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dimanche 5 septembre 2021

Shang-Chi et la Légende des dix anneaux

 


Synopsis :

Il y a deçà un millénaire Xu Wenwu récupéra les 10 anneaux lui permettant de vaincre tous ses ennemis et d'asseoir son pouvoir sur le monde. Il y a quelques années, son fils Shang-Chi fuit pour éviter de suivre la voie de son père. Aujourd'hui simple carrossier à San Francisco, son passé et son héritage ne tardent pas à le rattraper... 


Commentaire

Forte inspiration du cinéma chinois et hong-kongais 

Destin Daniel Cretton rend hommage aux différents genres du cinéma chinois, en passant des films épiques en début de film (Les Trois Royaumes, Hero), au cinéma hong-kongais d'arts martiaux (notamment les films de Jacky Chan et ceux de Zhang Yimou Le secret des poignards volants). A cela, il rajoute tout le bestiaire mythologique chinois (dragon, qilin, lion chinois, renard à neuf queues) pour donner à son film une teinte définitivement particulière. Il s'agit visuellement d'un film très généreux pour les amateurs du cinéma chinois. Par ailleurs, Marvel aime aller chercher des acteurs prestigieux pour apporter une garantie de sérieux à ses films (Michelle Pfeiffer, Michael Douglas, Robert Redford, Tilda Swinton). Ici, Marvel réussit à récupérer Tony Leung et Michelle Yeoh, deux des plus grosses stars du cinéma de l'empire du milieu. A noter l'audace pour un film américain d'avoir une partie de ses dialogues en mandarin. La mise en scène en elle-même prend également beaucoup au cinéma chinois d'action avec des plans en plongée totale et des plans pieds pour montrer l'ensemble des corps en action. Elle se permet aussi des scènes moins cutés qui respectent mieux les chorégraphies d'arts martiaux. Ces dernières sont d'ailleurs parfaitement travaillées et exécutées, cela étant dû à l'expertise de Brad Allan, ancien de l'équipe de Jacky Chan, ici superviseur des cascades et second réalisateur. Les combats au corps à corps sont donc mieux filmés que dans la plupart des Marvels bien que le montage ne laisse pas encore totalement se déployer la majesté des chorégraphies, comme le fait le cinéma hong-kongais. Ce qui tient à la mise en scène de Marvel vient finalement quelque peu parasiter les combats que cela soit les cuts mais également les effets spéciaux (ralentis, effets numériques pour les pouvoirs etc.). Toutefois, certaines scènes s'en sortent particulièrement bien comme les scènes d'arts martiaux dans le bus, sur les échaudages en bambou, ou encore dans la forêt de bambous. La scène finale très marvelienne de part ses effets spéciaux est en revanche plus confuse. En effet, les effets numériques, que cela soit pour les véhicules ou le bestiaire ne sont pas des plus aboutis et les plans trop rapprochés ne permettent pas tout le temps de suivre le déroulement de l'action. 
Point très positif, Shang-Chi bénéficie d'une des plus belles bandes musicales des derniers Marvels avec le travail de Joel P. West, très fortement imprégné de la musique chinoise. Le film par ses quelques temps faibles permet également la mise en valeur de la bande musicale.

Thématiques limitées sur la famille 

Destiné au marché chinois, Shang-Chi ne bénéficie pas de thématiques si fortes que celles de Black Panther, autre film communautaire de l'univers Marvel. Les thématiques sont plus classiques et héritées également du cinéma chinois. Il s'agit du traitement de l'héritage et du passage de relais entre le père et le fils. La thématique du féminisme très secondaire ici (avec la sœur) ne mérite pas d'être abordée tant le déploiement dans le film est limité. En revanche, il est constamment fait mention du rapport entre le père et le fils, ce dernier ne sachant que faire de son héritage. Bien que l'aspect philosophique de la question soit insuffisamment développé, tout le parcours du fils réside dans l'acceptation de son identité qui est à la fois le produit de son père et de sa mère. La philosophie chinoise (bouddhiste, taoïste ou confucianiste) prône la résilience et l'acceptation (à la manière d'un Nietzsche en occident). Ce n'est qu'une fois que le héros aura accepté pleinement son passé qu'il pourra dépasser son père. Paradoxalement, son père chute en adoptant une pensée transcendante (caractéristique de l'occident) en espérant récupérer sa femme dans l'arrière-monde. Il n'est donc pas dans l'acceptation mais dans le combat permanent, ce qui le mènera à sa perte. Le personnage du père est par ailleurs plutôt réussit du fait de sa complexité. Il évite ainsi le cliché du super-vilain de comics. Malheureusement, il faut plusieurs flasbacks pour poser l'histoire et ses motivations, ce qui entraîne une mise en tension des problématiques un peu tardive. 

 

En définitive, Shang-Chi est un hommage généreux aux différents genres du cinéma chinois. La sauce marvelienne est presque de trop au regard des scènes strictement d'arts martiaux. 



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