Les sorties de la semaine

mercredi 11 mai 2022

Doctor Strange in the Multivers of Madness

 

Synopsis :

Steven Strange fait des rêves étranges, qui paraissent plus vrais que nature. Mais ces rêves sont-ils simplement une simple illusion du cerveau ou une fenêtre sur d'autres univers ?


Commentaire

Sam Raimi, le maître de l'horreur

Sam Raimi retourne aux superhéros après sa prestigieuse décennie 2000. Loin de se laisser cadenasser par Marvel, il impose sa patte en imbibant Marvel de son genre favori : l'horreur. Genre par excellence pour travailler la mise en scène grâce au travail sur le hors-champs et le ressenti du spectateur, le genre horrifique apporte un style bien particulier à cet épisode de Doctor Strange. Steven Strange et Wanda Maximoff deviennent alors les muses horrifiques de Sam Raimi. Par ailleurs, chaque plan revêt une idée de mise en scène et chaque transition est travaillée. Notons en particulier une caméra dynamique avec des plans débullées, qui peut très bien passer à travers les murs ou utiliser les reflets pour continuer la séquence. Certains éléments reflètent directement le cinéma de Raimi comme la scène de corniche dans New York lors du combat contre le premier monstre (la bête aux tentacules). Les scènes de combats - d'action sont particulièrement bien filmées avec enfin des plans en pied, plus larges laissant respirer l'image. La scène la plus réussie sera évidemment le combat "aux notes de musique", parfaitement en symbiose avec la bande musicale de Danny Eflman, le compositeur favori de Sam Raimi. Si Elfman n'apporte pas de thème particulièrement reconnaissable - retenable, il excelle à mettre en place une ambiance angoissante, à mettre en valeur les scènes grâce au mickeymousing ou tout simplement à donner au film une autre envergure grâce à une musique symphonique et orchestrale classique et classieuse. Le film est réussi car il s'agit d'un film de Sam Raimi avant d'être un film de la "série" Marvel.

Le scénario, petit point faible 

Si le scénario est convenu et tient la route, l'inévitable recours au multivers crée immanquablement quelques problèmes. Par exemple, Doctor Strange s'adressant à un double maléfique prend pour acquis qu'ils ont vécu un même évènement dramatique dans leur enfance. Premièrement, la séparation des lignes de réalité n'est-elle pas trop récente (série Loki) pour que 2 Strange si différents puissent exister ? Deuxièmement, s'il existe bien une infinité d'univers parallèles, comment Strange peut-il penser qu'un double a forcément vécu la même expérience que lui ? Il manque peut-être un chef d'orchestre général chez Marvel pour établir des règles communes aux productions sur ce fameux multivers. Le scénario fait alors ce qui l'arrange. Notons à côté des problèmes du multivers, quelques éléments également là encore peu subtiles. L'utilisation des générateurs de mémoire dans un monde du multivers par Strange et America Chavez est un procédé un peu facile pour amener des flashbacks qui arrangent le scénario. Toutefois, l'ensemble reste encore acceptable pour une production de ce type. 

La thématique : l'acceptation 

L'existence du multivers est pour Doctor Strange et Scarlet Witch la possibilité d'obtenir ce qu'ils souhaitent, car ce qu'ils cherchent (son ex-femme pour Strange et ses enfants pour Wanda) existe forcément quelque part. Le dénouement ne peut ainsi avoir lieu que dans le renoncement, car le multivers est la métaphore de l'éternel désir. Wanda doit accepter l'état de son existence et Strange accepter de ne pas tout contrôler. Au début du film, Strange est bloqué dans le passé, symbolisé judicieusement par une montre cassée... quand choisira t-il alors de dépasser sa frustration et de symboliquement faire réparer sa montre ? Il doit apprendre d'abord à lâcher prise. Le film utilise à ce propos, encore, quelques éléments scénaristiques un peu convenus - faciles comme le fait que Strange doive se résoudre à placer sa confiance dans une fillette dont le succès ou l'échec déterminera le destin de l'univers... de tout le multivers! Un homme si sage peut-il faire ce pari ? Ou est est-il plutôt un homme de foi qu'un homme sage ? Toutefois, la morale est entendable voire plutôt intéressante venant d'outre atlantique. Doctor Strange doit en effet apprendre à laisser faire et à accepter le monde tel qu'il est. Le self-made man américain est enfin opposée à une proposition bouddhiste (ou nietzschéenne - chacun choisira) qui parait plus raisonnable et surtout plus propice à la paix intérieure. Doctor Strange n'est-il pas avant tout un grand sage aux inspirations orientalistes ? 

En définitive, Doctor Strange in the Multivers of Madness est un excellent film de l'écurie Marvel parce qu'il est un film transpirant la patte de Sam Raimi. 




******

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire