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dimanche 1 août 2021

Kaamelott - Premier Volet

 

Synopsis :

Alors que le Roi Arthur a disparu dans la nature, Lancelot règne en tyran sur le royaume de Logres, pourchassant les derniers chevaliers de la table ronde... 


Commentaire

Une mise en scène dans la lignée de la série [spoilers]

Film attendu comme un messie dans le genre heroic-fantasy/Aventure comédie en France, Kaamelott cristallisait beaucoup d'attentes. La réalisation d'Astier reste toutefois contrainte par la tonalité et les moyens. Si la colorimétrie est particulièrement soignée avec un ton différent pour chaque lieu, et la photographie aboutie (à l'image d'un magnifique contre-champ dans le désert) le choix des valeurs de plan et le montage sont particuliers. En effet, le film est composé avant tout de plans rapprochés, ce qui est logique pour un film structuré autour des dialogues. Toutefois, la geste arthurienne demande des plans larges ; des plans d'ensemble plus nombreux, notamment pour introduire les différentes régions parcourues et donner de la profondeur à l'univers. A titre d'exemple, la scène dans le désert permettait d'ouvrir l'espace mais se contente d'un plan de demi-ensemble. Il n'y a guère finalement que le siège de Kaamelott qui donnera un peu de profondeur et d'ampleur visuellement à l'histoire. La mise en scène s'appuie encore fortement sur l'ancien format de la série (peu de mouvements de caméra et une forte importance donnée aux dialogues). Une des rares séquences à saluer visuellement est la chorégraphie des armes de siège avec une plongée totale. Le montage est également singulier à deux niveaux. Les transitions entre les scènes sont parfois assez abruptes, ce qui entraîne de petites ellipses. Seules les transitions vers le flashback sont vraiment travaillées. Les flashbacks sont d'ailleurs assez réussis bien qu'ils n'apportent que peu à l'histoire. Le montage du duel final est également un peu décevant. Le duel est en effet trop cuté, peut-être pour donner du rythme à une chorégraphie trop rigide.
La majeure partie du problème réside sûrement dans un budget limité puisqu'Alexandre Astier pense la comédie comme un genre sérieux. On sait par ailleurs que le film a pris du retard du fait de la recherche de financement. Astier n'aurait sûrement pas rechigner à donner de l'ampleur visuellement à son œuvre (bien que le ton du film soit aussi un facteur limitant pour le grandiose). La preuve de cette implication est sûrement la bande musicale composée par ses soins, qui est l'équivalent des plus grandes musiques orchestrales de film. Dans ce domaine, Alexandre Astier n'a pas eu à souffrir de limite pour un résultat impressionnant.

Un film de dialogue sans thème ? [spoilers]

Etonnamment le film n'a que peu de thèmes alors que son réalisateur loue la réalisation thématique. Le film, comme la série, est d'abord une succession de dialogues, autrement dit de joutes verbales en continue. Ces dialogues sont le point fort du film, car toujours incisifs et portés par des acteurs brillants. A ce titre, le film devrait ravir les adeptes de la série et les amateurs du verbe utilisant un ton familier. Toutefois, d'un point de vue thématique, l'humour tourne toujours autour du même thème : l'incompétence des autres. Arthur est un génie, élu des dieux, entouré d'idiots. Cela explique sa lassitude à agir. En effet, dans cette situation où l'incompétence empêche la délégation, le choix se fait entre la résignation ou le contrôle total (comme Astier pour le film ?). Mais Arthur n'est pas Astier et un personnage sans conviction peut-il transmettre un message ? Le film peut être drôle à certains moments mais la quête d'Arthur ne transmet rien car le personnage (comme tous les personnages d'ailleurs) n'évolue pas ou peu. Il est résigné (même lorsqu'il reprend le trône). Ou faut-il comprendre que le seul digne à gouverner est celui qui ne souhaite pas gouverner (mais ce n'est pas l'explication officielle car Arthur est l'élu des dieux depuis toujours comme dans une tragédie grecque) ? Ainsi le film n'a pas réellement de thématique principale. La signature d'Astier semble résider dans une sous-intrigue de l'histoire : la puissance de la musique. Ainsi la musique peut être l'instrument de tous, même des idiots. Elle est la seule chose capable de rythmer, d'organiser l'attaque burgonde. Toutes les scènes impliquant les burgondes sont réussies ; de la blague au dénouement. Ce n'est pas un hasard alors si la scène de ballet des machines de guerre est la plus réussie également au niveau de la réalisation. 


En définitive, Kaamelott Premier Volet réussit à conserver son ton et ses dialogues percutants au cinéma. Les amateurs de la série seront probablement satisfaits alors que les autres auront peut être du mal avec un film d'heroic fantasy limité par son budget et contraint par son humour toujours aussi singulier.



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