Les sorties de la semaine

mercredi 23 avril 2014

The Amazing Spider-Man 2


Synopsis :

Peter Parker est devenu héros à plein-temps. Spider-Man parcourt New York à la recherche des malfrats et bandits jours et nuits, si bien qu'il est obligé de délaisser sa vie personnelle. De plus, il craint pour sa petite amie Gwen Stacy, dont le père lui a fait promettre de ne pas la mettre en danger. Alors que Spider-Man échoue à trouver un équilibre de vie, un des super-méchants les plus dangereux qu'il n'ai jamais affronté, Electro, apparaît...


Commentaire :

La trilogie de Marc Webb prend de la consistance 

The Amazing Spider-Man 2 tourne définitivement la page de la trilogie de Sam Raimi, car si le premier Amazing ne tenait pas la comparaison, celui-ci emploie les gros moyens pour être tout aussi prenant. Si nous craignions que la surenchère de super-méchants nuisent à l'histoire, il se trouve que les protagonistes sont parfaitement insérés dans le récit et que le l'histoire personnelle de Peter Parker a le temps d'être développée durant les 2h20 de film. Cette longueur ne ressent pas, le film étant parfaitement structuré et l'histoire étant assez dense. Cette durée permet de satisfaire le spectacle visuel et de soigner la narration. 

Parfait dosage humour-action

Un des aspects qui diffère par rapport aux films de Sam Raimi est le ton. L'humour de The Amazing est plus adolescent (ou plus léger) que celui de la première trilogie. Toutefois, alors que Andrew Garfield pouvait être un peu agaçant dans le premier opus, son rôle est parfaitement ajusté dans cette suite. Mieux, non seulement les gags du films correspondent à l'esprit Comics (BD et dessins animés), mais ils n'affaiblissent en rien l'aspect épique de l'histoire, ce qui est parfois le cas dans les productions Marvels Disney (les Avengers). De plus, malgré son côté plus adolescent, cette production arrive également à être plus tragique que les Avengers. Néanmoins, la trame de l'histoire reste classique au genre.

Le point fort : les effets spéciaux

Marc Webb marque de sa patte la production Sony. Certes, sa mise en scène est moins subtile que celle de Sam Raimi mais Marc Webb se distingue très fortement dans la chorégraphie des combats. Les combats dans ce film sont tout simplement incroyables, cela bien aidé par le recours au numérique. Les effets spéciaux sont époustouflants et la distinction entre prises de vue réelles et effets numériques est ardue. Les moments critiques sont agrémentés de superbes ralentis voire d'arrêt complet du temps pour signifier le 6ème sens de l'homme araignée. Signalons aussi l'ouverture du film avec un Spider-Man qui ferait pâlir Man of Steel. Cette production Marvel de Sony n'a rien à envier aux productions Marvel de Disney ou de la Fox.

17/20




dimanche 13 avril 2014

Noé


Synopsis :

Noé, descendant de Seth, lui même fils d'Adam, se voit confier la tâche par le Seigneur, de construire une arche afin de sauver les innocents du Déluge. En effet, Dieu souhaite punir les hommes et tout particulièrement les descendants de Caïn le meurtrier, fils d'Adam, pour la méchanceté dont ils font preuve. Seuls les animaux de la Création auront une place dans le nouveau monde. Quant à Noé, il ignore si l'humanité, par sa lignée, aura encore une place dans ce monde purifié...


Commentaire :

La marque d'Aronofsky

Darren Aronofsky était très attendu pour ce film, qui signait le grand retour des films bibliques au cinéma. Il n'est d'ailleurs pas le seul cette année avec Exodus prévu pour la fin d'année et Son Of God, sorti pour l'instant au Etats-Unis. Quoiqu'il en soit, ce film tiré de l'Ancien Testament devait également être un film d'Aronofsky. Le résultat est que la marque de l'auteur est présente et qu'un spectateur ayant vu Requiem For a Dream remarquera surement des similitudes de montage. Nous pensons notamment au montage "épileptique" utilisé ici pour représenter ou interpréter des passages de l'Ancien Testament. Au niveau de l'esthétique et de la gamme chromatique, il est également possible de faire le lien avec The Fountain.

Un seul temps fort

S'il s'agit bien d'un film portant la marque d'Aronofsky, le résultat est lui mitigé. Le film est structuré en trois actes. Le premier acte est moyennement rythmé mais surprenant du fait de la découverte de l'esthétique du film (l'avant-Déluge) et le dernier et troisième acte (l'après-Déluge), lui, se tire en longueur. Ces deux actes sont nécessaires au récit de la Genèse mais sont moyennement passionnant au cinéma. Ainsi, seul le Déluge en lui-même est particulièrement prenant et très bien réalisé, conjuguant grande bataille et thriller. Selon nous, un seul des trois actes est donc vraiment réussi, qui est par ailleurs le seul acte qui soit fidèle à ce que l'on pourrait attendre venant d'un blockbuster ; autrement dit, le seul acte de grand spectacle.

Esthétique mi-figue mi-raisin

L'esthétique du film est originale mais surprenante. L'environnement, ainsi que la faune et la flore dans une moindre mesure, diffère du monde actuel. Il fallait, en effet, que le monde d'avant le Déluge soit différent du monde que nous connaissons, car l'ancien monde est sensé avoir été détruit pour donner la Terre d'aujourd'hui. A ce titre le pari est réussi, notamment l'esthétique du ciel, qui ancre l'histoire de Noé dans un monde inconnu. Pour l'après-Déluge, le choix des paysages de l'Islande colle très bien à ce que l'on pourrait attendre d'une nouvelle Terre. Concernant les effets numériques, ils sont réussis pour la scène de la grande bataille. Ils sont, selon nous, moins réussis pour ce qui concerne les animaux. Le problème n'est pas que certains animaux soient imaginaires mais bien que leur artificialité se voit à outrance. En outre, les animaux sont un élément central et attendu dans l'histoire de Noé. Dans l'idée des effets trop voyants, il y a également un contre-jour étrange, qui dans la structure du plan rappelle ceux du cinéma classique hollywoodien mais qui ici, est d'une artificialité criante, si bien que l'on croirait assister à un spectacle d'ombres de marionnettes. Quant au design des géants, il n'est pas forcément raté mais pour le moins étrange. Leur aspect passe en vérité beaucoup mieux une fois que l'explication de leur origine nous est donnée. Leur forme d'être de lumière est elle très bien trouvée. Toutefois, le seul et vrai prodige de ce film est finalement l'arche (faite en décor réel). 

Acteurs et sur-jeu

Il s'agit peut-être d'un des aspects les plus problématiques du film, la majorité des acteurs étant à côté de leur rôle. Néanmoins, l'archétype des personnages interprétés y est surement pour beaucoup. Emma Watson n'est pas très juste et dans le sur-jeu. Plus surprenant, Jennifer Connelly sur-joue elle aussi quelques scènes. Logan Lerman, lui, ne s'en sort pas très bien avec un personnage sans nuance. Le personnage de Ray Winstone (Tubal-Caïn) est lui une caricature du méchant. Seul Russell Crowe et Anthony Hopkins s'en sortent avec une performance honorable mais sans étinceler. A se demander si ce n'est pas la direction d'acteurs qui a failli ici.

Ré-intérêt pour une mythologie judéo-chrétienne, fidèle mais progressif

Si sur la forme, Noé est donc un film plutôt moyen, le fond est en revanche très intéressant. Ce film relance l'intérêt pour la mythologie judéo-chrétienne à la manière des films épiques nous intéressant à la mythologie grecque. L'histoire et le rôle des géants (anges déchus) est génial, la présence du mystique Mathusalem est superbe. Il faut accepter ce film avec la même ouverture d'esprit qu'un film sur la mythologie grecque, qui nous apporte une conception du monde selon une religion. A vrai dire, il est beaucoup plus facile pour certains d'accepter un film sur la mythologie grecque car les évènements contés sont pris comme faux, purement fictionnels. Le sujet est plus sensible avec un livre comme la Bible qui est d'abord porteur d'une religion pratiquée, mais le film ne doit pas être reçu autrement que comme un récit mythologique. Prendre ce film pour un film de propagande religieuse serait une erreur. 
La plus grande force du film est de rester (assez) fidèle à la Genèse tout en actualisant grandement le récit. Un des meilleurs exemples est d'associer les paroles de la Bible à des images présentant le Darwinisme : superbe mise en scène subversive, grandiose! On peut parler d'une vision progressive de la religion. Le film adopte également un discours écologique intéressant, pour la défense des êtres vivants et contre l'industrialisation excessive. Les descendants de Caïn sont punis pour leur non-respect de la nature et l'industrialisation dévastatrice de la Terre. Le discours est donc très actuel. Enfin, le plus beau tour de force du film est de réussir, dans ce récit, à taper sur l'intégrisme religieux! Noé n'a pas été choisi parce-qu'il est croyant mais parce-qu'il est bon! En effet, si le film tape sur l'orgueil humain à travers Tubal-Caïn, personnage qui ne respect rien, le film pointe aussi du doigt ceux qui obéissent aveuglement au divin... Rien que pour le fond, le film mérite d'être vu.


14/20




jeudi 10 avril 2014

Divergente



Synopsis :

Dans un futur post-apocalyptique, à Chicago, la population est divisée en cinq factions : les altruistes, les érudits, les sincères, les fraternels et les audacieux. Béatrice et sa famille appartiennent à la faction des altruistes, faction chargée de gouverner avec bienveillance la société. Alors âgés de 16 ans, Béatrice et son frère passent un test afin de les aider à choisir leur faction. Son frère, Caleb, choisit les érudits alors que Béatrice choisit les audacieux. Néanmoins, cette dernière inspire à une vie au-delà des factions : elle fait partie des Divergents...


Commentaire :


Hunger games bis

Présenté comme le nouveau Hunger Games avec sa nouvelle Jennifer Lawrence (Shailene Woodley), Divergente y ressemble en effet beaucoup. Nous sommes dans un monde post-apocalytique au système ultra-conformiste dans lequel une jeune fille remet en cause l'ordre établi. Elle se bat pour la différence et la liberté. La différence majeure vient du fait que cette société fictionnelle n'est pas sous le joug d'une dictature au sens strict du terme. Néanmoins, elle présente un monde où la notion de liberté individuelle a disparu. Sur le papier, les deux histoires se ressemblent quand même beaucoup, d'autant plus que les deux esthétiques post-apocalytiques sont plutôt proches. Difficile de savoir quel avenir est le plus cynique entre l'un qui ramène l'humanité à l'inhumanité des jeux du cirque et le second, celui du film, qui présente une humanité déshumanisée par le conformisme. L'avenir de Divergente pourrait rappeler les sociétés de classes (voire de castes) féodales, mais les factions finissent par faire écho malheureusement aux divers factions (ou clans) des universités anglo-saxonnes. Il y a donc un côté teenage assez prononcé ici qui rappelle le premier public visé par cette production.


Les acteurs vs Shailene et Kate

A cela, il faut ajouter que le casting post-adolescent de Hunger Games et de Divergente pourrait presque être interchangé (sauf Jennifer Lawrence, inégalable). Si les personnalités et aptitudes des personnages sont proches, ils présentent également des physiques plutôt similaires; le personnage de Four (James Theo) pourrait très bien interpréter Finnick. De même pour Zoë Kravitz pourrait très  bien rejoindre son papa Lenni dans Hunger Games. Toutefois, ce n'est pas tant les acteurs qui sont en cause que leurs personnages et James Theo est, par exemple, très juste dans son rôle. Néanmoins, deux acteurs se détachent du lot, ce sont des actrices. Si Shailene Woodley n'est pas JenLaw elle est tout de même excellente dans son rôle de jeune fille courageuse et innocente s'élevant contre l'arrivée d'une dictature. Aucun souci à ce faire pour son avenir à Hollywood. La deuxième étoile de ce film est bien entendu l'actrice oscarisée Kate Winslate, qui donne une nouvelle ampleur à Divergente, à la manière d'un Robert Redford dans Captain America Le Soldat de l'hiver. Elle est l'atout qui apporte une réelle crédibilité à cette production et qui empêche le film d'être classé maladroitement aux côtés des teen movies comme Twilight.


Scénario en deux temps 

Le scénario et la mise en scène ne sont pas vraiment accrochants pendant les 30 premières minutes. Même si on accepte le postulat qui présente un avenir dans lequel l'homme aurait renoncé à la liberté par le biais d'une société divisée en cinq factions rigide, la présentation (la mise en scène) de ces factions est un peu grotesque. La faction des audacieux dans laquelle rêve d'aller Béatrice n'a rien pour attirer, présenter comme une bande de jeunes (où sont passés les vieux ?) courant comme des dératés dans la rue et prenant des risques inconsidérés. Il y a par ailleurs un manque d'explication : la société (c'est à dire la ville Chicago) possède une armée et des murailles, mais rien ne nous est dit sur cette situation. Néanmoins, cela est peut-être réservé pour le reste de la trilogie. Quoiqu'il en soit, la découverte du monde et de ses lois, qui est d'habitude une des parties les plus passionnantes d'un film de science-fiction, n'est pas très subtilement réalisée ici. Une fois la séquence d'exposition passée et lorsque l'action autour des divergents commence, le film tient en haleine. A noter que ce premier épisode de trilogie constitue un ensemble narratif cohérent et que contrairement à certains films récents de saga (Le Hobbit, La Désolation de Smaug et Hunger Games, L'Embrasement), ce film évite habilement le cliffhanger de fin de série TV.  La seconde partie est bien réalisée, et la caméra tremblante et le montage rapide du réalisateur Neil Burger sont plutôt efficaces. Par ailleurs, le réalisateur de Limitless réalise de jolis gros plans en jouant sur la luminosité, notamment sur son actrice principale.

Musiques

Les musiques composées par Junkie XL (300 La Naissance d'un empire) sont plutôt agréables et efficaces. Néanmoins, ce qui est particulièrement intéressant est l'utilisation, en plus, de musiques de divers groupes, musiques chantées, qui passent plutôt bien à l'écran.

14/20



dimanche 6 avril 2014

47 Ronin


Synopsis :

Dans le Japon pré-moderne de l'époque d'Edo, le Seigneur Asano reçoit dans son domaine le Seigneur Kira et le Shôgun à l'occasion de festivités. Le Seigneur Kira, qui convoite le domaine d'Asano, ensorcelle ce dernier avec l'aide d'une sorcière. Poussé au crime, Asano est contraint au Seppuku (Hara-kiri) pour laver son honneur. Les anciens Samourai d'Asano, devenus Ronin (sans maître) se jurent alors de venger leur seigneur. Ils sont aidés par Kai, un sang-mêlé aux capacités de combats hors-normes...

Synopsis video



Commentaire :

Bonne réalisation et bonne ambiance

La mise en scène et la réalisation sont plutôt réussies pour le premier film de Carl Erik Rinsch. Le paysage et plus largement l'environnement sont bien filmés, donnant un petit côté immersif à la Seigneur des Anneaux. A cela, il faut rajouter des costumes flamboyants, respectueux de la tradition japonaise tout en étant plus colorés et impressionnants. La mise en scène des combats est également excellente avec des chorégraphies complexes et jolies mais surtout bien filmées. En somme, l'ambiance générale pour ce film de combat dans un Japon ancien et fantasmé est vraiment convaincante et cela malgré une esthétique à plusieurs visages. Le film affiche ostentatoirement mais habilement l'énorme budget dont il a bénéficié. Ainsi, il s'inscrit parfaitement dans la lignée des films de genre Universal.

Un film dual et conflictuel

Le film est néanmoins hétéroclite à bien des égards. Le réalisateur et le studio avaient deux projets de films différents et cela se ressent puisque certains mélanges semblent ne pas fonctionner. Si les scènes en décors réels et les scènes en fonds verts sont toutes réussies, leur association donne un petit côté faux raccord à l'ensemble. Il semble que le film historique, à l'image du Dernier Samourai, ait été télescopé par 300 Naissance d'un Empire, et que par dessus, Princesse Mononoké ait laissé quelques poils. Pas étonnant lorsque l'on sait que C.E. Rinsch voulait faire un film de Samourai et Universal un film de genre mainstream. L'éruption du merveilleux dans un film se voulant historique (comme le rappelle le dernier plan) amoindrit justement le côté historique. Difficile pour un occidental d'adhérer à la rigidité de la pensée japonaise qui détermine en définitive le destin des 47 Rônin, lorsque le film s'autorise maintes libertés de réalisation. La tradition n'est compréhensible que si contextualisée et expliquée. A vrai dire, cela est assez triste puisque l'on sent la volonté de Rinsch de faire un film très respectueux de la pensée japonaise. Malheureusement, ce dernier point paraît hors de propos dans ce flot de divertissements. Le Dernier Samourai, qui est également un film occidental, arrivait pourtant beaucoup mieux à faire passer l'esprit du Bushidô. 

Scénario recousu 

Le film a connu plusieurs tournages, il a été plusieurs fois réécrit du fait de conflits en production. Cela joue surement sur son côté hétéroclite. Toutefois, certaines scènes sont tout simplement peu compréhensibles en-elles mêmes et non du fait de leur insertion dans le récit, comme celle devant simuler la mort des 47 Ronin auprès de leur ennemi. Et puis, certains passages obligés du film de guerre sont plutôt banals, comme le discours avant l'affrontement final. On sent le cahier des charges peser sur le film de Rinsch. D'ailleurs, le film en devient un peu long en dernière partie, du fait que le film d'aventure merveilleuse soit terminée alors que le film "historique" doive être menée à terme. En définitive, le film n'arrive pas à faire la synthèse du film traditionnel japonais et du film mainstream américain, parce que le scénario semble plus être une addition (de scènes, de genres et d'esthétiques) qu'une somme. 

Acteurs : Keanu Reeves effacé et japonais anglophones

Fallait-il faire un film sur le personnage de Keanu Reeves ou un film sur les 47 Ronin ? La question mérite d'être posée car la réponse doit être certaine, l'un ou l'autre étant possible. Ce qui n'est pas possible est de ne pas choisir. En conséquence, Keanu Reeves est plutôt effacé et se fait voler la vedette par la star japonaise Hiroyuki Sanada. En vérité, dans le film ainsi fait, le personnage de Keanu Reeves n'est pas indispensable. Et puis, la présence d'un occidental (ici) dans un contexte japonais amène des problèmes. Le film est tournée en anglais puisqu'il y a le personnage de Keanu Reeves, mais il est clair que les acteurs japonais auraient été plus percutants en s'exprimant en japonais, certains acteurs nippons ne savant pas parler anglais (ils disent alors leur texte phonétiquement)... Il y a donc une impression de fausseté dans ce film, car trop d'ambitions et d'ingrédients mis ensembles. Encore une fois, le côté merveilleux en moins, le Dernier Samourai avec Tom Cruise arrivait à faire une synthèse occident - orient plus satisfaisante.

En définitive, le film se regarde comme un bon divertissement mais est peu crédible en profondeur. 


14/20







jeudi 3 avril 2014

Aimer, boire et chanter


Synopsis:

Dans le nord de l'Angleterre, trois couples voient leur vie chamboulée lorsqu'ils apprennent que leur ami commun George, est atteint d'un cancer. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Ils décident alors de l'inviter à jouer un rôle dans une pièce de théâtre qu'ils préparent. Progressivement, la présence de George au sein de ces couples perturbe l'ensemble des protagonistes.

Commentaire:

Une pièce restée théâtrale


S'il existe quelques plans d'extérieur plutôt très beaux, ils n'ont pas réelle importance dans le film; il ne s'agit que de transitions, d'éléments de mise en scène afin d'expliquer qu'il se produit un changement de lieu. Nous sommes plutôt très proche du théâtre filmé, d'autant plus que les valeurs d'échelle de plan ne varient pas beaucoup, avec seulement quelques gros plans de temps à autre.  En outre, le film est tourné en studio avec un décor volontairement proche du style théâtral. Intriguant au premier abord, l'ambiance sonore, réaliste elle, fait de l'ensemble un milieu particulier et qui fonctionne. La forme est donc plutôt inhabituelle pour le cinéma contemporain mais en définitive rafraichissante. Ce monde diégétique fonctionne d'autant plus que ce n'est pas l'environnement qui importe ici mais les personnages. D'ailleurs, un des personnage les plus intéressants de l'histoire est un personnage hors-champ, une petite audace aujourd'hui. Evidemment, la troupe de Resnais est composée d'acteurs excellents; et si cette comédie ne fait pas rire aux éclats, elle fait constamment sourire. Cet humour paraît paradoxalement original aujourd'hui car provenant d'un cinéaste faisant avec les références d'une époque presque estompée. Ou comment le vieux peut paraître nouveau lorsque la forme cinématographique contemporaine se standardise. 

Expressionniste - Surréalisme

Difficile de définir la forme car elle est expérimentale. Pour la comprendre, il faudrait avoir recours à l'analyse filmique. Ici, nous pouvons simplement en dire quelques mots descriptifs. Les gros plans au fond blanc hachuré rappellent les techniques de dessins sur papier ou numériques (photoshop)  qui sont habituellement utilisées afin de souligner l'importance d'un personnage. Ici, ces plans particuliers servent, semble t-il, à mettre en valeur le personnage et sa réplique de manière plus importante que dans un gros plan traditionnel. Toutefois, le résultat est surprenant et peu agréable. Les décors, eux, sont une simplification du monde, peut-être de nature expressionniste, mais cela reste difficile à définir sans analyse plus approfondie. Est-ce seulement de l'expérimentation ? En tout cas, les variations brutales de lumière en fonction des humeurs des personnages sont typiquement expressionnistes. La taupe qui se balade dans quelques plans est elle surréaliste, il n'y a d'ailleurs surement pas d'explication particulière à cela.

Les adieux du maître

Celui qui a su s'opposer à la Nouvelle Vague quitte le cinéma français avec les honneurs. Son film est particulier : il en rebutera surement beaucoup mais il est intéressant de se confronter à ce type de cinéma. Le cinéma est le champ du possible et Resnais explore, expérimente plusieurs possibilités. Néanmoins, il n'y a pas chez lui, ce côté pompeux et intellectuel que l'on peut trouver dans certains films de la Nouvelle Vague. L'histoire est prenante, non banale, les dialogues sont travaillés. Resnais explore le cinéma sans rappeler constamment qu'il n'est qu'une illusion. A voir son dernier film, nous comprenons que Resnais était un petit monsieur farfelu, promoteur de la culture populaire (mais d'une autre époque). Il fait ce qui l'aime. Alors que Godard critiquait déjà les travellings de Resnais dans Nuit et Brouillard, Resnais commence celui-ci avec des travellings contemplatifs. La dernière provocation lancée à la Rive droite (Nouvelle Vague) ? Quoiqu'il en soit, Resnais s'est fait plaisir comme il l'entendait avec son dernier film, avec le pressentiment que celui-ci serait le dernier, à l'image du dernier plan du film.



15/20