Les sorties de la semaine

samedi 2 février 2019

La Mule


Synopsis :

Earl a une passion, faire pousser des fleurs. En tant que pépiniériste, il peut vivre de sa passion. Mais à 80 ans, il est fauché par la concurrence utilisant les nouveaux outils de l'information. Sans solution, une connaissance lui propose d'être chauffeur...


Commentaire :

La maîtrise de Clint Eastwood

Clint Eastwood réalise sans surprise un bon travail derrière la caméra avec une mise en scène fonctionnelle, fluide, au service du récit. Il varie habillement les valeurs de plan pour soit ancrer le film dans l'univers américain, soit se concentrer sur les personnages. Le personnage principal joué par Clint Eastwood est celui qui reçoit le plus attention par la mise en scène, qui se concentre sur un visage, des mains, une posture, marqués par le temps. Il y a un côté méta (au-delà du film en lui-même) au film car tout le monde connaît l'acteur et constate comment ce corps vieillit. Il faut ajouter le jeu fin de Clint Eastwood à cette mise en scène pour que le personnage âgé mais plein de caractère soit complètement convaincant. Il y a par ailleurs une constante tension dans le récit du fait de placer cet individu vulnérable au cœur de la plus grande violence. Notons la belle photographie d'Yves Bélanger, le directeur photo connu pour son travail avec Nolan, qui se fait remarquer par les plans des grands paysages américains lors des scènes de route. A la musique, Arturo Sandoval réalise un joli travail d'accompagnement.  

Un casting cinq étoiles

Il est nécessaire de mentionner le casting réuni par Eastwood, tant l'ensemble des acteurs réalise un travail sans fausse note. A côté de Clint Eastwood qui vole bien évidemment la vedette, gravitent Bradley Cooper (son héros de American Sniper), Laurence Fishburne, Michael Pena, Diane Wiest et Taissa Farmiga (récemment à l'écran avec La Nonne). Le plus amusant à relever est que le fille de Earl, Iris, n'est jouée par nulle autre qu'Alison Eastwood, la fille de Clint Eastwood. 

Les thématiques : l'humanité par la famille [spoilers]

Si Eastwood tient le rôle d'une mule, un hors la loi, il filme ce dernier sans prise de position morale. La forme du récit favorise la compréhension du parcours d'un individu amené à transporter de la drogue. Le grand âge du personnage lui offre le bénéfice de l'incompréhension avant d'être pris dans une dynamique dont il ne parvient pas à s'extirper. Earl est assez naïf vis à vis du nouveau monde qu'il ne comprend plus très bien. Il a par ailleurs un bon fond. A chaque fois qu'il obtient de l'argent, il l'offre en partie à son entourage en grand besoin. Cette configuration fait qu'il est possible de prendre Earl en affection du fait qu'il ne soit pas du monde de la drogue. C'est d'ailleurs la raison qui le rend difficile à attraper. Malgré son côté touchant et sympathique, le vieil homme met du temps à comprendre que l'important n'est pas seulement monétaire. Sa famille attendait plus sa présence que son porte-feuille. C'est son plus grand crime et c'est la raison première de son égarement dans l'illégalité. L'important est le temps passé aux côtés de ses proches, une chose qui ne s'achète pas. Earl s'en rend compte, c'est pourquoi il plaidera coupable. C'est lors de cette scène que le message, presque à portée morale, est définitivement affirmé. Ce message est classique, c'est peut être la limite de cette oeuvre, mais joliment amené. Eastwood réalise ainsi un nouveau un film humaniste.


Pour son dernier film, La Mule, le vieux maître Clint Eastwood ne perd rien de sa maîtrise en se tenant devant et derrière la caméra. Le film est prenant et touchant.



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