Les sorties de la semaine

samedi 21 juillet 2018

Ant-man and the Wasp


Synopsis :

Scott est assigné à résidence après Civil War. Toutefois, Hank et sa fille Hope ont besoin de lui pour aller chercher la mère de Hope, perdue dans le monde quantique plusieurs décennies auparavant... 


Commentaire :

Une mise en scène classique avec quelques nouveautés

Peyton Reed est de retour pour le deuxième volet d'Antman. L'intérêt du premier film au niveau de la réalisation était les changements d'échelle induits par les changements de taille du personnage et notamment les scènes où le personnage était miniaturisé. Ici, ce n'est pas tant la réalisation dans un monde micro qui est intéressante mais le changement de taille des personnages (et grandes nouveautés, d'autres objets) dans un cadre fixe, cela dans les scènes d'action. Les scènes d'action entre Antman et la Guêpe (changeant de taille à souhait) versus le Fantôme (qui est lui insaisissable) sont superbes, tout comme la course de voitures avec la voiture des héros changeant de taille. C'est effectivement du jamais vu. La mise en scène reste elle toutefois purement classique, narrative et est peu intéressante en elle même, tout comme le monde quantique est assez décevant. La musique de Christophe Beck est peu remarquable mais a la qualité de reprendre les thèmes du film précédent et donc d'instaurer une continuité (ce qui n'est pas le cas de tous les Marvels).

De l'Histoire à la l'histoire

L'histoire de ce Antman a un sens et elle est plus au moins reliée aux précédents films (l'histoire se déroule après Civil War). Toutefois, après Infinty War l'enjeu semble bien faible. L'histoire, si elle est bien liée au reste de l'univers, n'a aucun impact sur celui-ci. Il faut la scène mid-générique pour qu'il soit rappelé que l'univers a bien un impact sur ce film et non l'inverse. Si l'enjeu tient la route pour le film, il fait bien pâle figure dans l'univers Marvel. Il s'agit donc d'un épisode filler (de remplissage) sympathique mais dispensable. Le film reste agréable car il est intéressant du point de vue du ton. En effet, il s'apparente tout autant à une comédie mélangée à un film policier qu'à un film de super-héros. Le changement de genre fait du bien dans le MCU (univers Marvel), mais un épisode ne peut être pertinent seulement de par son genre cinématographique.

Des thèmes à exploiter non exploités

Il n'y a pas de thématiques philosophiques/ de réflexions développées dans cet épisode Marvel. Il y a quelques thèmes présents parce-que nécessaires au scénario comme celui de la famille mais simplement pour créer un enjeu émotif. La place de la science et notamment du monde quantique aurait pu amener une réflexion intéressante mais, tant la représentation que le charabia peu rigoureux autour de ce sujet ne questionnent en rien notre réalité. Le film est un divertissement. On pourra reconnaître l'introduction d'un super-méchant ambigu, aux intentions compréhensibles mais là encore il n'y a aucun véritable enjeu. En effet, les héros et le Fantôme auraient pu tout aussi bien collaborer. C'est uniquement le scénario qui les met en opposition car les intentions ne sont pas opposées : en conséquence il n'y a pas fondamentalement de problème posé. 

En définitive, Antman et la Guêpe divertit. Le film reste néanmoins anecdotique dans le MCU et n'a pas de réel intérêt au-delà de la mise en scène d'action jouant sur les changements de taille.





******

jeudi 5 juillet 2018

Tully


Synopsis :

Marlo attend son troisième enfant. Heureuse évidemment, elle est néanmoins épuisée et trouve la vie de plus en plus lassante et répétitive. Son frère qui craint qu'elle fasse un baby-blues, lui propose de prendre une nourrice pour la soulager vis à vis de son nouvel enfant... 


Commentaire : 

Une réalisation narrative au plus près des acteurs

La réalisation de Jason Reitman est purement narrative et ne se distingue pas par sa mise en scène. Le choix est simplement de mettre les personnages, notamment Marlo puis Tully au centre l'intrigue. Elles bénéficient de plans rapprochés pour l'identification des corps. Il s'agit de voir des visages, des parties du corps ou plus généralement une allure pour montrer la différence entre un corps jeune et un corps enceinte ou venant de donner naissance. C'est donc une mise en scène qui raconte le travail d'un corps de femme. Les autres personnages, notamment masculins, sont filmés en taille très simplement et de ce fait semblent peu impliqués dans l'épreuve de la parentalité et peu concernés par la souffrance de Marlo. Il s'agit d'une mise en scène à propos, thématique mais aussi ancrée dans la banalité, car c'est bien la banalité de la grossesse et des mois qui suivent qui est exposée, notamment à ceux, femmes ou hommes, qui n'en ont pas eu l'expérience. Les effets sont donc très sobres, les plans sont parfois longs pour que le regard observe ce que Jason Reitman veut nous montrer. Il y a également quelques séquences de rêve, sous l'eau, que l'on peut qualifier peut-être d'impressionnistes dans le sens où elles racontent la sensation de noyade qu'éprouve Marlo, engloutie par la fatigue. Concernant la bande musicale de Rob Simonsen, elle est particulièrement discrète et sert simplement d'accompagnement : la narration l'emporte. 

Deux performances d'actrice à saluer

Charlize Theron et Mackenzie Davis ont les deux rôles centraux et les interprètent avec brio. Charlize Theron qui porte le poids de la maternité est particulièrement juste de part ses expressions mais également par sa transformation physique incroyable pour ce rôle (18 kilos en plus). Mackenzie Davis elle, joue le rôle d'une sorte de Marry Poppins pétillante. 

Les multiples thèmes : la grossesse, l'aide, l'acceptation 

La scénariste Diablo Cody sait de quoi elle parle quand elle écrit un scénario sur la grossesse. La période de la grossesse et des mois qui suivent est le centre du propos. Le film montre cette période de la vie d'une femme avec une approche réaliste, pas idéalisée, en se concentrant sur l'impact physique et psychologique d'un tel événement. Il n'y avait qu'une personne ayant vécu un accouchement qui était capable d'en parler aussi bien. Il ne s'agit pas de l'accouchement montré comme un événement social (élément positif) mais de l'accouchement comme expérience de vie, chose que beaucoup ne peuvent connaître. 
Autre idée qui découle de la première épreuve, le fait d'accepter d'être aidé, que cela soit par des proches ou par une nourrice dans ce cas. Il y a un petit côté donneur de leçon bourgeoise ici puisque la nounou est une idée du frère de Marlo (qui a complètement réussi dans la vie et est parfaitement épanoui contrairement à Marlo), idée qui se révèle incroyable. - La fin du film change cette perspective mais il s'agit tout de même d'une idée déployée -. 
Une autre idée est développée vers la fin du film, celle de l'acceptation au sens large. C'est à dire d'accepter sa vie, son âge et la tranquillité sans chercher l'aventure. La situation de famille en couple avec enfants présentée est stable, peut-être ennuyante et répétitive mais nécessaire aux enfants. Avec l'âge vient des responsabilités notamment celles de s'occuper des enfants (pour les femmes comme les hommes). Il y a donc sorte de prise de conscience "stoïciste", spinozienne, bref une acceptation de la réalité qui l'a rend moins insupportable. 

En définitive, Tully est une bonne comédie dramatique qui doit être repensée en fin de séance. Charlize Theron est superbe pour véhiculer le ressenti physique et psychologique de la grossesse et des mois qui suivent.



******

mardi 3 juillet 2018

Sans un bruit


Synopsis :

Une famille américaine survie tant bien que mal dans un monde apocalyptique. La règle, ne pas faire un seul bruit, au risque d'attirer les bêtes ayant anéanti l'humanité.


Commentaire :

Thriller plus qu'épouvante, après la déception de bonnes idées [Spoilers]

John Krasinski choisit étrangement une mise en scène de thriller pour développer son film, qui était pourtant vendu comme un film d'épouvante. En effet, les bêtes, source de la peur des protagonistes, sont montrées dès le début : il y a donc peu de travail sur le hors-champ comme dans tout film d'horreur. A noter que le design des monstres est plutôt intéressant et original. De même, il n'y a pas la montée en tension progressive comme il est habituellement coutume dans ce type de film: la tension arrive par à-coup. Des artifices de films d'horreur, il reste les jump scares, utilisés assez facilement. Le film est donc simplement narratif d'un point de vue visuel, ce qui est assez décevant malgré une belle photographie. En revanche, le film de Krasinski à d'autres atouts. Plusieurs idées de mise en scène sont intéressantes, articulées autour du concept central : tout bruit peut attirer le danger. Or toute chose peut être l'origine de bruit, ce qui produit une tension permanente. Les différentes stratégies trouvées pour vivre avec le moins de bruit possible sont intéressantes. Dans ce contexte, certaines idées de mise en tension sont joliment trouvées. Le fait qu'Evelyn, la mère de famille, doive accoucher est une superbe idée de mise en scène puisque aussi bien elle que le bébé peuvent être à l'origine de bruit. Autre idée, le fait que la petite fille soit sourde. Cela est particulièrement intéressant dans ce contexte, elle même ne pouvant savoir ce qui fait du bruit et donc être dangereux. Dans le film, les plans la concernant sont silencieux ce qui donne un indice au spectateur avant la révélation. En contre-partie, elle est complètement intégrée à un monde qui ne parle plus que la langue des signes. Cet enjeu autour du son a pour conséquence un mixage sonore particulièrement bien travaillé. Pour que cela se ressente, le film est toutefois pauvre du côté de sa bande-musicale, ce qui produit une sensation parfois de lenteur ou de vide lorsqu'il n'y a pas de tension. Quitte à mettre peu de musique, peut-être qu'il aurait fallu prendre le pari de l'absence total de musique, hormis pour ce qui est de l'intradiégétique. 

Les thèmes, du survival au handicap [Spoilers]

Le film se rattachant au genre du thriller et fondant son intérêt sur la tension, il ne possède pas de grande thématique, si ce n'est la très banale du survival : des parents devant protéger leurs enfants. Il n'y a, dans tous les cas, pas de dimension réflexive. On peut néanmoins noter que la solution surgit indirectement du handicap de l'enfant, ce qui est valorisant pour cette cause. Mais là non plus, il n'y a pas de réflexion sur le handicap. 


En définitive, Sans un bruit est un thriller par sa réalisation avant d'être un film d'horreur. Passé cette déception, il s'y trouve de bonnes idées de mise en tension.



******