Les sorties de la semaine

dimanche 6 avril 2014

47 Ronin


Synopsis :

Dans le Japon pré-moderne de l'époque d'Edo, le Seigneur Asano reçoit dans son domaine le Seigneur Kira et le Shôgun à l'occasion de festivités. Le Seigneur Kira, qui convoite le domaine d'Asano, ensorcelle ce dernier avec l'aide d'une sorcière. Poussé au crime, Asano est contraint au Seppuku (Hara-kiri) pour laver son honneur. Les anciens Samourai d'Asano, devenus Ronin (sans maître) se jurent alors de venger leur seigneur. Ils sont aidés par Kai, un sang-mêlé aux capacités de combats hors-normes...

Synopsis video



Commentaire :

Bonne réalisation et bonne ambiance

La mise en scène et la réalisation sont plutôt réussies pour le premier film de Carl Erik Rinsch. Le paysage et plus largement l'environnement sont bien filmés, donnant un petit côté immersif à la Seigneur des Anneaux. A cela, il faut rajouter des costumes flamboyants, respectueux de la tradition japonaise tout en étant plus colorés et impressionnants. La mise en scène des combats est également excellente avec des chorégraphies complexes et jolies mais surtout bien filmées. En somme, l'ambiance générale pour ce film de combat dans un Japon ancien et fantasmé est vraiment convaincante et cela malgré une esthétique à plusieurs visages. Le film affiche ostentatoirement mais habilement l'énorme budget dont il a bénéficié. Ainsi, il s'inscrit parfaitement dans la lignée des films de genre Universal.

Un film dual et conflictuel

Le film est néanmoins hétéroclite à bien des égards. Le réalisateur et le studio avaient deux projets de films différents et cela se ressent puisque certains mélanges semblent ne pas fonctionner. Si les scènes en décors réels et les scènes en fonds verts sont toutes réussies, leur association donne un petit côté faux raccord à l'ensemble. Il semble que le film historique, à l'image du Dernier Samourai, ait été télescopé par 300 Naissance d'un Empire, et que par dessus, Princesse Mononoké ait laissé quelques poils. Pas étonnant lorsque l'on sait que C.E. Rinsch voulait faire un film de Samourai et Universal un film de genre mainstream. L'éruption du merveilleux dans un film se voulant historique (comme le rappelle le dernier plan) amoindrit justement le côté historique. Difficile pour un occidental d'adhérer à la rigidité de la pensée japonaise qui détermine en définitive le destin des 47 Rônin, lorsque le film s'autorise maintes libertés de réalisation. La tradition n'est compréhensible que si contextualisée et expliquée. A vrai dire, cela est assez triste puisque l'on sent la volonté de Rinsch de faire un film très respectueux de la pensée japonaise. Malheureusement, ce dernier point paraît hors de propos dans ce flot de divertissements. Le Dernier Samourai, qui est également un film occidental, arrivait pourtant beaucoup mieux à faire passer l'esprit du Bushidô. 

Scénario recousu 

Le film a connu plusieurs tournages, il a été plusieurs fois réécrit du fait de conflits en production. Cela joue surement sur son côté hétéroclite. Toutefois, certaines scènes sont tout simplement peu compréhensibles en-elles mêmes et non du fait de leur insertion dans le récit, comme celle devant simuler la mort des 47 Ronin auprès de leur ennemi. Et puis, certains passages obligés du film de guerre sont plutôt banals, comme le discours avant l'affrontement final. On sent le cahier des charges peser sur le film de Rinsch. D'ailleurs, le film en devient un peu long en dernière partie, du fait que le film d'aventure merveilleuse soit terminée alors que le film "historique" doive être menée à terme. En définitive, le film n'arrive pas à faire la synthèse du film traditionnel japonais et du film mainstream américain, parce que le scénario semble plus être une addition (de scènes, de genres et d'esthétiques) qu'une somme. 

Acteurs : Keanu Reeves effacé et japonais anglophones

Fallait-il faire un film sur le personnage de Keanu Reeves ou un film sur les 47 Ronin ? La question mérite d'être posée car la réponse doit être certaine, l'un ou l'autre étant possible. Ce qui n'est pas possible est de ne pas choisir. En conséquence, Keanu Reeves est plutôt effacé et se fait voler la vedette par la star japonaise Hiroyuki Sanada. En vérité, dans le film ainsi fait, le personnage de Keanu Reeves n'est pas indispensable. Et puis, la présence d'un occidental (ici) dans un contexte japonais amène des problèmes. Le film est tournée en anglais puisqu'il y a le personnage de Keanu Reeves, mais il est clair que les acteurs japonais auraient été plus percutants en s'exprimant en japonais, certains acteurs nippons ne savant pas parler anglais (ils disent alors leur texte phonétiquement)... Il y a donc une impression de fausseté dans ce film, car trop d'ambitions et d'ingrédients mis ensembles. Encore une fois, le côté merveilleux en moins, le Dernier Samourai avec Tom Cruise arrivait à faire une synthèse occident - orient plus satisfaisante.

En définitive, le film se regarde comme un bon divertissement mais est peu crédible en profondeur. 


14/20







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