Les sorties de la semaine

dimanche 29 avril 2018

Avengers Infinity War


Synopsis :

Thanos, le grand plus grand méchant de la galaxie rencontre enfin les Avengers. Jusque là, les forces du bien ont toujours triomphé mais face à ce dernier, à la recherche des pierres d'infinité, la bataille s'annonce compliquée...


Commentaire : 

Les Russo un peu moins chaotiques

Après deux Avengers, Joss Whedon qui avait si bien réussi à réunir les Avengers par la mise en scène, avec notamment ses plans séquences, a laissé sa place. Les frères Russo qui ont réalisé les deux derniers Captain America sont à la barre. Adeptes du montage rapide et de la camera épaule, ils réalisent ici un montage plus propre, moins saccadé pour les chorégraphies de combat et agrémenté de valeurs de plan différentes. Il existe encore des plans en caméra épaule (scène de New York), mais elles sont justifiées dans le contexte. Les plans de grand ensemble dans ces univers immenses et variés sont très bien trouvés et permettent de faire respirer l'action tout en donnant de l'ampleur aux combats. Si les plans séquences de Joss Whedon pendant les combats ne sont pas de retour, la mise en scène trouve néanmoins une certaine ampleur par une caméra numérique circulant beaucoup. Concernant l'humour, toujours importante chez Marvel, elle est plutôt bien gérée et ne vient jamais désamorcer la gravité des péripéties (contrairement à Thor Ragnarok). Le film est par ailleurs très bien rythmé. Les frères Russo ont donc cette fois-ci réussi leur contrat. Ils sont d'ailleurs bien aidé par Alan Silvestri, le grand compositeur d'Hollywood qui avait déjà œuvré sur le premier Avenger, adepte des leitmotivs qui fonctionnent superbement bien ici. La musique orchestrale (préférée à la musique tubesque, ou hip hop en vogue dans les derniers films de super-héros) est la seule capable de magnifier autant le côté épique de ce volet des Avengers.  

Un scénario osé mais en suspend

Le scénario est particulièrement osé par son dénouement et est le point fort de ce film - les enjeux sont parfaitement classiques sinon. Attention toutefois à ne pas le rendre caduc par des suites qui viendraient niées les péripéties de cet épisode et qui donc le minimiserait. Marvel doit donc assumer les sacrifices de ce film. 

Les thématiques : le bon méchant [Spoilers]

Les thématiques sont plutôt noyées par l'action mais il faut reconnaître l'effort mis autour de Thanos, le grand méchant du film. Il s'agit presque du seul personnage travaillé dans ce film, les autres héros étant déjà introduits. La profondeur du personnage de Thanos est pertinente car un film de super-héros ne peut se passer d'un bon méchant. Les frères Russo laissaient craindre le pire, eux qui voulaient un super-méchant façon grosse brute et sociopathe. Il se trouve que Thanos prône une sorte de malthusianisme extrême plutôt intéressante et propose la réduction de la population par tirage au sort pour que tout le monde soit mis face à une égalité complète. Il s'agit d'une méthode extrême mais qui est cohérente pour Thanos lui qui a vu sa civilisation mourir par épuisement des ressources. Par ailleurs, si les Avengers perdent c'est bien parce-qu'ils refusent de faire le moindre sacrifice ("On ne marchande pas une vie" Captain America). Thanos est également montré aimant sa fille, cela renforçant sa profondeur. Dommage que sa philosophie ne soit pas poussée un peu plus loin car son côté brute et sans pitié rend parfois difficile de croire à son altruisme. Ce personnage n'hésite pas à torturer physiquement et psychologiquement de nombreux protagonistes, cela faisant passer son argumentation pour une simple justification de sa violence et sa volonté de domination. Les meilleurs méchants sont ceux voulant faire le bien (avec des méthodes extrêmes) : Thanos était presque convaincant et se trouve être le meilleur méchant de Marvel. 


En définitive, Avengers Infinity War est une réussite. Si les enjeux sont peu originaux pour le genre, un méchant intéressant et un dénouement osé font de cet épisode un des meilleurs Marvel. 





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mardi 24 avril 2018

Strangers: Prey at Night


Synopsis :

Une famille arrive dans un camping à bungalows en début septembre. Tous les autres vacanciers ont, semble t-il, quitté le lieu en cette période. Toutefois, une étrange présence rode...


Commentaire : 

Un slasher banal dans le style des années 70

Ce slasher dans un lieu reculé tel le camping/camp ici rappelle très fortement les classiques des années 70-80 tels Vendredi 13 ou Massacre à la tronçonneuse. Des tueurs presque omnipotents et omniscients concourent à ce rapprochement. L'intention est ainsi manifeste. Malheureusement, l'hommage ne va pas plus loin que la reproduction d'un genre d'époque. La mise en scène est plutôt pauvre. Bien qu'au départ il soit fait un effort pour mettre la menace hors-champ (ou cachée dans le champ), celle-ci n'y reste pas longtemps. Après avoir été dévoilée, elle repasse hors-champs quelques scènes pour un effet qui est évidemment moindre. Les films d'horreur sont souvent l'occasion d'un travail sur la réalisation. Toutefois, hormis quelques plans en vue subjective de la menace fonctionnant bien, ainsi que certains zooms, ce film ne propose rien de particulier au niveau de l'image. Il a toutefois la qualité de nous éviter des scènes gores inutiles. La bande sonore est plus réussie et soutient la mise en scène en participant à la mise en tension. C'est le compositeur Adrian Johnston à la manœuvre. En plus de la composition, la réalisation a également recours à des tubes des années 70-80 lors des scènes de meurtre, ce qui a son petit effet au début. 

Un scénario cousu de fil blanc 

Le scénario est très prévisible mais comme tous les films du genre. Ce qui compte alors est la cohérence des actions des personnages. Si la solution pour éliminer les téléphones portables est ingénieuse, l'incapacité des personnages à utiliser les armes dont ils disposent est assez frustrante. Il aurait mieux fallu ne pas les mettre dans le scénario, car leur non-utilisation dans certaines situations est incompréhensible. Les personnages crient, supplient ("Laissez nous tranquilles" tous les personnages le disent au moins une fois), font du bruit, bref subissent alors qu'un peu de répondant (qui arrive mais bien tard) aurait donné plus de crédibilité à certaines scènes.

Les thèmes : pauvreté du film 

Les tueurs n'ayant pas de motif et leur identité n'étant pas un enjeu, le film ne propose pas beaucoup de thématiques. Du côté des héros/victimes, il y a la famille américaine typique avec le problème de communication classique parents-enfants à l'adolescence. Il y a notamment la jeune adolescente ayant besoin d'une épreuve pour comprendre combien sa famille est importante. Le film n'a pas de propos là-dessus, il s'agit plus de caractéristiques ayant pour but d'apporter de la crédibilité à cette famille et nécessaires pour provoquer la séparation des protagonistes dans le lieu. 


En définitive, Strangers: Prey at Night est un slasher banal dans le style des années 70-80. La réalisation comme l'histoire sont sans grand intérêt. 



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mardi 10 avril 2018

Red Sparrow


Synopsis :

Dominika est une danseuse étoile au Bolchoi. Elle est gravement blessée par son partenaire lors d'une représentation, cela mettant fin à sa carrière. Plusieurs mois plus tard, Dominika apprend par son oncle des services secrets russes que son partenaire l'a volontairement blessée...


Commentaire :

La mise en scène au millimètre de Francis Lawrence

Francis Lawrence retrouve Jennifer Lawrence son héroïne de la saga Hunger Games. Ce n'est donc pas la première fois que F.Lawrence filme un régime autoritaire, mais ici, cela se ressent dans la mise en scène. Le film adopte en effet une structure symétrique que cela soit dans le cadre ou le montage. Au départ, la rigidité (montage alterné, plan symétrique avec Jennifer Lawrence au centre) représente la rigueur et la perfection des représentations du Bolchoi. Par la suite, les cadres symétriques représentent la pensée autoritaire voire totalitaire du régime russe. La rupture de symétrie dans le cadre est souvent amorcée par le personnage de Jennifer Lawrence qui tente de résister au régime (scène de mise à nu devant la classe). Cette mise en scène réussit alors le pari de mettre mal à l'aise, en faisant ressentir une situation de contrainte, d'enfermement. Cela est aidé par une colorimétrie terne, sans vie, à l'image des individus broyés par le système. Francis Lawrence réalise ainsi un très bon travail, où la forme s'accorde avec le fond. A la musique, en plus des impressionnantes partitions classiques des ballets de dance, James Newton Howard produit un accompagnement discret faisant beaucoup pour l'ambiance. 

Un scénario à la hauteur

Ce film d'espionnage est doté d'un scénario réfléchi qui ne laisse aucune chance de découvrir le dénouement, ce qui est finalement assez rare. Plusieurs protagonistes ont leur agenda, parfois secret et il est impossible de savoir qui l'emportera. Certains actes sont d'ailleurs peu compréhensibles sur le moment, ce qui peut être un peu déroutant mais le dénouement leur donne du sens. 

Jennifer Lawrence, la revanche

L'ensemble des acteurs est excellent et crédible, si ce n'est le fait qu'ils parlent anglais avec un accent slave pour des scènes censées se dérouler en russe. Hormis cela, les performances sont honorables avec bien évidemment Jennifer Lawrence dans un rôle très dur et éprouvant. Les performances de ballets sont excellentes et son jeu pour l'interprétation d'une femme contrainte par un régime autoritaire est parfaitement convaincant. Par ailleurs, il s'agit des premières images de Jennifer Lawrence nue après les fuites de son téléphone. L'actrice affirmait qu'il était important qu'elle le fasse afin de se réapproprier son corps, car cette fois l'exposition est volontaire et dans le cadre d'une oeuvre. Elle est donc en position de force cette fois-ci, de la même manière que son personnage dans le film, lorsque ce dernier choisit lui-même de se déshabiller. Il y a donc presque une dimension méta à ce film.

Les thématiques; système totalitaire et psychologie humaine 

La thématique centrale du film est la dénonciation du régime russe dans sa dérive totalitaire et réactionnaire (femme, homosexualité) après l'espoir de la fin de la guerre froide, face à un régime américain plein de défauts mais respectant tout de même un peu plus l'individu (sur le principe, le film le reconnait). Jennifer Lawrence (Dominika) hésite ainsi entre patriotisme et liberté individuelle. Au delà de cette opposition de bloc, le film est assez sceptique sur le genre humain qui est toujours prêt à succomber à ses ambitions ou à ses pulsions (occidentaux comme ex-soviétiques). Les scènes d'entrainement des espions distillent quelques leçons sur la psychologie de l'Homme, si manipulable lorsqu'on sait lui offrir ce qu'il désire (sexe, argent, pouvoir). 


En définitive, Red Sparrow est un excellent film d'espionnage emmené par une Jennifer Lawrence impériale. Le scénario tient la route et le propos sceptique sur le genre humain est pertinent. 



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mardi 3 avril 2018

Ready Player One


Synopsis :

Dans les années 2040, l'humanité s'est réfugiée dans un monde virtuel nommé Oasis, pour fuir une dure réalité aux écosystèmes bouleversés et où les inégalités ont explosé. Wade est un jeune garçon, gamer plutôt doué. Il participe au concours organisé dans le monde virtuel avec pour prix l'ensemble des actions boursières d'Oasis, de plusieurs milliards de dollars... 


Commentaire :

Spielberg, maître de la narration

Le plus grand conteur du cinéma reste Steven Spielberg. Son cinéma est narratif et met toujours ses personnages au centre de l'intrigue, cela accolé à quelques scènes marquantes. Pour ce film de SF, se déroulant en partie dans un monde virtuel, Spielberg nous offre de nombreuses scènes très impressionnantes, dont la course automobile, d'une rare intensité et tellement pétrie de détails qu'une bonne partie nous échappe. Il en va de même pour la grande bataille de fin qui contrairement à la course, en devient parfois peu lisible. En effet, les plans sont tellement riches qu'un montage plus posé aurait pu être judicieux, à moins que cela soit l'effet recherché pour marquer le monde virtuel. La scène la plus originale dans le monde d'Oasis est surement celle du club disco avec les danseurs en apesanteur, scène intéressante car au montage plus lent, notamment dans sa première partie. Concernant le monde réel, le quartier des piles où habite Wade est particulièrement réussi et symbolise la dystopie. Quoiqu'il en soit, la réalisation est aboutie mais il ne faudrait pas oublier le département des effets spéciaux qui a été également à la hauteur. Pour le côté musical, hormis la reprise de tubes des années 80, c'est Alan Silvestri qui est à la manœuvre avec une partition williamesque. Là encore, le travail est fait.

Une histoire banale

Si le film est bien réalisé, l'histoire est elle le point faible du film du fait de son classicisme. L'histoire n'est pas mauvaise mais banale et très manichéenne. Le film, sur ce point, est plutôt adressé à un jeune public même si les références s'adressent aux quadragénaires ou aux passionnés de la pop-culture. Si le film est un succès, c'est plus en jouant sur un univers culturel partagé (et la très bonne réalisation) qu'en proposant une histoire intéressante. Les personnages sont par ailleurs peu charismatiques. 

Les thématiques classiques 

Une histoire classique se traduit par des thématiques classiques. Là encore elles ne sont pas mal venues mais présentées de manière très simples. Le film enfonce des portes ouvertes. Le principal questionnement porte sur la création qui ne peut être réduit, selon le film, à un sujet financier, d'où la lutte entre le joueur passionné et le patron de multinational pour le contrôle d'Oasis. Le second thème qui arrive en seconde partie porte sur l'amitié qui est la chose la plus importante selon l'histoire. Tout cela est juste mais un peu faible pour un film de science fiction. 

Les références, une interfilmicité utile ?

Le film a la grande qualité de prendre le jeu vidéo, en général, au sérieux indépendamment des références finalement anecdotiques pour le scénario. Il s'agit d'une légitimation de ce pan culturel par le cinéma et c'est en cela que le film est réussi. Les références aux jeux vidéos sont, elles, pléthores et bien trop nombreuses pour être toutes notées. Par ailleurs, elles ne sont guère mises à profit et servent plutôt d'arrière-plan général. C'est un peu dommage et frustrant. Dommage, car la référence à une oeuvre devrait être amenée de manière à avoir un sens dans l'intrigue, or toutes les références pourraient être remplacées, frustrant, car le spectateur s'attend à ce que des personnages dont il est fan passent à l'action. C'est seulement le cas pour King Kong, un robot de Gundam et le Géant de fer, mais là encore ces personnages manquent de singularité. A noter que pour une histoire se passant dans les années 2040, les références semblent un peu anciennes et plus convenir à la population contemporaine. Chose amusante, la référence la mieux exploitée n'est pas une référence de jeu vidéo mais une référence à un film : celle à Shining. Autant dans la mise en scène que pour son importance dans l'histoire, il est certain que c'était dans cet univers que Spielberg était le plus à l'aise. 


En définitive, Ready Player One est bon film de Steven Spielberg se déroulant dans un univers de pop-culture apprécié. Rien de transcendant au niveau des thématiques, mais les références et surtout la réalisation peuvent faire leurs effets. 




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