Les sorties de la semaine

dimanche 19 novembre 2017

Justice League


Synopsis :

Sans Superman, la Terre est vulnérable. Batman essaye alors de rassembler les plus forts individus de Terre pour contrer ce qui semble être une invasion extraterrestre... 


Commentaire : 

Réalisation Znyder

Zack Znyder fait toujours attention à la plastique de son film et cela se vérifie à nouveau, bien que Joss Whedon, au demeurant bon réalisateur, soit passé derrière. L'univers visuel est en effet une nouvelle fois très travaillé avec de la profondeur de champ et des plans généraux qui font beaucoup pour l'ambiance. Gotham City est peut-être l'espace le plus réussi, très torturé. Du côté du moins bon, il y a l'île des Amazones, dont les plans d'introduction font trop numériques, ainsi que l'ambiance finale en Russie avec une tonalité rouge trop exotique pour la Terre, même en terraformation. Les scènes de combat sont elles extrêmement bien filmées et surtout lisibles ce qui n'est pas toujours le cas dans les films de super-héros. Elles ont également la qualité d'être intenses et de faire ressortir la douleur des corps, contrairement aux Marvels trop cartoonesques. A la bande musicale, nous retrouvons Danny Elfman qui fait son retour parmi les super-héros. S'il n'y a aucun nouveau thème marquant, sa musique a toujours la qualité d'être subtile (ce qui tranche avec Hans Zimmer). Par ailleurs, il a l'intelligence de retravailler, en hommage, les vieux thèmes de Superman de 1978 et l'incroyable thème de Batman de 1989. Le travail sur la bande sonore est donc intéressant.

Excellents personnages pour une histoire banale 

Les personnages de la Justice League sont bien construits. Wonderwoman, Batman et Superman restent intéressants mais les nouvelles têtes ont aussi leurs propres qualités. Cyborg est un personnage grave et complexe. Flash est un comic relief bien dosé (le spiderman de DC) avec une excellente interprétation d'Ezra Miller. Enfin Aquaman, dont l'introduction dans l'univers était compliquée car peu crédible, s'impose sans problème du fait du charisme de Jason Momoa. Il s'agit en quelque sorte du Thor de DC Comics, mais il ne faudrait pas qu'ils accentuent son côté humoristique. La seule limite de cette équipe est que Cybord et Flash font doublon dans l'idée de génie du groupe (sachant que Batman n'est pas bête non plus). Au-delà de cela, la synergie fonctionne bien. Le problème de l'histoire, et non le moindre, est le super-méchant SteppenWolf qui est une caricature si banale du super-méchant que le film n'a pas d'intérêt particulier, car dénué de questionnement intéressant. 

Les questionnements DC

DC comics a toujours su mettre des questionnements profonds dans ses films bien qu'ils n'aient pas toujours été bien traités. Contrairement à Marvel qui désormais oublie toute thématique dans un surplus d'humour, DC Comics se prend toujours au sérieux et essaye de distiller quelques réflexions, bien que plus légèrement cette fois (attention à ne pas se "marveliser"). La question la plus développée est celle de la science face à l'éthique et aux responsabilités. Batman a l'idée d'utiliser une technologie alien pour mener à bien son plan, mais c'est un pari risqué. Wonderwoman prévient avec raison que toute science ne peut être utilisée qu'avec sagesse sans quoi elle devient l'ennemie du bien. La solution de Batman est néanmoins choisie car il n'y avait aucune autre option. La réflexion de Wonderwoman reste néanmoins pertinente, elle qui est présentée comme une idéaliste (c'est à dire toujours à lutter pour la Justice, une alterego de Superman). Il n'y a guère d'autre dilemme important. L'ouverture du film avec un Superman ne pouvant répondre à la question de ce qu'il y a de plus beau dans l'humanité est particulièrement intéressante, pouvant laisser supposer une réflexion complexe sur l'action humaine. Le film ne poursuit malheureusement pas dans cette voie et le caractère monolithique du super-méchant ne permet pas d'autre dilemme important. Les ennemis de Wonderwoman lors de sa scène d'introduction dans ce film sont par exemple beaucoup plus intéressants que SteppenWolf. Un film de super-héros, pour être vraiment bon, doit incorporer un méchant complexe avec lequel on pourrait presque être d'accord. Ce n'est pas le cas ici.

En définitive, Justice League réussit le pari de rassembler des Super Héros intéressants mais se loupe sur le Super Méchant. Le film se regarde grâce à la mise en scène de Snyder mais est d'une banalité certaine.




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dimanche 12 novembre 2017

La Montagne Entre Nous


Synopsis :

Alex voit son vol pour Baltimore annulé du fait d'une tempête. Se mariant le lendemain, elle cherche une solution pour décoller dans la journée. Elle rencontre alors Ben qui lui aussi a une urgence en tant que chirurgien. Il décide à deux d’affréter un petit avion...


Commentaire :

Mise en scène minimaliste 

Abu-Assad réalise un film sans grand entrain visuel. Alors que le cadre était favorable aux belles prises de vue, on aurait pu s'attendre à une abondance de jolis plans de demi-ensembles ou généraux. La réalisation se concentre plutôt sur les personnages pour montrer leurs relations dans ces conditions particulières (usage de champs - contre-champs, ou plans les incluant tous les deux). Ces derniers restant plutôt inexpressifs, il n'y a pas grand chose à sauver visuellement. Pour redonner de l'élan à l'histoire, le film s'essaye à l'humour avec plus ou moins de succès, certains gags réussissant, d'autres moins. Malheureusement, le film manque de corps, il est incapable visuellement de faire ressentir la durée du périple, si bien que les dialogues doivent venir au secours de la réalisation. De même, les corps des acteurs et leur jeu ne rendent pas justice à l'épreuve qu'aurait dû être ce périple. La musique de Ramin Djawadi, quant à elle, peine à redonner du souffle à l'oeuvre. Le spectacle est donc plutôt morne, passé les vingts premières minutes. 

Elba et Winslet seuls dans la Montagne

Seuls parce-que, semble t-il, non dirigés. Le couple d'acteurs semble faire le minimum syndical pour donner de l'intensité à ce survival. Idris Elba est froid, ce que peut justifier le caractère singulier de son personnage mais il ne semble, par ailleurs, jamais atteint par le froid, la faim ou la fatigue. Kate Winslet y arrive un peu mieux sans que cela ne soit extraordinaire. La scène dénudée qui est censée se passer après plusieurs semaines sans nourriture ou presque montre des corps dans un état tout à fait normal, voire carrément athlétique pour Idris Elba. Le personnage le plus touchant est peut être le chien, pour qui on craint, puisque les humains pourraient avoir envie de le manger. Si sa bouille à l'écran fait son petit effet, on a dû mal à comprendre comment il peut toutefois sauter partout. Sur lui non plus, la faim, le froid et la fatigue ne se font guère sentir... 

Un homme et femme sont-ils obliger de terminer ensemble ? 

Que reste t-il alors dans ce film ? On le comprend en milieu de film. Toute cette histoire n'est censée être qu'une histoire d'amour. Le reste n'a pas d'intérêt. Et il n'y a d'ailleurs pas de message au-delà de cette romance, ce qui est un peu étonnant venant de Abu-Assad, réalisateur politique. Il n'y a même pas une description de l'humain et de ses état psychologique face à l'adversité. Cette volonté mono-linéaire de l'auteur (du livre) et du réalisateur est assez étrange... une femme et un homme ne peuvent donc pour eux que tomber amoureux et avoir des rapports sexuels. Encore que le rapport sexuel aurait pu se comprendre dans le sens où l'adversité aurait pu redonner un caractère bestial à ces individus, mais hormis la scène de sexe, cela ne se voit pas vraiment. Toutefois, cette épreuve commune aurait aussi pu déboucher sur une relation différente mais tout aussi forte qu'une histoire d'amour. Cela aurait sûrement été plus intéressant à montrer et à explorer. Autre parti pris étonnant (dans la partie pré-romance), le fait que le film insiste par le biais d'Alex, qu'il vaut mieux s'appuyer sur l'instinct que sur la raison et la logique pour survivre... ce qui n'a rien d'évident. Quoiqu'il en soit, le film n'a pas beaucoup d'intérêt puisque tout se cantonne à cette romance. L'épreuve du froid, de la solitude, de la faim, le choc post-traumatique du drame, la perte de dextérité des doigts du chirurgien... rien n'est exploré. Une chose à sauver ? Peut-être le fait que les protagonistes soient perdus dans l'immensité américaine comme s'ils étaient perdus dans les terres inhabitées du fin fond de l'Eurasie. Cela nous rappelle que les Etats-Unis sont un pays très vaste, avec des ensembles territoriaux marqués par de très faibles densités. 

En définitive, La Montagne Entre Nous, est un film sans grand intérêt, que cela soit au niveau de l'intrigue ou de la réalisation. 


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mercredi 1 novembre 2017

Thor : Ragnarok


Synopsis : 

Odin n'est plus à la tête d'Asgard depuis que Loki a pris le trône. Sans Le Père de Toute Chose, le cosmos est en danger et même Thor ne peut lutter contre le Ragnarok, la fin du monde... 


Commentaire :

Faire cool

Taika Waititi, réalisateur jusque là de comédies, fait tout ce qui est en son pouvoir pour rendre cette nouvelle production Marvel cool et amusante. Il se révèle assez talentueux puisque les scènes sont bien tournées, avec de jolis plans et parfois très travaillés. Toutefois, les plans ne vont pas jusqu'à être signifiants, hormis les flashbacks des Valkyries (style des tableaux romantiques pour insister sur le côté grandiose et épique de leur combat). Les scènes de bataille sont elles plutôt réussies et certains plans sont sublimes mais l'abus de ralentis se fait sentir. Thor Ragnarok se veut faire cool et bad-ass et pour cela le film veut être humoristique dans la lignée des Gardiens de la Galaxy. Waititi arrive à cette transformation mais au prix de l'intensité et de la majesté que devrait être ce combat mythologique qu'est le Ragnarok. Le film est distrayant, bien filmé mais cela ne va pas plus loin. Concernant la musique, le choix est hasardeux avec l'absence de musique orchestrale. Mettre "Immigrant Song" de Led Zeppelin sur les scènes de combat fait cool, encore une fois, mais fait perdre en majesté et en grandiose. Les autres scènes ont reçu une musique des années 80 sans aucune raison particulière, peut-être juste parce-que les Gardiens de la Galaxy possèdent ce genre de musique (mais cela a un sens dans leurs films). Ici, cela est hors de propos, juste cosmétique. Le seul thème intéressant est à la réutilisation judicieuse du thème du premier épisode de Thor.

Un casting pour sauver le film

Chris Hemsworth est toujours aussi imposant physiquement ce qui lui permet de créer son effet à l'écran. Malheureusement, son jeu n'évolue pas et le côté plus humoristique de Thor rend son personnage assez lourd bien que plusieurs gags fonctionnent. Tom Hiddelston est lui toujours bon car son jeu est subtile tout autant que son personnage. La meilleure performance revient néanmoins sans conteste à Cate Blanchett qui a l'immense qualité de prendre son rôle au sérieux, ce qui apporte un peu de sérieux à l'histoire. Jeff Goldblum assume lui un côté comique qui sied plutôt à son personnage et réalise donc aussi une performance intéressante. Le caméo est de Matt Damon est quant à lui, un ressort comique qui ne loupe pas! En définitive, le film repose sur certaines performances du casting.

Mythologie détruite

Il est souvent question dans la dernière partie d'énoncer et de réfléchir aux thématiques du film, mais Thor Ragnarok, parce-que pur divertissement, en est dépourvu. Cela est quand même assez décevant mais peut s'expliquer par le fait qu'il s'agit de mettre en image un fait mythologique, donc dépourvu de message (moral). En revanche, la mythologie nordique est normalement riche en symboles bien que cela ne soit pas présent ici. L'histoire est simplement celle de la destruction d'Asgard, sans la symbolique ni la rigueur vis à vis de l'histoire originelle. Le film s'éloigne encore plus de la mythologie nordique que le Comics. Une question apparaît alors : pourquoi prendre des noms et certains éléments de cette mythologie pour en faire toute autre chose. Il aurait mieux valu que tous les noms soient différents afin qu'une comparaison ne soit pas nécessaire, mais il vrai que "Ragnarok" est vendeur. Le casting n'a d'ailleurs jamais été autant cosmopolite chez Marvel que pour incarner les divinités nordiques. L'objectif du divertissement est atteint mais le film reste très superficiel. 

En définitive, Thor Ragnarok divertit mais restera anecdotique dans la masse des films Marvel.  


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