Les sorties de la semaine

jeudi 28 mai 2015

À la poursuite de demain


Synopsis :

Frank était optimiste dans les années 60, le progrès avait lieu aux Etats-Unis. Casey est une adolescente des années 2010. Elle est de nature optimiste malgré un contexte dégradé où l'avenir paraît bien plus sombre. Crises, guerres, pauvreté : l'Homme a failli à créer un monde meilleur. Pourtant Casey pense qu'il est toujours possible d'agir...


Commentaire :

Une histoire originale pour enfant

Si l'empire aux grandes oreilles se distingue particulièrement avec le rachat de studios aux sagas juteuses (Marvel, Lucas Film), le studio de production Walt Disney Pictures lui continue de produire régulièrement des œuvres originales (John Carter, Lone Rangers : Naissance d'un héros). Malheureusement, le succès de ces films est mitigé et A la poursuite de demain semble connaître un sort similaire (Box Office). La cause de ces déroutes tient sûrement au fait qu'il s'agisse de productions, en tout cas ici, destinées aux enfants ou pour le moins perçues à destination des enfants. Cette donnée se ressent particulièrement dans le film lorsque les corps humains sont traités comme des corps de personnages de cartoons. Par exemple, ils sont soumis à des chocs violents dans une recherche de comique sans que cela ne soit particulièrement grave. On pourrait également mentionner l'utilisation de jouets comme armes ou de robots futuristes à l'aspect particulièrement sympathique. Il n'est donc pas question ici de hard fiction mais simplement d'une belle histoire de science-fiction à vocation morale. Néanmoins, il est nécessaire de saluer la production d'un projet original dans une époque dédiée aux sagas.

Une mise en scène classique

Disney est avant tout synonyme de qualité et si la réalisation est "classique", cela l'est au premier sens du terme, c'est à dire de "première classe". Le film est narratif et la mise en scène est fonctionnelle mais soignée. Les plans d'ensemble ou de demi-ensemble de la ville futuriste de Tomorrowland sont bien réalisés ainsi que les effets spéciaux afférents. Les références à la culture SF sont pléthores; celles concernant Star Wars sont nombreuses, à vous de trouver celle(s) venant de Résident Evil! Il faut ajouter à cela la très bonne bande musicale de Michael Giacchino. Les acteurs, sans exploser à l'écran, sont bien dirigés et campent parfaitement leur rôle. Les petites mentions sont pour Britt Robertson (Casey) qui tient pour la première fois un rôle principal et pour la jeune Raffey Cassidy (Athéna), qui a un rôle tout particulier et qu'il faut être capable de jouer. 

Les thèmes : l'avenir n'est pas figé

La thématique de ce film de SF est particulièrement intéressante car elle ne porte pas sur les questions liées à l'avenir mais sur l'avenir lui-même. Il s'agit d'une réflexion sur la manière d'aborder le lendemain. Le film souligne le paradoxe qu'il y a entre les époques passées très positivistes et le présent pessimiste. Ainsi, le film évoque la grande époque du scientisme et du positivisme que sont la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle en Europe. D'ailleurs, une scène du film se passe à Paris en référence à cet optimisme passée. La deuxième période d'optimisme est la période d'abondance d'après-guerre se passant aux Etats-Unis; une époque où tout semble possible. Progrès technologiques, conquête spatiale ; des personnalités comme Walt Disney pensent que le progrès ne peut mener qu'à un monde meilleur. Le parc de Disneyland est le symbole de la citée idéale (c'est le point de départ du film). Et puis, il y a aujourd'hui, le présent, où l'avenir n'est plus synonyme de promesse. Dans le film, le symbole de cette ambiance moribonde est l'arrêt du projet spatial car dans un monde qui tombe en lambeaux, la volonté de découverte et d'émerveillement disparaît. Enfin, il y a demain, représenté dans le film par Tomorrowland, une sorte de Metropolis langienne parfaite. Néanmoins, cette ville n'est pas encore advenue et si l'on veut que le meilleur se réalise, il faut y croire et passer à l'acte. Le pessimisme associé à la passivité mènent droit dans le mur, prévient le film. Pour infléchir l'avenir, il faut des optimistes, des héros comme Casey. Il s'agit d'une héroïne intéressante car elle n'est pas une élue. Elle est spéciale... comme tout ceux qui croient encore que les choses peuvent changer. L'avenir peut être éclatant si l'on combat le fatalisme!

En définitive, ce film de SF est plutôt réussi aussi bien dans le fond que dans la forme. Il reste néanmoins un peu tendre car également pour les enfants.



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vendredi 15 mai 2015

Mad Max : Fury Road



Synopsis :

Dans un monde post-apocalyptique particulièrement inhospitalier, Max essaye de survivre. Les hommes représentent le plus grand danger, aveuglés par leur avidité et profitant de la vulnérabilité des plus faibles. Max court au devant de graves problèmes lorsqu'il rencontre la bande de l'Immortan Joe... 


Commentaire :

Esthétiquement impressionnant 

La bande-annonce l'avait promis, le film l'a fait: celui-ci est esthétiquement impressionnant. Chaque plan est un véritable tableau jouant sur les couleurs chaudes du désert. La crédibilité est parfois mise de côté seulement pour appuyer l'esthétisme. La mise en scène est très soignée et le montage des scènes d'action est millimétré. Les scènes d'action sont réalisées à 80% sans trucage visuel et force est de constater que cela apporte du réalisme, au regard des scènes 100% numérique d'autres productions. Pour les plans généraux ou les plans d'ensemble, qu'on pourrait appeler "plans tableaux", le recours au numérique est ici très à propos et permet de réaliser des images spectaculaires. La beauté des plans est souvent associée à la très bonne bande musicale de Junkie XL, très à l'aise dans cet univers. Ainsi, s'il faut aller voir ce film, c'est avant tout pour son esthétisme poussé. 

Politique mais d'une simplicité problématique

Le film a de forts messages, actuels et très pertinents. Le film traite de l'appropriation des ressources naturelles de premier ordre comme le pétrole et de ressources indispensables à la vie comme l'eau. Le contrôle de ces ressources donne de facto le contrôle sur les populations et le possesseur devient un chef à la stature de dieu. D'ailleurs, le film en profite pour mettre un petit croche-pied au Dieu personnel et transcendant : un personnage demande à un autre "Qui est-ce que tu pries ?", le second lui répond un peu perturbé "ceux qui m'entendent". Dans cette situation, prier peut donner du courage, rien de plus. Une autre thématique très pertinente est celle de l'exploitation du corps humain, ce dernier devenant un objet. L'homme est une ressource, réserve de sang, les femmes sont en plus des productrices de lait. Elles sont réduites à l'état des animaux actuels, leur seule utilité étant sinon leur fonction reproductive. Dans un monde où règne le droit du plus fort, les femmes sont très affectées. Par ricochet, il y a sûrement une critique de l'exploitation animale (réduit à l'état de chose dans notre monde) mais cela reste notre interprétation. 
Néanmoins, ces thématiques ne sont pas exploitées. Elles ne sont que survolées car le scénario, d'une simplicité terrible, n'a aucun moyen de les mettre en exergue. L'esthétisme et l'action est tout ce qui reste à la fin de la séance. Les acteurs, très bons, à l'instar de Tom Hardy et Charlize Theron ne peuvent pas apporter de la complexité dans cet univers. Les dialogues sont réduits au maximum. Il est possible que cette simplicité soit une intention de réalisation, car de la pensée simpliste naît souvent la barbarie. Toutefois, il semble bien que Fury Road soit avant tout un exercice de style. 

En définitive, Mad Max Fury Road est à voir nécessairement et uniquement pour sa forme impressionnante, car le fond, narratif notamment, est très atrophié. 



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