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dimanche 7 mai 2023

Les Gardiens de la Galaxie 3

 


Synopsis :

Dans leur base de Knowhere, les Gardiens de la Galaxie se remettent de leur précédente aventure. Toutefois, Quill n'arrive toujours pas à se faire à l'idée que Gamora n'est plus la Gamora qu'il a connu par le passé...


Commentaire :

Une mise en scène extrêmement généreuse

James Gunn rempile une dernière fois dans l'Univers Marvel en proposant une mise scène extrêmement généreuse. Le budget de 200 millions y est pour quelque chose mais les dernières productions Marvel à budget équivalent étaient particulièrement fainéantes. La caméra est dynamique et les plans séquences sont nombreux et inventifs. Le rythme proposé par la caméra et le montage n'empêche pas une parfaite fluidité de l'action, la valeur de plan choisie laissant toujours voir le mouvement (seuls les dialogues ont des plans resserrés). Les effets spéciaux sont en général réussis. Les décors et effets en CGI sont originaux et inventifs avec la présentation de mondes ou vaisseaux spatiaux organiques. Cela est associé à des idées nouvelles et qui ont du sens comme le symbole des virus abordant les navettes de l'espace. James Gunn a également la qualité d'insérer des musiques (en particulier des années 80) dans ses films ce qui lui permet de réfléchir uniquement au visuel qu'il pose sur la bande musicale. En conséquence, les scènes musicales sont toujours réussies. Il a également le sens du rythme, primordial pour l'ensemble des gags qui parsèment le film ; et force est de constater que l'humour de Gunn fonctionne en général mieux que l'humour classique de chez Marvel. Par ailleurs, notons que le scénario dans sa construction fonctionne bien. Rien de particulier dans la méthode : un MacGuffin efficace pour sauver Rocket, plusieurs fusils de Tchekhov placés de manière assez évidente. Toutefois, l'ensemble est parfaitement exécuté : simple et efficace dans la narration. Le futur réalisateur de chez DC a le sens aigu de la narration et sait écrire ses personnages et leurs relations pour que le spectateur s'y attache. John Murphy s'occupe de la bande musicale en reprenant le thème bien connu des gardiens. Néanmoins, sur ce plan, c'est bien le choix musical de James Gunn qui prend l'ascendant car ce sont ces scènes que le réalisateur choisit de mettre en avant. 

De nombreuses thématiques abordées et traitées [spoilers]

James Gunn sait articuler sa mise en scène et son scénario à des thématiques qu'ils traitent tout au long de son œuvre. La première et la plus évidente est celle de notre rapport aux animaux. Il s'agit d'ailleurs de la thématique qui a le plus fort impact émotionnel. L'histoire de Rocket et de ses flashbacks permet le développement du sujet des animaux de laboratoire, simple cobayes utilisables et jetables dont leur but n'est que celui de permettre de faire évoluer la science des créatures plus intelligentes. Ils n'ont tout au plus de valeur que celui du brevet commercial déposé dessus eux. James Gunn, en prenant le point de vue des animaux (Rocket), sait créer l'attachement. La symbolique des plans subjectifs partant de l'intérieur de la cage avec les barreaux, associés à des gros plans sur le visage d'animaux considérés comme mignons est simple mais diablement efficace. Conscient de ces limites, James Gunn nous montre aussi une créature hideuse (libérée par Mantis) pour élargir le propos à tous animaux, qu'ils soient beaux (selon nos critères) ou non. Il spécifie de manière claire et satisfaisante que le droit à la vie n'est pas uniquement pour les êtres intelligents mais pour tous les animaux. C'est le choix que fait Rocket en allant libérer tous les animaux de laboratoire ; il faut aller sauver "les autres", ceux qu'on ne met pas habituellement dans le "nous". Il confirme par ailleurs cette doctrine dans la scène post-générique : le rôle des Gardiens est de "sauver les plus faibles". De là à penser que James Gunn est végétarien ou végan, il n'y a qu'un pas, mais le message est délivré avec brio (mention aussi à la petite chienne cosmonaute Laïka à qui James Gunn rend hommage). 
Cette thématique est directement liée dans le film à celle de la science; qui sans limite commet des actes inqualifiables. Le Super Vilain est l'incarnation du génie sans conscience. Etre le plus intelligent, il vaut toutefois 1000 fois moins que l'équipe des Gardiens, maladroits, gauches et stupides pour certains mais avec du cœur et connaissant la valeur des relations. C'est l'éthique et le cœur qui fait la valeur des Hommes et non leur intelligence selon Gunn.  
D'autres thématiques secondaires parcourent le film comme celui du deuil et de son acceptation par Quill. C'est finalement l'acception du deuil de Gamora qui lui permet de créer des relations avec la nouvelle Gamora, sans projeter en elle son double disparu. 

En définitive, ce Gardiens de la Galaxie est un grand film de cinéma, généreux en aventures et aux thématiques pertinentes. Un magnifique chant du cygne pour James Gunn chez Marvel. 



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