Les sorties de la semaine

mardi 10 octobre 2023

The Creator

 


Synopsis :

Joshua vit replié en Asie avec sa femme Maya, alors que le monde est en guerre. Les Américains mènent en effet un combat sans relâche contre l'intelligence artificielle qui a lancé une bombe nucléaire contre Los Angeles 10 ans plus tôt... 


Commentaire :

Le gigantisme via la photographie : une signature visuelle

Gareth Edwards replonge dans le genre de l'aventure et de la science fiction après avoir réalisé le seul épisode Star Wars post Lucas vraiment réussi Rogue One. Toutefois, il s'agit du film avec la plus forte dimension de science-fiction de sa filmographie de part ses thématiques. Concernant la mise en scène, Edwards se distingue une nouvelle fois par sa photographie qui joue sur les échelles. L'humain est une nouvelle fois réduit et écrasé par un décors, des machines et un environnement gigantesque. La mise en scène s'appuie sur une ambiance et des décors inspirés d'Apocalypse Now pour une grande majorité des scènes en extérieur en Asie. Le montage est efficace et le rythme dynamique, le film étant alors plutôt prenant. La réalisation est avant narrative. Les effets spéciaux sont eux d'excellente facture alors que ce blockbuster indépendant ne possède un budget que de 80 millions de dollars. Toutefois, les nombreux plans en extérieur permettent une habile réduction des coûts, donnant au passage un côté réaliste film, mais peut-être parfois un peu trop carte postale. A la musique, Hans Zimmer propose une partition prenante et se fondant dans l'image, cette dernière ne laissant que peut de temps à la composition pour véritablement s'imposer. Le film est donc techniquement une réussite, bien plus abouti que la plupart des films de saga à plus haut budget présentés ces derniers temps.

Scénario efficace mais cousu de fils blancs [Spoilers]

Le scénario est efficace car les enjeux sont clairs sans être simplistes. L'intrigue générale est prenante grâce à l'évolution du personnage principal. Pour autant, certains éléments du scénario semblent un peu forcés pour arranger l'histoire. Ainsi, vers la fin du film, il est difficile de comprendre pourquoi les militaires ne se débarrassent pas de la navette arrimée à Nomad au lieu de vouloir rentrer dedans au risque que les fugitifs rentrent dans la station. De même, il est étrange que la station Nomad possède un stock de simulants (robots à face humaine) alors que les Américains ne les utilisent pas. Toutefois, cela arrange le scénario pour que Joshua revoit une dernière fois Maya avant le crash de la station. D'autres éléments de scénario sont du même acabit tel le personnage de Ken Watanabe, pas directement descendu alors que les Américains n'ont que faire des robots (cela lui permettant de riposter et de tuer la colonelle américaine). Les idées sont intéressantes mais la façon de les mener à bien est un peu bancale et manque de crédibilité.

Des thématiques intéressantes mais manquant de nuance. 

L'intérêt premier d'un film de science-fiction est les questions amenées et traitées. Si de nombreuses questions sont effectivement amenées ici, elles ne sont pas directement formulées. La dualité entre conscience artificielle et humanité est un peu décevante du fait peut-être que les robots sont déjà trop humains (certains sont bouddhistes... bien qu'ils s'agissent peut-être du choix de religion le moins illogique). Les robots ont manifestement des émotions et une conscience propre bien qu'ils soient au départ des copies, contrairement à Alphie qui peut évoluer. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas véritablement de différence théorique entre humains et robots et ainsi pas d'opposition thématique comme pourrait l'être la Raison et la Rationalité, ou l'Ethique et la Logique. La différence est en fait politique et se fait entre impérialisme (et sauvagerie américaine) et le reste du monde où humains et robots vivent en harmonie. Le propos est très clairement à charge contre la politique extérieure américaine (d'où la référence à Apocalypse Now) mais aurait eu plus sa place dans les années 2000. L'occident reste actuellement composé de démocraties avec des règles éthiques et de bioéthiques qui encadrent les recherches et innovations. En revanche, le progrès scientifique réalisé en Chine s'encombre actuellement beaucoup moins de ces contraintes. Le film est beaucoup trop manichéen et manque ainsi de nuance. Son regard sur l'Asie est un regard extérieur qui est emprunt d'orientalisme ramenant l'extrême orient à de beaux paysages où les populations vivent dans l'harmonie induite par les philosophies asiatiques tel le bouddhisme. Un peu cliché. 


En définitive, The Creator est un bon film de science-fiction mais avant tout une bonne histoire avec un personnage attachant, quoique son propos politique manichéen étouffe la réflexion sur l'intelligence artificielle.  





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