Les sorties de la semaine

dimanche 28 avril 2019

Avengers Endgame


Synopsis : 

Après la victoire de Thanos, les derniers Avengers hésitent entre résignation et revanche...


Commentaire :  

Les Russo pour du magistral 

Après quelques films en demi-teintes, les frères Russo arrivent au paroxysme de leur art cinématographique (sans égaler Joss Whedon). Venant de la télévision, leur réalisation souffrait depuis Captain America et le soldat de l'hiver d'un manque cruelle d'ampleur. Infinity War voyait un travail plus abouti mais là encore, la réalisation aurait pu gagner à être plus épique pour rendre hommage aux événements. Cette fois-ci, les Russo utilisent plus de plans de grand-ensemble pour donner de l'ampleur aux événements et cela dès les premières scènes qui ne sont pas des scènes d'action. On notera également un excellent plan-séquence à Tokyo! Lorsque arrive la bataille finale et ce malgré la présence de beaucoup de cuts, la mise en scène est au rendez-vous des enjeux. A cela, il faut ajouter la présence d'Alan Silvestri, le compositeur phare des Avengers qui arrive à retravailler ses thèmes (et ramener d'autres thèmes du MCU) pour les rendre encore plus entraînants. Il faut dire que les Russo ont la qualité depuis deux films de laisser la bande musicale s'exprimer en créant des plans d'exposition ou en allongeant les plans. Cela a pour conséquence de dupliquer la puissance des scènes. Du point vue technique et du divertissement, le travail est donc accompli. 

Les difficultés et facilités du scénario [Spoilers]

La suite d'Infinity War devait assumer les événements passés pour que leur ampleur et leur gravité restent inchangées. Malheureusement, comme prévu, les scénaristes ont décidé de jouer avec le voyage temporel, ce qui est souvent dangereux pour tout scénario voulant rester cohérent. Les scénaristes étaient conscients de ce problème, il n'y aura donc cette fois-ci pas de réel voyage dans le temps mais un voyage dans le multivers grâce à la physique quantique. Ainsi, il est impossible de changer le passé mais il est possible d'aller dans un univers parallèle pour aller chercher les pierres d'infinité, sachant que chaque changement dans le passé crée une nouvelle branche de réalité. Ce principe a la qualité de ne pas toucher à la chaîne des causes et des conséquences et donc de ne pas créer de paradoxe. Pourtant Marvel semble peut inquiet des conséquences de ces principes pour les autres réalités. Dans un univers, Thor vole le marteau du Thor de cet univers : Captain America lui rend-il à la fin ? Ce c'est que semble dire le film et il n'y a donc pas de conséquences ici. Toutefois, dans une autre dimension, Loki s'échappe après Avengers 1. Mieux, dans une autre, Thanos est absent après sa mort à la fin du film. Cela a peu de conséquence pour le monde des Avengers que nous connaissons puisque ces changements touchent une autre réalité mais cela montre que les scénaristes manquent de rigueur car ces personnages si soucieux de rendre les pierres d'infinité créent tout de même des problèmes dans les autres réalités. De même, comment, à la fin, Steve Rogers peut-il vivre dans ce même monde avec l'agent Carter. Il peut vivre avec l'agent Carter dans une autre dimension mais en conséquence, il ne doit pas être présent sous la forme d'un vieillard dans le monde que nous connaissons (ou alors revenir sous la forme d'un vieillard sur la plateforme). Bref, jouer avec le temps ou les dimensions peut-être problématique. Le principe choisis par les scénaristes pouvait fonctionner à condition d'être rigoureux avec les règles établies.
Autre problème pour les scénaristes : gérer des personnages puissants. Captain Marvel, bien trop puissante, est tout simplement écartée du film, elle qui était annoncée comme la messie après la catastrophe d'Infinity War. Thor bien trop puissant pour faire face à un Thanos sans pierre est dépeint comme un ivrogne. Hulk devient super Hulk mais perd énormément en puissance et apparemment en capacité de régénération car c'est la première fois que nous voyons ce dernier avec... une attelle! A contrario, Thanos sans pierre devient si puissant qu'il peut tenir tête à Captain America avec Mjolnir et son bouclier et même briser ce dernier indestructible. C'est ainsi que les scénaristes trouvent maladroitement des solutions pour présenter un scénario avec un Thanos qui tient tête à ses adversaires.
Dernier problème, celui de la "science magique". Si la physique quantique permet aux humains de changer le cours des choses, pourquoi les civilisations avancées de l'univers n'ont aucune idée de ces possibilités, alors que les humains paraissent bien primitifs face à eux. La physique quantique sert donc bien les scénaristes. De même, pourquoi les terriens d'aujourd'hui (ou les extraterrestres) sont incapables de recréer le liquide rouge de Hank Pym alors que ce dernier a réussi cette prouesse plus de 50 années auparavant (l'idée est simplement de dire que les héros n'ont pas le droit de se rater dans le passé - c'est de l'enjeu créé artificiellement). Ajoutons à cela l'incroyable nano-technologie d'Iron Man capable de créer un gant d'infinité alors que seule la forge céleste de Nidavellir était jusque là capable d'un tel artefact. C'est pourquoi Thanos avait tuer tous les nains, seuls capables de faire un objet si puissant. 
Certes, certains personnages comme Iron Man, Hawkeye ou Captain america sont bien écrits mais beaucoup de facilités scénaristiques minimisent la gravité et les enjeux d'Infinity War. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le rat qui libère Antman ou les villes désertes alors qu'il reste 50% de la population mais rentrer en profondeur sur tous les détails nécessiterait une dissertation.
Toutefois, malgré ces facilités, le recours à la nostalgie et des scènes "fun" (la grande bataille, Captain America maniant Mjolnir) arrivent à laisser une bonne impression avant réflexion.

La perte d'un grand méchant 

 Si Infinty war était un grand film c'est avant tout par son méchant, certes un peu manichéen et brutal mais avec des arguments rationnels (à défaut d'être raisonnables). Ici, plus de thématique malthusienne. Thanos veut simplement supprimer toute vie dans l'univers et avoue même prendre du plaisir à détruire la Terre. Thanos devient un super-vilain classique. Dommage car sans grand méchant, pas de grand film.


En définitive, Avengers Endgame, en ayant recours à une mise en scène de qualité, une bonne bande musicale et à la nostalgie, réussit à passer outre ses incohérences scénaristiques. Un bon divertissement en deçà d'Infinity War.



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jeudi 11 avril 2019

Shazam


Synopsis :

Billy Batson est un orphelin à la recherche de sa mère. Alors placé dans une nouvelle famille d'accueil après avoir encore fugué, il commence cette fois-ci à s'attacher aux membres de cette famille. Il prend la défense de son nouveau compagnon de chambre face à des voyous du collège...


Commentaire :

David Sandberg effacé

Le réalisateur suédois David F. Sandberg venant des films d'horreur, genre où la mise en scène est primordiale, apparaît effacé ici par la machine DC et les enjeux d'un tel blockbuster. L'horreur reste faiblement présente avec les créatures des péchés capitaux mais plus par leur design que la réalisation. La mise en scène est ici purement fonctionnelle et donc peu marquante. La seule qualité est la rythmique des blagues qui fonctionne plutôt bien. Du côté de la musique, même constat général, Benjamin Wallfisch ne prend l'ascendant que dans de rares scènes et ne marque donc pas le film. 

Un tournant chez DC ?

Le côté humoristique pris par ce film est assez logique compte tenu de l'histoire où un jeune adolescent se retrouve dans un corps d'adulte. Toutefois, la voie humoristique a été prise dès Justice League et confirmée par Aquaman. DC voudrait-il faire du Marvel ? DC a t-il vraiment un avenir ? Une saga doublon ne semble pas être très intéressante.
A noter que l'histoire en elle-même, au-delà du concept de l'origine du super-héros, avec l'affrontement avec un super-vilain est très banale. 

Les thématiques [Spoilers]

Shazam n'est pas très travaillé sur le fond mais a la qualité de traiter une thématique de manière juste à défaut de bien la développer. Il s'agit de la question de la famille envisagée au sens large. Billy est à la recherche de ses origines, de sa vraie famille. Une quête qui se révèle être une impasse et qui démontre que la recherche des origines est vaine et qu'il vaut mieux se consacrer au présent et aux individus qui comptent, c'est à dire pour Billy, les membres de sa famille d'accueil. Il est possible de choisir ses amis (ou sa famille d'accueil ici), contrairement à sa famille biologique. Il est alors important pour Billy de s'intégrer à cette famille recomposée qui lui veut du bien. L'idée est donc qu'il faut se construire un entourage avec lequel on aime évoluer et ne pas chercher les réponses dans le passé. 


En définitive, Shazam est un film de super-héros sympathique dont l'originalité ne tient qu'à l'origine du super-héros. Le scénario à proprement parler, la réalisation ou l'usage de l'humour ne révolutionnent pas le genre. 


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