Les sorties de la semaine

mardi 11 juin 2019

Godzilla II Roi des Monstres


Synopsis :

Depuis 2014, le monde a pris connaissance des Titans. La question est alors de savoir si les Hommes doivent vivre avec ces monstres ou les exterminer. Ont-ils seulement le choix ?


Commentaire :

Les monstres à l'honneur 

Michael Dougherty prend la suite de Gareth Edwards sans que la mise en scène n'en souffre particulièrement. Les choix de réalisation sont toutefois différents. Si Edwards préférait les plans en contre-plongé pour fournir le point de vue de l'humain, Dougherty choisit la plongée et les plans très larges pour laisser place aux monstres. Résultats, ces derniers sont beaucoup plus à l'écran que dans le précédent film. Le choix est plutôt satisfaisant car ce sont bien les monstres les stars de ce film, et non les humains qui subissent l'ensemble des péripéties. Il s'agit donc d'un grand film de monstres dont l'intérêt est avant tout l'action. Le scénario est presque accessoire, ce qui est acceptable pour le genre du film catastrophe. Notons toutefois que si l'histoire est en elle-même tout à fait banale, l'effort pour travailler l'arrière-plan de l'univers (les mythes autour des Titans, les différents lieux) donne toute la sève à cette production. La bande musicale est assurée par le peu connu Bear McCreary qui réalise un travail abouti avec des sonorités tribales et des chants guerriers pour rappeler l'origine presque divine des monstres. La bande musicale fait donc plus qu'accompagner l'image, elle l'amplifie.  

Les thématiques chez Godzilla 

Godzilla reprend ses thèmes favoris, notamment celui de l'Homme face à la nature. L'Homme est responsable de catastrophes écologiques et les Titans en sont la réponse. Toutefois, face aux Titans, l'Homme ne peut rien. Il ne veut d'ailleurs rien comprendre et souhaite l'extermination des Titans, ce qui amène à se poser la question centrale : qui est le monstre de l'histoire ? La jeune Madison y répondra. L'action de l'Homme pour contre-balancer son impact est donc tout aussi négative que son action première. Il n'y a surtout aucune remise en question. L'hubris et l'égocentrisme de l'humain sont ses premiers ennemis ici. Toutefois, c'est plus l'occident qui est visé dans ce film puisque la pensée orientale propose une vision plus harmonieuse dans sa relation avec la nature. Bien qu'il ne s'agisse pas de relativiser les impacts des pays asiatiques, le film a la qualité de souligner qu'il y a différents rapports possibles à la nature et propose en conséquence un décentrage pertinent. Alors que l'occident se singularise par des choix extrêmes : l'extermination des Titans ou l'extermination des humains, l'orient propose la symbiose. L'idée de fond est donc intéressante mais l'intérêt premier du film restera avant tout les visuels et les combats.


En définitive, Godzilla II Roi des Monstres est le film catastrophe de monstres par excellence. Si cet épisode n'est pas le film de l'année, il est possiblement roi dans son genre. Godzilla II, Roi des Monstres est Roi des films de monstres.



******

lundi 10 juin 2019

X-Men : Dark Pheonix


Synopsis :

Les X-men vivent en symbiose avec les humains. Ils aident désormais le gouvernement afin de prouver leur bonne Foi. Toutefois, Jean Grey doute d'elle même. Son passé la travaille jusqu'au jour où un événement le met pleinement en lumière...


Commentaire : 

Un blockbuster "en dur"

Simon Kinberg fournit un travail honorable à la réalisation, lui qui a longtemps été à la production et à l'écriture des X-Men. Le point fort de ce film est un recours raisonné aux effets numériques avec le choix assumé pour les décors en dur, ce qui est rare désormais. Les scènes d'action bénéficient souvent de plusieurs angles et de ralentis et les transitions sont travaillées, ce qui prouve un réel soin. La marque de Kinberg est toutefois moins visible que Bryan Singer qui savait réaliser à chaque fois la scène mémorable. La direction d'acteur semble également plus hésitante ici. Néanmoins le matériau d'origine est respecté et fidèle à Singer, notamment dans la relation qu'entretienne les X-Men avec le monde. La fidélité est surtout prégnante au niveau des anecdotes qui permettent d'inscrire ce film dans la continuité des précédents, lui qui n'était pas tant désiré. Le personnage de Mystique en revanche respecte moins sa personnalité acquise dans la saga, elle qui reprend une forme normale (blanche) alors qu'elle avait appris à s'assumer, dès X-Men le commencement. A la musique, c'est un Hanz Zimmer effacé qui est en charge. Il ne se singularise par aucun thème marquant... une explication pour le manque d'épique et d'émotion de cette production.

De Mystique à Jean Grey

Un passage de relais assez hasardeux s'effectue entre les deux personnages et actrices alors que c'est bien la nouvelle Mystique de X-Men le commencement qui est intéressante de part son parcours entre les clans. L'histoire de Jean Grey varie peu même si l'on est dans une timeline alternative à la première trilogie. Les enjeux restent toujours les mêmes. Le personnage versatile qui navigue entre le bien et le mal est beaucoup plus intéressant avec Mystique qui pourtant cède définitivement la vedette. La jeunesse des X-Men (c'est à dire la saga servant de préquel) était intéressante au cinéma du fait de leur originalité. Quel avenir pour la franchise alors qu'elle rattrape en terme d'époque la première trilogie ? Que va devenir la Fox chez Disney ?

Des thèmes classiques  

X-Men est une franchise toujours riche en thématiques et celui-ci n'échappe pas à la règle. Les thèmes sont classiques pour deux raisons. Tout d'abord, il s'agit de thèmes récurrents d'Hollywood. La paix construite sur le mensonge n'est jamais durable comme nous le démontre l'histoire de Charles Xavier et de Jean Grey. Cette morale assez enfantine est un héritage chrétien. Elle est par ailleurs contestable car la vérité peut avoir des conséquences pires que le mensonge dans certains cas. Le film semble le reconnaître à la fin lorsque l'histoire (par flashbacks) est révélée dans son entier. Autre thématique très classique, la place des émotions : les nier, les contrôler ou les laisser s'exprimer ? Comme beaucoup de films, celui-ci propose de les laisser diriger notre vie, ce qui n'est pas tout à fait compatible avec l'usage de la raison... Peu importe, Hollywood sera toujours du côté de l'émotion.
Par ailleurs, les thèmes sont classiques car ils prennent des questions du temps présent. C'est le cas du féminisme, remettant ici en cause le patriarcat des X-Men avec le X de Xavier. Pour autant, Charles Xavier n'est pas le chef des X-Men simplement parce-qu'il est un homme blanc, il l'est du fait de sa sagesse. Et s'il est possible de lui reprocher une part d’égocentrisme, ce n'est peut-être pas par ce personnage qu'il fallait mettre en cause la place des hommes. Charles Xavier a d'ailleurs su se ressaisir dans les précédents X-Men, son introspection est en théorie terminée. L'idée d'incorporer du féminisme est toutefois judicieuse car cette thématique n'avait pas encore été abordée dans cette franchise mais la manière de le faire est pour le moins contestable.


En définitive, X-Men Dark Pheonix arrive après de très grosses productions de super-héros, le rendant en comparaison un peu insipide. Si ce divertissement au casting 5 étoiles se regarde, la franchise semble n'avoir plus grand chose d'original à proposer. 



******