Les sorties de la semaine

mardi 27 octobre 2015

Seul Sur Mars



Synopsis :

Mark Watney et ses coéquipiers sont en mission sur Mars dans un avenir proche. Alors qu'ils mènent des expériences, une énorme tempête est détectée. Le commandant décide d'avorter la mission et de quitter la planète. Malheureusement, Mark Watney n'atteindra jamais la fusée, emporté par les vents martiens...


Commentaire :

Une réalisation très propre

Ridley Scott réalise très soigneusement Seul Sur Mars. Comme à son habitude, les plans sont très travaillés, magnifiques lorsqu'ils montrent des paysages, avec un véritable sens (narratif ou explicatif) pour les personnages ou les éléments de décors comme les navettes et modules. On notera une introduction où on se prépare à voir la Terre alors que c'est la planète rouge qui apparaît, élargissant de fait l'horizon de l'humanité. On remarque également dès le début dans la mise en scène que Mark Watney est séparé des ses coéquipiers, que cela soit par les plans ou le costume. Ridley Scott confirme ainsi qu'il est un des meilleurs artisans dans son domaine. Toutefois, la réalisation reste classique, c'est à dire très narrative, si ce n'est les plongées totales pour faire écho aux images satellites. Que cela se passe dans l'espace ou non influe peu sur la grammaire filmique au contraire d'un Gravity. Soigné mais conformiste. 

Matt Damon au top

Malgré un casting extraordinaire (Jessica Chastain, Kristen Wiig, Sean Bean, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor etc), Matt Damon porte le film, notamment en première partie. Sa performance est très juste et sa présence suffit à maintenir l'attention. En effet, le personnage se retrouvant dans une situation de survie où rien n'est prévisible, la tension est constante. Les autres acteurs sont malheureusement plus anodins d'autant plus qu'ils sont nombreux. Leur jeu est juste mais ne marque pas.

Une ode à la science sans réelle philosophie (spoilers)

Le message principal du film est une ode à la combativité et à la technicité. En effet, sur Mars, il ne suffit pas d'être débrouillard, il faut avoir une immense culture générale scientifique et en plus, être pointu dans les différentes disciplines en question. Cette vision de l'astronaute renouvelle l'image de l'aventurier spatial. Un astronaute est avant un scientifique. Le personnage de Mark Watney est admirable car son goût à la vie le pousse à révéler son génie et à forcer son imagination. Pas de créativité sans contrainte... Mark Watney rivalise d'ingéniosité. Sur le fond, le film est très recherché scientifiquement, cela venant du matériau de base, le livre, très fouillé et de la collaboration de la Nasa. Rien que ça. Un spectateur néophyte qui n'est pas spécialiste dans les différentes disciplines scientifiques se perdra malheureusement de temps en temps. Certes, les tempêtes ne sont pas si violentes sur Mars, certes, la gravité martienne n'est pas fidèlement représentée mais pour le reste, tout est juste. Tout ce que fait Mark Watney est également conforme à l'état des connaissances scientifiques. 
Toutefois, le propos ne va pas beaucoup plus loin qu'une ode au progrès. En effet, ce film est plus un film de survival où l'espace relève avant tout du contexte (on ne sait pas réellement pourquoi une équipe est sur Mars) qu'un film de Science-fiction posant un questionnement philosophique sur l'humanité ou l'origine du tout. Ainsi Seul Sur Mars est plus proche d'un Gravity qu'un Interstellar ou un 2001 L'Odyssée de l'Espace. Néanmoins, Gravity était doté d'une réalisation particulière qui le distingue de beaucoup et bien qu'il s'agisse d'un survival spatial, il était rempli de symboles et posait en définitive une question sur l'humanité. Pour Seul Sur Mars, la question est plus "comment" que "pourquoi". De ce fait, comme il a été dit, les personnages sont attachants sans plus, l'émotion est faible. Lorsque Mark perd ses coéquipiers et les retrouve, le film reste très sobre. La solitude n'aura pas été l'occasion de l'introspection. Ainsi, si Ridley Scott est un très bon artisan, il n'est pas un véritable auteur. La technique et la science ne se justifient pas par elles-mêmes.

En définitive, Seul Sur Mars est un très bon film de survival, doté d'une réalisation soignée. La science est montrée sous son meilleur jour. Dommage que l'espace soit paradoxalement plus contextuel que fondamental, limitant de fait les questionnements profonds allant de pair avec les grands films de science-fiction. 




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Bonus teasing
(Introduction à l'histoire du film - se passe avant le début du film)












(Pendant l'intrigue du film)



Pour les anglophones, est-ce que Seul sur Mars est scientifiquement correct ?


jeudi 22 octobre 2015

Paranormal Activity 5 Ghost Dimension


Synopsis :

La famille Fleeges emménage dans une superbe maison. Tout se passe à merveille mais ils remarquent que leur petite fille Leila parle seule de temps en temps. Son père Ryan trouve une caméra et des cassettes dans la maison, qu'il regarde avec son frère Mike. On peut y voir deux petites filles, Kristi et Katie parler d'un certain Toby, comme le fait Leila...


Commentaire :

La 3D, la fausse bonne idée

Après quatre films (plus un cinquième sous forme de spin-off), Paranormal Activity 5 continue la trame principale des quatre premiers films canoniques (Tokyo Night reste toujours à part). Le scénario est correct et le cinquième épisode s'insère assez bien dans la saga, bien que l'histoire commence à paraître longue. Néanmoins, il y a une vraie cohérence globale et une fois l'intrigue développée, Paranormal Activity 5 semble bien poursuivre (ou conclure ?) l'histoire de la saga. Notons toutefois que celle-ci est simple et linéaire. Il y avait matière à inclure des rebondissements mais le film se contente de reproduire le déroulement habituel des Paranormal Activty, avec un petit côté Poltergeist. Cependant, il y a là une ambiguïté parce-que Poltergeist n'hésite pas à montrer le mal alors que la saga Paranormal Activity joue sur le hors-champ et des effets minimalistes. Le problème s'accentue avec l'idée de la 3D. En effet, seuls les phénomènes paranormaux sont en 3D, il faut donc nécessairement montrer. Si cet effet pouvait être pensé comme la nouveauté de la saga, il en résulte dans les faits une trahison du concept de base. Néanmoins, la direction arrive à bien gérer ce choix en limitant le paranormal, la 3D devenant paradoxalement accessoire (seule une caméra de l'intrigue voit les phénomènes paranormaux).  

Une mise en scène très moyenne et non renouvelée 

Paranormal Activity retombe finalement sur ses pieds avec la mise en place de l'ambiance traditionnelle jouant sur le son et les moments de tension. Les instants de sursaut sont habillement distillés, arrivant lorsqu'ils sont attendus ou à contre-temps, ce qui est toujours efficace. Il y a presque pour ce point une science à la James Wan. Malheureusement, il n'y a rien de nouveau dans la mise en scène. Les procédés restent les mêmes alors qu'il y avait une progression au cours des derniers épisodes (caméras panoramiques, nouvelles technologies). L'utilisation de la 3D entraîne une limitation dans la recherche de la mise scène. Le film ne devient plus qu'une succession de jump scares. Lorsque les choses sont visibles à l'écran, la tension est beaucoup moins forte. La peur se provoque donc par le jump scare. Le film en abuse, la réalisation s'étant surement rendu compte que le nouveau concept est moins efficace. Nous ne sommes pas loin du cinéma d'attraction. Saluons tout de même le fait que la saga reste toujours à l'écart du gore pour produire l'épouvante fantastique, ceci étant une très bonne chose.

En définitive, le recours à la 3D dans une saga n'est jamais bon signe, étant souvent le signe d'un manque d'imagination. Le choix est particulièrement contre-nature pour Paranormal Activity mais le film arrive à ne pas trahir complètement la saga. Le scénario progresse et les pièces du puzzle de l'ensemble des films font sens mais la réalisation régresse, se cachant derrière ses jump scares. A voir pour les amateurs de la saga.



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