Les sorties de la semaine

jeudi 3 avril 2014

Aimer, boire et chanter


Synopsis:

Dans le nord de l'Angleterre, trois couples voient leur vie chamboulée lorsqu'ils apprennent que leur ami commun George, est atteint d'un cancer. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Ils décident alors de l'inviter à jouer un rôle dans une pièce de théâtre qu'ils préparent. Progressivement, la présence de George au sein de ces couples perturbe l'ensemble des protagonistes.

Commentaire:

Une pièce restée théâtrale


S'il existe quelques plans d'extérieur plutôt très beaux, ils n'ont pas réelle importance dans le film; il ne s'agit que de transitions, d'éléments de mise en scène afin d'expliquer qu'il se produit un changement de lieu. Nous sommes plutôt très proche du théâtre filmé, d'autant plus que les valeurs d'échelle de plan ne varient pas beaucoup, avec seulement quelques gros plans de temps à autre.  En outre, le film est tourné en studio avec un décor volontairement proche du style théâtral. Intriguant au premier abord, l'ambiance sonore, réaliste elle, fait de l'ensemble un milieu particulier et qui fonctionne. La forme est donc plutôt inhabituelle pour le cinéma contemporain mais en définitive rafraichissante. Ce monde diégétique fonctionne d'autant plus que ce n'est pas l'environnement qui importe ici mais les personnages. D'ailleurs, un des personnage les plus intéressants de l'histoire est un personnage hors-champ, une petite audace aujourd'hui. Evidemment, la troupe de Resnais est composée d'acteurs excellents; et si cette comédie ne fait pas rire aux éclats, elle fait constamment sourire. Cet humour paraît paradoxalement original aujourd'hui car provenant d'un cinéaste faisant avec les références d'une époque presque estompée. Ou comment le vieux peut paraître nouveau lorsque la forme cinématographique contemporaine se standardise. 

Expressionniste - Surréalisme

Difficile de définir la forme car elle est expérimentale. Pour la comprendre, il faudrait avoir recours à l'analyse filmique. Ici, nous pouvons simplement en dire quelques mots descriptifs. Les gros plans au fond blanc hachuré rappellent les techniques de dessins sur papier ou numériques (photoshop)  qui sont habituellement utilisées afin de souligner l'importance d'un personnage. Ici, ces plans particuliers servent, semble t-il, à mettre en valeur le personnage et sa réplique de manière plus importante que dans un gros plan traditionnel. Toutefois, le résultat est surprenant et peu agréable. Les décors, eux, sont une simplification du monde, peut-être de nature expressionniste, mais cela reste difficile à définir sans analyse plus approfondie. Est-ce seulement de l'expérimentation ? En tout cas, les variations brutales de lumière en fonction des humeurs des personnages sont typiquement expressionnistes. La taupe qui se balade dans quelques plans est elle surréaliste, il n'y a d'ailleurs surement pas d'explication particulière à cela.

Les adieux du maître

Celui qui a su s'opposer à la Nouvelle Vague quitte le cinéma français avec les honneurs. Son film est particulier : il en rebutera surement beaucoup mais il est intéressant de se confronter à ce type de cinéma. Le cinéma est le champ du possible et Resnais explore, expérimente plusieurs possibilités. Néanmoins, il n'y a pas chez lui, ce côté pompeux et intellectuel que l'on peut trouver dans certains films de la Nouvelle Vague. L'histoire est prenante, non banale, les dialogues sont travaillés. Resnais explore le cinéma sans rappeler constamment qu'il n'est qu'une illusion. A voir son dernier film, nous comprenons que Resnais était un petit monsieur farfelu, promoteur de la culture populaire (mais d'une autre époque). Il fait ce qui l'aime. Alors que Godard critiquait déjà les travellings de Resnais dans Nuit et Brouillard, Resnais commence celui-ci avec des travellings contemplatifs. La dernière provocation lancée à la Rive droite (Nouvelle Vague) ? Quoiqu'il en soit, Resnais s'est fait plaisir comme il l'entendait avec son dernier film, avec le pressentiment que celui-ci serait le dernier, à l'image du dernier plan du film.



15/20



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