Les sorties de la semaine

vendredi 20 mai 2016

X-Men : Apocalypse


Synopsis :

Des millénaires après avoir été enseveli sous une pyramide, le premier mutant Apocalypse s'éveille. Comme par le passé, il entend se faire connaître au monde en tant que Dieu et soumettre tous les non-mutants, indignes de diriger le monde...   


Commentaire :

L'épique Bryan Singer

Bryan Singer est un excellent réalisateur et le prouve une nouvelle fois sur un film de sa saga fétiche. Le film est rythmé et intense malgré un scénario très basique. Le montage y est pour beaucoup. Singer sait donner de l'enjeu aux histoires. Il arrive parfaitement à travailler ses personnages, grâce notamment aux plans rapprochés mais a l'intelligence de ne pas en abuser contrairement aux dernières productions DC Comics et Marvel Disney. Il utilise habillement des plans plus éloignés pour ancrer ses personnages dans l'histoire et l'environnement, ce qui apporte une réelle fluidité narrative. En cela, il est épaulé par un casting toujours aussi excellent, notamment celui issu de X-Men le Commencement, qui a redonné une réelle fraîcheur à la franchise. L'autre talent du réalisateur, primordiale pour les films de ce genre, est son aisance à délivrer des plans ou des scènes épiques et marquantes : Jean Grey relâchant ses pouvoirs, Magneto formant un X de débris pour barrer la route, la scène de Vif d'Argent, le combat mental entre Xavier et Apocalypse. Rares sont les films de super-héros donnant autant le sentiment de grandiose. Par ailleurs, l'humour est très bien géré ici, ce qui apporte beaucoup au film. Le film possède une vraie classe dans sa réalisation. Cela n'est pas dû aux effets spéciaux qui sont corrects, mais véritablement à la mise en scène. Notons également la bonne musique du compositeur John Ottman, qui a déjà œuvré sur trois films de la franchise, finissant par marquer durablement cet univers.

Comme un reboot à chaque étape

Le film trouve une limite lorsqu'il est replacé dans la saga X-Men, notamment dans la seconde trilogie. En effet, les personnages semblent ne pas évoluer entre les films et refaire le même parcours psychologique. Magneto est toujours pris dans le même dilemme, Mystique ne souhaite plus se montrer sous sa forme naturelle, de même pour Hank, le professeur Xavier est toujours du côté de l'espoir et les nouveaux X-Men doivent apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Bryan Singer n'est pas mauvais pour traiter des personnages, bien que nous ayons une préférence pour Matthew Vaughn, et il réalise ici un bon travail. Le problème est que nous avons l'impression d'être dans la redite bien que si l'on se concentre sur cet épisode, l'histoire des personnages soit intéressante. En outre, l'afflux de personnages fait qu'il est plus difficile de s'investir émotionnellement dans un protagoniste, contrairement au premier X-Men de cette trilogie. Ainsi, si Tornade est en théorie un personnage important en terme d'enjeux car amené à changer de bord, à l'instar de Mystique dans X-Men le Commencement, elle ne possède pas assez de temps d'écran pour intéresser le spectateur. Il semble que Bryan Singer essaye de recoller la seconde trilogie à la première. Il efface au passage le travail de Vaughn en faisant émerger ses personnages fétiches et supprime ceux n'étant pas dans sa première trilogie (Days of the Future Past avait commencé le travail). Cette idée est symbolisée par l'effacement des thèmes de Henry Jackman, pourtant excellents, par les thèmes de John Ottman. Toutefois, les personnages qui tiennent la route sont issus des précédents X-Men (Le Commencement) ; les nouveaux sont tout juste introduits correctement et nous avons déjà eu le premier épisode pour toute la problématique de l'acceptation de soi et de la maîtrise de ses pouvoirs. Il ne reste donc que les anciens personnages pour tenir le film. Malheureusement ces derniers ne présentent pas d'évolution, voire souffrent même d'un manque de temps d'écran comme c'est le cas pour Mystique (Mystique n'est en effet par centrale dans la première trilogie alors que son potentiel acquis dans la seconde était énorme). Nous pouvons quand même nous interroger sur la nécessité de vouloir recoller à la première trilogie alors que justement Days of the Future Past réalisé par Singer a changé l'avenir de cette trilogie. Un univers des possibles était envisageable. En définitive, l'histoire fonctionne grâce au talent de Singer mais n'est pas concluante une fois replacée dans la trilogie.  

Un épisode juste pour le divertissement

Contrairement à Batman Vs Superman et Captain America Civil War, X-Men Apocalypse a l'avantage de ne pas proposer de message ou de philosophie. C'est un avantage car contrairement aux films cités, il ne peut pas se tromper ou décevoir sur ce point. Apocalypse, le personnage, est juste un grand méchant de comics qui prône la loi du plus fort. Le but est donc simplement le divertissement. Quoique, une citation du producteur Simon Kinberg est quand même inquiétante : "Il ne s'agit pas d'un personnage détruisant le monde simplement parce qu'il en a le pouvoir. Ce qu'il fait, dans son esprit, est motivé par une intrigante et cohérente philosophie". Vraisemblablement il s'agit simplement de communication promotionnelle. Il est vrai que l'absence de thématique forte rend le film creux, mais il vaut mieux proposer un divertissement bien réalisé comme l'est X-Men Apocalypse, qu'un bon divertissement ayant des messages ambigus voire problématiques. Cette donnée est regrettable au regard de la franchise X-Men, notamment de la première trilogie, mais le divertissement est bien au rendez-vous. 

En définitive, Bryan Singer réussit l'exploit de rendre très prenant un film déjà vu et dépourvu de message. Excellent en tant que divertissement pur mais il est temps d'interroger la pertinence de la seconde trilogie.



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