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dimanche 10 octobre 2021

Mourir peut attendre




Synopsis

James Bond essaye d'oublier le passé et de profiter de la vie en compagnie de Madeleine. Toutefois, lorsque qu'on fut 007, le passé peut toujours venir troubler le présent... 


Commentaire :

Mise en scène entre le dynamisme de l'histoire et la travail des plans [spoilers]

Fukunaga arrive sur la saga en reprenant le travail des plans des derniers épisodes. Si le travail sur la lumière est moindre que chez Sam Mendes, de nombreux plans, notamment d'introduction aux scènes, bénéficient d'un beau travail de composition, avec pour cadre des paysages naturels grandioses. Les différents lieux parcourus et montrés ainsi que l'intensité de l'action font de ce James Bond un blockbuster classique au sens noble du terme. La volonté de relancer l'action, dans un film d'une durée conséquente, est palpable, pour éviter semble t-il tout ennui au spectateur. Par certains aspects, le film offre même trop d'action, trop de temps forts, alors que le film avait le potentiel de travailler plus en finesse les personnages et les relations entre eux. En effet, ce film s'intéresse plus à l'homme qu'à l'agent secret et il a manqué des temps faibles pour travailler l'émotion du spectateur en prévision du climax final, qui n'en aurait été que plus émouvant. Il était possible notamment, d'insister sur la relation entre Bond et 007 et la relation entre Bond et sa fille, à l'image de la relation entre Bond et Mathilde bien menée. La scène finale de la mort de James Bond, évènement unique puisque James Bond ne meurt jamais, aurait gagné aussi à ralentir pour laisser monter l'émotion, soit en insistant sur le dernier plan de Bond, soit en accentuant les plans sur les réactions des personnages autres que Mathilde. Toutefois à l'image des différentes scènes, le film se conclut un peu abruptement, comme si un James Bond se devait d'être rythmé, sans temps faible. A la musique, Hans Zimmer est à la direction avec une musique efficace mais peu originale, qui rappelle par exemple les thèmes de la trilogie Batman de Nolan. Il reprend toutefois habilement à certains moments le thème de la saga, avec un certain effet car Fukunaga ménage des scènes qui vise à ré-iconiser le personnage. 

Les thèmes : un héros du passé ?

Le film est avant tout un film d'action et son rythme n'est que peu propice à la réflexion. Toutefois, certaines thématiques finissent par apparaître. Il y a bien évidemment la question des armes biologiques gouvernementales dévoyées par des terroristes, ce qui souligne la dangerosité des projets à l'éthique douteuse développés en secret par les gouvernements. Toute innovation doit être pensée dans ses pires applications, même si l'objectif était acceptable au début (éviter les morts collatérales ici.). Un personnage assez passéiste comme James Bond voit d'un mauvais œil cette nouvelle technologie bien que le méchant lui rappelle que James Bond est également un tueur mais avec des méthodes anciennes. Le film ne rebondit pas sur cette argumentaire. Il nous invite à conclure qu'une espèce si peu enclin à l'éthique doit garder des moyens rudimentaires pour tuer, ne pouvant assumer la responsabilité de posséder des moyens mettant le génocide à portée de main de n'importe qui. Il s'agit de la longue question de la science sans conscience. Toutefois, la question du passé est plus large qu'une réflexion sur la façon de tuer. Tout dans le film rappel à James Bond sa place d'homme blanc approchant la cinquantaine. La nouvelle 007, une jeune femme noire sûre d'elle est là pour marquer la différence. Toutefois, le film n'arrive pas clairement à rendre le personnage dépassé (au contraire du dernier OSS 117). Il est au contraire toujours aussi doué dans ce qu'il fait et ré-iconisé régulièrement par la mise en scène. L'acte final montrant le sens du sacrifice et le combat homérique de Bond laisse à penser que le monde avait besoin de ce type de personnage. Loin d'être un personnage ringard, c'est ce James Bond non destructuré qui conclut la saga Craig. Il faut dire que le rapport aux femmes est plus apaisé dans les derniers épisodes et que rien de ce que fait James Bond n'est moralement choquant. Toutefois, cette conclusion surprenante, allant un peu à contre-courant du mouvement est intéressante. Il restera en effet toujours une certaine fascination pour les mythes qui peuvent servir tout autant de modèle que de contre-modèle.


En définitive, Mourir peut attendre est une conclusion réussie à la saga Craig. Un des épisodes qui s'intéresse le plus au personnage et qui aurait gagné peut-être à ralentir pour encore plus travailler le personnage de James Bond et ses relations aux autres.


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