Les sorties de la semaine

mardi 30 juillet 2024

Deadpool et Wolverine


Synopsis :

Wade Wilson alias Deadpool rêve de faire équipe avec Wolverine. Malheureusement, Wolverine est mort dans son univers... Heureusement, Deadpool fait maintenant partie du MCU et de son multivers!

Commentaire :

Réalisation simple et narrative 

La réalisation reste le parent pauvre de cette saga mais elle n'a jamais été un argument de vente contrairement à la classification R, aux interprétations de Ryan Reynolds et au "brisage de quatrième mur". Shawn Levy continue la tradition avec une mise en scène efficace et narrative mais sans originalité. La photographie est quelconque voire peu travaillée, l'esthétisme n'étant pas un enjeu de réalisation. Les effets de surprise et les ralentis sont en revanche maîtrisés, ainsi que les chorégraphies de combat toujours soignées. Les décors (exceptés ceux de la côte Est) sont eux sans grand intérêt car plutôt vides et pauvres... La musique orchestrale de Rob Simonsen est quant à elle réussie avec ses thèmes de tension ou héroïques, et participe à la réussite narrative de l'ensemble. 

Les atouts affichés et cachés

Tout l'intérêt du personnage de Deadpool réside dans la dimension méta du personnage qui s'adresse sans cesse aux spectateurs et plus précisément aux fans. Une connaissance minutieuse de l'univers cinématographique Marvel (Fox et Disney) est nécessaire. De plus, il est préférable de connaître les questions de droits entre studios (ce qui va de soi pour un fan). L'atout premier et annoncé est évidemment le retour de Hugh Jackman en Wolverine et son interaction avec le personnage de Ryan Reynolds. Hugh Jackman crève l'écran par son physique et sa présence mais le scénario et les dialogues ne permettent pas de mettre en avant les qualités d'acteur de l'acteur australien. Ryan Reynolds a en revanche des répliques plus intéressantes (avant tout parce qu'elles sont métas) mais des connaissances sur l'acteur lui-même sont également nécessaires pour comprendre l'intégralité des références. Ces deux personnages centraux sont le plat principal mais c'est un véritable buffet surprise et nostalgique qui est servi tout au long de l'intrigue avec un hommage appuyé à l'univers Marvel de la Fox, désormais racheté par Disney. Le film sert à expliquer en quoi l'univers de la Fox doit prendre fin (qui correspond au monde Deadpool), Disney ayant ici ironiquement le rôle du méchant avec M. Paradoxe. Ryan Reynolds ressort alors une dernière fois des figurines d'une caisse de jouets oubliée pour rappeler leur existence et leur offrir un dernier tour de piste dans le multivers du MCU. 

Des thématiques, malgré tout

Si le film a avant tout l'idée, confirmée par le générique de fin, de rendre hommage à la période Fox avant d'offrir ces personnages à Disney, le film propose tout de même une thématique propre au personnage de Deadpool. Deadpool, anti-héros singulier, cherche sa place dans l'univers des super-héros et souhaite en devenir un. Néanmoins, comme le lui rappelle le personnage de Jon Favreau, un super-héros ne souhaite pas son statut. Deadpool a besoin de devenir un Avenger pour des raisons personnelles, mais un Avenger n'a jamais souhaité le devenir. C'est le monde qui a eu besoin des Avengers. Pour que Deadpool devienne un vrai super-héros, il devra comprendre la notion de sacrifice. 


En définitive, Deadpool & Wolverine est une sucrerie pour les amateurs forcenés de films de Super-héros. Fortement méta, il n'a d'autre intérêt que ses références, effectivement de niche, et sa petite dose de nostalgie. 



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jeudi 4 juillet 2024

Le Comte de Monte-Cristo

 

Synopsis :

Edmond Dantès va enfin pouvoir se marier avec Mercédès alors qu'il va être nommé capitaine. En effet, Edmond devait devenir officier afin d'avoir l'autorisation de se lier à une des plus grandes familles du Sud de la France. Toutefois, cette future promotion sociale, qui se fait au détriment d'autres intéressés, lui attire rapidement de très gros ennuis...

Commentaire :

Une mise en scène narrative linéaire mais efficace

Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière se mettent derrière la caméra après avoir pu travailler sur le diptyque Pathé des Trois Mousquetaires qui laissait, notamment à cause de la deuxième partie, un goût amer. Ici le scénario est bien équilibré et bien adapté depuis le roman de Dumas pour le format cinéma. S'il est vrai qu'il y avait matière à faire deux parties, le film a été pensé pour se tenir d'un seul tenant avec la montée progressive de la tension. En effet, il s'agit d'un drame dont l'intrigue se tend progressivement et dont la résolution aurait été probablement moins satisfaisante si elle n'était arrivée que dans un second temps. Dans la période actuelle où la saga est reine, il est à saluer le choix de produire un film structuré qui se suffit à lui-même. Concernant la réalisation, la colorimétrie est recherchée dans un ton terne, accordé au drame mais également à la dissimulation (intentions, identités). La mise en scène est en elle-même classique et narrative, sans fulgurance mais soignée avec une photographie travaillée. Cette dernière est aidée par des décors et des paysages particulièrement réussis car en très grande partie construits en dur, ce qui apporte un cachet que la plupart des films américains n'ont plus. Ainsi, l'ouverture du film pourrait s'apparenter au premier Pirates des Caraïbes. La direction d'acteur, contrairement aux Trois Mousquetaires, est ici irréprochable avec de grands acteurs de la comédie française tels que Niney ou Lafitte. La seule réserve du film est peut-être un dernier acte un peu rapide, ou du moins qui n'apporte pas pleine satisfaction au regard de la longue construction de la tension. La mise en scène très linéaire maintient la tension du fait d'un bon scénario mais l'absence de montage alterné, parallèle ou flashback ne permet pas de rappel des enjeux. Le film étant déjà long, c'est certainement la plus sage des solutions qui a été retenue mais le dernier combat manque tout de même un peu de tension ou panache. Il est, pour le coup, moins bien filmé que les combats des Mousquetaires. A la musique, Jérôme Rebotier réalise une bande musicale digne d'un blockbuster avec des thèmes reconnaissables et travaillés de musique orchestrale. La mise en scène laisse s'exprimer la bande musicale mais celle-ci s'impose aussi parfois face aux images du fait de l'efficacité des thèmes.

Les thématiques de Dumas : Justice ou Vengeance ? [Spoiler]

Les thématiques sont sans surprise celles du roman. La grande question est celle de l'opposition entre la Justice au sens philosophique et la vengeance. La question n'est pas simple pour Edmond Dantès car la justice étatique a failli. Il va donc devoir définir ce qu'est la vraie Justice. Dès le début, l'Abbé Faria l'avertit de ne pas confondre sa quête avec celle de la vengeance, car la vengeance, en plus d'être injuste n'apporte pas satisfaction à celui qui l'exécute. Comme l'histoire le laissait présager, Edmond Dantès, devenu le comte de Monte-Cristo, finit par être aveuglé par sa quête et a pour projet de tuer un innocent, le fils d'un homme lui ayant porté préjudice. Par ailleurs, les complices qu'il implique dans cette quête destructrice se voient eux aussi ronger par la haine. Le Comte de Monte-Cristo se rendra finalement compte des risques de la vengeance quand son protégé ira plus loin que ce qui était prévu. C'est donc un équilibre difficile à atteindre qui porte en lui-même une certaine frustration. Le Comte ne trouvera cet équilibre que parce-que son premier amour, en allant chercher l'homme qui l'était avant, et en jouant donc sur la fibre émotive, viendra lui montrer l'injustice de la vengeance et donc sa propre trahison par rapport à son projet de Justice. Sa Justice ne doit pas être la Justice Divine qui, elle, est cruelle et impitoyable. Elle est par ailleurs incontestable par essence et le Comte ne peut prétendre manier l'épée divine. Edmond Dantès doit se contenter d'une justice humaine et raisonnable sans pour autant qu'il ne lui soit demandé d'aller jusqu'au pardon. 


En définitive, Le Comte de Monte-Cristo est une adaptation réussie, portée par une mise en scène efficace, des acteurs convaincants et des décors et costumes à la hauteur de ce blockbuster à la française. 


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