Les sorties de la semaine

samedi 23 avril 2022

Les Animaux Fantastiques : les secrets de Dumbledore

 


Synopsis : 

Grindelwald est pourchassé à travers le monde de la magie mais le grand attiseur de haine entre les moldus et le sorciers prépare son retour. De son côté, Dumbledore ne peut l'en empêcher, tenu par un pacte de sang avec son ancien amant. C'est alors que Robert Dragonneau rentre en jeu... 


Commentaire :

David Yates, toujours à la technique

L'équipe technique de la saga des Animaux Fantastiques ne change pas pour ce troisième épisode avec toujours David Yates à la tête. La réalisation est plutôt de qualité que cela soit les effets spéciaux ou les transitions, dépassant ainsi le simple objectif narratif (voir les transitions du passage du monde des sorciers au monde réel ou les scènes montrant l'utilisation des portoloins). Toutefois, la colorimétrie étant assez sombre dans certaines scènes (c'est d'ailleurs l'ambiance générale du film), certaines séquences d'action ne sont parfois pas toujours lisibles, cela étant accentué par un montage assez rapide. Les scènes bénéficiant de ralentis (que justifie la magie) sont en revanche beaucoup plus belles, d'autant plus si elles sont lumineuses. Le film est par ailleurs fortement soutenu par la musique de James Newton Howard qui reprend avec habilité les thèmes de la saga mais aussi ceux de la saga Harry Porter. Cela ne manque pas d'apporter un supplément d'âme et de nostalgie au film, qui du fait de son scénario, en a parfois bien besoin.

Le scénario sans ligne de force

Ce troisième épisode de la saga, fruit de l'écriture de J.K Rowling, étonne du fait que les enjeux n'impriment pas et que la mise en tension dramatique échoue à donner du relief à l'histoire. Ce problème réside dans le fait que ce film présente trois histoires dont aucune ne prend le pas sur l'autre, ou autrement dit, aucune n'assume de devenir le fil rouge dramatique. Il y a l'histoire de Dumbledore et Grindelwald, l'histoire de Norbert Dragonneau et l'histoire de Croyance et son ascendance. Les trois histoires s'effacent mutuellement dont certaines encore plus que d'autres comme celle de Croyance (pourtant préparée par le second épisode). Qui est finalement le personnage principal ? Dumbledore ? Quel projet l'unissait dans sa jeunesse à Grindelwald ? Le film ne le sait pas et ne désigne pas de personnage central. Le montage y fait peut être pour quelque chose mais le scénario ne fait que mettre en place des personnages à l'histoire linéaire, voire sans histoire. C'est le cas du petit groupe de Norbert dont tous semblent avoir une mission au début mais dont les trajectoires individuelles n'apportent rien au film. L'exemple le plus emblématique est de celui de Yusuf Kuma qui possède une mission qui dure presque tout le film mais dont l'utilité est nulle. Si la mission était coupée du film, elle ne changerait rien à l'histoire... comme la majorité des actions de la bande de Norbert. L'explication donnée est que cela sert à brouiller les pistes pour Grindewald mais cela est mal agencé au montage pour que l'ensemble de l'histoire soit intéressante à regarder. Autre exemple : le personnage de Santos devant qui le Qilin finit par se courber : aucune scène ne montre qu'elle a un cœur pur, si ce n'est l'interruption du sortilège du doloris sur Jacob. Cela prend 1 seconde montre en main dans le film... c'est bien mince comme preuve. Aucun personnage n'est finalement assez travaillé pour qu'une histoire puisse provoquer un attachement émotionnel. Ils sont même parfois atones, même Grindelwald qui laisse ses ennemis en vie et s'exprimer sans aucune raison logique (ou qui laisse Santos interrompt son doloris)... à part pour arranger le scénario. 

Les thématiques désamorcées [spoilers]

J.K Rowling a toujours à cœur d'ajouter et de dissimuler des thématiques politiques dans ses histoires. C'est également le cas dans cet épisode. Les sujets sont particulièrement intéressants : il s'agit de la question de la démocratie et de la liberté d'expression. A savoir si n'importe quelle idée doit pouvoir s'exprimer dans le champ démocratique, même les idées extrêmes. Censurer ces idées auraient-ils un effet contre-productif ? C'est en tout cas la question amenée par le président allemand de la confédération mondiale de la magie. Le peuple peut-il se prononcer sur les idées de Grindelwald et les rejeter ? Le président allemand semble faire le même pari que le président Hindenburg a fait pour Hitler. Cela ne serait pas illogique étant donné les parallèles que J.K Rowling aime faire avec l'Histoire. Malheureusement, J.K Rowling ne se prononce pas sur la démocratie car Grindelwald ne joue pas selon les règles. Le peuple est abusé puis découvre la supercherie. Toutefois, sans artifice, le peuple aurait-il quand même fait le bon choix ? Toute idée peut-elle être mise au débat. L'histoire ne nous le dira pas même si Dumbledore s'oppose tout de même à l'idée que les positions extrêmes puissent être soumises au vote du peuple. Après tout Hitler est bien arrivé au pouvoir par les urnes. Il reste regrettable que l'histoire désamorce cette thématique... comme finalement elle désamorce l'histoire de tous ses personnages...


En définitive, ce troisième épisode décevra certainement par son intrigue décousue et ses enjeux mal amenés. L'ambiance et les effets spéciaux pourront néanmoins consoler les amateurs de l'univers d'Harry Potter. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire