Les sorties de la semaine

vendredi 9 juillet 2021

Black Widow

 


Synopsis :

Après les évènements de la Civil War, les Avengers sont séparés. Natasha Romanoff est pourchassée pour son implication du côté des Avengers rebelles mais doit également faire face à la chambre rouge, l'organisation soviétique responsable de sa formation dans ses jeunes années... 


Commentaire : 

Rythme endiablé 

Cate Shortland s'attaque au genre du super-héros marvelien en essayant de respecter le style associé. La réalisatrice ne réussit que trop bien son défi en fournissant un film très riche en action, dans une intention narrative et fonctionnelle. Seule originalité : l'introduction-crédit musicale. Ainsi, la réalisation n'a pas de personnalité en tant que telle mais remplit un des impératifs donnés par Scarlett Johansson, à savoir éviter l'hypersexualisation de Black Widow. En effet, malgré des tenues avantageuses et moulantes, la caméra ne s'arrête jamais sur cet aspect du personnage. Pour le reste, la mise en scène est celle d'un film de super-héros avec énormément de scènes d'action : avec des scènes de combats au corps à corps, des courses poursuites, en passant par les scènes aériennes de super-héros. Toutefois, un effort a été fait pour travailler les combats au corps à corps, spécialités de Black Widow, dont les cascades sont impressionnantes. Il y a un véritable travail sur le corps, notamment de Black Widow qui subit tous les chocs et contusions possibles. Le fait qu'elle semble insensible (malgré les bleus) à toutes ces violences la pose comme super-héroïne. Si la chorégraphie des combats est léchée, il est toutefois regrettable que la réalisation ne s'inspire pas de la mise en scène hong-kongaise qui aurait laissé se développer la magie de la chorégraphie sans avoir recours aux cuts incessants. Plus généralement, le film semble s'imposer un rythme endiablé qui certes maintient le spectateur sous tension mais peine à travailler les émotions et le ressenti dans une histoire tragique. Logiquement, le film qui ne se permet pas de temps faible ne laisse que peu s'exprimer la bande musicale de Lorne Balfe, qui réussit une partition orchestrale dans la lignée des bandes musicales Marvel. 

Un féminisme d'apparence [Spoilers]

Le sujet de Black Widow est classique et d'une limpidité sans pareil : la libération des femmes face au patriarcat blanc. En effet, Black Widow est confronté à un père incompétent (un super héros mythique - le Red Gardian- qu'il aurait été plaisant de plus fouiller), à l'incompétent et têtu général Ross, ainsi qu'à Dreykov l'incarnation du patriarcat dans un style qui rappelle Harvey Weinstein. Ce dernier contrôle les femmes par le biais d'une substance chimique qui est censé rappeler la manière dont le patriarcat tisse sa toile autour du corps féminin et de la femme plus généralement. La soumission qu'il exige, la violence physique qu'il exerce et son contrôle sur les femmes par le biais de phéromones ne rendent le propos que plus limpide (voir la scène de confrontation entre Dreykov et Romanoff). Il manque toutefois les violences sexuelles, arme principale du patriarcat pour que le propos soit complet. La résolution du film est littéralement la libération des femmes du système mondial mis en place par Dreykov (autrement dit le patriarcat). Par la suite, les femmes se soutiennent dans une sorte de sororité. Le seul homme ayant un rôle positif est le sidekick de Romanoff qui a pour vertu de ne pas être blanc et du coup d'être symboliquement meilleur que l'ancienne génération. Si le message est hautement d'actualité et efficace, il reste consensuel sans être révolutionnaire. En effet, Romanoff ne propose pas une vision du monde radicalement différente des autres Avengers. Le film est avant tout une succession de scènes de combat. Faut-il comprendre que subissant ce système, elle est obligée d'exercer autant de violence que les hommes ? Romanoff est rusée, elle utilise un stratagème face à Dreykov mais l'ultime alternative reste la violence. De même, d'un point de vue méta, la mise en scène de Shortland reste super dynamique, on pourrait presque la qualifier de virile, peut-être pour se fondre dans le monde marvélien. Mais est-ce qu'une vision radicalement féministe n'impliquerait pas une révolution du genre qui va au-delà du simple mimétisme des codes masculins ?


En définitive, Black Widow bénéficie enfin de son film solitaire. Elle y mène un combat ouvertement féministe qui manque toutefois de profondeur sur le sujet. Le tout reste distrayant de part son rythme très (trop ?) soutenu. 



******

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire