Les sorties de la semaine

dimanche 14 juin 2015

Ex Machina


Synopsis:

Caleb, jeune ingénieur informatique, gagne un concours qui lui offre la chance de passer une semaine avec le génie mondial de la programmation, Nathan. Le lieu dans lequel se rend Caleb est isolé de tout et ultra-sécurisé. Nathan y développe en effet la première conscience artificielle...

Commentaire:

Une réalisation soignée

Alex Garland, au scénario et à la réalisation, réalise un excellent premier film. Sa mise en scène est épurée. Elle traduit parfaitement les rapports ambigus entre les personnages grâce aux angles de prises de vue. La localisation de l'histoire permet la présentation de magnifiques lieux naturels mais la teinte sombre du film produit malgré tout une atmosphère froide, ce qui est assez déconcertant. Il en va de même pour les lieux en intérieur, pourtant très beaux et élaborés mais qui sont du coup plus ou moins inquiétants. On doit sûrement comprendre que le film est froid à l'image de la machine. Quoiqu'il en soit, la réalisation rend bien compte de son sujet. Concernant le scénario, il est riche et complexe. Il maintient un flou constant, amène à de réels moments de tension et ouvrent différentes pistes. Dès le début, le malaise s'installe dans une maison où certaines pièces sont interdites et où tout est régi par la machine. Le film nous amène en eau trouble. Le mixage sonore est particulièrement bien réalisé et joue énormément pour rendre l'atmosphère pesante.  

Des personnages intéressants

Les personnages représentent des figures particulières mais sont loin d'être des archétypes. Ils sont particulièrement travaillés car toujours duales. Dans ce triangle relationnel en huis clos, chacun présente un visage différent à l'autre. Si le spectateur tend à adopter le point de vue de Caleb, il n'est pas sûr non plus de connaître parfaitement ce personnage. Chacun défend son propre intérêt et a de réelles raisons de le faire. Néanmoins, il est impossible, avant le dénouement, de connaître les intentions profondes protagonistes et donc de savoir ce que le film veut nous dire sur l'intelligence artificielle.

Les thématiques, de l'excellence à la déroute

La thématique la plus anodine du film est peut-être le soupçon. En effet, dans ce huis clos, tous les protagonistes ont une part de mystère, y compris Ava. Or, si Ava, une machine, est capable de cacher quelque chose, c'est quelle est un sujet, au même titre que tous les êtres pensants. Ceci confirme qu'il s'agit bien d'une intelligence artificielle. Un autre thème, qui est en fait plus une série de références, est la religion. Cela concerne les noms des personnages à la durée de l'intrigue (7 jours). Le titre est particulièrement révélateur avec Ex Machina, le "Deus" étant exit. L'Homme, à l'image de Dieu (postulat des monothéismes) rentre dans un processus créatif. Ainsi, créer une conscience artificielle, c'est reproduire un acte divin. La principale différence est que l'Homme ignore la nature de sa création et ses intentions. Ceci nous amène au thème principal de ce film de science fiction : l'intelligence artificielle, ou plus exactement la conscience artificielle. Les dialogues, magnifiquement travaillés, introduisent et questionnent le sujet. La vraie nature d'Ava est en suspend jusqu'à la fin et c'est le dénouement qui va infirmer ou confirmer les hypothèses de Nathan et Caleb. Malheureusement, la révélation de la nature de la conscience artificielle nous amène à penser qu'Alex Garland n'a pas saisi ce qu'était réellement la conscience artificielle. Le scénariste / réalisateur reprend en effet une vieille thèse de science fiction qui aujourd'hui ne semble plus totalement pertinente, bien que défendue encore par quelques grands noms. Des films comme Chappie ou Her, semblent être beaucoup plus proches de ce que pourrait être la conscience artificielle. Le film reste néanmoins très bon malgré ce parti-pris. 




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