Les sorties de la semaine

lundi 31 décembre 2018

Bumblebee


Synopsis :

Les Autobots défaits, fuient leur planète natale Cybertron. Bumblebee est envoyé sur la Terre pour construire une base qui rassemblera les Autobots dispersés dans la galaxie. Mais rien ne se passe comme prévu car les Decepticons ont suivi Bumblebee...


Commentaire : 

Mise en scène fonctionnelle 

Travis Knight offre le service minimum pour ce spin-off de la saga des Transformers. Certaines transitions sont travaillées, le grain de l'image rappelle les Eighties et certains séquences avec les combats de transformers en arrière-plan rendent bien. Malgré cela, l'ensemble reste peu original. La mise en scène est jolie mais avant tout fonctionnelle et conformément à la saga très "cuté" ce qui tranche avec le côté eighties recherché. Malgré les cuts, le film se trouve avoir quelques longueurs à côté des scènes d'action du fait que l'histoire se concentre sur le personnage de Charlie et sa famille, lui donnant au passage un petit côté spielbergien (les enfants dans une histoire de SF). Autre point, si les effets spéciaux sont très convaincants, les costumes des militaires font assez cheaps, pour ne pas dire issus d'une série B, ce qui est étonnant au vu du budget. Cet effet est accentué par le caractère très monolithique de l'armée et du personnage de John Cena. Il faut dire qu'il était difficile de trouver quelqu'un qui sache filmer aussi bien l'armée que Michael Bay. Quoiqu'il en soit, ce spin-off parait être un parent pauvre de la saga Transformers qui n'a d'intérêt (pour les derniers épisodes) que ses scènes d'action survitaminées. Ici les scènes d'action sont moins amples et l'histoire centrale sur Charlie peu prenante. 
A la musique, Dario Marianelli fournit un très bon travail, notamment pour les scènes d'action, rappelant la bande musicale des films des années 80. Il ne suffit pas toutefois à rendre le film plus intéressant hors des scènes d'action. 

Une histoire banale qui s'intègre difficilement à la saga

Si le film semble parfois long, c'est parce que l'histoire principale n'a que peu d'intérêt comparée à la grande guerre qui fait rage entre Decepticons et Autobots. Cela peut être intéressant d'insister sur les personnages humains, et cela avait été bien fait dans les deux premiers Transformers. Ici, l'histoire de Charlie n'est pas captivante. La jeune fille finit par surmonter la mort de son père, renoue des liens avec sa famille, retrouve la joie de vivre. Un scénario avant tout sur l'adolescence dont le dénouement était évident. Le personnage intéressant était bien celui de Bumblebee, surprenamment touchant car expressif. La relation Chartlie-Bumblebee est certes bien travaillée mais ce qu'il y a autour (famille, armée) manque profondément d'écriture. 
Au-delà de l'intrigue centrale, l'histoire des Autobots est malheureusement mal arrimée au reste de la saga. Les Autobots et Decepticons ont déjà leur forme motorisée terrestre (voiture, avion) sur Cybertron, ce qui n'a pas de sens. Le premier Transformers montre que c'est une fois sur Terre que les robots s'inspirent de leur environnement pour leur transformation. Par ailleurs, Bumblebee est censé arriver sur Terre dans les années 2000 avec les autres Autobots bien que dans le passé, d'autres Autobots ou Decepticons aient déjà visité la Terre. Peut-être que lui et Optimus ont quitté la planète bleue dans les années 80 pour y revenir plus tard, mais cela a peu de sens. Quoiqu'il en soit, il semble y avoir des problèmes de cohérence.  

Pas de thématique phare 

Hormis le premier Transformers, la saga n'est pas particulièrement riche en thématiques. Ici, une adolescente doit surmonter son passé mais la réflexion sur ce sujet n'est pas poussée. Le thème de la famille, important, n'est pas non plus l'objet d'une réflexion. Cette absence de travail sur le scénario rend le tout très superficiel. Le film n'a donc pour objectif que de divertir. Dommage alors que le spectacle soit quelconque.


Bumblebee offre le service minimum en terme de divertissement. L'histoire n'est que moyennement intéressante alors qu'elle s’emboîte mal avec le reste de la saga. Reste quelques scènes à la mise en scène sympatique.  



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samedi 29 décembre 2018

Aquaman


Synopsis :

Arthur, aussi appelé Aquaman, est né d'une union entre un humain et la Reine des Atlantes. Cet enfant interdit ne pourra rester longtemps dans l'anonymat car il est l'héritier du trône d'Atlantis... 


Commentaire :

Une réalisation virtuose 

James Wan aime utiliser toutes les possibilités laissées par le cinéma et il ne s'en prive pas. Aucune transition ne sera simple, aucune caméra ne sera fixe, tout cela au service d'un spectacle grandiose. Grandiose, car le réalisateur phare des Conjuring sait donner de l'ampleur à son film par l'insertion de nombreux plans de grand ou demi-ensemble qui font respirer un visuel très riche jusqu'à la limite de la saturation. Les scènes d'action bénéficient d'un soin particulier, souvent grâce à des plans séquences époustouflants avec une caméra qui file entre les différents points d'action de la scène. Il est impossible d'en citer une en particulier car toutes les scènes d'action sont originales et sophistiquées. La première scène d'action avec Nicole Kidman implique peu de personnages mais est déjà très travaillée. Le film se termine par une bataille gigantesque qui permet à Wan de montrer toute sa créativité. Au-delà des scènes de combat, tout un background en terme d'histoire et d'environnement (très riche) est amené. Cela donne de la profondeur à ce monde qui possède sa propre histoire et sa complexité en terme de peuples. Cela fait beaucoup pour la crédibilité de ce monde sous-marin. Toute cette profusion visuelle et d'information était-elle vraiment nécessaire ? Probablement. C'est un film dont l'atout principal est d'être généreux en tout point, pour peu que cela serve le divertissement. C'est un blanc-seing donné au réalisateur qui utilise toute la potentialité du cinéma en terme de palette de couleur (adaptée au milieu aquatique) et une caméra complètement libre. Côté bande-son, cela suit la réalisation. La bande musicale est partagée entre des musiques "clubs" pour ajouter un côté fun et badass (qui colle bien au personnage) et une bande musicale plus classique orchestrale menée avec brio par Rupert-Gregson-Williams. Ce dernier n'hésite pas à faire du mickeymousing en insistant sur des moments particuliers, notamment les poses d'Aquaman, toujours pour son côté badass. 
D'un point de vue technique et réalisation, le contrat est donc plus que remplit.

Un ton assumé

James Wan ne se donne aucune limite. Les effets sont parfois très appuyés (les ralentis) et les plans sont clichés (sortie de l'eau avec une musique de Pitbull). On est à la limite du risible... mais cela passe. Depuis quelques temps, les réalisations étaient plus sages et n'osaient plus assumer le côté grandiose et héroïque de peur de faire ridicule par rapport au classique du genre... ce qui est parfois le cas. Aquaman est un film qui se prend au sérieux certes mais sans-arrière pensé et de manière totalement décomplexé. C'est déconcertant et risible au début et puis l'on comprend que le film assume complètement le côté Super-héros. On ne s'étonnera même plus de voir des vélociraptors à l'écran. Le film est généreux, divertissant. 

Des thèmes simples pour un DC 

Si Aquaman est le DC post-Nolan le plus divertissant, il perd en complexité scénaristique et thématique. Certes, cette légende moderne blockbusteurisé du Roi Arthur est intéressante en terme de réécriture contemporaine d'un classique de la littérature. Toutefois, l'histoire est alors d'un classicisme absolu. Concernant les thèmes à proprement parler, il y en a quelques uns mais très conventionnels et peu appuyés. Le premier est bien évidemment le métissage d'Arthur, le sang mêlé capable de réunir les deux peuples. Joli sur la papier, peu pertinent sur le fond car pourquoi faudrait-il des attributs génétiques particuliers pour être un faiseur de paix et être digne d'être roi ?  Autre thème très rapidement abordé : la pollution des océans.  Thème très intéressant mais qui n'est pas assez appuyé par le méchant pour justifier sa guerre totale. L'argument est bon mais le personnage est trop mauvais de nature pour rendre son action intéressante, or rien n'est plus pertinent qu'un méchant avec de bonnes intentions. En revanche le thème bien abordé est celui du pouvoir. La légitimité d'Aquaman ne tient pas totalement à son ascendance mais à sa vision du pouvoir. C'est parce-qu'il n'est pas intéressé et se sent par ailleurs totalement illégitime pour gouverner qu'il est le plus désigné pour obtenir le pouvoir. Sur ce point, le film frappe juste. Néanmoins, on reste à des années lumières des réflexions d'un Zack Snyder dans Batman Vs Superman (version longue).

En définitive, Aquaman est un film généreux, qui assume complètement son côté héroïque et grandiose quitte à tomber volontairement dans les clichés et à en jouer. Le visuel est à couper le souffle, le ton est plus léger que dans les autres DC. 

  
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mardi 18 décembre 2018

Une affaire de famille


Synopsis :

Un père et son fils rentrent dans un magasin. Ils se coordonnent tous les deux pour que l'enfant mettent le plus de choses dans son sac. De simples voleurs ? Sur le retour pour chez eux, les deux protagonistes croisent une petite fille maltraitée et montrent alors leur grand cœur... 


Commentaire :

Une mise en scène au service du corps familiale 

Ce film de Kore-Eda est un drame à la réalisation dynamique. Exit les plans fixes et longs et sans ambition de certains drames. Le réalisateur japonais donne un véritable rythme à son film par la mise en scène (travellings et autres mouvements, et des plans variés) cela entrant en synergie avec la légère tension constante amenée par l'intrigue. Il s'agit en effet d'une famille qui est au bord du précipice et dont le spectateur redoute qu'elle n'y tombe. Pourtant, il s'agit d'une famille unie. Tous les personnages bénéficient de gros plans ou de plans en taille, chacun avec son histoire propre symbolisant un problème de la société. Seuls le "père" et sa "femme" sont présentés par la mise en scène en duo. S'ils ne sont pas ensembles, ils sont avec un enfant. Dans un sens, ils sont le nœud de la famille. La mise en scène ne sera jamais aussi belle que lorsqu'elle réussit à réunir tous les membres de la famille dans le cadre, que cela soit pour la scène du feu d'artifice ou lors de la sortie à la plage. La réalisation nous le dit : cette famille est liée, cette famille fonctionne alors bien même qu'il n'y a pas de lien de sang. La photographie est sombre à l'image de la situation décrite mais la musique de Haruomi Hosono est douce pour décrire une famille heureuse. La situation est paradoxale : la famille fonctionne mais se trouve sur le fil du rasoir. 
En définitive, la mise scène est fonctionnelle et pleine de sens. Elle justifie du point de vue technique sa Palme d'or.

La thématique : qu'est-ce qu'une famille ?

Le propos de Kore-Eda ne change pas et rejoint celui de son très beau film déjà primé à Cannes : Tel Père, tel Fils. Qu'est-ce qu'une vraie famille ? La famille présentée est peut-être liée par la misère, le crime et l'argent, il n'en reste pas moins que ce sont des liens affectifs qui la structurent réellement. Ce sont des personnages attentionnés entre eux, autrement dit, des personnages avec un bon fond. Cela peut même se faire au détriment de la loi comme lorsqu'ils prennent une petite fille battue. Légalement il s'agit d'un enlèvement mais eux ne se préoccupent pas de la loi, ils se limitent au rapport humain. D'un point des normes sociales cette famille est tout sauf une famille, c'est d'ailleurs ce que la société et la loi vont finir par lui rappeler. La tradition dit que le lien du sang l'emporte, tout comme la loi, reflet de la pensée dominante. Pourtant les personnages essayent de se défendre : "Est-ce qu'accoucher suffit pour devenir mère ?" dit Nabuyo, la femme qui a enlevée la petite fille battue. Non, pour Kore-Eda, la famille va au-delà. Peut-être dit-il même que le lien du sang n'a rien à voir la dedans. Ce qui compte est la solidarité et l'affection entre les individus. C'est cela pour lui une vraie famille même si elle est dysfonctionnelle du point de vue de la société. Une pensée progressive, très bien amenée.


En définitive, Kore-Eda réalise encore un chef d'oeuvre sur le thème de la famille. Au-delà de la mise en scène pleine de sens, le réalisateur japonais répond contre la société japonaise (et plus généralement contre les sociétés traditionnelles) à la question : qu'est-ce qu'une véritable famille ? La réponse est sublime. 


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samedi 15 décembre 2018

Astérix : Le Secret de la potion magique


Synopsis : 

Panoramix se fait vieux. Lui-même craint de ne plus être à la hauteur de sa mission. Il cherche donc un successeur à qui il pourrait confier le secret de la potion magique...


Commentaire :

Une réalisation soignée 

La France n'a pas à rougir de ses films d'animation mais les Astérix sont peut-être les plus aboutis dans la catégorie animation en image de synthèse. Cela était déjà notable avec Astérix et le domaine des Dieux. L'animation est belle et fluide avec un petit côté cartoon-dessin décelable au niveau de l'animation des yeux des personnages pour rester fidèle au support d'origine. Au-delà de l'aspect technique, la réalisation est très soignée et surtout très bien rythmée, cela étant nécessaire pour les gags. La bande musicale, orchestrale, est également bien travaillée et s'agrémente d'airs celtiques bien venus pour certaines scènes, notamment celles de voyage à travers la Gaule (ce qui est rare pour un Astérix). Il y a également quelques extraits de morceaux plus récents pour donner un côté dynamique à l'ensemble. Pour conclure sur le côté réalisation : il est des BD que l'on peut qualifier de bels objets, il en va de même pour ce film qui se trouve être un joli film d'animation.   

Un humour à la Astier-ix

Les Astérix sont toujours des œuvres comiques. Il en va de même pour celui-ci. Toutefois, comme le dernier Astérix d'Astier, la présence de l'interprète du roi Arthur derrière la caméra est décelable dans les dialogues et les situations. Il s'agit souvent d'un langage plus familier s'adressant à un ou des personnages incompétents (les druides, les hommes du village, les apprentis-candidats), rappelant quelques protagonistes de Kaamelott au passage. Il s'agit toutefois d'un humour plus mature qu'il n'y paraît et il n'est pas certain qu'il soit accessible à tous les enfants. 

Moins politique mais plus érudit


Astérix et le domaine des Dieux avait un côté critique et politique certain. Cet Astérix est thématiquement moins ambitieux. Il est question de la responsabilité du pouvoir (que confère la potion magique) et de son utilisation défensive ou offensive, mais cette question est beaucoup plus simple dans la manière dont elle est abordée ("mais que se passerait-il si la potion tombait entre de mauvaises mains"). Les arguments du méchant druide (Sulfurix) sont un peu vite balayés. Autre thème, bien amené mais classique : le rôle des femmes. Que cela soit les femmes du village ou la petite Pectine, les personnages féminins prennent à juste titre de l'importance dans l'histoire sans que cela soit fait de manière forcée. 
Toutefois cet Astérix est valorisé sur un autre aspect : l'érudition sur le sujet. Les BD et les films sur le petit gaulois ont toujours été construits autour des clichés datant pour la plupart de la IIIème République. Or, de nouveaux éléments ont été ajoutés pour ce film. Les sangliers, grandes victimes d'Obélix retrouvent un rôle divin, animal sacré de la mythologie celtique. Le rôle des druides en tant que savants mais aussi philosophes est aussi mentionné, tout comme leur aversion pour l'écrit. Certains éléments mythologiques comme Avalon et les pommiers sont amenés (sûrement issus des connaissances d'Astier sur la légende arthurienne d'origine celtique). La compromission de certains gaulois avec Rome (ou plus généralement la romanisation des élites) est également mentionnée. Bref, ce film d'animation apporte à sa manière un certain savoir sur la civilisation gauloise (celtique). 

En définitive, Astérix et le secret de la potion magique est à nouveau un très bon film d'Alexandre Astier et de Louis Clichy. Le film est drôle, rythmé et intelligent. 





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