Les sorties de la semaine

mercredi 5 février 2014

Jack et la Mécanique du Coeur


Synopsis :

Jack est né un jour de froid glacial, à tel point que son coeur en fut gelé. Pour le sauver, la magicienne Madeleine lui confectionne un coeur mécanique en forme d'horloge. Jack pourra vivre mais il devra respecter trois interdits : ne pas toucher ses aiguilles, ne pas se mettre en colère, ne pas tomber amoureux. Un jour, il rencontre une petite chanteuse : Miss Acacia...


Commentaire :

Exploit technique made in France

L'oeuvre de Mathias Malzieu impressionne par sa qualité technique. Les graphismes et le décor tiennent la dragée haute aux films d'animation 3D américains. Les textures sont nettes et détaillées et permettent l'immersion dans un monde qui ne peut que rappeler l'univers de Burton ou au moins l'expressionnisme allemand. Au-delà de l'environnement, même l'histoire et les personnages ont un côté Burton, donnant à ce conte une ambiance particulière, gothique, plutôt prenante. A ce titre, le chat de la famille est très amusant. 
Il est également intéressant de noter le petit côté patriote (français et européen) du film qui nous présente des villes européennes, dont Paris, sous une nouvelle patte graphique. L'incorporation du personnage de George Méliès et sa contribution pour le cinéma, en tant que grand pourvoyeur de rêve, est également bien venue et touchante. Toute proportion gardée, il s'agit du blockbuster français d'animation. Il n'y a qu'à regarder l'affiche pour comprendre l'ambition de la production. Nous pourrions penser que c'est américain!


Intrigue et grosses ficelles

Si l'idée de base recèle d'incroyables possibilités, les grandes structures du récit sont très apparentes et prévisibles, donnant un sentiment un peu trop mécanique, pour le coup, à l'oeuvre. En outre, le déroulement de chaque chapitre pâtit d'un manque d'intensité dramatique. En effet, les personnages sont paradoxalement moyennement touchants dans cette univers incroyable. Cela est probablement dû au seul bémol technique du film qui est l'expressivité du visage des personnages. Il y a aussi certainement le fait que le film ne s'attache pas suffisamment à décrire la personnalité des personnages. Néanmoins, il est sauvé par un dénouement peu attendu qui nous rappelle que nous ne sommes pas dans un conte féerique mais dans un conte gothique, ce qui tranchera avec la prévisibilité de l'ensemble de l'oeuvre. D'autant plus que la scène finale est poétique et merveilleusement mise en scène. Presque dommage que le film n'est pas osé l'intensité dramatique, car soutirer des larmes étaient possibles.


Promotion musicale

Un des problèmes du film est peut-être la succession trop importante de numéros musicaux qui ne permettent pas de creuser les personnages mais qui, au contraire, fragmente la narration. En effet, si La Reine des Neiges de Disney arrivait à se maintenir à flot, c'est parce que le film avait trouvé un subtile équilibre entre narration et numéros chantés - dansés. Or, ici, l'impression de succession se fait sentir d'autant plus qu'il ne s'agit pas de la grande musique de Broadway. Hormis la chanson du générique, aucune n'est marquante. La bande musicale est plutôt bonne mais les chants ne sont pas prenants. Si d'une part, les voix semblent mal équilibrées (un peu trop fortes), d'une autre part, nous pensons qu'elles n'ont rien d'extraordinaires pour qui ose faire la comparaison avec Disney. Seule Olivia Ruiz s'en sort plutôt bien. 
Cela pourrait passer si le film n'était pas structuré seulement autour de la musique, or c'est l'impression qui s'en dégage. En effet, le film se structure comme une succession de clips qui paraissent, visuellement pour le moins, abandonner l'histoire. La mise en scène est travaillée mais très voyante car il s'agit d'une mise en scène de clip musical.

Une petite note est à faire concernant Grand Corps Malade qui a effectivement une voix parfaite pour le doublage. Dommage néanmoins qu'il ne soit pas contraint à son personnage plutôt qu'il lui soit donné le choix d'interpréter son propre rôle. Il s'agit, en fait, peut-être du problème de ce film : celui-ci manque d'unicité et d'intensité. Il est finalement présenté comme une succession de chansons et de personnages qui sortent un peu de l'histoire alors que celle-ci a un réel potentiel. Lorsque le plus au moins talentueux Dany Boon réussit une prestation incroyable dans La Reine des Neiges, c'est parce qu'il est contraint à son rôle. Lorsqu'un numéro musical prend place dans La Reine des Neiges, il contribue toujours à faire avancer le récit sans partir dans une explosion visuelle sortant du récit. 

15/20



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