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dimanche 18 février 2018

Black Panther


Synopsis :

T'Challa, alias Black Panther doit devenir roi du Wakanda après la mort de son père lors des événements de la "Civil War" entre les Avengers. Il doit faire face à de nombreux défis entre les prétendants au trône et la défense de son pays, qui détient les uniques mines de Vibranium au monde, métal aux qualités infinies... 


Commentaire :

Une mise en scène classique, riche en CGI

La mise en scène de Ryan Coogler est efficace, très dynamique au montage, notamment et logiquement pendant les scènes d'action qui sont les plus belles réussites du film (mention spéciale pour la course poursuite en Corée du Sud). Il faut dire que la chorégraphie de combat de Black Panther est extrêmement gracieuse, souple et rapide à l'image du félin. Sans compter le design du costume toujours aussi réussi. Les autres personnages possèdent également des chorégraphies de combats très abouties. Au-delà de ces qualités indéniables, la mise en scène reste narrative et fonctionnelle et n'est pas particulièrement singulière (hormis lors du renversement du Roi ou l'image renversée/inversée est très à propos). Ce qui est singulier est plutôt le cadre. Il y a de beaux plans de paysages "africains" ou du Wakanda mais exclusivement en CGI. Néanmoins, l'effort fait au niveau du décor des structures du Wakanda, futuristes tout en gardant une part de la singularité locale, est véritablement à saluer. Autre élément positif, la bande musicale de Ludwig Göransson, qui intègre des instruments africains à son orchestre et participe ainsi à l'ambiance. La partition est tout à fait rafraîchissante. Attention toutefois à ne pas réduire la musique africaine à une certaine idée que l'on s'en fait hors Afrique. 

De bonnes performances d'acteur, notamment des actrices

Tous les personnages fonctionnent, tous ont une réelle personnalité et de réels dilemmes ce qui est particulièrement bien venu dans un film de super-héros. Exit les personnages lissés par un trait de caractère. Toutefois, au-delà des personnages eux-mêmes, il faut noter la performance de deux actrices qui relèguent presque Black Panther au second rôle; ce sont Lupita Nyong'o (Nakia) et Danai Gurira (Okoye). Il est presque dommage que les femmes n'aient pas le premier rôle ici étant donné la puissance de leurs personnages. Terminons par une petite mention pour Andy Serkis qui bien que peu présent, brille à chaque apparition. 

Les thématiques : bien-pensant, mais bien pensé ? 

Le contexte de la sortie de ce film est important, il s'agit d'un film sorti sous la présidence Trump et presque fait en réaction à cette présidence (voir la première scène post-générique pour la confirmation explicite). Il est donc question de mettre "l'Homme noir" au centre du récit. L'intention est bonne mais complexe voire impossible car y'aurait-il un Homme noir par définition ? Qu'y'a t-il de commun entre un Homme africain et un afro-américain aujourd'hui ? Ou même qu'y a t-il de commun entre les Hommes du continent africain, immense et d'une diversité folle. Passant par une essentialisation de "l'Africain", le film le réduit finalement à certains traits. Si le Wakanda est intéressant en tant qu'état avancé, la société africaine est renvoyée à un système tribal dans un style Masaï (peuple qui structure l'imaginaire occidental de l'Afrique) même si les personnages sont des figures positives et complexes. Les paysages présentés sont beaux, mais aucun n'est véritablement africain puisque fait en CGI et donc construit sur l'imaginaire occidental (grandes plaines, savanes, monde sauvage, cascades). Si le réalisateur est afro-américain ainsi qu'une grande partie du casting (ou africain), il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un regard extérieur engagé et donc partial sur l'Afrique. Il s'agit précisément de la vision afro-américaine de l'Afrique, vision positive mais réductionniste. D'ailleurs, le film s'adresse aux communautés noires du monde occidental, plus qu'aux Africains, d'où les références nombreuses à l'esclavage et la situation des communautés noires dans le monde occidental. Cela étant dit, si on fait abstraction du background, il est plaisant d'avoir un héros noir bien écrit en premier rôle (pas en second rôle). Il semble que le film trouve une résonance particulière dans la communauté noire américaine mais également, par appropriation des représentations, dans la communauté noire européenne. L'opposition entre T'Challa et Killmonger est par ailleurs intéressante et est un miroir de l'opposition entre Martin Luther King et Malcom X. Si la cause est la même, les moyens sont différents (recours ou non à la violence tout azimut). En outre, la vision de Killmonger est racialiste, il y a les noirs (peut importe où ils sont et leur histoire) et les autres, alors que la vision de T'Challa pense l'humanité comme une seule tribu. L'approche de T'Challa est bien évidemment la plus juste, espérons alors que Killmonger et son discours ne résonne pas trop dans un monde communautaire.

En définitive, Black Panther redonne un intérêt à la saga Marvel tout en restant finalement très consensuel. Il a la grande qualité d'être un film pour lui même, sans besoin d'être inclus dans la saga de films. Le film possède une vraie personnalité mais est plus le produit d'une vision extérieure afro-américaine que véritablement africaine. 



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