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mercredi 12 février 2020

Birds of Prey et La fantabuleuse histoire de Harley Quinn


Synopsis :

Séparée de Joker, Harley Quinn perd l'immunité dont elle jouissait. Tous les bandits de Gotham ayant un grief contre elle se mettent alors à sa poursuite...


Commentaire :

Une mise en scène dynamique et soignée

Cathy Yan choisit de travailler la mise en scène pour redorer le blason de DC après l'échec critique de Suicide Squad, film directement lié à Birds of Prey. La réalisatrice n'a à son crédit qu'un film indépendant. Elle reprend l'esthétique de l'univers DC mais propose une réalisation singulière. Par son montage, le film épouse la narration d'Harley Quinn. La structure du film est donc un peu décousue pour reproduire le désordre dans la psyché de l'anti-héroïne. Harley Quinn a également un côté enfantin et immature qui se lit dans l'interfilmicité avec la citation visuelle de Titi et Grosminet, constamment sur la télé de H. Quinn, mais aussi avec l'introduction du film réalisée sous la forme de cartoon. Il est possible également de noter des choix non-thématiques mais démontrant un soin particulier à la réalisation, comme par exemple un flash back en plan-séquence dont le changement de temporalité s'effectue via un déplacement de la caméra. Le cut aurait été plus évident mais beaucoup plus banal. Autre qualité de réalisation: la mise en scène des combats laisse voir la chorégraphie de l'action avec un recours modéré aux cuts et l'utilisation de plans en pied. Ce petit blockbuster a donc la qualité d'éviter la réalisation normée et pauvre de la plupart des films à grand spectacle. A la musique, Daniel Pemberton est discret, effacé derrière les nombreuses chansons d'artistes tels Sofi Tukker, Doja Cat, Whipped Cream et Baby Goth, Jucee Froot ou Halsey, ou des tubes tels Hit Me With Your Best Shot, Barracuda, Love Rollercoaster et I Hate Myself For Loving You.

Les thèmes : l'ère des femmes et la remise en cause du patriarcat 

Chez DC, Cathy Yan est la seconde femme à pouvoir réaliser un film de super-héros mettant en scène une héroïne, le studio prenant ainsi de l'avance vis-à-vis de Marvel. Le film est une critique générale du patriarcat. Les héroïnes ont toutes subies des violences diverses de la part des hommes ou sont sous la menace d'en subir. Il y a un rapport de force lié au genre dans le film entre les personnages de sexe différent, toujours lié à un rapport de classe, ce qui ouvre la situation des personnages à l'universel. Ainsi c'est à la fois en tant qu'homme, patron ou supérieur que les personnages masculins exercent leur domination. Le système patriarcal permet aux hommes d'accéder au position de pouvoir comme cela est montré avec le policier, ce qui engendre une domination double. Il en ressort que la domination de classe est liée à la domination du genre dans un système partiarcal, et peut être d'une extrême brutalité, Harley Quinn comparant sa situation et celle de Black Canary à celle du maître et de l'esclave. Aucune figure masculine du film n'est d'ailleurs positive et aucune femme n'est menacante car en situation de dominée. En cela, le film est plutôt juste car la question du genre est articulée à l'ensemble d'un système et donc non essentialisée Le parcours d'Harley Quinn et de ses comparses est donc celui de l'émancipation, que cela soit dans la vie privée et sentimentale ou dans la vie professionnelle. Le film est monothématique mais clair dans son ambition, tout en conservant avant tout son côté divertissant.

En définitive, Birds of Prey est un bon divertissement, à la réalisation soignée, mettant en scène le combat pour l'émancipation de Harley Quinn et ses comparses.



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