Les sorties de la semaine

dimanche 27 janvier 2019

Green book : sur la route du sud


Synopsis :

Tony, un immigré italien new-yorkais du bas monde, est à la recherche d'un job. Il rencontre le grand musicien noir Don Shirley pour un entretien. D'abord réticent, il décide de travailler pour lui...


Commentaire : 

Un film narratif

Dans ce film récit, c'est avant tout la narration qui prime et la mise en scène est forcément fonctionnelle, en se concentrant sur les personnages. Les gros plans et plans rapprochés en général sont légions. Peter Farrelly réussit sa réalisation du fait que son film soit très fluide narrativement. Son ambition était de raconter une histoire et de rendre la forme discrète. La but est donc atteint. Dans la même idée, la bande musicale de Kristopher Bowers accompagne l'histoire sans jamais prendre le dessus. 

Deux performances d'acteur

Viggo Mortensen est impressionnant. Le premier exploit concerne sa transformation physique, lui qui a toujours été mince. Il est ici à la fois musclé et gras... 20 kilo de pris pour le rôle. En outre, son travail sur les mimiques du vrai Tony et "la gestuelle italienne" sont parfaitement maîtrisés, lui qui n'a rien d'un italien physiquement et aucune origine allant dans ce sens. Nous ne nous prononcerons pas ici sur son phrasé du fait que nous ayons vu le film en VF. L'autre grande performance est bien sûr celle de Mahershala Ali, qui est excellent dans l'interprétation d'un membre de l'élite mondiale d'une distinction et d'une délicatesse à toute épreuve. Il joue un personnage hors du monde, un génie, constamment ramené à sa couleur dans les USA des années 60. 

La thématique : le racisme 

Il n'est pas étonnant que film portant sur la discrimination des Hommes de couleur rencontre un succès critique dans le contexte actuel. Pourtant, le film a la réelle qualité de ne pas tomber dans le pathos ou la violence outre-mesure pour développer son propos. Le film frappe juste, notamment par sa retenue. Il enfonce toutefois une porte ouverte du fait qu'il ne soit plus nécessaire de convaincre sur le fond de l'horreur des lois Jim Crow et du racisme en général. Ce n'est pas tant un film qui retourne les certitudes qu'un film qui confirme brillamment quelque chose de déjà connu. De plus, le personnage de Don Shirley est particulièrement intéressant du fait qu'il appartienne à l'élite, c'est à dire à la classe sociale blanche (à cette époque), tout en étant noir. Il n'est donc reconnu ni par les afro-américains ni par l'élite américaine (pour le moins dans le sud). Il est un individu éminemment seul pour ces raisons, et torturé par la vision qu'il a du monde. Mais sa solitude a d'autres racines. Elle est la caractéristique des génies qui ne comprennent que trop bien le monde pour être intéressé pour s'y plonger, cela parfois à leur dépend. Cette question dépasse la thématique raciale et rajoute du corps à l'intrigue. 


En définitive, Green Book est un biopic prenant, tout en retenue sur la question raciale. C'est avant tout une belle histoire qu'il est plaisant de regarder, menée par deux acteurs complètement investis dans leur rôle.



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