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mardi 14 juin 2022

Jurassic World : Le monde d'après

 


Synopsis :

Les dinosaures ne sont plus seulement dans le parc mais partout autour du globe : bienvenue à Jurassic World! Les expériences génétiques, pleines de promesses, ont toutefois crée un monde où l'avenir n'a jamais été aussi incertain...


Commentaire :

Le retour de Colin Trevorrow et du plan-plan

Si Bayona avait su redonner du souffle à la saga Jurassic World avec une mise en scène léchée, réfléchie et visuellement impressionnante, Colin Trevorrow vient replonger la saga dans ses premiers déboires avec une mise en scène purement fonctionnelle. Certes quelques plans sont symboliques mais d'une banalité confondante en comparaison de l'épisode précédent, à l'image du T-Rex passant sa tête dans un cercle pour reproduire le logo de la saga. Quelques idées restent intéressantes comme la pluie de sauterelles (référence aux dix plaies d'Egypte), visuellement aboutie mais quelque peu éloignée de ce que devrait proposer un Jurassic Park/World. Ainsi, aucun élément de la mise en scène n'est particulièrement innovant ou pertinent. L'action est plutôt bien filmée car fluide mais là encore, elle n'a pas forcément sa place dans un film qui est censé être un film d'aventure avant d'être un film d'action. A ce titre la course-poursuite dans l'île de Malte est visuellement réussie mais longue et inappropriée car elle ne sert ni le scénario ni les thématiques du film. Pourtant le premier Jurassic World mettait en garde contre la surenchère. En revanche, d'autres éléments liées aux effets spéciaux sont plus satisfaisants comme le retour massif aux animatroniques quand cela est possible et les décors en dur, ce qui a pour effet d'amener ou ramener de la pesanteur - de la crédibilité à cet univers.  
A la musique le talentueux Michael Giacchino suit la consigne d'accompagner un film d'action avec le classique recours aux violons rapides et répétitifs. Si la mission est remplie, on est loin de la belle partition de John Williams qu'il avait pourtant su reprendre avec habilité dans le premier Jurassic World. Non seulement les thèmes ne sont pas de retour (quelques notes seulement) mais aucun nouveau thème ne vient emporter l'histoire. Assez décevant de ce point de vue. 

Un scénario toujours bancal 

Si certains éléments critiquables tiennent à la crédibilité de l'histoire d'autres sont en lien à la structure globale du récit. Un film de science-fiction doit présenter des postulats solides, étant avant tout une extrapolation scientifique. Le premier problème réside dans le fait de donner vie au titre du film : Jurassic World. Ainsi les dinosaures ne sont plus isolés dans un parc mais bien présents sur l'ensemble de la Terre. Si le film est cohérent avec son titre, il n'est pas cohérent avec son postulat premier qui montrait des dinosaures confinés sans problème sur une petite île du Costa Rica pendant deux décennies. Bien qu'en partie sortis de l'île par les soins de l'Homme, les dinosaures se retrouvent présents en quelques années tout autour de la Terre et cela pour toutes les espèces! La vie trouve toujours un chemin certes, mais l'ellipse est trop facile. Passée cette révélation annoncée par une voix-off et quelques cartes dans les premières minutes, Jurassic World démarre. Le film commence mais traîne en longueur du fait qu'il aille chercher individuellement chaque protagoniste de l'ancienne et de la nouvelle trilogie. Les histoires ne se croisant que tardivement, le film peine à captiver alors que s'enchaînent les scènes d'action. Néanmoins, la partie concernant l'ancien casting est plus prenante du fait du retour de personnages attachants, à nouveau assez travaillés, alors que la nouvelle génération se perd dans les courses-poursuites. 

Des thématiques intéressantes pour un traitement bien veillant des animaux-dinosaures

Le point fort du film demeure ses thématiques, dans la tradition des Jurassic Park/World et plus largement des films de science-fiction. Si les dinosaures sont des dangers, le plus grand danger pour l'Homme et la planète reste l'Homme dans le film. Les dinosaures sont en fait une métaphore de nos animaux, à l'image des élevages de dinosaures exploités dans des fermes similaires à ce qui se fait pour les porcs et les vaches. Le marché noir des dinosaures confirme par la suite cette thèse de l'exploitation. Claire, dans ses méthodes, rappelle par ailleurs les militant.es de chez Peta ou L214. Jamais les dinosaures ne sont vraiment menaçants dans le film, en tout cas beaucoup moins que l'humanité elle-même. On sent même une certaine tendresse dans la réalisation puisqu'ils ne sont jamais montrés en train de mourir ou en situation de souffrance, à la manière dont les films grand-publics traitent les animaux aujourd'hui. La grande menace de l'humanité dans cet épisode est le fruit de recherches fait par une boîte pharmaceutique nommée Biosyn sur des sauterelles mangeuses de récoltes. L'humanité ou plus exactement le capitalisme est la cause de la perte pour l'Homme. Cette entreprise est gérée par une sorte de Tim Cook dont on ignore d'ailleurs s'il est aveuglé par les profits ou profondément méchant. Ses recherches semblent en effet lui avoir échappées mais cela constitue un avantage tout approprié pour les plantations OGM Biosyn épargnées par les sauterelles. Le film ne nous le dit pas. Acte volontaire ou involontaire, la science échappe en tout cas une fois encore des mains des humains, ce qui est dans la continuité des messages des Jurassic de Park/World. Le message aurait tenu sans le tout dernier acte, car c'est bien une dernière manipulation génétique qui sauve l'humanité... Ce retournement nuance l'avertissement sur la manipulation génétique en ne condamnant pas ainsi toute la cherche en la matière, ce qui est intéressant.
Sur un plan plus anecdotique, Colin Trevorrow a afin compris l'esprit du monde de Spielberg en proposant des dinosaures aux plus proches des connaissances scientifiques (duvet/plumes) à la place d'une réutilisation des modèles de 1993 voire de bestioles hybrides n'ayant jamais existé. Les dinosaures sont en effet assez intéressants en eux-mêmes et l'évolution de la recherche permet de présenter de nouveaux visuels réalistes innovants, ayant par ailleurs un certain intérêt de vulgarisation scientifique.  


En définitive, Colin Trevorrow nous livre son "Avengers" de la saga Jurassic Park/Jurassic World sans grand talent visuel ni histoire passionnante mais aux thématiques plutôt intéressantes. Loin toutefois des œuvres de Spielberg. 



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