Les sorties de la semaine

jeudi 21 juillet 2016

Tarzan


Synopsis :

John Clayton était autrefois Tarzan. Il est aujourd'hui un membre respecté de l'aristocratie anglaise comme l'étaient ses aïeux. La légende John Clayton est toutefois rappelée au Congo Belge par le biais d'une invitation du Roi belge Léopold II...


Commentaire :

Une immersion réussie

David Yates sait raconter des histoires et nous immerger dans des mondes merveilleux. Il réussit à nous amener dans cette suite de Tarzan. Il s'agit en effet d'une suite de l'histoire bien connue de Tarzan, celle-ci étant sensée avoir déjà été assez traitée par le cinéma ; ce qui permettait en même temps de postuler que le spectateur n'aurait pas besoin d'un film sur l'histoire classique avec la même équipe. Pour le cas contraire, le film propose des flashback qui permettent en plus d'apporter des informations primordiales pour le film. La mise en scène est très réussie dans la mise en avant de l'environnement avec de grands plans d'ensemble et de demi-ensemble d'une Afrique légendaire. Les paysages, numériques, sont magnifiques. Les scènes d'actions, que cela soit les combats ou les traversées de la jungle sont aussi superbes. Concernant les animaux, ils sont réussis mais peut-être un peu poil en dessous de ceux du superbe Livre de la Jungle de 2016 de Disney. Un énorme plus est à attribuer à la bande musicale de Rupert Gregson-Williams qui apporte le côté épique à l'oeuvre et lui donne ainsi une nouvelle dimension. 

Un casting qui remplit son contrat

Alexander Skargard ne peut transcender son personnage car trop monolithique en tant que super-homme virile. Mais son charisme et son impressionnante stature en font un Tarzan tout de même réussi. Samuel L.Jackson fait du Samuel L.Jackson et Christoph Waltz fait du Christoph Waltz ce qui n'est pas hors de propos ici mais qui diminue l'idée de leur performance. Soit dit en passant, Samuel L.Jackson arrive à donner de l'énergie à un film qui serait sinon un peu terne du fait de personnages fonctions. La superbe performance du film vient de la jolie Margo Robbie qui donne une réelle force à Jane, dotée d'une volonté à toute épreuve. Elle est certainement celle qui incarne le mieux son personnage.

Quelques problèmes sur le fond

Le principal problème du film est qu'il n'a pas su faire le choix de son genre. Le film démarre avec une approche réaliste, ancré géographiquement, ancré historiquement. Toutefois, le film bascule progressivement dans une fable merveilleuse ponctuée par un Deus Ex Machina. La première approche rend la deuxième partie du film plus difficilement acceptable. Un film n'est pas nécessairement obligé d'être réaliste, c'est d'ailleurs peut être mieux s'il ne l'est pas mais il doit rester crédible, avoir une cohérence interne. Par ailleurs, la fable a pour but de dénoncer des réalités de notre monde mais en créant un décalage. Traiter directement de l'esclavage au Congo dans une fable fait perdre au sujet sa puissance. Le message du film est consensuel et beau mais peu travaillé sur le fond. L'objectif du film est clairement et seulement de raconter une belle histoire. Cette dernière s'en retrouve un peu vide de sens. En effet, l'action constante, notamment vers la fin empêche de traiter d'autres sujets particulièrement intéressants ici comme la relation nature / culture, Homme / animal, le droit du plus fort, et tout ce qui tourne autour de l'enfant sauvage. Le film semble proposer un retour à l'état de nature comme idéal qui est certes mieux que certaines situations amenées par la modernité mais n'entraîne pas une réflexion vers le dépassement de l'Homme. On comprend alors que le thème de l'esclavage ne pouvait être qu'un plus ici, s'il était bien amené dans cet univers, car il y avait avant cela beaucoup à dire. Dommage. 

En définitive, ce nouveau Tarzan est bon film de divertissement immersif mais qui reste assez superficiel sur le fond. 


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mercredi 13 juillet 2016

The Conjuring 2 : Le cas Enfield


Synopsis :

Les époux Warren viennent de sortir de l'affaire Amityville qui les a fortement affectés. Malheureusement, ils doivent remettre le pied à l'étrier pour aider une famille tourmentée par un esprit dans le nord de Londres...


Commentaire :

James Wan, toujours maître du genre

James Wan reste le maître de l'horreur. Qui connaît son oeuvre sait qu'il va trembler pendant tout le film et cela ne manque pas. Les premières minutes saisissent le spectateur à la gorge et ne le lâchent que pour de courts instants. Le film se différencie ainsi de beaucoup d'autres productions d'épouvante qui aiment faire monter la pression progressivement. Pour ce qui est de la mise en scène, le réalisateur opte ici pour une caméra volatile qui peut suivre les personnages et passer à travers les vitres. La première séquence d'exposition de la maison avec la famille est un plan-séquence très bien mené. On se demande si le spectateur n'a pas la caméra subjective du démon. Pour amener la peur, James Wan a recours à ses procédés habituels avec des sursauts en contre-temps mais varie les mouvements de caméra; ce qui fait que le réalisateur ne se répète pas entre ses différentes réalisations. Mieux, il innove cette fois car en plus de jouer avec le hors-champ, le réalisateur joue avec le champ car le danger s'y trouve parfois déjà sans qu'il soit visible, en jouant sur les ombres ou la mise au point. Ainsi James Wan ne révolutionne pas son art mais continue de embellir avec brio.

Le choix du réalisme

Certes, il s'agit d'un film merveilleux, le surnaturel ne fait pas de doute au regard de l'histoire et de la saga. Toutefois, James Wan opte pour de nombreuses options réalistes afin de faire adhérer le spectateur à son histoire. Tout d'abord, il est précisé qu'il s'agit d'une histoire "vraie", issue des dossiers Warren. Il s'agit en plus du cas le mieux documenté. En outre, la reconstitution de la Grande-Bretagne des années 70 est fidèle, tant au nouveau de l'ambiance grâce à l'aide de musiques d'époque que du décor, historiquement très fidèle. A cela, il faut ajouter la présence de contradicteurs, faisant valoir la méthode scientifique. Il ne s'agit pas tant de remettre en cause l'esprit critique que d'ancrer l'histoire dans le réel et de montrer qu'à l'époque des gens naturellement demandaient des preuves avant de prendre pour vrai quelque chose, comme c'est le cas depuis l'époque moderne.

Thèmes : la famille fait la force

Le grand thème et message du film est celui de la confiance. Confiance dans sa famille, confiance dans les propos de la petite fille tourmentée. L'idée de solidarité familiale pour faire face aux adversités est importante. Les Warren vont également devoir faire confiance. Ils cherchent au départ des preuves mais ce film s'inscrivant dans un mythe religieux biblique, c'est avant tout leur acte de foi qui est déterminant. Le côté religieux est, peut-être, un peu trop poussé car en voulant donner un côté non pas simplement crédible mais réel, le film promeut d'une certaine manière la religion et le fait d'agir sur un simple acte de foi au détriment des preuves. Les Warren agissent finalement par amour, l'amour chrétien qui a pour caractéristique d'être inconditionnel et donc non raisonné.

En définitive, James Wan montre qu'il est toujours aussi habile avec le genre de l'épouvante et continue de nous faire trembler.



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mardi 12 juillet 2016

The Strangers


Synopsis :

Dans un village de montagne en Corée, une série de meurtres effraie la population. Cette dernière pense que des forces surnaturelles sont à l'oeuvre. Le policier Jong-Goo enquête sur cette affaire et se met à croire de plus en plus aux rumeurs...


Commentaire :

La mise en scène, seule rescapée

Le film de Na Hong-Jin satisfera sûrement sur un point et non le moindre; sa mise en scène est terriblement réussie. Saluons tout d'abord la photographie, optant pour un choix réaliste et sombre, rendant magnifiquement bien dans ce cadre montagneux et forestier. La caméra "suiveuse", des petits plan-séquences diront nous, est aussi intéressante, évitant les coupes et participant l'immersion, parfois à la manière d'un jeu vidéo à la troisième personne. Le mixage sonore est de très bonne facture et permet au spectateur de se projeter au sein du village coréen. Le film arrive à transmettre une sensation de mystère en donnant peu de clefs de l'intrigue, à défaut de transmettre une sensation d'angoisse, ou de peur, car jouant peu sur le hors-champ. La narration respire, du fait des plans larges, de demi-ensembles, et d'un rythme qui permet le travail des personnages. Point très positif, la forme ne sauve tout de même pas le fond.

Scénario et thématiques; un véritable naufrage [Spoilers]

Malheureusement, que cela soit le scénario ou les sujets abordés, le film ne tient pas la route. Si le film avait eu un bon scénario, cela aurait pu faire passer outre un message ambigu du film et inversement un message juste aurait pu faire avaler un scénario bancal. Ce n'est pas le cas. Le film tient les 20 premières minutes. Le principal problème est le personnage principal, d'une passivité terrible, peureux, incapable d'expliquer aux autres personnages ce qui se passe, toujours en train de subir les événements. Il est remis en place par sa propre petite fille. Néanmoins, la couleur est vite donnée lorsqu'au début du film, il cède déjà face à sa mère. Cette passivité est d'autant plus agaçante qu'il est policier, un enquêteur critique, n'utilisant jamais l'arsenal de possibilités qu'il a disposition. Un tel personnage défiant tout sens logique peut faire sortir le spectateur du film. Le scénario continue de se déliter lorsque ce personnage commence à commettre des actes illégaux, en dépit de sa fonction. Cette histoire aurait été un peu plus acceptable, si le personnage n'avait pas été un policier mais un simple individu un peu perdu. Le scénario se prolonge ainsi inlassablement jusqu'à un final pour le coup plutôt intéressant mais qui ne peut faire oublier le trame narrative passée. Nous ne parlons pas ici des personnages dont on ne comprend pas bien le rôle ni, leur nature... (la jeune fille vêtue de blanc).
Par ailleurs, les messages du film finissent de l'enterrer. Le méchant, ou littéralement le diable, est l'étranger. C'est en effet un vieux japonais qui est accusé de tous les maux. Pendant un temps, il est envisageable que les villageois, emportés par une forme de populisme, font fausse route. Malheureusement non, l'étranger est bien l'ennemi et la solution proposée par les personnages est soit de le tuer, soit de l'expulser. Il n'est jamais question de l'arrêter et de le mettre devant la justice. Lorsqu'on connaît les relations entre la Corée du Sud et le Japon, force est de constater que ce choix scénaristique semble porter une rancœur nationaliste. Le film ne s'arrête pas à ce message puisqu'il choisit de traiter du thème de la religion et de la croyance. Dans la diégèse, le paranormal existe et il n'y a pas de problème à cela. Le problème est que le film n'est pas merveilleux au départ, il est du genre fantastique et laisse le doute. Les protagonistes abandonnent vite la raison et se tournent vers les rumeurs et croyances; et l'histoire leur donne raison. De plus, les rites traditionnels brutaux, qui violentent les gens (ceux sensés être possédés) et qui sacrifient les animaux à tour de bras ne sont jamais remis en cause. Ils s'en retrouvent même légitimés ici. Seule chose amusante, cette histoire en Corée nous permet de voir un syncrétisme des croyances, chrétiennes et locales. Dans cet univers non rationnel et de croyances, la pensée critique est donc désavouée. Le seul personnage qui aura des paroles sensées est un Père chrétien. Un religieux sera donc le porteur de l'esprit critique et de la raison... Le scénario viendra, qui plus est, donner au tord à ce personnage, ayant les paroles les plus sages.
Ainsi, au-delà de l'aventure peu crédible, que veut nous dire le film ? Si l'on suit sa logique, les personnages auraient dû donc suivre leur instinct et leur croyances, sans preuve, et aller massacrer l'étranger (ce qu'ils vont tenter de faire). 

En définitive, The Strangers est esthétiquement intéressant mais son scénario et ses messages sont très critiquables. Un film narratif doit être autre chose qu'un simple exercice de style. 


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