Les sorties de la semaine

lundi 18 juillet 2022

Thor Love and Thunder

 

Synopsis :

Après la victoire contre Thanos, Thor a retrouvé sa force d'antan mais pas le moral. Il lui manque un sens à sa vie. C'est alors qu'un certain Gorr "le boucher des dieux" apparaît, obligeant Thor a reprendre du service... 

Commentaire : 

Du Waititi, à outrance 

Taika Waititi est une nouvelle fois derrière la caméra pour filmer le dieu Viking. Il imprègne très fortement l'univers sur certains points. L'humour, déjà présent chez les Marvel, est encore plus poussé pour cet épisode, si bien que le personnage principal Thor n'a plus qu'une fonction comique. La tragédie est entretenue par les personnages secondaires Jane Foster et Gorr, tous deux campés par des Nathalie Portman et Christian Bale très bons dans le jeu. Toutefois, l'atmosphère du film garde une très forte tonalité comique dont le rythme est celui du gag. Malheureusement, le film de Waititi est ici à contre-temps. Les gags ne font pas tous mouche et ont pour effet de désamorcer la gravité de l'intrigue. Ce faux rythme comique peut procurer un sentiment de longueur alors même que le montage est lui plutôt classique (dynamique) pour un film du genre. La mise en scène ne se signale que par sa belle photographie pour un univers, il faut le reconnaître, créatif. La séquence en noir et blanc avec simplement quelques ajouts de couleurs sur certains objets est également plutôt réussie. La bande musicale est composée de plusieurs musiques des années 80 plutôt bien choisies ainsi que de la musique orchestrale de Michael Giacchino qui ne se signale par aucun nouveau thème notable, ni même aucune réutilisation des thèmes précédents. Dommage. 

Profiter de la vie et choisir l'amour

Taika Waititi a toujours à cœur d'inclure une morale dans l'histoire. C'est ici une morale assez bateau ; il s'agit de l'amour. La vie n'a de sens que lorsque l'on aime, et cette quête sera autant celle de Thor que de son antagoniste Gorr. Il s'agit aussi d'une pensée du présent car Thor choisit à la fin l'amour (Love) plutôt que le tonnerre (thunder), autrement dit la bataille à venir. L'important est donc le présent et non ce qui adviendra, voire en extrapolant, il est possible de dire que le présent est plus important que l'arrière-monde des religions. Il y a en effet une critique assez ouverte de la croyance (pour le moins païenne). En effet, les dieux n'ont que faire des croyants dans le film, ces derniers (Gorr et même Thor face à Zeus) étant représentés comme de grands naïfs. Pourquoi s'intéresseraient aux êtres inférieurs? Il faut donc se consacrer au présent et faire les choses par soi-même ; voilà la morale du film. 
D'autres questions sont abordées en filagramme comme l'homosexualité car le film représente un amour gay et un personnage lesbien. Cela n'est pas appuyé mais revient à plusieurs reprises.

 

En définitive, Thor Love and Thunder est un film de comédie avant d'être un film d'aventure, car les gags plus ou moins réussis ont pour conséquence de désamorcer le tragique et de diminuer le côte épique. Pour les amateurs de Waititi plutôt qu'aux amateurs de Marvel. 


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dimanche 3 juillet 2022

Elvis

 

Synopsis :

Elvis, jeune garçon élevé dans la culture et la musique afro-américaine, bouleverse le monde de la musique en mêlant la country au rhythm and blues. Dans une Amérique divisée par la question raciale, le prodige du Rock'n'roll unit les Etats-Unis dans la musique...


Commentaire :

La mise en scène rock 'n' roll de Baz Luhrmann 

Baz Luhrmann cherche une mise en scène rock 'n' roll qu'il transcrit à l'écran à l'aide d'un montage très rythmé. Les effets visuels, notamment d'incrustation de texte sont pléthores. Les mouvements de camera (numériques ou réels) permettant les transitions sont également nombreux. Si on ne peut que reconnaître l'attention portée à la mise en scène, l'accumulation d'effets (mentionnons également les split-screens) nuit à la fluidité de l'histoire, du fait d'effets trop voyants et d'un rythme qui n'offre aucun temps faible (de repos). Néanmoins, la mise en scène correspond bien à la musique dépeinte et au personnage qu'elle souhaite présenté. Par ailleurs, certaines scènes semblent inventées pour correspondre à une certaine thématique, et donc réaliser de la mise en scène. Par exemple, lorsqu'Elvis est perdu dans sa vie, cela est transcrit par une scène dans un labyrinthe de miroirs. Ainsi un grand nombre de scènes parait présent dans un objectif thématique et de réalisation sans avoir de réalité historique. La musique est essentiellement composée d'un medley des meilleures musiques d'Elvis Presley selon la période narrée. Il est dommage à ce titre que les morceaux d'Elvis soient sous forme d'extraits, rarement en entier. La musique orchestrale d'Elliott Wheeler est à côté très discrète et n'a d'autre fonction que d'accompagner l'histoire.

Biopic très largement romancé 

Si ce biopic correspond dans les grandes lignes à la vie d'Elvis Presley (puisqu'un bon nombre de scènes sont thématiques et non historiques), les péripéties du chanteur semblent amplifiées pour coller à certains sujets. En effet, la cause noire, - la ségrégation et la discrimination - semble très appuyée comme si Elvis avait été un pond entre ces deux Amériques dans les années 60. Etait-il si politique, dans le sens proche de la culture afro-américaine ou le film choisit-il de faire correspondre la vie du chanteur à une thématique actuelle mais également plus prenante pour le scénario ? Plus largement, les moments de rébellion face au monde qui entoure Elvis, ou face à son manager Tom Parker, sont-ils si épiques à l'image des scènes du film ? Le film prend en tout cas un parti pris et l'interprétation magistrale d'Austin Butler et de Tom Hanks permet d'y croire. 


En définitive, Elvis est un film à la réalisation rock 'n' roll dont il faut être capable de suivre le rythme effréné. 


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