-héros singulier, cherche sa place dans l'univers des super-héros et souhaite en devenir un. Néanmoins, comme le lui rappelle le personnage de Jon Favreau, un super-héros ne souhaite pas son statut. Deadpool a besoin de devenir un Avenger pour des raisons personnelles, mais un Avenger n'a jamais souhaité le devenir. C'est le monde qui a eu besoin des Avengers. Pour que Deadpool devienne un vrai super-héros, il devra comprendre la notion de sacrifice.
En définitive, Deadpool & Wolverine est une sucrerie pour les amateurs forcenés de films de Super-héros. Fortement méta, il n'a d'autre intérêt que ses références, effectivement de niche, et sa petite dose de nostalgie.
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jeudi 4 juillet 2024
Le Comte de Monte-Cristo
Synopsis :
Edmond Dantès va enfin pouvoir se marier avec Mercédès alors qu'il va être nommé capitaine. En effet, Edmond devait devenir officier afin d'avoir l'autorisation de se lier à une des plus grandes familles du Sud de la France. Toutefois, cette future promotion sociale, qui se fait au détriment d'autres intéressés, lui attire rapidement de très gros ennuis...
Commentaire :
Une mise en scène narrative linéaire mais efficace
Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière se mettent derrière la caméra après avoir pu travailler sur le diptyque Pathé des Trois Mousquetaires qui laissait, notamment à cause de la deuxième partie, un goût amer. Ici le scénario est bien équilibré et bien adapté depuis le roman de Dumas pour le format cinéma. S'il est vrai qu'il y avait matière à faire deux parties, le film a été pensé pour se tenir d'un seul tenant avec la montée progressive de la tension. En effet, il s'agit d'un drame dont l'intrigue se tend progressivement et dont la résolution aurait été probablement moins satisfaisante si elle n'était arrivée que dans un second temps. Dans la période actuelle où la saga est reine, il est à saluer le choix de produire un film structuré qui se suffit à lui-même. Concernant la réalisation, la colorimétrie est recherchée dans un ton terne, accordé au drame mais également à la dissimulation (intentions, identités). La mise en scène est en elle-même classique et narrative, sans fulgurance mais soignée avec une photographie travaillée. Cette dernière est aidée par des décors et des paysages particulièrement réussis car en très grande partie construits en dur, ce qui apporte un cachet que la plupart des films américains n'ont plus. Ainsi, l'ouverture du film pourrait s'apparenter au premier Pirates des Caraïbes. La direction d'acteur, contrairement aux Trois Mousquetaires, est ici irréprochable avec de grands acteurs de la comédie française tels que Niney ou Lafitte. La seule réserve du film est peut-être un dernier acte un peu rapide, ou du moins qui n'apporte pas pleine satisfaction au regard de la longue construction de la tension. La mise en scène très linéaire maintient la tension du fait d'un bon scénario mais l'absence de montage alterné, parallèle ou flashback ne permet pas de rappel des enjeux. Le film étant déjà long, c'est certainement la plus sage des solutions qui a été retenue mais le dernier combat manque tout de même un peu de tension ou panache. Il est, pour le coup, moins bien filmé que les combats des Mousquetaires. A la musique, Jérôme Rebotier réalise une bande musicale digne d'un blockbuster avec des thèmes reconnaissables et travaillés de musique orchestrale. La mise en scène laisse s'exprimer la bande musicale mais celle-ci s'impose aussi parfois face aux images du fait de l'efficacité des thèmes.
Les thématiques de Dumas : Justice ou Vengeance ? [Spoiler]
Les thématiques sont sans surprise celles du roman. La grande question est celle de l'opposition entre la Justice au sens philosophique et la vengeance. La question n'est pas simple pour Edmond Dantès car la justice étatique a failli. Il va donc devoir définir ce qu'est la vraie Justice. Dès le début, l'Abbé Faria l'avertit de ne pas confondre sa quête avec celle de la vengeance, car la vengeance, en plus d'être injuste n'apporte pas satisfaction à celui qui l'exécute. Comme l'histoire le laissait présager, Edmond Dantès, devenu le comte de Monte-Cristo, finit par être aveuglé par sa quête et a pour projet de tuer un innocent, le fils d'un homme lui ayant porté préjudice. Par ailleurs, les complices qu'il implique dans cette quête destructrice se voient eux aussi ronger par la haine. Le Comte de Monte-Cristo se rendra finalement compte des risques de la vengeance quand son protégé ira plus loin que ce qui était prévu. C'est donc un équilibre difficile à atteindre qui porte en lui-même une certaine frustration. Le Comte ne trouvera cet équilibre que parce-que son premier amour, en allant chercher l'homme qui l'était avant, et en jouant donc sur la fibre émotive, viendra lui montrer l'injustice de la vengeance et donc sa propre trahison par rapport à son projet de Justice. Sa Justice ne doit pas être la Justice Divine qui, elle, est cruelle et impitoyable. Elle est par ailleurs incontestable par essence et le Comte ne peut prétendre manier l'épée divine. Edmond Dantès doit se contenter d'une justice humaine et raisonnable sans pour autant qu'il ne lui soit demandé d'aller jusqu'au pardon.
En définitive, Le Comte de Monte-Cristo est une adaptation réussie, portée par une mise en scène efficace, des acteurs convaincants et des décors et costumes à la hauteur de ce blockbuster à la française.
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