Les sorties de la semaine

samedi 24 juin 2023

Le Challenge (No Hard Feelings)


 Synopsis : 

Maddie n'arrive pas à joindre les deux bouts alors que son incapacité à payer la taxe foncière pourrait lui faire perdre sa maison. C'est alors qu'elle tombe sur une petite annonce qui pourrait bien solutionner ses problèmes...

Commentaire :

Classicisme chez Gene Sputnitsky  

Gene Sputnitsky n'a d'autre occupation que la narration pour une comédie légère et ne singularise pas particulièrement par la mise en scène. Notons toutefois que les plans font la part belle à la star du film Jennifer Lawrence, et savent la mettre en valeur tout en préservant ses collègues de tournage. La mise en scène joue bien évidemment sur la beauté de l'actrice pour la réalisation. L'image ne propose sinon rien d'original, conformément à ce que font en général les comédies (du sous-genre teen movie). Le travail sur la rythmique est plutôt de bonne facture alors que la comédie fonctionne essentiellement sur les gags. Pendant sa première heure, la comédie remplie son office en s'appuyant sur un comique de situation, parfois presque un comique de l'absurde. Malheureusement, comme la plupart des films du genre, le potentiel comique s'épuise alors que la dimension plus dramatique de l'œuvre prend l'ascendant, permettant de donner une morale à l'histoire mais refermant la fenêtre comique. Néanmoins, il est dommage que le film ne garde pas tout du long la légèreté vendue. A la musique Mychael Danna et Jessica Weiss accompagnent habilement l'image en toute discrétion. 

La thématique : laisser passer le passé [Spoilers]

La dimension comique s'estompe quand la situation entre Maddie et Percy s'inverse. Percy est alors celui qui ouvre les yeux à Maddie qui doit faire le deuil symbolique de son père pour pouvoir avancer. Cette histoire fait comprendre également à Percy qu'il doit s'émanciper de ses parents, lui qui a toujours été trop protégé. Le message est finalement une ode à l'aventure, cette dernière rendue possible à la condition de couper les attaches émotionnelles que l'on peut créer avec son lieu de naissance. A cette condition, les individus peuvent alors véritablement se réaliser. Cette morale n'est pas plus vraie qu'une autre, chacun pouvant trouver son bonheur soit dans l'aventure soit dans la tranquillité de son jardin. Elle a néanmoins la qualité d'être bien défendue et de correspondre à la situation de deux personnages. Néanmoins, Maddie perd son combat contre la gentrification de son quartier. Parfois, il vaut mieux renoncer pour entreprendre des combats qu'il est plus aisé de gagner. 


En définitive, Le Challenge est une comédie classique du cinéma américain ; comique les deux tiers de l'histoire avant que la situation dramatique ne prenne l'ascendant. Réussie au regard du but recherché.



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mercredi 21 juin 2023

The Flash

 

Synopsis : 

Barry Allen est un héros, membre de la Justice League. Malgré cette notoriété, il est toujours habité par le passé et la mort de sa mère. Toutefois, Barry trouve de l'espoir dans le fait qu'il est désormais capable de remonter dans le passé. Peut-être est-il alors capable de le changer...


Commentaire :

Montage éclair 

Andy Muschietti récupère un projet depuis longtemps dans les tuyaux. Il choisit une mise en scène très dynamique, notamment dans le montage mais aussi dans le rythme. En ce sens, le choix correspond à la nature du personnage. Néanmoins, le film souffre de l'absence de temps faibles qui permettraient de poser les enjeux et de développer les personnages. A ce titre, la première scène d'action arrive par exemple très tôt dans le film et a peu d'impact du fait qu'elle ne repose sur aucun enjeu et n'en entraîne aucun (des caméos). Pourtant, lorsque le film prend le temps de travailler ses personnages, l'alchimie fonctionne, notamment du fait d'un bon jeu d'Ezra Miller lorsqu'il est dans le registre de l'émotion. Quelques beaux plans sont également à signaler lorsque Flash se déplace à toute vitesse. Néanmoins, le film a également quelques défauts techniques, notamment au niveau des effets spéciaux. La "scène des bébés" est horrible mais d'autres éléments comme le costume de Flash font tâche. Il est aussi possible de mentionner la bulle du temps avec des visages de synthèse même s'il s'agit là d'un choix de réalisation. Peut-être aurait-il fallu opter pour une autre technique comme l'animation quitte à s'éloigner vraiment de la réalité car l'entre deux n'est pas une réussite. Heureusement, la composition vient redonner du souffle à l'aventure avec la réutilisation des thèmes iconiques de Danny Elfman pour le retour du Batman de Michael Keaton. Benjamin Wallfish ne se distingue pas particulièrement mais son arrangement des thèmes passés est plutôt réussi. 

Sous-dimensionné 

Si les effets spéciaux ne rendent pas grâce au budget, il en va de même pour les décors ou plus exactement les lieux d'action. Le retour de Zod annonce une menace planétaire, mais la confrontation contre Zod ressemble plutôt à une escarmouche. En effet, l'espace est vide (un désert) et plutôt restreint, là où Man of Steel savait retranscrire un phénomène à une toute autre échelle. Le manque de travail sur Zod lui même ajoute encore à cette impression. Si l'on rajoute à cela le fait que les combats sont plutôt très classiques dans leur chorégraphie et leur réalisation (on est très loin de James Gunn ou de Zack Snyder), le film parait malheureusement assez fade. 

Nietzche parmi nous [spoilers]

S'il y a une chose à sauver, c'est certainement le message du film. Le film choisit la thématique de la résilience et de l'acceptation là où le multivers ouvrait au contraire sur le champ des possibles. Il est alors assez audacieux de défendre le réel et le tragique plutôt que l'espoir. Tout l'enjeu du film est en effet que Flash renonce au passé et à la mort de sa mère... lui qui peut retourner dans le passé! Les conséquences de ce non-renoncement sont catastrophiques dans le film car elles impliquent la destruction de réalités parallèles. Il n'est pas clair en revanche de savoir si toutes les remontées dans le temps provoquent la création d'une réalité parallèle où si parfois, le fait de remonter dans le temps change simplement la même ligne du passé. Selon l'explication donnée dans le film, chaque remontée dans le temps provoquerait plutôt la création d'un autre univers (le multivers étant la solution pour éviter les paradoxes temporels). Ainsi, Flash a détruit un nombre incalculable d'univers par ses actions : le film n'insiste pourtant pas là dessus et fait comme si Flash avait sauvé son univers et par là même les autres. Mais peut-il revenir sur la création d'un univers en retournant dans le passé et en empêchant une modification déjà faite (le film semble dire que cela est possible mais cela n'a rien d'évident). Si Flash abandonne l'espoir de sauver sa mère en bon nietzschéen, il n'a toutefois pas totalement compris la leçon car il essaye alors de sauver son père dans le passé, ce qui le mène inévitablement dans une nouvelle réalité à la fin. Malgré des apparences de sérieux (explication intéressante avec les pâtes pour montrer que le temps n'est pas nécessairement linéaire - l'explication des nœuds est plus difficile à rationaliser), ce film sur le voyage dans le temps manque de rigueur et n'évite pas les paradoxes. Plus que ça, en voulant sauver son père après avoir renoncé à sauver sa mère, le film ne va pas totalement au bout de son message. Le bon message est pourtant là... délivré par le Batman de Ben Affleck au début du film... 

En définitive, The Flash est sauvé par la retour de Michael Keaton et la musique de Danny Elfman mais est décevant au regard de son ambition. 


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