Les sorties de la semaine

mardi 27 janvier 2015

Souvenirs de Marnie



Synopsis :

Anna est une jeune fille timide et solitaire. Elle souffre de ne pouvoir se confier à un ami. Un jour, après avoir fait une crise d’asthme, sa tante, chez qui elle vit, l'envoie à la campagne afin de profiter de l'air pur. Près de son lieu de séjour, elle remarque une vieille villa qui l'intrigue énormément...


Commentaire :

Le dernier Ghibli (pour le moment) signé Yonebayashi

Après Arrietty, le petit monde des chapardeurs, Hiromasa Yonebayashi revient avec Souvenirs de Marnie. Comme son dernier film, il s'agit d'une adaptation d'une oeuvre de la littérature britannique, ce qui souligne l'attrait de ce réalisateur pour la culture européenne. De plus, la chanson de fin est confiée à une chanteuse occidentale, Priscilla Ahn, comme ce fut le cas pour son film précédent. La différence ici est que la bande originale du film reste entre les mains d'un japonais, peu connu en Europe, du nom Takatsugu Muramatsu. Celui-ci réalise un bon travail.
Toutefois, le contexte de sortie des deux oeuvres est différent : alors que le premier film était un espoir pour la succession du studio Ghibi, ce film apparaît être le dernier de la maison. Après l'échec commercial de La Princesse Kaguya, qui est pourtant peut-être le meilleur Ghibli, Souvenirs de Marnie peine également à attirer les foules. Yonebayashi est pourtant très prometteur. Ça serait réellement regrettable si le studio s’éteignait avec son deuxième film, d'autant plus que le réalisateur produit ici une oeuvre encore plus aboutie. 

Le style Ghibli Miyazaki

Graphiquement, Yonebayashi s'inscrit dans la lignée Ghibli Miyazaki de part les traits des dessins et le travail de l'arrière plan / de l'environnement très coloré. Takahata avait fait un choix totalement différent avec son dernier bijou. Arrietty avait déjà un dessin très travaillé, mais Souvenirs de Marnie atteint la perfection graphique des films de Miyazaki. Rien à redire sur ce point. Yonebayashi rejoint également son maître dans les inspirations. Miyazaki (contrairement à Takahata) piochait également énormément dans culture occidentale (Le Château dans le Ciel, Le Château Ambulant) pour créer ses aventures, qu'il adaptait au contexte japonais. Ici, la transition entre les deux cultures est réussie. Il est d'ailleurs assez touchant de voir le regard romantique, parfois presque caricatural, des japonais sur la culture occidentale,
Concernant les thèmes similaires à Miyazaki, il y a donc l'occident, mais aussi une certaine forme de modernité étouffante, qui est opposée à la tradition de la campagne bucolique. L'eau dans une certaine mesure et le rêve sont également des éléments que l'on retrouve chez Miyazaki. La différence majeure entre les deux réalisateurs, serait peut-être le traitement de l'histoire. Alors que Miyazaki, hormis pour Le Vent se Lève, s'inscrit dans le genre merveilleux, Souvenirs de Marnie appartient à un genre plus réaliste, fantastique à certains égards mais dépourvu de la magie foisonnante du vieux maître. C'est peut-être en ce sens que Yonebayashi possède un trait d'héritage de Takahata qui dans les années 90 réalisait des films d'animation ancrés dans le réel. En définitive, Yonebayashi se trouve surement entre les deux légendes du studio Ghibli. 


La Thématique

Bien que Souvenirs de Marnie soit tiré d'un roman britannique, la thématique, universelle s'inscrit très bien dans les valeurs japonaises. La thématique est en fait double, il est question du lien entre générations et deuxièmement, de l’introspection. Dans ce film, c'est la compréhension du passé qui va permettre un travail sur soi-même pour finalement retrouver la paix intérieure. Lorsque les enjeux se démêlent en fin de film, le récit est vraiment touchant. En effet, l'introspection permet de comprendre profondément le personnage principal, Anna, pour qui on se prend réellement d'affection. Compassion et empathie donc, le trait commun à toutes les productions Ghibli est surement leur pouvoir à toucher notre sensibilité.  

Pour conclure, Souvenirs de Marnie s'inscrit dans l'héritage Ghibli tout en possédant des caractères singuliers, propres à son réalisateur. Sobre mais touchant, ce film confirme que Yonebayashi a surement les épaules pour reprendre la relève de Ghibli. Tout repose sur le public qui devra accepter un style différent de celui de Miyazaki et dans une moindre mesure de Takahata. 




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