Les sorties de la semaine

vendredi 26 août 2016

Dans Le Noir


Synopsis :

Martin n'arrive plus à dormir le soir, en effet, sa mère en dépression semble discuter toute seule la nuit. La grande sœur de Martin, Rebecca, qui a quitté la maison depuis des années prend connaissance des ennuis de Martin et décide de le prendre chez elle... 


Commentaire :

Une mise en scène aboutie

James Wan n'est pas à la caméra, seulement à la production. C'est David F. Sandberg, auteur du très court-métrage sorti sur Youtube Lights out,  qui a eu le droit d'adapter son travail au cinéma. La trace de Wan est tout de même visible avec l'idée de faire rentrer le spectateur directement dans l'ambiance sordide, même avant l'apparition du titre. On retrouve également l'âme de James Wan dans le dévoilement très rapide de la créature, bien qu'elle ne soit pas très visible. A regret, le jeu sur le hors-champ est alors plutôt pauvre pour un film d'horreur puisque la créature est dans le champ. Néanmoins, la mise en scène est tout de même excellente car si celle-ci ne joue pas avec le hors-champ, elle joue dans le champ avec la lumière. Et qui dit lumière dit ombre, l'un ne va pas sans l'autre, ce qui fait que le danger plane continuellement. Un gros travail est en effet réalisé autour du clair-obscur et la disposition des personnages dans le cadre par rapport à la lumière est riche de sens. C'est le côté jouissif du film d'horreur qui a nécessairement une mise en scène symbolique, qui doit être plus que fonctionnelle pour apporter le malaise. Le malaise est également entretenu par le design de l'esprit frappeur, c'est à dire la forme désarticulée du fantôme. Le film est parcouru de screamers (Jump Scares) bien placés arrivant aux moments fatidiques ; ce qui distingue cette réalisation d'une de James Wan qui fait tomber les screamers à contretemps. Quant au rythme du film, il est également très bon, insérant juste ce qu'il faut de temps faibles (autrement dit de temps sans angoisse) pour travailler les personnages et les rendre attachant. La relation entre Rebecca et Brett est à ce titre très bien gérée. 

Thème : aller au devant des peurs

Thématiquement, ce film d'horreur est classique. Chose assez intéressante, le film est débarrassé du carcan religieux car souvent le surnaturel du genre d'épouvante est lié aux mythes du monothéisme. Il y a effectivement un fantôme mais n'appartenant à aucun dogme. Avant tout, le film joue énormément avec les psychoses liées aux aléas de la vie ainsi que cette peur primaire qu'est le noir. La diégèse intègre effectivement le surnaturel mais sans ambiguïté, ce qui fait que le film abandonne dès le début le genre du fantastique pour prendre le chemin du merveilleux. La thèse rationnelle de la psychose de la mère liée à sa dépression est ainsi vite évacuée. En conséquence, il n'y a aucun message ici relevant du prosélytisme, ou pour le moins de la défense de la foi et de la croyance face à la raison. L'unique message du film concerne la confrontation de ses peurs. L'utilisation du noir comme symbole de la peur est pertinente car le noir n'a pas de visage, il peut représenter toutes les peurs. Les héros du film vont finir par se confronter au noir aider de la lumière, idée de l'introspection qui invite à éclaircir les zones d'ombre de notre existence. 

En définitive, Dans Le Noir est un film d'épouvante réussi, doté d'une mise en scène intelligente.



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mercredi 24 août 2016

Star Trek Sans Limites


Synopsis :

L'USS Enterprise est parti pour une mission de cinq ans aux confins de l'univers afin de nouer des alliances diplomatiques. L'équipage fait escale sur la grande station de Yorktown de la Fédération lorsqu'un vaisseau inconnu avance dans leur direction. Une survivante d'une expédition scientifique demande de l'aide auprès de Starfleet pour que l'organisation aille secourir son équipage en perdition dans une nébuleuse proche mais inconnue...


Commentaire :

Une réalisation et un scénario soignés mais déjà-vus 

Justin Lin est arrivé sur le projet avec la gloire de Fast And Furious, ce qui laissait craindre pour les amateurs de la franchise que le film se noie dans son action. Force est de constater que le réalisateur a effectué un bon travail avec un film moins mouvementé que le précédent malgré certaines scènes d'action un peu longues (les combats à mains nues ou à blaster). Globalement, le film est bien rythmé et est assez agréable à regarder. Son point fort se situe notamment dans la toute première partie avec une mise en scène intéressante dédiée à la lassitude (gros plans sur des objets du quotidien, légers ralentissements). La mise en scène de Justin Lin est également réussie lors de la présentation de la station gigantesque de Yorktown qu'il traite à la manière d'une grande ville lors de sa scène d'exposition. Les scènes d'action dans l'espace sont très réussies mais il aurait été plaisant que Justin Lin n'est pas peur de se lâcher notamment sur la scène finale plutôt courte avec la musique intra-diégétique. En revanche, les scènes de combats à taille humaine sont un peu plus brouillons provoquant une sensation de perte de repère. D'ailleurs, Justin Lin signe sa présence avec une scène d'action présentant une moto! - difficile de savoir si l'idée est bonne - Toutefois, il faut souligner que la mise en scène reste de bonne facture sur l'ensemble du film, parfois au-delà de l'aspect fonctionnelle comme mentionné plus haut pour le début du film. Le scénario est un peu à l'image de la mise en scène. Il est bien ficelé si bien que rien n'arrive à l'écran sans être préparé avant au moins par un plan, presque à la manière d'un Nolan. Par les temps qui courent, cela est assez agréable de voir de la rigueur dans le scénario. Le seul problème est que contrairement à un scénario de Nolan, celui-ci n'est guère original. Il délivre simplement une histoire qui tient la route. Pour finir ici, notons un bon point positif du film avec la musique de l'excellent Michael Giacchino qui confirme être un des rares compositeurs à pouvoir prendre la relève de John Williams à Hollywood. 

Thématiques : des personnages en questionnement 

Le film aborde des thématiques intéressantes tout à fait en cohérence avec l'univers Star Trek. Si le film ne les utilise que pour la fonctionnalité de son scénario, elles ont le mérite d'être pertinentes. La première concerne le nihilisme qui s'empare de l'équipage au tout début du film. James T. Kirk devient alors un personnage intéressant car il questionne le pourquoi de son action. La sensation d'appartenir à un univers presque infini pose la question de l'utilité de son exploration : une tâche sans fin ? La vie n'ayant pas de but en soi, le capitaine fixe lui même un but à sa vie : la découverte et l'altruisme.  En ce sens, le film retrouve l'essence de la saga d'origine, fondée sur l'idée d'exploration, bien que paradoxalement il n'y ait pas tant d'exploration ici. Ainsi, ce n'est pas un film d'exploration mais sur le pourquoi de l'exploration, ce qui est plus fort dans un sens. James Kirk finit par retrouver le goût de l'espace car il prend conscience que la vie n'a pas plus de goût ailleurs. Autant rester avec ses amis à la découverte de l'univers.
L'autre thème central est une question de civilisation. James Kirk est confronté à un adversaire qui ne questionne pas la personne de Kirk mais la raison d'existence de son organisation politique. La Fédération pour laquelle travaille James Kirk a apporté la paix. Néanmoins, le "méchant" Krall défend une vision darwinienne de la vie, c'est à dire un temps de la guerre dans laquelle les plus forts émergent. Il prône ainsi le droit du plus fort comme nécessité pour l'humanité. Le personnage de Krall interroge également le retour de soldats dans la vie civile : héros de guerre, anonyme dans la paix. La vision de Krall qui fait fi de Droit et de Justice n'est bien évidemment pas défendable mais ce personnage a le mérite de questionner la Fédération, métaphore de la civilisation occidentale et de souligner ce progrès indéniable qu'est l'Etat de droit permettant la paix.  

En définitive, Star Trek Sans Limite est un bon film de science-fiction qui sans être particulièrement original a le mérite d'être bien fait.


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vendredi 5 août 2016

Suicide Squad


Synopsis :

Après la mort de Superman, la question des métahumains est un sujet central pour la sécurité intérieure. Et si un Superman méchant apparaissait ? Amanda Waller a l'idée de constituer une équipe composée de prisonniers aux capacités extraordinaires dont la mort ne serait pas regrettable ; la Suicide Squad.


Commentaire :

Facile mais efficace 

Le montage final ne laisse que peu apparaître la complexité de la mise en scène, notons simplement la scène du Joker et de Harley Quinn dans une cuve où un travail particulier semble avoir été fait sur les couleurs et le symbolisme. Le reste est purement fonctionnel avec un soin esthétique pour les scènes d'action. Les personnages de l'équipe auraient mérité, au moins certains, un peu plus d'attention car hormis Deadshot et la superbe Harley Quinn, les autres restent très basiques. Soulignons toutefois, la réussite du travail fait sur El Diablo qui avec peu de temps d'écran arrive à devenir un personnage fort. L'équipe en elle-même aurait nécessité un peu plus d'attention car on ne comprend pas bien la force du lien qui les unit à la fin (El Diablo parle "de famille"). Le Joker qui est lui extérieur à la Suicide Squad n'est pas particulièrement réussi malgré l'investissement de Jared Leto. Sa performance est très bonne mais le personnage n'est pas intéressant en gangster, certes dérangé mais plus mafieux qu'autre chose. On est à des années lumières du personnage nihiliste de Nolan dont la seule raison de vivre était Batman. Toutefois, la mécanique fonctionne et on se prend à l'histoire bien qu'elle soit elle aussi peu complexe. Le film est distrayant et use de la facilité en utilisant des musiques bien connues qui redonnent à chaque fois un nouveau souffle aux scènes. Toutefois, la bande originale n'est pas en reste car lorsque la vedette ne lui est pas volée, les compositions de Steven Price apparaissent très bonnes.

Thématiques : juste du fun ?

Difficile de savoir si le film n'a d'autres ambitions que de divertir. Néanmoins, contrairement aux derniers films de super-héros, le film ne semblait pas promettre plus qu'un bon moment. Le début n'est toutefois pas inintéressant avec une réflexion sur les métahumains. Superman avait plus que des compétences incroyables, il avait une éthique. Capable d'agir en despote éclairé par delà les lois, il est un surhomme au sens philosophique dont le seul objectif est la justice. Ce n'est pas le cas des autres métahumains a propos desquels Amanda Waller prononcera la phrase la plus profonde du film ; "le problème des métahumains est leur côté humain". Ce qui ouvre un questionnement sur l'être humain. Hormis cette réflexion qui reste en surface, il n'est pas aisé de savoir si le film délivre un message. Certes le scénario fait comprendre que les organismes secrets jouant avec le feu provoquent eux-mêmes le chaos. Mais Amanda Waller ne semble pas se remettre en cause à la fin. Peut être ne faut-il pas chercher un sens politique ici, après tout, on n'est pas chez Nolan.

En définitive, Suicide Squad délivre ce qu'il a promis, de l'action avec un peu d'humour pour tenter d'accrocher le succès de Marvel. Divertissant.



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