Les sorties de la semaine

lundi 6 juin 2016

Alice de l'autre côté du mirroir


Synopsis :

Désormais capitaine, Alice navigue à travers les mers avec brio. Néanmoins, le nouveau directeur de la compagnie Lord Hamish refuse que la jeune femme continue son activité car il est impensable qu'une femme soit capitaine. Heureusement, l'impensable n'est pas ce qui peut arrêter Alice...


Commentaire :

Mise en scène fonctionnelle pour filmer l'extraordinaire

Ce nouvel épisode d'Alice au pays des Merveilles, faisant suite au film de Tim Burton de 2010 est plutôt impressionnant techniquement. Le monde réel et numérique sont unis pour donner cette diégèse convaincante. Nous avons l'impression parfois d'être dans un film d'animation, sans que cela ne pose de problème d'ailleurs. Le monde merveilleux retrouve des couleurs et quitte l'univers torturé de Tim Burton. Le monde, de l'autre côté du miroir, est créatif et très bien travaillé (structures, environnements, personnages annexes). Il reste cependant que la mise en scène est assez basique, fonctionnelle narrativement sans qu'aucun plan ne marque particulièrement. La diégèse est néanmoins superbe. En somme, le travail est bien exécuté, mais sans audace. Le casting, avec notamment Johnny Depp et Mia Wasikowska, participe à cette réussite. A noter qu'il y a beaucoup de jeux de mots qui sonnent très biens en version originale et qu'il est assez réjouissant d'écouter des dialogues dont la sonorité a été travaillée. Cette oeuvre, ainsi plutôt réussie, est toujours emportée par la belle musique de Danny Elfman qui reprend ses thèmes du premier film. 

Un conte bien compris 

Cette suite est une histoire originale bien que le titre ait été repris d'un livre de Lewis Carroll. Les scénaristes ont parfaitement compris la fonction du conte et travaillé thématiquement l'histoire. L'aventure dans le monde merveilleux permet de tirer une leçon pour le monde réel. Il existe un grand thème central, le temps, autour duquel d'autres thèmes plus secondaires vont s'accoler ; comme la famille et la liberté (plus exactement le non-conformisme). Le temps, élément central, est tellement important qu'il est incarné par un personnage, idée originale et audacieuse à saluer. Le film s'attaque en outre au scénario fondé sur le voyage dans le temps et peut-être pour la première fois, évite les paradoxes récurrents des scénarios fondés sur ce principe (paradoxe du grand-père, paradoxe de l'écrivain). La grande morale du film est d'ailleurs qu'on ne peut changer le passé, mais qu'on peut apprendre de lui. Le scénario écrit autour de ce concept est une réussite et le message est très clair. Paradoxalement, c'est le message qui est le moins utile à Alice dans son monde réel, cette dernière n'ayant pas fait d'erreur majeure jusqu'ici. Un des thèmes secondaires est la famille, qui est central dans l'histoire de Chapelier et moteur pour l'intrigue du film. La morale est simple : nous n'avons qu'une famille et il faut en profiter. Alice en tire une leçon pour sa réalité. Enfin, le dernier message est le même que le message central du premier film mais en plus marqué : il s'agit de ses libres choix dans une société normée. Pour une fille comme Alice, beaucoup de projets ou d'attitudes lui sont interdites - on lui dit que c'est impossible pour elle -. Or Alice a pour principe de croire que l'impossible est possible. La morale qu'en tire Alice est qu'il est possible d'aller contre les normes. Néanmoins, le message comme il est exposé reste un peu flou car il prône également la croyance dans le fait que rien n'est impossible au delà du sage principe de l'ouverture d'esprit. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'un conte riche en messages qui plus est, plutôt justes, sans qu'ils soient non plus révolutionnaires. L'exercice du conte est réussi.

En définitive, ce nouvel épisode d'Alice au pays des merveilles est un film autant bien réalisé techniquement que plutôt intéressant sur le fond. 




******

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire