Les sorties de la semaine

mardi 17 octobre 2017

Kingsman : Le cercle d'or

Synopsis :

Eggsy, alias l'agent Galahad, est attaqué par Charlie, un ancien concurrent des sélections Kingsman. Charlie ne cherche toutefois pas la vengeance, il est au service d'une autre organisation... 


Commentaire :

Matthew Vaughn, maître du film narratif

Matthew Vaughn reste pour l'instant l'assurance d'un très bon film de divertissement. Il renouvelle l’exploit pour ce second Kingsman. Il n'y a actuellement pas meilleur réalisateur pour raconter une histoire à l'écran. Inclure des dilemmes très quotidiens à des héros hors-normes est sa façon de faire, afin de plonger le spectateur dans des enjeux qui lui parlent. Au-delà de cette astuce, il possède une science du montage qui lui permet de raconter des scènes de manière très fluide sans longueur mais toujours en prenant soin de l'image, du cadre et du mouvement dans le cadre. Les chorégraphies de combat sont à nouveau superbes. Matthew Vaughn ne remet pas en cause les règles du montage narratif; il excelle à les appliquer. Ainsi, ces films sont toujours immersifs, à défaut d'être réflexif : le film emporte le spectateur dans la narration. Matthew Vaughn est ici à nouveau accompagné de son compositeur fétiche, Henry Jackman, à qui il laisse toujours un temps pour exprimer sa musique orchestrale. Henry Jackman est actuellement un des plus doués à Hollywood et réitère dans la continuité du précédent Kingsman. Son rôle est tout à fait important pour la plupart des scènes, en amplifiant la volonté contenue dans l'image de Vaughn. Le compositeur nous gratifie même d'un des plus beaux thèmes qu'il avait utilisé sur X-Men Le commencement (Rage and Serenity). C'est tout à fait inédit de ramener un thème d'une autre saga, mais ce dernier est intégré avec brio. 

Ambiance rétro, maîtrise et rupture des codes

La marque de Matthew Vaughn est de faire référence aux années de la deuxième partie du XXème siècle (principalement 50-60-70). C'est le cas pour ce second épisode de Kingsman, toujours par le biais des Kingsmans, dans un style gentleman de l'aristocratie anglaise, mais également ici par le biais de l'univers de Poppy, ancré dans les Etats-Unis des années 50. Vaughn renvoie à l'imaginaire fantasmé des années passées et participent également à embellir visuellement ces périodes. Il leur donne un petit côté kitch sublimé. De plus, le réalisateur de X-Men le Commencement est également fan des films de cette période. Les films d’espionnage (et de super-héros) sont parodiés dans un style pastiche, comme pour le premier épisode, avec la reprise des codes et de la mise en scène mais pour des actions parfois risibles! Le contraste crée participe à l'humour. Il faut également mentionner que le film cite et pastiche certaines scènes du premier épisode! Il est donc conseillé de l'avoir vu pour ne pas passer à côté d'un ressort humoristique. 

Des thématiques au service de la narration

Chez Matthew Vaughn, les thématiques ne sont jamais primordiales. Elle sont présentes parce-qu'elles donnent du sens à la narration, mais on ne peut dire que Vaughn réalise des films à messages. Le but est avant tout de divertir. Ce qui est intéressant (et amusant en même temps) est que les méchants des Kingsmans ont de bonnes raisons pour agir, des raisons justes (mais les moyens pour arriver à cette fin laissent à désirer). Précédemment, Valentine pointait du doigt la surpopulation de la planète et son impact sur l'environnement. Ici, Poppy questionne le pourquoi de l'interdiction des drogues alors que d'autres substances dangereuses (alcool, sucre, tabac) débouchent sur plus de morts, tout en étant légales. C'est une opposition très simple et réductrice mais cela met en effet en lumière des incohérences de société. Le slogan de Poppy est de manière ironique "Save Life, Legalise" et souligne les effets négatifs de la prohibition. Toutefois Vaughn ne prend pas vraiment parti ici car l'objectif est simplement de créer un décalage entre les méchants et leurs nobles raisons d'agir. Par ailleurs, ceux censés être gentils ne sont jamais totalement blancs, que cela soit la société Kingsman dans le premier épisode ou le Président américain ici. Le fait que les raisons des méchants ne soient pas totalement extravagantes permet aux gentils de passer d'un camp à l'autre (Whiskey ici). De ce fait, le spectateur ne peut pas totalement en vouloir aux gentils "traites" qui finalement rejoignent une cause juste. La frontière entre le juste et l'injuste ne se détermine donc pas seulement à la cause mais aux moyens permettant de faire prévaloir la cause. Dans Kingsman, les méchants/ou traîtres se singularisent par le fait qu'ils sont prêts à tuer des millions d'individus pour y arriver. En ce sens, Kingsman est une bonne saga pour réfléchir à la question : est-ce que la fin justifie les moyens ? 

En définitive, Kingsman Le Cercle d'or est un excellent divertissement doté d'une réalisation soignée. L'ambition du film se limite au divertissement mais cela est fait avec brio. 


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